BERNARD WERBER – Le rire du Cyclope
Le rire du cyclope
Auteur : Bernard Werber
Edition : Albin Michel
Publication : 1er octobre 2010
Description du site officiel :
C’est un Isidore et Lucrèce donc une enquête policière sur fond de découverte scientifique inconnue.
Le Cyclope est un célèbre humoriste à la mode qui meurt seul dans sa loge d’un fou rire. Simple incident cardiaque ou assassinat? Nos deux enquêteurs penchent pour la deuxième hyphothèse.
Ils découvrent en Bretagne une société secrète qui depuis plus de 3000 ans invente les fameuses blagues anonymes que tout le monde se raconte. Cette société essaie d’influer sur la société pour la rendre plus humaine ou tout simplement plus drole. Cependant le pouvoir du rire attire des convoitises, beaucoup veulent maitriser le rire des autres pour avoir un surplus de pouvoir politique, d’argent, de célébrité. Derrière les paillettes et la légèreté du monde des comique, un univers sombre et des enjeux inconnus du grand public se dévoilent. Et tous recherchent le Graal, la blague absolue auquel nul ne résiste. Isidore et Lucrèce devront rechercher au fond d’eux mêmes la force et la spiritualité capables de les faire accepter dans ce monde parallèle si peu connu. Et ils comprendront que la clef de l’enquête est la compréhension du phénomène même de l’humour.L’homme est le seul animal qui rit. Mais à quoi cela lui sert-il vraiment ?
Commentaires :
herbertwest, oct 2010
Que fait un livre de Bernard Werber sur mon site? En fait, j’apprécie les livres de Bernard Werber depuis plus d’une dizaine d’années, et il s’agit de mon second auteur favori (après Stephen King).
C’est donc tout naturellement que je vous présente le plus récent livre de cet auteur français qui ne cesse de me surprendre de par l’originalité des sujets abordés. Après l’univers des FOURMIS (Les Fourmis, Le Jour des Fourmis, La Révolution des Fourmis), de la MORT & des ANGES (Les Thanatonautes, L’Empire des Anges), des Dieux (la trilogie débutant par Nous, les Dieux)… mais également l’origine des Hommes (Le père de nos pères), et le cerveau humain (l’Ultime Secret)… Bernard Werber s »attaque au rire : ce phénomène sur lequel nous ne savons que peu de choses.
Quand j’avais découvert le titre du livre, j’avais, au tout début cru que l’auteur allait (encore) aborder un sujet en rapport avec la mythologie grecque (cyclope) : il n’en est rien.
Bernard Werber reprend son couple de protagonistes (Isidore & Lucrèce). Lucrèce joue sa carte de journaliste sur une affaire apparemment basique : le célèbre comique Darius (surnommé Le Cyclope… car il est borgne) est décédé dans une salle fermée. Néanmoins Lucrèce trouve des éléments qui lui font pencher vers la piste du meurtre (on pourrait croire à un hommage à Poe : le double assassinat de la rue morgue, qui reprend le fameux mystère des meurtres en pièce close). Comme je le disais, il s’agit de sa dernière chance pour qu’elle ne soit pas virée de la rédaction du Guetteur Moderne.
L’hypothèse de Lucrère est que Darius a été tué à l’aide la BQT, la Blague qui Tue… Une blague qui pourrait tuer quiconque la lirait : existe t’elle vraiment?
Les protagonistes exploreront alors l’univers des comiques et du show-business. La soif de pouvoir, les mensonges, les vols, les plaggias, les trahisons… font, dans la fiction partis de cet univers qui n’est pas épargné. Mais également la minutie, et l’attention aux détails nécessaires dans la profession pour créer des blagues. Ce qui nécessite un véritable entrainement psychologique et physique pour être attentif et savoir créer instantanément des répliques qui feront mouche.
Il est « facile » de reconnaitre le style de l’auteur de par sa nature a entrecouper ses histoires chapitres « historiques », d’extraits de « l’encyclopédie du savoir relatif et absolu »… ici, le roman est entrecoupé de blagues, dans leur ordre chronologique de création (de la plus ancienne à la plus récente)… Bernard Werber a pour ces blagues utilisé l’aide de ses lecteurs qui lui ont soumis via son site de nombreuses blagues : il s’agit en quelque sorte d’un effort communautaire de création. Ce qui n’est pas non plus sans rappeler son « arbre des possibles ».
Un autre point renforce cette idée de création communautaire : l’intrigue du roman.
Bernard Werber avait demandé aux lecteurs de voter pour leur nouvelle favori du recueil « Paradis sur Mesure« .
La gagnante fut « là où naissent les blagues« . Bernard Werber a alors décidé de créer une intrigue autour de cette nouvelle. Je considère qu’il s’agit d’un très bon choix puisque j’avais eu l’impression que la nouvelle originale fut en quelque sorte « bâclée ». Tout se passe très vite, trop vite, trop facilement. Dans ce roman, l’intrigue est similaire, mais les protagonistes différents. Il s’agit en quelques sortes d’une séquelle, d’une suite à la nouvelle ce qui permet de passer plus de temps sur de nombreux points et donc de développer plus en profondeur les différentes ramifications de l’idée de base… qui a sans doute été inspirée à Bernard par un des sketchs des Monty Python (ses comiques favoris).
Au final, il s’agit d’un très bon roman, qui, à l’habitude de l’oeuvre de Bernard Werber explore des territoires peu exploités, peu connus. Un mélange de thriller et de suspense allié à une thématique scientifique et une aura de mystique.
J’aime aussi l’idée que le roman soit entrecoupé de blagues : c’est original, astucieux et permet une liberté et de créer la GHL par exemple.
Un roman que je vous recommandes fortement.