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Divers

Steve’s Rag 05 – La presseuse, de Stephen King

La Presseuse, de Stephen King : Un Conte fantastique Moderne

(Christophe Hayot)


( Note : Les numéros des pages citées sont celles de l’édition J’AI LU – 1355)

The Mangler (la Presseuse) avant de faire partie du recueil de nouvelles NIGHT SHIFT (1978), fut publiée pour la première fois dans le magazine Cavalier, en Décembre 1972.

Souvenirs, souvenirs :

Comme c’est souvent le cas pour les œuvres Kingiennes, The Mangler est inspirée par la propre expérience de Stephen King… Une fois n’est pas coutume. En effet, alors qu’il sort, diplôme en poche (une licence d’anglais) de l’U.M.O. (Université de Maine à Orono) en 1970, Stephen King n’obtient aucun poste de professeur. Il gagne alors sa vie en travaillant dans une blanchisserie industrielle. Ceci explique que l’on retrouve de nombreux détails dans la nouvelle et notamment en ce qui concerne les odeurs qui règnent dans une blanchisserie.

Traditionnellement Vôtre :

La nouvelle The Mangler s’inscrit dans deux traditions en même temps : tout d’abord la tradition du récit  » à la King  » mais également en grande partie dans la tradition du récit fantastique, encore que cette affirmation doit être nuancée comme nous le verrons ultérieurement. The Mangler est un récit dans la plus pure tradition Kingienne en ce sens que l’on y retrouve moult références à d’autres œuvres du Maître ou bien des leitmotiv. Tout d’abord, considérons le nom de l’établissement où se déroule l’histoire : THE BLUE RIBBON LAUNDRY, qui est un nom que l’on retrouve dans CARRIE (1974) et dans ROADWORK (Chantier – 1981 – écrit sous le pseudonyme Richard Bachman… Une preuve que Bachman et King ne font bien qu’un). Le lecteur attentif pourra même remarquer que l’on retrouve une phrase complète :   » si les singes tapaient à la machine pendant 700 années (…) l’un d’entre eux finirait par composer les œuvres de Shakespeare  » dans Secret Window, Secret Garden (1990) à la différence près que les singes ne sont plus que 400 !!! Il est également fait mention, dès la première page, d’un personnage qui aurait  » de trop nombreuses conversations avec la bouteille « , l’alcoolisme étant un élément récurent dans l’œuvre de King (cf : The Tommyknockers (1987), The Library Policeman (1990), etc.). De même qu’est récurent le personnage du professeur ‘cf : The Dark Half (la part des ténèbres – 1989), Christine (1983) etc.)
King nous parle également d’un enfant mort dans un réfrigérateur, sachant que l’œuvre de King doit être la seule dans laquelle il y a un nombre impressionnant d’enfants morts (une véritable hécatombe… Cf : IT (Ca – 1986 )). Il y en a pratiquement un dans chaque œuvre. Enfin, encore un élément traditionnel chez King : la présence d’oiseaux, et en particulier les moineaux ( » Sparrows are flying again  » – The Dark Half), mais également la mouette (notamment dans Survivor Type (le goût de vivre) et The Talisman (1984)). La manière même dont est écrite la nouvelle est dans le plus pur style Kingien. Par exemple, nombreuses sont les scènes traitées à la manière d’un scénario de film. La nouvelle commence de la même façon qu’un épisode d’une série policière :  » L’inspecteur Hunto arriva à la blanchisserie au moment où l’ambulance repartit « . Combien d’épisodes de Columbo, ou même de films policiers, commencent avec un gros plan sur la porte de l’ambulance qui se referme pour nous laisser voir la voiture su shérif qui s’engage dans l’allée ?… Un autre passage pourrait être une scène de cinéma : lorsque l’inspecteur voit le cadavre.  » Hunton (…) se détourna, mit convulsivement sa main devant sa bouche et vomit.
Tu n’as pas mangé grand chose, fit remarquer Jackson  » (Page 116) Il s’agit là d’un enchaînement de 2 scènes distinctes telles que l’on peut en voir dans nombre de films d’horreurs ; le grand classique étant une scène où l’on voit un type se tirer une balle dans la tempe enchaînée avec un gros plan sur une cervelle dans une assiette puis le plan s’élargit et l’on découvre qu’il s’agit d’une scène de restaurant qui n’a rien à voir avec la scène précédente. L’effet est assuré… Et que dire du passage (Page 134) :  » De grosses nuageuses se pressaient devant la lune « . Il s’agit là d’un cliché, d’un must que l’on retrouve dans tous les films un peu fantastiques. Même King, dans son Silver Bullet (Peur Bleue – 1985), n’a pu s’empêcher de l’utiliser.

Après cette évocation de la tradition Kingienne, penchons nous sur les nombreux éléments du récit fantastique que l’on retrouve dans cette nouvelle.

Quand on parle de tradition fantastique, il faut savoir que c’est un domaine que King connaît bien. En effet, n’oublions pas qu’il a écrit un traité sur la question : Danse Macabre (Anatomie de l’horreur – 1981). Le récit fantastique, comme tout récit d’ailleurs, trouve son origine dans la tradition orale, ainsi on ne s’étonne pas d’entendre l’un des personnages dire :  » Je vais vous raconter (…)  » (page 120). La tradition du récit fantastique compte de nombreuses histoires de dragons, même Stephen King a apporté sa pierre à l’édifice avec The eyes of the dragon (1987 – non traduit à ce jour). Il n’est donc pas surprenant que la presseuse soit comparée à  » un vrai dragon  » (page 122). De même, la magie, les messes noires et autres incantations sont des éléments classiques de la tradition fantastique, c’est donc tout naturellement qu’ils trouvent leur place dans la nouvelle. Ainsi parle t on de  » malédiction  » (page 123), ainsi qualifie t on la presseuse de  » possédée  » (page 124). C’est donc tout à fait logiquement que l’on parle du sang d’une vierge (page 129) et de sacrifices humains (page 136), d’eau bénite(page 131), d’hostie (page 131) et que l’on assiste à une scène de purification par le feu (page 138)… Il est encore possible de dégager de cette nouvelle un élément de tradition qui est celui de l’ordre établi. En effet, l’action se situe aux États-Unis dans les années 1970, époque à laquelle, malgré le mouvement féministe, il était dans la tradition que les femmes fassent la vaisselle pendant que les hommes discutent dehors en buvant une bière scène que l’on retrouve aux pages 116 et 117.

Les temps modernes :

Comme nous venons de le voir, The Mangler est fortement marquée par la tradition mais en même temps on peut voir que King prend parfois quelques libertés vis-à-vis de cette tradition fantastique ou encore qu’il est parfois en rupture complète avec la tradition. Dès les premières lignes, on note une prise de distance avec cette tradition. Effectivement, on nous dit que  » La foule aurait dû se presser autour du carnage et non dans le bureau  » (page 115). King nous explique en effet qu’il  » est dans la nature  » (dans la tradition)  » de l’animal humain de se précipiter sur les lieux de l’accident « . Un peu plus loin, on nous décrit la réaction de Hunton lorsqu’il découvre le cadavre et on nous dit que c’est  » pour la première fois en 14 ans de carrière dans la police  » qu’il a cette réaction. Il s’agit là d’une nouvelle attaque à l’encontre d’une forme de tradition. De même, c’est une sorte de tradition, un fait établi, qu’un  » prof. De fac.  » ne connaisse  » rien aux blanchisseries industrielles  » et pourtant, nouvelle différence avec une tradition, Jackson a travaillé dans un tel établissement. La réaction de Hunton, lorsque l’on évoque la possession de la presseuse, ne réagit pas comme dans la tradition fantastique, c’est-à-dire qu’il n’adhère pas immédiatement à cette idée. An contraire, il pense que c’est une histoire de fou. Mais la plus grande distance que King prend avec la tradition réside dans la modernité de son histoire. En effet, la possession ne touche pas un être vivant mais une machine. De plus, Jackson, afin de comparer les formules incantatoires, utilise un ordinateur, symbole par excellence du monde moderne. Autre chose encore… La remarque de Jackson :  » c’est comme provoquer la fission nucléaire « . Machines, ordinateurs, nucléaires… Nous sommes bien loin de Merlin l’Enchanteur et des chevaliers combattant les dragons avec leur simple épée. La fin même de la nouvelle est en rupture avec la tradition. En effet, à la fin de l’histoire, le jour s’est à nouveau levé, ce qui, traditionnellement, marque la fin de l’horreur ; du cauchemar (exemple : les vampires vaincus par la lumière du soleil, la nuit des morts vivants, etc.) mais ici, le jour est synonyme de quelque chose de pire encore contrairement à la tradition, les bons ne gagnent pas à la fin.

En guise de conclusion :

Stephen King prend, dans cette nouvelle, beaucoup de liberté pour expliquer le phénomène de la malédiction de la repasseuse et nous notons de nombreuses coïncidences. Alors comment expliquer ceci ? Soit Stephen King ironise et se moque des croyances concernant les malédictions, les sorts, les possessions, soit il prouve une fois encore que l’horreur est à notre porte, Que les malédictions évoluent, s’adaptent aux progrès de la société, en somme, que les forces du mal sont plus fortes que le temps, le progrès et qu’il n’y a rien à faire pour le combattre. Vision bien pessimiste ! On peut voir dans la presseuse une première ébauche de Christine, qui, comme la repasseuse, est une mécanique qui fonctionne seule et tue après avoir goûté au sang. Le fait que ces machines aient un nom est un des nombreux points communs. Dans le domaine des mécaniques animées, il ne faut pas oublier Trucks (Poids Lourds – nouvelle qui inspira le film Maximum Overdrive en 1986). Pour finir, sachez qu’une version cinématographique de cette nouvelle vient de sortir sur les écrans américains.





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