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Steve’s Rag 27 – La question est : COmment écririez-vous l’introduction d’une Interview de Stephen King ?

La question est :
COmment écririez-vous l’introduction d’une Interview de Stephen King ? (1999)

 


 

        Vous pourriez mentionner le fait que depuis 1973, il a publié une quarantaine de livres, ce qui comprend des romans, des recueils de nouvelles ainsi qu’un roman-feuilleton en six épisodes. Vous pourriez parler de son alter ego Richard Bachman et des livres qu’il a publié sous ce nom-là, ainsi que de toutes les implications concernant la création de ce pseudonyme. Même si vous vous consacriez à l’étude d’énormes ouvrages traitant de ces sujets littéraires, vous ne parviendriez pas à être à la hauteur des commentaires et introductions littéraires rares, particulières et succinctes qu’il à écrites. Vous pourriez écrire des volumes traitant de l’auteur et de l’industrie de cinéma. Vous devriez alors parler de son travail en tant que metteur en scène, scénariste, producteur exécutif et acteur. Vous pourriez parler de la station de radio qu’il possède à Bangor, dans le Maine. Vous pourriez également parler du groupe de rock dans lequel il joue. Vous pourriez lui poser des questions sur sa femme Tabitha, sur ses trois enfants ainsi que sur sa vie dans le Maine. Ensuite vous auriez envie de lui demander de parler un peu de lui, mais je vous en prie, pour votre propre sécurité, ne lui demandez surtout pas :  » Alors, qu’est-ce qui effraie Stephen King ? « 

        Il y a tant de choses à dire et tant de choses qui ont déjà été dites. Dans un article en couverture du Times Magazine, on l’associait à une marque déposée, King SARL. Bien que ce soit un peu le cas, c’est on ne peut plus loin de la vérité. Il en a rabroué plus d’un avec son humour acide, mais ceux qui ont été autorisés à connaître celui qui se cache derrière le masque ont découvert un homme plein de compassion, spirituel et intelligent, s’il n’était pas parfois aussi entêté. Il y a eu une époque trouble dans la vie de King pendant laquelle il semblait vouloir se retirer dans une tour de mélancolie et de solitude. En fait, il avait prétendu ne plus rien vouloir écrire ni publier pendant quelques années. Cependant, il n’a pas pu échapper à sa nature profonde. Stephen King est un écrivain. Il nous a fait rencontrer des personnages inoubliables, il nous a fait faire de nombreuses incursions dans la partie la plus noire de l’âme humaine, et je suis sûr que par la même occasion il en a effrayé plus d’un.

        Mr. King, un hôte très courtois, a trouvé un peu de temps dans son programme extrêmement chargé pour nous parler de son travail actuel.

 


 

Joseph B. Mauceri : J’ai entendu dire que « Les Régulateurs » était le fruit d’une rencontre entre vous et Sam Peckinpah.  Ayant lu le roman, je suis en mesure de comprendre pourquoi il y a des gens qui ont bâti cette hypothèse. Quelle histoire y-a-t-il derrière le livre et votre rencontre avec Sam ?

Stephen King : A vrai dire, j’avais ce scénario longtemps avant de rencontrer Sam, ce qui a eu lieu vers le fin de sa vie. Nous avons discuté au N.V Plaza, et Kurby Mc Cally était présent car c’est lui qui avait organisé la rencontre. Sam  cherchait à réaliser un film, et j’avais ce scénario qui s’appelait « Les Porte-flingues »  (NDLR : « The Shotgunners »), que je possédais depuis longtemps et sur lequel je travaillais depuis environ cinq ans. C’était une de ces oeuvres fébriles écrite en presque une semaine. Je l’aimais beaucoup, mais elle ne présentait aucun intérêt. Sam la lut, l’apprécia beaucoup et proposa des choses vraiment intéressantes pour le script. Je pensai que je pouvais revenir dessus et faire un deuxième essai. Malheureusement, Sam mourut presque trois mois plus tard et je n’ai plus jamais retravaillé sur le manuscrit. Plus tard, j’ai eu une autre idée, et je commençai à voir de quelle façon on pouvait rassembler un grand nombre de choses. C’est quelques fois à ça que je pense en écrivant un roman. C’est dans la synthèse des idées que vous voyez comment les choses se relient les unes avec les autres  et vous vous dites « Oui, je peux le faire ».

Joseph B. Mauceri : C’est intéressant, car en lisant  » Les Régulateurs  » et Désolation « , vous comprenez le processus. A un moment donné, entre les deux romans, je me suis souvenu d’un sujet de discussion que nous avions eu en classe de littérature. Nous parlions de Mark Twain et de la façon dont jeune homme, il avait rédigé un passage de son journal intime dans lequel il parlait de son père, et du changement qui s’était opéré en lui lorsqu’il écrivit de nouveau sur celui-ci quelques années plus tard. Dans  » Les Régulateurs  » et  » Désolation  » vous combinez  énormément d’éléments similaires et cependant vous racontez deux histoires bien distinctes. J’ai le sentiment, que grâce à cet exemple, nous avons la chance de pouvoir constater vos progrès en tant qu’écrivain ainsi que les changements intervenus dans votre esprit, et ce bien plus que lorsque vous êtes revenu sur  » Le Fléau  » et que vous l’avez réédité.

Stephen King : (il rit) Lorsque j’étais enfant, j’avais toujours de livres d’activités avec lesquels je jouais les jours de pluie. Ils proposaient une astuce grâce à laquelle vous pouviez obtenir une vision intéressante de votre visage, une vue différente de votre visage, en plaçant un miroir perpendiculairement à votre profil. Dans le reflet, vous avez votre visage en entier. D’une certaine manière, c’est ce que sont « Les Régulateurs » et « Désolation ». Bien sûr, Richard Bachman, c’est moi, et lorsque j’écris en tant que Richard Bachman, c’est cette partie-là de mon esprit qui s’ouvre. C’est comme une sorte de suggestion hypnotique durant laquelle je me fais mon idée de qui est Richard Bachman. Cela me libère vers quelqu’un d’autre, qui est un tout petit peu différent. Dans ce sens, « Les Régulateurs » et « Désolation » sont des livres vraiment différents, cependant, ce qui les rend si intéressants, ce ne sont pas leurs différences, mais leurs similitudes.

Joseph B. Mauceri : J’ai l’impression qu’il y a un changement subtil dans le ton de vos romans. Dans vos premiers livres, vos « héros » se jettent dans la bataille seulement parés de cette « bonté » capable de vaincre le mal. Dans « Les Régulateurs », Seth trouve suffisamment de force en lui pour vaincre Tak, sans se soucier du sacrifice qu’il est obligé de faire. Dans « Désolation » ainsi que dans le roman-feuilleton « La Ligne Verte », nous pouvons voir la présence du bien, nominativement, Dieu, qui intervient entre David et John afin de provoquer la défaite du mal. Je suis curieux de connaître pour quelle raison vous avez placé l’existence de Dieu au centre de vos récents ouvrages ?

Stephen King : Je crois qu’il a toujours été présent. Bien sûr, Dieu est également présent dans « Les Régulateurs », il s’agit simplement de la télévision. Dieu est différent dans chaque livre car cela dépend des gens que vous décrivez. Je ne vois pas comme étant le secrétaire de Dieu. Je me vois plutôt comme quelqu’un qui croit en Dieu, qui croit que Dieu est l’explication rationnelle du fait que la vie s’harmonise aussi parfaitement, mais cela ne veut pas dire que nous connaissons l’esprit de Dieu. Je ne dis pas que la religion soit une bonne chose, car nous pouvons voir que c’en est une mauvaise. Le fait d’utiliser Dieu en tant que personnage de « Désolation » a été le point de départ du livre. Je pensais en moi-même que j’avais lu tellement de livres qui parlaient du Diable !  Par exemple, un des personnages va dire :  » Il y a quelque chose de MAUVAIS dans cette ville !  » Et ils exterminent les vampires en se servant de gousses d’ail et de crucifix. Ce que j’ai moi-même fait. Je ne suis pas en train de me prendre pour quelqu’un de supérieur. Je pense que c’est comme de la kryptonite, que toutes les manifestations extérieures de la religion sont comme de la kryptonite. J’ai pensé : « Et si tu traitais Dieu et tous ses à-côtés avec autant de conviction et de crainte respectueuse que le font les autres romanciers avec le DIABLE ? ». J’ai donc décidé de faire ça et la réaction du grand public a été des plus intéressantes. Il y a eu énormément de critiques du livre dans lesquelles ils trouvaient que le personnage de Dieu était vraiment répugnant. Je pense que ces gens-là n’ont aucun problème s’il s’agit de vampires, démons, golems, loups-garous ou quelque soit de nom que vous leur donner. En revanche, si vous essayez de leur présenter un Dieu capable de prendre des sardines et des crackers et de les transformer en pains et en poissons, alors là ils ont un problème. Aussi, je me suis dit que si vous aviez un vrai problème, j’allais réaliser ce qu’un roman d’horreur et de suspense est censé faire, c’est à dire vous égratigner la peau et chercher à vous prendre les nerfs à rebrousse-poil.

Joseph B. Mauceri : J’ai lu dans un magazine spécialisé dans le fantastique une critique des « Régulateurs » , dans laquelle l’auteur commençait en disant : « Ceci est à la fois le meilleur livre que vous ayez écrit, et le pire que vous ayez écrit ». Je suis en mesure de comprendre qu’une publication littéraire se fasse la critique du travail de quelqu’un d’autre. Cependant, j’ai le sentiment que les publications spécialisées avaient l’air impressionnées par votre succès et qu »elles observaient souvent une certaine retenue en critiquant votre travail. Cela s’étendrait même à d’autres publications dont les critiques sont friands. Avez-vous l’impression que c’est le cas avec votre travail actuel ?

Stephen King : Sincèrement, je n’en sais rien. Je pense que dans l’ensemble j’ai été traité de façon équitable. Vous finissez par concevoir un certain mépris, et c’est ce que je ressens de plus en plus, envers cette presse rigide. Vous rencontrez des gens qui ne comprennent rien au genre que vous représentez. Ils s’obstinent à refuser de comprendre ce que vous faites, et ceux-là ne vous accorderont aucune chance. Vous pouvez faire tout ce qu’il faut, au final, ce sont vos contrats qui seront critiqués, au lieu de votre travail. En s’opposant à la littérature populaire, ils représentent une menace réelle pour les conteurs d’histoires. Je déteste ça.

Joseph B.Mauceri : Il y a des nouvelles alarmantes venant de l’industrie du livre. Beaucoup de maisons d’éditions suppriment la quasi-totalité des publications d’épouvante de leurs collections. Si la tendance s’accentue, il ne restera plus que Peter Straub, Clive Barker, F. Paul Wilson, Dean Koontz, et vous-même. En tant qu’écrivain et fan du genre, que ressentez-vous à l’encontre de ce qui est en train de se passer, et y-a-t’il une solution ?

Stephen King : La majeure partie de ce qui a été publié entre le milieu des années 80 et le début des années 90 n’a été que de la m****.  Ca mérite d’être supprimé. Ce n’est pas de la faute des écrivains, c’est toujours de la faute des éditeurs qui rallongent les contrats en particulier lorsque ceux-ci sont bien juteux, pour de mauvais écrits qui devraient passer directement en livre de poche, et encore tous ne méritent même pas ça. Faites du bon avec du mauvais, et éventuellement les éditeurs jettent un oeil et disent  » Ca ne se vend pas !  » Vous et moi nous savons tous les deux que c’est la m**** qui ne se vend pas. Et qui ne s’est jamais vendue. Le temps passera et tôt ou tard une « Ligne Verte » sortira, ou un « Désolation » ou « L’Exorciste » ou encore « Rosemary’s Baby » et alors tous ces  ânes bâtés reviendront et diront « Oh, l’horreur c’est à la mode ! » Et alors ils recommenceront à acheter de mauvais romans.

Joseph B. Mauceri : A l’image de la tendance qui se confirme sur le marché de l’épouvante chez les adolescents, entraînée dans le sillage de très populaire série de R.L. Stein  » Goosebumps  » .

Stephen King : Tout à fait !

Joseph B. Mauceri : Parlons maintenant de votre projet télévisé, « The Shining ». Il y a eu des rumeurs, et vous savez ce qu' »elles » peuvent dire, laissant entendre que Kubrick refusait de renoncer aux droits sur le livre. Alors comment s’est faite cette mini série ?

Stephen King : Elle s’est faite très facilement. J’étais engagé avec la chaîne de télévision ABC dans un projet basé sur l’adaptation du « Fléau ». Ca s’est fait parce qu’ils avaient pas mal de mini séries, avec lesquelles je n’avais rien à voir, qui avaient bien marché.  » Le Fléau  » avait eu beaucoup de succès, suffisamment pour qu’on me demande si je voulais faire une suite. J’ai pensé que ces gens me donnaient un chèque en blanc, les clefs de la maison, et qu’il y avait des millions de téléspectateurs au-dehors. Je leur ai dit que j’aimerais faire un remake de « Shining » , sous forme d’une mini série de six heures. Ils ont pensé que c’était intéressant et ils ont voulu voir ce que nous étions capables de faire. Il y a un gars chez Creative Artists nommé Bill Haber, leur ancien grand patron, qui venait tout juste de prendre sa retraite. Il est venu chez Warner Brother, il a discuté avec eux, ils sont allés voir Kubrick et c’est certainement là qu’ils ont fini par se mettre d’accord. J’ai écrit le scénario et ABC ne m’a pas demandé de faire la moindre retouche. Nous sommes directement passés du scénario original à la production. Je pense que ça c’est merveilleux.

Joseph B.Mauceri : La télévision est un élément différent du cinéma. Elle requiert une approche différente, des concessions à des impératifs commerciaux, et il y a des choses que vous ne pouvez pas faire, au regard des « Us et Coutumes ». Que cherchez-vous donc à faire en transposant votre travail à la télévision, et quel défi particulier cherchez-vous à relever au moyen de ce support ?

Stephen King : Franchement, je cherchais à pousser le bouchon un peu plus loin. Il est difficile d’adapter des livres au cinéma, parce qu’un livre peut occuper une certaine place dans l’esprit d’un lecteur, ce qui peut varier entre une semaine et un mois. Je crois que vous voyez ce que je veux dire. Vous prenez un livre et vous le reposez, vous le prenez et vous le reposez, etc.. la télévision peut reproduire ce schéma plusieurs soirs de suite. Comme j’avais déjà fait « Le Fléau » et qu’ ABC voulait que je fasse quelque chose de vraiment effrayant, j’ai voulu pousser le bouchon un peu plus loin. J’ai suffisamment travaillé avec eux pour avoir la certitude qu’ils allaient me laisser faire. J’essayais de rester dans les limites de ce qui serait un zone tampon. Je pense que les censeurs de chez ABC ont compris que nous nous trouvions au centre d’une zone dans laquelle ils pouvaient dire « D’accord, pas de problème » ou alors « Totalement hors de question ! ». La seule fois où j’ai rencontré des problèmes, et où ils ont vraiment dit « Non ! , c’est lorsque Jack Torrance dit à sa femme : « Wendy, je suis vraiment désolé, mais je dois faire mon boulot », et elle s’avance vers lui et répond : « Ton boulot tu peux le prendre et te le fourrer dans le cul ! ». J’ai insisté pour garder cette réplique. Le mot « cul » n’est plus un mot inconnu à la télévision. Cependant, il y avait quelque chose dans l’image de l’acte en lui-même qui les dérangeait vraiment, c’était le fait de se figurer quelqu’un en train de prendre quelque chose et se le fourrer dans le cul. Et finalement, elle a dit : « Eh bien ce boulot, plaque-le ! » Nous avons eu également beaucoup de problèmes avec eux au sujet de la violence entre mari et femme. Le dernière heure du téléfilm est très cruelle. Il la pourchasse, elle tente de protéger l’enfant, et lui a un maillet avec lequel il la frappe, il la frappe, encore et encore. Dans le film, il n’a frappé qu’une seule fois et il ne l’a pas touchée. Il y a quelque chose que vous ne savez pas bien, parce que c’est une grande émission qui existe toujours, c’est la question de la présence des enfants dans « Jeopardy ». En principe, il y a cette clause sur toutes les chaînes de télé stipulant que vous ne pouvez pas mettre un enfant à « Jeopardy » . Je pense qu’après l’expérience de « Shining », dans laquelle on voit Danny Torrance dans « Jeopardy » dès les premières minutes du téléfilm, leur politique est telle que désormais vous pouvez faire participer un enfant à « Jeopardy » après 9 heures.

Joseph B. Mauceri : J’ai discuté avec Mick Garris. Il a dit en parlant de ces expériences de travail sur les films et mini séries, que le film était le support de la nouvelle ou novella et que la télévision était celui du roman.

Stephen King : C’est vraiment intéressant et astucieux d’avoir dit ça. C’est un gars intelligent et je ne l’avais jamais entendu s’exprimer ainsi auparavant. Il y a tellement de gens dans les hautes sphères de la télévision qui n’ont aucun talent. J’ai travaillé chez ABC avec des gens qui étaient vraiment brillants et qui eux-mêmes semblaient ignorer le potentiel de créativité qu’offre la télévision. Je ferai peut-être une mini série de six ou huit heures pour ABC, intitulée « La Tempête du Siècle », mais je n’ai pas encore commencé à écrire le scénario. C’est une idée originale, et je la vois aussi originale que celle d’un roman comme « La ligne Verte », mais c’est simplement le cheminement qui est différent. Je la vois comme étant la consécration évidente de tout ceci. Je ne veux pas continuer éternellement et devenir la version ABC de Danielle Steele. Cependant, je voudrais en faire un peu plus et que ça sorte de l’ordinaire. Ils ne voient que des adaptations de romans finis, des histoires de préférence, des romances ou des histoires d’épouvante, ou alors ils entrevoient cette mince opportunité qui fait que vous finissez par faire des mini séries. Ainsi vous continuez à traire la machine à sous. J’ai discuté avec ABC pour faire une série d’une seule saison seulement, qui passerait une heure par semaine, comme pour « Le riche et le pauvre ». Il y aurait eu un début et une fin, et la série se serait achevée à la fin de la saison. Ils ont simplement eu l’air de me regarder, et, c’est tout à leur honneur, personne n’a dit : « Mais on est foutus si ça ne marche pas ! ». Eh bien non, ils ont dit ceci : « Et si ça marche bien ? » C’était comme s’ils ne supportaient pas l’idée de voir le laboureur quitter le champ tant que celui-ci pouvait encore travailler pour eux. Je leur ai dit que si ça marchait, je recommencerais la saison suivante avec une histoire différente, comme le font tous les écrivains. Ils ont tout bonnement refusé.

Joseph B. Mauceri : Et c’est vraiment une honte. Ils prennent une série qui marche bien et ils l’exploitent jusqu’à ce que le public s’en lasse et jette le discrédit dessus.

Stephen King : Je ne m’imagine même pas en train d’essayer d’adapter un de mes romans au théâtre. C’est tout bonnement trop difficile à faire, et trop facile à rater.

Joseph B. Mauceri : Vous avez avec Richard Rumbstein, Mitchell Galin et le metteur en scène Mick Garris une relation de travail durable et privilégiée. Comme je discutais avec Mick, il mentionna le fait que vous et votre équipe présenteriez un film tiré du livre « Désolation », si auparavant se mettait en route une oeuvre qui ne soit pas de Stephen King.

Stephen King : Je pense que Mick a besoin de voler de ses propres ailes et de travailler en tant qu’auteur. il possède un scénario intitulé « Le Miracle de Jimmy », qui pourrait faire un bon film, bien que je n’en connaisse pas la valeur commerciale. Ca parle d’un pasteur guérisseur et je pense qu’il devrait se lancer. Il travaille également sur de nombreux autres projets. Le problème, c’est que Mick est quelquefois influençable, alors qu’il ne devrait pas se laisser influencer par des gens qui ne voient pas forcément ses intérêts à lui. Arrivé à ce stade, la pire erreur qu’il puisse faire serait de réaliser encore un autre film de Stephen King. Il ne devrait pas être celui qui adapte ce que je fais, il devrait être celui qui adapte ce qu’il fait, lui. Dans un moulin, l’argent prévaut évidemment sur le travail, mais il se trouve que Mick est à l’heure actuelle l’un des moins bien payés sur le marché à Hollywood. Il mérite une meilleure note que ça au « Tableau d’ Honneur ».

Joseph B. Mauceri : Il y a quelques autres projets en cours. Mark Pavia, un jeune metteur en scène très talentueux, dirige actuellement « Les Ailes de La Nuit », produit par Richard et Mick. Avez-vous vu quelque chose de ce film ?

Stephen King : J’en ai vu un court extrait. Ils me promettent toujours de m’en montrer un deuxième, mais ils ne l’ont pas encore fait. Je pense que ce qui est formidable, c’est que ses films se sont entièrement dissociés de mon travail. C’est comme pour « Dawn of the Dead ». Il dépasse vraiment les limites et rend toute discussion au sujet du bon goût totalement vaine.  Je ne pense pas qu’il puisse rater ce film, pas plus que « NC 17 » et j’aimerais voir les choses rester ainsi. Miguel Ferrer est excellent. La particularité de film, c’est qu’il commence comme quelque chose que vous identifiez comme étant relativement normal, ce qui, dans le domaine de l’épouvante, sert à empirer la situation.  Le contexte est celui d’une comédie,  deux femmes se retrouvent dans un appartement avec un type complètement fauché, dans une ville qui n’a pas de nom. Ensuite tout bascule dans l’horreur, il y a des gens qui sont tués et quelqu’un sort au-dehors pour enquêter. C’est une situation qui nous est familière, et qui petit à petit commence à s’échapper de son contexte. A la fin, nous atteignons le paroxysme avec 40 minutes diaboliques ! On a du mal à regarder, et en même temps, on a du mal à regarder ailleurs. Voilà ce que « Dawn of the Dead » fut pour moi. Je crois que c’est un film vraiment très intéressant. C’est violent, et, arrivé à certains endroits du scénario, vous vous dites : « Mince alors ! Ils n’ont reculé devant aucun cliché ! ». Visuellement, c’est redoutable, hors du commun, et je pense que Mark a vraiment beaucoup de talent.

Joseph B.Mauceri : Et il est très friand de ce genre-là, ce qui est rassurant !

Stephen King : C’est vrai. Et il n’en a pas honte. Il n’y a aucun doute là-dessus. « Oh, mais ce n’est pas un vrai film d’horreurs ! ». Du moment que Mark est concerné, c’est un film d’horreurs. C’est un soulagement.

Joseph B. Mauceri : Je suppose que je devrais vous parler des derniers projets concernant Frank Darabont et « Brume », ainsi que du prochain retour de Roland le Pistolero dans le 4ème épisode de « La Tour Sombre ».

Stephen King : Le prochain projet de Frank, c’est « La Ligne Verte ». Par rapport à « Brume », c’est beaucoup plus d’actualité. Frank et moi en avons beaucoup parlé. En ce moment, je pense, et lui aussi, qu’il doit y avoir une fin qui fonctionne en corrélation avec celle de l’histoire, mais qui doit aussi plaire au public à Hollywood, qui est vraiment mal à l’aise avec la façon dont l’histoire se termine. Ceci équivaut à rechercher un panache de fumée dans le brouillard. Les gens ne recherchent pas forcément une fin à l’eau de rose, mais je pense que ce qu’il recherchent, c’est une vraie conclusion, que l’histoire ne fournit pas. Voilà où nous en sommes. Au fut et à mesure que « La Ligne Verte » m’est venue, j’ai parlé à Frank de l’idée que j’avais pour l’histoire, alors que le premier chapitre n’était pas encore publié et que j’y travaillais toujours. Il était vraiment enthousiaste et je lui ai dit que je lui en enverrais les chapitres. Je lui ai dit que si l’histoire lui plaisait, il pourrait la réaliser. Il était très méfiant et il a répondu : « Oui, mais laissez-moi la lire avant ». Il a adoré et il a souhaité la réaliser. Il plaisante en disant que maintenant il essaie de caser le film le moins cher du monde et qu’il est le réalisateur d’histoires de Stephen King qui se passent en prison dans les années cinquante. Il n’y a pas encore de script et les négociations suivent leur cours. D’aussi loin que je suis concerné, c’est Frank pour la réalisation et personne d’autre.  » Magie et Cristal  » est finalement terminé. C’est un gros livre, et le manuscrit que j’en ai tiré faisait 1500 pages. Je crois que c’est bon, et je sais que j’ai fait mon devoir. Je reçois de plus en plus de mails de fans complètement partis qui disent: « Vous savez, vous avez embarqué des gens dans ce train de l’horreur depuis environ cinq ans. Comptez-vous finir cette histoire un jour ? ». Le pire de tous venait d’une vieille dame qui disait qu’elle adorait vraiment mes histoires, c’était une grand-mère de 73 ans atteinte de la maladie de Parkinson, elle avait peur de mourir avant que je ne finisse l’histoire. Elle espérait que j’en écrirait une de plus avant qu’elle ne soit trop faible pour les lire.

Joseph B. Mauceri : Shirley m’a appris que vous travaillez par ailleurs sur un autre roman. Quand pourrons-nous le voir ?

Stephen King : Je ne sais pas. (soupir). En ce moment je prends les choses comme elles viennent. J’ai accepté d’écrire une histoire pour la collection de Robert Silverberg, intitulée « Légendes; Le Livre du Fantastique ». Il y a tout un tas de romanciers d’épouvante qui écrivent des histoires originales pour son livre. Il est vraiment débordé car il y a Robert Jordan, qui n’a jamais écrit de nouvelles, qui doit en écrire une tirée de ses propres romans : « Wheel Of Time ». Je crois qu’Ann Rice doit lui en faire une. Dans un moment de faiblesse, j’ai accepté d’écrire une novella du Pistoléro pour ce livre. En y réfléchissant bien, c’est vraiment là la toute dernière chose dont j’ai à m’occuper.

(Traduction : Chris Redfield)





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