Ce matin nous évoquions et vous avions retranscrit le discours de Stephen King au gala de Pen America, où l’écrivain recevait un prix honorifique.
Depuis, Pen America vient de diffuser une nouvelle vidéo : celle du discours d’introduction de Morgan Freeman, avant de donner le Literary Service Award à Stephen King, et il nous semblait intéressant de vous la retranscrire.
Le touchant discours de Morgan Freeman au sujet de Stephen King :
« Mon ami Stephen King est un intrépide champion du monde écrit. Le corpus littéraire de Steven, plus de 60 romans, a captivé, terrifié et inspiré des générations de lecteurs, et transformé de long trajets de train, nuits et après-midi pluvieux, en portails vers de nouveaux mondes inoubliables, et dans les profondeurs de nos propres peurs.
Mais ses histoires, irrésistibles et impossibles à poser sont une des raisons pour lesquelles Pen America a décidé d’honorer Stephen ce soir.
Stephen King est l’incarnation de trois des sujets au coeur de Pen America. L’auteur est humanitaire, l’écrivain arrive à donner vie à des expériences humaines inédites, l’auteur en tant qu’activiste, utilise le pouvoir des mots pour influencer le monde. L’humanitarisme de Stephen est une fusion de générosité sans limite avec une profonde humilité.
A quelque chose près la mission au coeur de la communauté littéraire réunie dans cette pièce.
Il y a près de 20 ans, Stephen était frappé par un van durant une de ses promenades quotidienne, et ne pouvait pas écrire pendant une période d’environ 10 mois. Peu de temps après, un proche a lui (ndlr : Frank Muller), a vu sa carrière de lecteur de livres audios prendre fin des suites à un accident à sa tête. Ebranlé par la détresse de personnes créatives, Stephen a fondé la Haven Foundation qui assiste les artistes freelances à faire face aux accidents de la vie. La Haven Foundation est un partisan de longue date du fond de soutien Pen America pour les auteurs, et assiste les auteurs qui doivent faire face à des temps durs, ceux qui doivent subir une opération ou un suivre une thérapie, ont besoin d’une prothèse, d’une avance de fonds, de payer des frais d’avocats pour remplir une demande d’asile. Toute l’assistance est strictement anonyme.
Cette année, grâce à la Haven Foundation, Pen America a aidé des auteurs en difficultés à recommencer à travailler après les ouragans de Puerto Rico.
A travers son écriture, Stephen King est l’émissaire qui mets en avant des histoires, identités et expériences souvent éloignées. Quand j’ai lu pour la première fois le scénario des Evadés, tiré d’une novella de Stephen King (ndlr : Shawshank Redemption, dans Différentes Saisons), j’ai déclaré que je voulais jouer n’importe quel rôle. Et je l’aurai fais.
Stephen a apporté de la compassion et de l’humanité aux oubliés des prisons. Il a intéressé les lecteurs et un publique à travers le monde sur leur futur (ndlr : des prisonniers), et leur liberté. Cette oeuvre a touché bien plus que ce que Pen America représente. Encourageant les personnes incarcérés à raconter leurs propres histoires, à travers le programme Pen America pour prison (Pen America Prison Writing Program), et le prix littéraire Pen des prisons (Pen Prison Writing Award), le seul prix littéraire au monde qui reconnait la meilleure écriture au sein des prisons.
Défendre l’accès aux livres dans les prisons, comme Pen America le fait dans l’état de New York, New Jersey, et à travers le pays avec la campagne « Le droit de lire », est une cause incarnée par la bibliothèque de la prison de Shawshank, un lieu de refuge, de merveilles, et une évasion spiritualiste.
Le portrait de Steven du désir ardent de la liberté humaine dans Shawshank était tellement puissant, que, lorsqu’un dissident chinois a osé s’évadé de prison il y a quelques années, une des premières choses que les autorités de Beijing ont fait, était de bannir le terme « Shawshank » sur les réseaux sociaux et les recherches internet.
Ils savaient que les mots de Stephen King et son histoire avait la force d’inspiré un pouvoir qu’ils étaient déterminés à écraser.
Enfin, mais difficilement des moindre, l’auteur en tant qu’activiste. C’était un moment sombre dans l’histoire de Pen America quand un des dirigeants de l’Iran déclara une fatwa contre l’auteur Salman Rushdie, avec des protestations et des incendies déclenchés par un dictateur enragé par un roman.
Les librairies étaient effrayées pour la sécurité de leurs employés et des clients, donc ils commençèrent à retirer des rayons le livre des « Versets Sataniques ».
Stephen King appela le responsable d’une grande chaine de magasins et lui posa un ultimatum.
Vous ne vendez pas les Versets Sataniques, vous ne vendez Stephen King.
Bien entendu le magasin changea d’avis.
Vous ne vous pouvez pas laisser l’intimidation arrêter les livres, déclara King. C’est aussi simple que ça. Les livres sont la vie.
Fervent opposant à la censure, Stephen est direct concernant les dangers de retirer les livres des étagères des écoles et des bibliothèques. A un âge ou les nouvelles attaques sur la presse et la vérité, Stephen a pris sa plateforme publique et l’a transformé en vecteur non filtré de désaccord. Il dit ce qu’il voit, et est devenu un porteur de vérités parfois difficiles et sans fard.
Certaines personnes ne l’acceptent pas, ou préférent ne pas entendre la vérité.
Quand le président (ndlr : à demi-voix : « Donald Trump », faisant alors passer son message comme quoi il ne le considère pas président) a banni et bloqué Stephen King sur Twitter, Stephen n’a pas attendu un instant et l’a banni de voir son prochain film.
Stephen est un champion et une personne exemplaire de ce que Pen America représente. La liberté d’écrire.
Merci Stephen pour ces contributions sans frontières aux écrivains, aux lecteurs, et à tous ceux qui croient que la peur peut te retenir prisonier, mais l’espoir peut te libérer. »
Vous l’aurez remarqué : les derniers mots sont directement une citation du film « Les évadés », tiré de Stephen King
Si vous voulez voir la vidéo des discours de Morgan Freeman, suivit par celui de Stephen King :