Misery Loves Company
(Première Partie)
Le DVD édition collector du film MISERY propose un documentaire intitulé « Misery Loves Company ». Pour ceux et celles qui nous pas encore eu la chance de voir ce documentaire, nous vous proposons aujourd’hui la première partie de sa retranscription complète … Bonne lecture.
Thomas Fortun (Langolier)
Le18/01/04
ROB REINER : On a demandé récemment à un célèbre éditeur new-yorkais quel écrivain serait lu dans 25 ou 50 ans. Il a répondu : «C’est facile. Elmore Léonard et Stephen King. » Les romans de Stephen King devraient être achetés pour le cinéma. Andy Scheinman, un des cofondateurs de Castle Rock, est tombé un jour sur un exemplaire de Misery à l’aéroport. Il l’a lu et a passé un très bon moment. Il a adoré le livre. Il était persuadé qu’un des studios l’avait déjà acheté. Mais il a quand même tenu à vérifier. Personne ne l’avait.
WILLIAM GOLDMAN : King ne voulait pas le vendre parce que c’était son livre préféré. Rob l’a appelé et a dit : «Je le produirai ou le réaliserai.» King a répondu : «Alors d’accord.»
ROB REINER : Il ne voulait pas le céder car c’était un livre important pour lui, un peu autobiographique. Il y parle de ce qu’il vit en tant qu’artiste, de son succès, et de la difficulté qu’il a à faire les choses différentes de ce que ses lecteurs attendent. Je comprends ce que peut ressentir un artiste quand on attend certaines choses de lui, et qu’il veut prendre une autre direction. Je pouvais m’y identifier, et j’ai décidé de le faire.
BARRY SONNENFELD : Quand j’ai lu le scénario de Misery, j’étais très intéressé car j’ai imaginé divers effets visuels, en matière de mouvements de caméra mais aussi de choix des objectifs, des éclairages, du maquillage, et j’ai imaginé la façon de faire évoluer le personnage de Kathy Bates. C’était passionnant. Mais il y avait avant tout les mots.
FRANCES STERNHAGEN : J’ai lu le roman en entier et j’ai été fascinée, mais Virginia n’y était pas. Quand j’ai reçu le scénario, je me suis aperçue qu’ils avaient ajouté mon rôle.
KATHY BATES : J’ai entendu parler de Misery quand un ami m’a prêté le livre. Il m’a dit : «Si quelqu’un en fait un film, le rôle est pour toi.» J’ai répondu : «Tu as raison d’y croire.»
JAMES CAAN : Je n’ai pas lu le livre. C’est une de mes habitudes. On travaille sur un scénario, pas un roman. Et heureusement, sans vouloir dénigrer Stephen King, on avait le grand Bill Goldman.
ROB REINER : C’est un écrivain et scénariste talentueux, qui en plus s’y connaît en réalisation. Non seulement, il peut écrire un script facile à mettre en scène, mais il comprend le processus de réalisation. Il m’a conseillé André le Géant pour Princess Bride et Kathy Bates pour Misery.
[Extrait de Misery]
WILLIAM GOLDMAN : J’ai écrit le rôle pour Kathy Bates, qui était alors actrice à Broadway, une grande actrice qui n’avait pas encore fait carrière au cinéma. J’ai tout de suite dit à Rob : «Je vais écrire le rôle pour Kathy Bates.» Et lui : «Elle est super, on la prend.» C’est comme ça qu’elle a eu le rôle.
ROB REINER : La dynamique de l’œuvre vient du fait qu’on a un écrivain très célèbre, Stephen King. On sait tous à quoi il ressemble, mais pas à quoi ressemble sa plus grande fan. C’est pourquoi je ne voulais pas d’une star pour jouer le rôle. En même temps, je voulais une star pour jouer Paul Sheldon, car c’est un personnage qu’on reconnaît dans la rue.
JAMES CAAN : J’ai toujours accusé Rob de jouer les pervers. Il a dit : «Prenons l’acteur le plus surexcité de Hollywood, le plus dérangé, et mettons-le au lit pendant 15 semaines.»
ROB REINER : Ca va le frustrer. Il va ressentir toutes sortes d’émotions : «Laissez-moi sortir de ce lit !» Tout est dans son jeu et dans son jeu et dans son regard, dans tous ses regards.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : J’ai eu beaucoup de chance. Comme dans tous les bons films, on n’imagine personne d’autre dans le rôle.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : C’était un immense honneur d’avoir Lauren Bacall dans le film. Son agent m’a appelé : «Pourriez-vous envisager Lauren Bacall pour ce rôle ?» J’ai dit : «L’envisager ?» C’est une légende vivante.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : Elle donne beaucoup de crédibilité à l’ensemble, car elle est très crédible en femme d’affaires, en agent new-yorkais sophistiqué. Ca donne l’impression qu’il existe un monde extérieur qui se préoccupe de lui et le cherche. Elle rend ce monde plus crédible.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : Il fallait trouver un moyen de sortir de la maison et de voir le monde extérieur en train de les chercher pour créer du suspense : le trouveront-ils avant qu’elle le tue ?
[Extrait de Misery]
KATHY BATES : Le fait d’avoir une ville et les personnages de Richard et Frances donne un aspect réaliste. Mais c’est à double tranchant. D’un côté, on se dit : «Il existe un monde et des gens sains d’esprit.» Ca donne une raison de s’accrocher. De l’autre, on se dit : «Vont-ils venir ? Vont-ils le trouver un jour ?»
[Extrait de Misery]
ROB REINER : Frances Sternhagen est un des meilleurs seconds rôles de tous les temps. Elle est aussi à l’aise dans le comique que dans le tragique. Elle est très intelligente, et son approche est naturelle et vraie.
FRANCES STERNHAGEN : Le personnage de Virginia était très bien écrit. Je n’ai fait que suivre le scénario.
[Extrait de Misery]
FRANCES STERNHAGEN : Je sais que Rob m’a fait faire des choses très précises au bureau, sûrement pour prouver son efficacité et son aide, montrer qu’elle lui est utile. Il lui fait prendre part aux virées du shérif, à ses recherches, même si elle est persuadée qu’elles ne mènent nulle part. Ca lui plaît qu’il veuille qu’elle l’accompagne.
[Extrait de Misery]
FRANCES STERNHAGEN : Il avait quelque chose de tellement charmant que ça a été très facile de jouer l’épouse séductrice et parfois agacée. Bien sûr, derrière cet agacement se cache beaucoup d’attirance.
(à suivre)