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« Castle Rock » : l’avis de Bev Vincent, expert et ami de Stephen King, sur la série

Castle Rock Series Title

Bev Vincent, est un expert de Stephen King et ami de longue date de l’auteur depuis qu’il lui avait écrit durant les années 80s pour échanger avec l’auteur autour de « La Tour Sombre« .
Collectionneur et afficionado, Bev Vincent a écrit plusieurs livres autour de Stephen King et « La Tour Sombre », et a plus récemment co-édité avec Stephen King le livre « Flight or Fright« ,  une anthologie de nouvelles sur tout ce qui peut mal se passer en avion, qui sortira début septembre aux éditions Cemetery Dance (USA) et Hodder & Stoughton (Royaume-Uni, et autres territoires anglophones).
« Flight or fright« , comporte une introduction de Stephen King, des notes en préambules des histoires, ainsi qu’une nouvelle inédite de l’auteur.

 

Il a partagé sa critique des premiers épisodes de la série « Castle Rock« , qu’il nous a autorisé à traduire pour vous la partager ci-dessous.

 

 

 

“J’ai peur de cet endroit. J’ai peur de ce qui ce va venir.”

En 2018, Castle Rock, la ville que Stephen King a introduit dans le livre « Dead Zone » et qui est revenue à plusieurs reprises dans ses travaux suivants, n’est plus sur les cartes. Il y a quelques années, la ville a décidé de devenir indépendante. Le centre ville historique ne comporte principalement plus que des entreprises fermées. Le snack-bar de Nan a mystérieusement brûlé. Le supermarché le plus proche est à une centaine de kilomètres. L’employeur le plus important de la ville est la prison de Shawshank, à une trentaine. Un pourcentage considérable des gens se trouvant derrière les bareaux de cet établissement viennent de Castle Rock.

Voici le cadre de « Castle Rock« , une série anthologique qui démarre le 25 juillet 2018 sur Hulu, avec les trois premiers épisodes d’une série de 10. Le terme « série anthologique » était initialement confusant. Est-ce que cela voulait dire que chaque épisode serait plus ou moins indépendant? Entre d’autres termes, allons-nous obtenir dix histoires sans points communs au sujet de la ville la plus perturbée de Stephen King?

 

 

Au final, ce n’est pas le cas. La saison 1 de « Castle Rock » raconte une histoire complète, originale, et les saisons suivantes raconteront différentes histoires avec de nouveaux personnages et prenant même probablement place dans d’autres périodes, comme l’approche de la série « Fargo ». 
Le fait qu’il s’agisse d’une nouvelle histoire enlève un des problèmes auquels sont confrontés ceux qui cherchent à adapter les livres de Stephen King : personne ne pourra les critiquer pour la teneur avec laquelle la série est fidèle à l’histoire d’origine.

 

Severance

Henry Deaver, un avocat de condamnés à mort, confronte son sombre passé quand un appel anonyme le fait revenir à Castle Rock, sa ville natale. Ruth Deaver (Sissy Spacek), et Henry Deaver (Andre Holland). Photo de Patrick Harbron / Hulu

 

Cette saison comporte deux mystères interconnectés. Le premier s’est déroulé il y a 27 ans, une période familière aux lecteurs de Stephen King. Durant une nuit d’un hiver glacial, Henry Deaver, 11 ans, et son père, le prêtre de « L’église de l’incarnation » vont dans les bois à coté du Castle Lake. Pourquoi, personne ne le sait, ou si ils le savent, ils ne le disent pas. Le prêtre Deaver est retrouvé plus tard au pied d’une falaise à proximité du lac, son dos cassé et souffrant de multiples blessures, mais il a survécu… pendant quelques jours. Quant à Henry, il a simplement disparu. Des recherches ont été menées pendant des jours, mais en vain. Finalement, la recherche est devenue une mission de secours. Avec des températures avoisinant -4°C, les chances de retrouver vivant le garçon sont nulles.

Un homme continue à le chercher alors que tous les autres ont abandonné : le shérif Alan Pangborn (Scott Glenn), l’homme qui a affronté Leland Gaunt dans « Bazaar« , et qui a remplacé le shérif George Bannerman. Un soir, sept jours après la disparition d’Henry Deaver, alors que le Pangborn pique dans d’étranges monticules de neiges à la recherche d’un corps, il trouve Henry debout en plein milieu d’un lac gelé. Le garçon était incroyablement indemne, ne souffrant d’aucun signe de gelure ou de réverbératon. Il n’avait aucune mémoire d’où il avait été. Avait-il été kidnappé avant de s’échapper? Ou était il responsable de l’accident de son père adoptif et a donc essayé de s’enfuir? Quelle est la signification de la figurine qu’il tient dans sa main? A ce jour, personne ne sait réellement. 

L’autre mystère semble prendre ses origines dans les mêmes bois, bien que cela n’ait pas encore été révélé. Dale Lacy (Terry O’Quinn), qui a été le directeur de prison depuis 1985, croit que les problèmes que Castle Rock rencontre depuis aussi loin que l’on se se souvienne, sont dus à bien plus que de la malchance. Il pense que c’est la ville elle-même, que le mal est le plan de quelqu’un, et pas celui de Dieu. Lacy, qui en 2018 doit partir en retraite forcée, était autrefois un homme religieux qui priyait pour que Dieu lui montre sa raison d’être. Et, un jour, Lacy est convaincu que Dieu lui a répondu, lui disant où trouver l’entité maléfique, comment construire sa prison, et comment mettre un terme aux horreurs de la ville.

Lacy a entendu la voix de Dieu et a obtempéré (dans l’univers de Stephen King, les gens qui déclarent avoir entendu la voix de Dieu ne sont généralement pas fiables, il est donc difficile de dire si ce qu’il a fait était juste ou odieux). Sa retraite forcée menace d’exposer son secret. Pendant des années, il a gardé un jeune homme (Bill Skarsgard) dans une cage en métal au fond d’une vieille citerne d’eau, dans une partie inutilisée de la prison, une aile où avaint été mis les corps brûlés de l’incendie de la prison en 1987.

 

 Castle Rock Ew

 

Une fois ce prisonier non enregistré découvert, certains des gardiens le nomment « le kid » (« l’enfant »), tandis que d’autres l’affublent du nom de Nicky, en référence à Nicolas Cage, à cause de l’endroit où il a été retrouvé. Il ne mange que du pain, et ne parle que rarement. Quand il le fait, c’est généralement pour citer des extraits parmi les plus terrifiants des Révélations, car il y avait une bible à coté de la cage, et Lacy lui avait sans doute lu des passages choisis au fil des années.

Quand Daly réalise qu’il ne pourra plus s’occuper de son prisonier pour longtemps, il lui dit de demander Henry Deaver lorsqu’il sera trouvé. Il semble penser que Daver sera le défenseur de Castle Rock, qui laisse à penser quelque chose d’abominable au sujet de son père.

 

 

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Alan Pangborn

 

Personne d’autre ne savait au sujet de « Nicky », sauf peut-être le shérif Pangborn, qui avait interpellé Lacy un soir il y a fort longtemps. Le directeur lui avait dit qu’il avait toujours cru que le diable n’était qu’une métaphore, mais qu’il savait mieux maintenant. Il n’y a aucun enregistrement sur Nicky, et ses empreintes ne l’ont pas identifiées. Il refuse de révéler son nom. Pour le nouveau directeur, c’est un problème et cela donnera une mauvaise image à la prison que de révéler que l’ancien directeur gardait un prisonier non-autorisé, alors que sa mission à elle est d’augmenter les revenus, et non pas de faire la une des journaux. 
Elle décide de le garder à l’infirmerie jusqu’à ce qu’elle et son larbin de la direction décide comment gérer la situation. Un garde méticuleux du nom de Zalewski (Noel Fisher) décide de contacter Henry Deaver.

Deaver (Andre Holland) est un avocat spécialisé dans les cas de condamné à mort au Texas. Le mystérieux homme de Shawshank ne peut pas être son client, il déclare à son correspondant anonyme, parce que tout ses clients sont morts, même la plus récente, une vieille femme dont l’exécution fut ratée. Mais, ça fait un moment qu’il n’a pas vu sa mère (Sissy Spacek), et il décide donc de revenir à Castle Rock, bien que la ville l’accuse de la mort de son père. Il est étonné de découvrir l’état de la ville, en déclin. Même l’église a du être vendue pour couvrir de mauvais investissements, dont le terrain où son père avait été enterré.

 

Voici le cadre essentiel de la série, des mystères dont certains prennent place plusieurs décennies dans le passé, et les gens qui gardent des secrets.
Après quatre épisodes, je ne dirai pas que la série est de l’horreur pure et dure, elle a davantage une sensibilité à la Lost. Hey, même Terry O’Quinn (Locke dans la série « Lost ») a une trappe!
Il y a quelques jump-scare et quelques scènes qui foutent les jetons, mais sinon les choses sont sous controle. Ce n’est pas pour dire que les choses ne vont pas empirer en un clin d’oeil.

La série s’éprend fortement de ses personnages. Ruth, la mère adoptive d’Henry, souffre de démence, une condition qui ne fait qu’empirer en fin de journée. Elle ne reconnait pas Henry à son arrivée, bien qu’ils ont parlé ensemble récemment. Pangborn, maintenant à la retraite (« Ils ont nommé un pont à mon nom. 150 tonnes d’acier et de béton, halleluja! »), rend régulièrement visite à Ruth. Ils ont trouvé qu’ils apprécient chacun la compagnie de l’autre, et il veille sur ses finances, bien qu’Henry soit son tuteur. Pangborn sait des choses, par contre, et il en dévoile quelques unes à l’homme qui était autrefois le garçon qu’il a « sauvé ».

Un autre personnage majeur est Molly Strand (Melanie Lynskey), l’agente immobilière la plus optimiste au monde. Elle veut encourager des investisseurs à revitaliser le centre ville historique, elle a même été jusqu’à construire une maquette de ce qu’elle envisage, ce qui comprend un kiosque à musique  (2, « chaque centre ville vivant à besoin d’un kiosque à musique, pour contempler calmement), dit elle à son ami Jackie Torrance (3). Quand elle était adolescente, elle avait un coup de coeur à la limite du harcèlement (elle ne va pas aussi loin que le crush de son personnage pour Charlie, dans la série « Two and a half men », mais du même acabit), pour Henry Daver, qui habitait dans la maison d’en face (4).

 

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Molly

 

Un centre ville re-développé n’est pas la seule vision que Molly a. Elle est une empathe (une personne qui ressent les émotions des personnes autour d’elle – ce qui en fait une bonne candidate pour être une Briseuse), et Henry est une des personnes avec qui elle est le plus connectée. La ruée de voix qu’elle ressent est tellement forte qu’elle doit prendre tous les jours une demi pillule d’oxy. Généralement, cela fonctionne, mais avec Henry de retour en ville, elle se sent submergée. Etant donné qu’elle était ardemment connectée à lui quand ils étaient enfants, il est possible qu’elle en sache bien plus que lui sur ce ce qu’il s’est passé quand il a disparu. Ce pull a capuche qu’elle conserve et va voir dans son sous-sol pour la durée d’un minuteur est un indice qu’elle seule  sait quelque chose au sujet de la nuit durant laquelle le révérent Deaver a succombé à ses blessures.

 

 

D’après ce que j’ai vu pour le moment, je qualifierai la série de suspense supernaturel et thiller. Il y a réellement des éléments supernaturels : un personnage a une vision terrifiante mais convaincante à la fin du premier épisode, et il n’y a aucun doute que Molly a des capacités psychiques. 
Quelle est la vraie nature de Nicky? Nous le découvrirons probablement en cours de route. 
Y a t’il quelque chose d’étrange dans les bois de Castle Lake? Très probable. 
Comment est-ce que cette histoire se terminera? Il nous faudra attendre pour le découvrir. Je pense que ce sera une aventure amusante. Le casting est excellent, la production est vraiment de haute qualité, et l’attachement à l’univers de Stephen King est évident.

 

 

Les connections directes à l’oeuvre de Stephen King sont modestes, et espacées. Au-delà d’Alan Pangborn, le seul personnage de King à apparaitre dans les quatre premiers épisodes est le Shérif Député Norris Ridgewick, qui remplace Pangborn en tant que shérif. Le snack-bar de Nan a disparu (et la « vraie » histoire de sa fin est vraiment amusante), mais plusieurs scènes prennent place au Mellow Tiger, la seule adresse pour boire à 50km à la ronde, un lieu mentionné dans plusieurs romans de Stephen King.

Il y a cependant une myriade de clins d’oeils aux incidents de Castle Rock et ses autres histoires du Maine. La prison de Shawshank est le plus évident, mais il y a également de brèves références à un saint-bernard enragé, le corps d’un garçon trouvé aux abords d’un chemin de fer (ainsi que la mention d’une personnage mineur de « le corps »), et des coupures de presse d’une « boutique de bizarreries » qui a été détruite et dont il manque le propriétaire. Le slogan de Molly Strand, agente immobilière, est « Live like a King ». Il y a une allusion maligne à Mr Jingles (« La ligne verte« ) dans le second épisode, et une autre scène évoque « Simetierre« .  Un garde de Shawshank mentionne que la prison a perdu quatre directeurs durant leurs fonctions, et déclare qu’il y a un trou de balle dans le bureau où le directeur Norton s’est suicidé. Un prisonnier lit « Sa majesté des mouches », dans lequel il y a un monument appelé Castle Rock.

Le générique d’ouverture, par contre, est un rêve pour les fans de Stephen King, rempli de références directes ou subtiles. Cela m’a prit un certain temps et un grand nombre de retour en arrière pour les avoir, et je suis certain d’en avoir loupé quelques uns, mais dans l’ordre chronologique :
– Pages du chapitre 19 de Salem (ça en fait deux!)
– Pages du roman « ça » avec des noms de rues entourées
– La table de matière du livre « La ligne verte« , annotée avec probablement une référence au lieu « Des souris et des hommes de Steinbeck »
– La page de titre de « Dolores Claiborne« 
– La carte annotée du Maine de Stephen King, provenant des premières pages des livres « Dolores Claiborne » et « Jessie » :
           Castle Rock, population 1500
           Little Tall (La tempête du siècle)
           Haven (le site du crash)
           Derry (entourée)
           Chester’s Mill, 11:44, l’heure de l’apparition du Dome
           Bridgton (Projet Arrowhead)
– Pages du livre Shining 
– Le titre de « Misery’s Return », avec le « n » ajouté au crayon
– Pages du livre « ça« 
– Tampon de la bibliothèque de Castle Rock
– Les plans de la prison de Shawshank
– « All work and no play »
– 217->237
– We all float Georgie
– Redum

(ndt : nous vous invitons également à parcourir notre article présentant l’intégralité des références de King dans le générique d’ouverture)  

 

Il y a aussi une autre « connection » qu’il me faut mentionner. L’épisode « The Howling Man » de la série « Twilight Zone (ndt : la quatrième dimension, saison 2, épisode 5 : « l’homme qui hurle »), inspiré d’une histoire de Charles Beaumont, est diffusé à la TV dans la maison de Ruth Deaver. Ce n’est pas un hasard. Regardez l’épisode après quelques épisodes de « Castle Rock », et vous verrez ce que je veux dire. « L’incapacité à reconnaitre le Diable a toujours été la plus grande faiblesse de l’homme ».

 

1) Dans « Sac d’os« , Castle Rock possède un Wal-Mart. Selon la nouvelle « Premium Harmony », du recueil « Le bazar des mauvais rêves« , il se trouve à proximité du lycée. Dans la récente nouvelle « Gwendy et la boite aux boutons« , ainsi que celle à venir « Elevation« , Castle Rock est une ville qui a davantage réussi à s’en sortir et prospérer.
2) Le kiosque à musique de Castle Rock, est un lieu majeur du film « Dead Zone« , mais il n’était pas présent dans le livre.
3) Oui, Torrance. Sans forcément de rapport
4) Molly a grandi dans une maison où un étrangleur en série a auparavant vécu. Il n’est pas nommé, mais il s’agit de Frank Dodd, du livre « Dead Zone« 
5) Dans la nouvelle « Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank » (du recueil « Différentes Saisons« ), Samuel Norton ne se tue pas, donc le garde s’est peut-être trompé.

 


 

Bev Vincent, est un expert de Stephen King et ami de longue date de l’auteur. Collectionneur et afficionado, Bev Vincent a écrit plusieurs livres autour de Stephen King et « La Tour Sombre », parmi lesquels : 
– « The road to the Dark Tower : exploring Stephen King’s magnum opus » : de Bev Vincent, chez Berkley, en 2004
– « The illustrated Stephen King Companion » : de Bev Vincent, en 2009, chez Sterling Publishing.
– « The dark tower companion » de Bev Vincent, en 2013, chez NAL
– « The illustrated Stephen King trivia book », co-édité avec Brian Freeman, chez Cemetery Dance, en 2012

De par son expertise et ses connaissances de l’univers de Stephen King, Bev Vincent est régulièrement contributeur aux livres et essais paraissant autour de l’oeuvre de King, mais il écrit également des nouvelles.

Son nouveau livre « Flight or Fright », une anthologie de nouvelles sur tout ce qui peut mal se passer en avion, est une collaboration spéciale : Bev Vincent et Stephen King ont co-édité ce livre, qui contient une introduction de Stephen King, des notes de l’auteur en préambules de chaque nouvelles, ainsi qu’une nouvelle inédite de Stephen King intitulée « The Turbulence Expert » (« L’expert des turbulences) et une nouvelle inédite de Joe Hill.

« Flight or Fright », par Bev Vincent et Stephen King, est disponible auprès de Cemetery Dance (USA), et de Hodder & Stoughton pour les autres territoires anglophones.

[flight or fright]

 

 





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