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Essais

Charlie Hebdo / Stephen King au sujet de la censure

Charlie Hebdo / Stephen King au sujet de la censure 

Image Stephen King a la conference de presse

 

Nous sommes CharlieStephen King au sujet de la censure


Nous sommes Charlie, chez Le Livre de Poche

Suite à la tragédie ayant touché Charlie Hebdo en début d’année, les éditions du Livre de Poche ont décidé de soutenir le magazine en proposant un ouvrage qui sortira le 9 février.
Ce livre, intitulé « NOUS SOMMES CHARLIE », est une anthologie de 60 textes écrits de la part de 60 écrivains, pour le compte de la liberté d’expression, et tous les bénéfices des ventes seront reversés à Charlie Hebdo.

Parmi les auteurs de cet ouvrage, se trouve notamment Maxime Chattam à travers un essai intitulé « Le pouvoir des mots ».

 

NOUS SOMMES CHARLIE
Auteurs : 60 auteurs, dont Maxime Chattam

Editeur : Livre de Poche

Sortie : 9 février 2015

Prix : 5€

Tirage : 210 000 exemplaires

 

Commander le livre : 
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Présentation de l’éditeur : 

Face à la tragédie, des voix s’élèvent contre la barbarie qui a voulu mettre à genoux la liberté d’expression. C’est de la volonté de les rassembler en un recueil, que naît, dès le lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, l’idée de cet ouvrage, mêlant textes classiques et textes de 60 écrivains contemporains. La richesse des contributions gracieuses ici réunies témoigne du remarquable élan suscité par ce projet, dont l’intégralité des bénéfices sera reversée à Charlie Hebdo.

 

Liste des auteurs :

Jacques ATTALI – Gwenaëlle AUBRY – BEAUMARCHAIS – Frédéric BEIGBEDER – Laurent BINET -Julien BLANC-GRAS – Évelyne BLOCH DANO – Vincent BROCVIELLE – Noëlle CHATELET – Maxime CHATTAM – Philippe CLAUDEL – André COMTE-SPONVILLE – Gérard de CORTANZE – Delphine COULIN – Charles DANTZIG – Frédérique DEGHELT – Nicolas DELESALLE – DIDEROT – Catherine DUFOUR – Clara DUPONT-MONOD – Jean-Paul ENTHOVEN – Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES – Dominique FERNANDEZ – Caroline FOUREST – Jean-Louis FOURNIER – Philippe GRIMBERT – Olivier GUEZ – René GUITTON – Claude HALMOS – Victor HUGO – Fabrice HUMBERT – Guillaume JAN – Jean-Paul JOUARY – Marc LAMBRON – Frédéric LENOIR – Bernard-Henri LÉVY – François-Guillaume LORRAIN – Ian MANOOK – Fabrice MIDAL – Gérard MORDILLAT – Anne NIVAT – Christel NOIR – Véronique OLMI – Christophe ONO-DIT-BIOT – Katherine PANCOL – Bernard PIVOT – Patrick POIVRE D’ARVOR – Romain PUÉRTOLAS – Serge RAFFY – François REYNAERT – Tatiana de ROSNAY – Élisabeth ROUDINESCO – Eric-Emmanuel SCHMITT – Colombe SCHNECK – Antoine SFEIR – Isabelle STIBBE – Émilie de TURCKHEIM – Michaël URAS – Didier VAN CAUWELAERT – VOLTAIRE.

 


Stephen King et la censure 

Sans aller aussi loin dans la prise de position pour certaines convictions, Stephen King a également subit son lot de foudres. Ainsi, certains de ses livres (notamment CARRIE, mais également bien entendu RAGE, qu’il a retiré de la vente) ont été ouvertement attaqués durant les années 80-90s, principalement par des américains puritains qui, par exemple, ont exigé ques les livres de Stephen King soient exclus de bibliothèques publiques / d’écoles parce qu’il utilisait des termes trop crûs.

De ce fait, Stephen King a eut l’opportunité de s’exprimer à plusieurs occasions sur le sujet de la censure. 

Voici ci-après une sélection des essais publiés dans lesquels l’auteur aborde la censure, toujours avec les mêmes idées (la censure est une question de pouvoir et de point de vue : celui du censureur étant plus important que celui du censuré), et que si un livre est banni, alors il faut se précipiter dessus pour avoir un esprit critique et découvrir ce que les autres ne veulent pas que l’on lise (et souvent, il n’y a pas de raison pour toute ces disputes). 

 

« Banned books and other concerns: The Virginia Beach lecture »

Publication : Secret Windows: Essays and Fiction on the Craft of Writing (Book of the Month Club, 2000)

Commentaire : Discours prononcé en 1986 lors de la Virginia Beach Lecture.

Stephen King raconte deux anecdote autour de la censure.
La première prend place juste après la sortie de son livre SALEM et pour lequel il s’est déplacé dans un groupe de lecture du Maine. Une des personnes, une femme devant avoir soixante-cinq ans lui annonce qu’elle a apprécié l’histoire, mais pas son langage, qu’elle juge trop vulgaire et qu’elle ne voit pas pourquoi une personne qui raconte une bonne histoire devrait utiliser un tel vocabulaire. 

L’auteur utilise alors une métaphore : celle de la manière dont les hommes parlent au barbier le samedi matin et surtout ceux où il n’y a pas de femmes. Il continue alors ses propos en déclarant qu’il a écrit de nombreuses histoires au sujet de personnes désespérées placées dans des situations sans espoir, et que dans ces cas là, ces personnes ne vont pas rester polis.

Est-ce qu’une personne qui, en faisant des travaux avec un marteau et se tape sur le doigt va dire « zut »? Non ! Ce qui importe à Stephen King c’est d’écrire la vérité.
« I think that the real truth of fiction is that fiction is the truth ; moral fiction is the truth inside the lie. And if you lie in your fiction, you are immoral and have no business writing at all. »

La deuxième anecdote porte sur une controverse de 1983 : un étudiant devait écrire une disseration sur le travail dans les acieries. Il avait alors emprunté un livre à la bibliothèque de l’école, intitulé ‘Working’, par Studs Terkel.  Or pour ce livre, l’auteur avait enregistré des vrais conversations de salariés et retransmis sur papier.

La mère de l’étudiant remarqua le livre et son vocable et demanda à l’exclure de la bibliothèque. Mais, alors que le livre n’avait été emprunté qu’une fois en trois ans, il fut emprunté plus de soixante fois entre le début de la controverse et le retrait effectif.

Par la suite, l’essai aborde la question de ce qui est moral ou amoral, ainsi que de la démocratie : 

« On comprend que la démocratie est une épée à double tranchant. Si on donne le droit de porter des armes, alors, tôt ou tard, quelqu’un se fera cribler de balles. Et si on donne le droit de conduire une moto sans casque, alors, tôt ou tard, le cerveau de quelqu’un ressemblera à une bouillie passée au mixeur.  Mais pour beaucoup de conservatifs et de fondamentalistes, il y a un point où l’épée de la démocratie où le double tranchant ne forme plus qu’un : et ce point se trouve être lorsque leur propre personnalité est offensée.
[…] 
Si il y a un consensus pour dire qu’un livre doit être retiré de la bibliothèque, je pense qu’ils doivent l’enlever.
Je n’ai aucun problème avec cela, si ils enlèvent CUJO ou SALEM ou SHINING des écoles, ou si ils enlèvent WORKING des écoles de Pittsburgh. Je déclarerai seulement à vous, étudiants qui devez apprendre, que, dès lors que ce livre est retiré des bibliothèques, ne marchez pas : précipitez-vous à votre bibliothèque locale ou librairie, et trouvez ce que vos ainés ne veulent pas que vous découvrez, parce que c’est ce qu’il vous faut découvrir ! 
Ne les laissez pas vous malmener et ne les laisser pas guider votre esprit, parce que quand ça commence, cela n’arrête jamais. Quelques uns de nos plus célèbres leaders ont bannis des livres, comme Hitler, Stalin, Idi Amin. »

 

« What’s Scaring Stephen King »

Publication : Omni, février 1987 (numéro dédié à la science et la censure)
Extrait :

« Mon livre SHINING peut être retiré des bibliothèques parce que des gens sont convaincus que des enfants ne devraient pas lire une histoire où le père finit par chasser son fils, mais « Hansel et Gretel », est OK pour les enfants. Une histoire où une belle-mère demande à son mari de désassembler ses deux enfants et lui apporter leur coeur. Le père décide de les abandonner dans la forêt plutôt que de les tuer (ce qui est censé être un acte de bonté). Les enfants arrivent à la maison de la sorcière et il est déclaré qu’elle va les manger! C’est du cannibalisme! SHINING n’est pas viable pour les enfants, mais Hansel et Gretel si! »

 

L’auteur continue alors en évoquant qu’il ne laisse pas ses enfants voir certains films (par exemple CARRIE qu’il juge trop perturbant, de la même manière que E.T. et Bambi sont perturbants pour des enfants). Par la suite, il aborde alors la limite et dans quelle mesure certains éléments sont questionnables : il serait illégal de montrer un snuff movies (un film où de vraies personnes se font tuées), alors que des films fictifs avec les mêmes scènes ne sont pas illégaux.
 

« Ce genre de films sont censurables, mais je ne crois pas qu’on devrait les censurer. Si on commence, on n’arrêterai jamais. »

 

« The Book-Banners: Adventure in Censorship is Stranger Than Fiction »

Publication : Bangor Daily News, 20 mars 1992.
Extrait : 
« Aucun livre, album ou film ne devrait être banni sans une grande discussion autour des problèmes. En tant que nation, nous avons vécu de trop nombreux combats afin de préserver notre liberté pour les abandonner parce qu’une personne prude avec un stabylo les désapprouve. »

 

« Stephen King on Censorship »

Publication : War of Words: The Censorship Debate, edited by George Beahm. Juillet 1993.

Commentaire : extrait d’une interview vidéo enregistrée en 1989 pour l’éditeur New American Library.

 

« I Want To Be Typhoid Stevie »

Publication : Reading Stephen King: Issues of Censorship, Student Choice and Popular Literature,octobre 1997.

Commentaire : il s’agit d’un discours de King lors de la conférence « Reading Stephen King: Issues of Student Choice, Censorship, and the Place of Popular Literature in the Canon. » (11 octobre 1996)

Extrait : 

« J’ai un problème avec ceux qui veulent retirer L’attrape Coeur (de JD Salinger, ndlr) ou Bastards out of California des lycées mais en conservant les fusils dans les supermarchés Wal-Mart, de la même manière que j’ai un problème avec les régulateurs qui, en même temps, veulent rendre illégales les avortements et les programmes fédéraux créés pour aider les mamans célibataires. 

[…]

Les gens qui veulent retirer certains livres des écoles ou des bibliothèques vous diront que c’est pour protéger les enfants de certaines idées, de certains mots, de certains points de vue de l’amérique ou de la condition humaine. Le fait qu’ils veulent nier ces choses des enfants passant du temps avec les leurs, c’est… mauvais. Poussez les encore un peu et ils évoqueront la question des valeurs familiales, une expression qui me donne de plus en plus régulièrement la nausée.

La censure et la suppression de matériel de lecture ne sont rarement des questions de valeurs familiales et est toujours au sujet du controle (qui tient le fouet, qui va dire non, et qui va dire oui). »

 

 


Pour conclure cet article, je voulais vous partager deux textes de Neil Gaiman autour de la liberté d’expression : 

>> A response to terror by Chris Riddell and Neil Gaiman – in pictures
>>> Why defend freedom of icky speech (2008)

 

Enfin, l’auteur Bernard Werber a publié il y a quelques années une nouvelle méconnue que j’aime beaucoup car aborde cette thématique : « Le crépuscule des libraires » (publie dans l’anthologie COMPLOTS CAPITAUX) évoque la disparition des livres suite à une censure initialement lancée contre la littérature dite de ‘fiction’…

 

[complots capitaux bernard werber]

 

 





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