Neil Gaiman en France : la conférence de presse autour de « L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN »
Conférence de presse – Enregistrement audio – Sorties Neil Gaiman – Make Good Art
Il y a à peine deux semaines, je découvrais que Neil Gaiman allait passer en France.
Lorsque j’ai contacté les éditions Au Diable Vauvert pour leur demander si Neil Gaiman allait réaliser une conférence de presse où de quelconques événements où un publique / contacts presses allaient être conviés, j’étais loin de m’imaginer ce à quoi j’allais participer.
La conférence de presse prévue ce lundi 27 octobre était exceptionnelle. Exceptionnelle, car ne répondait pas à mes attentes, mais les dépassait!
Après la conférence de presse européenne de Stephen King en France de novembre 2013, je pensais me retrouver dans une salle avec un grand nombre de journalistes de magazines importants, qui auraient l’opportunité de poser des questions à ma place.
J’avais tort! La conférence avait lieu dans une salle privatisée d’un café, avec une quinzaine de privilégiés… parmi lesquels, à peine 5 ou 6 d’entre nous oseront poser des questions !
Je vais essayer ci-après de retranscrire les grandes lignes de l’entretien, mais avant je souhaiterai remercier les éditions Au Diable Vauvert et leurs responsables communication pour cette opportunité exclusive de rencontrer Neil Gaiman dans une ambiance aussi décontractée et un cadre aussi intimiste.
Assis à même pas 2 mètres de l’auteur, et n’hésitant pas à nous regarder droit dans les yeux pour poser les questions y répondre.
(Cliquez sur ces photos pour accéder au chapbook, sans la couverture)
La matinée commence par une présentation par Marion Mazauric (fondatrice des éditions Au Diable Vauvert) de Neil Gaiman. Celle-ci en profite pour rappeler que son dernier passage à Paris date d’il y a 12 ans et que la dédicace de vendredi était un véritable succès avec quelques 300 personnes !
Plus que ce la librairie n’avait jamais rencontré avant, y comprit avec des auteurs tels que John Irving.
Marion Mazauric signale par la même occasion la publication du livret « Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination » (impression d’une conférence sur le pouvoir et l’imagination, tiré à 16 000 exemplaires offerts gratuitement aux libraires), qu’elle considère, à juste titre, qu’il devrait être lu et partagé par tous les bibliothécaires, libraires et enseignants de France.
En ajoutant que, si chacun appliquait les conseils mentionnés dans ce discours, dans 10 ans la France serait dans grande forme et en plein essor.
Elle signale également que l’artiste Dave McKean a réalisé un vernissage de ses travaux avec Neil Gaiman à la galerie Martel .
En effet, une exposotion concernant les oeuvres de Dave McKean autour du livre SMOKE & MIRRORS de Neil Gaiman y prend place jusqu’au 22 novembre.
S’y trouvent de nombreux dessins originaux, et un portfolio limité à 100 exemplaires (dédicacés par les deux artistes) y est proposé.
(Photos : Isabelle Lemercier)
Après cette entrée en matière, place aux questions des invités. Personne n’osant se lancer, je pose alors la première question, d’une voix maladroite alternant français et anglais.
– Vous avez écrit tellement de choses : des romans, des nouvelles, des poèmes, des essais, des chansons, des scénarios (dont celui d’AMERICAN GODS que vous écrivez pour une série TV… sans oublier Doctor Who), des Comic Books… quelle forme d’écriture, d’expression ou d’art préférez-vous?
Décontenancé, ce n’était pas exactement la question que je voulais poser, puisque je voulais demander au contraire si il y avait une forme d’écriture, d’art ou d’expression qu’il n’avait pas essayé mais souhaitait faire.
— Neil répond qu’il est la personne la plus chanceuse au monde, car personne ne l’arrête, ne l’empêche d’écrire ce qu’il veut. Selon lui, quand il était jeune (à 25 ans), il était journaliste et interviewait des célébrités et artistes.
Après ces entretiens, dans un cadre plus amical, bon nombre d’auteurs lui avouaient que leurs éditeurs refusaient certains de leurs livres, alors même qu’il s’agissait d’auteurs bestsellers! Cela semblait tragique à Neil Gaiman qu’on pouvait empêcher des auteurs à écrire (mais surtout publier) les livres qu’ils souhaitaient écrire.
Pour Neil Gaiman, Ray Bradbury (sans doute une référence au livre que je lui ai fais dédicacé vendredi : SHADOW SHOW, une anthologie hommage à Ray Bradbury, dans lequel sa nouvelle est « The man who forgot Ray Bradbury ») était le genre d’auteur qu’il voulait devenir : il écrivait des romans, des nouvelles, des scénarios, des poèmes, des essais, des comédies, de l’horreur, de la science fiction, pour les adultes mais aussi pour les enfants.
« Voila ce que je veux être. Mon media préféré est sans doute les pièces radiophoniques, parce qu’ils tirent leur puissance de différents médias : des films, du théâtre, ils puisent dans la présence de vrais acteurs qui jouent en temps réel, alors que les romans vous obligent à créer votre propre image dans la tête, alors que vous ne créez pas votre propre monde dans votre tête quand vous regardez un film. A l’inverse, dans un roman, vous prenez une poignée de lettres, de ponctuation, et créez des personnages, des univers en collaboration avec l’auteur. Et j’aime les pièces radios parce qu’ils font cela brillamment et joliment.
Je pense qu’il n’y a eut que très peu de belles pièces radios et ma préférée est sans doute « Under the milk wood ». Je n’en ai pas écrit autant que j’aimerai : je n’en ai écrit que quatre. Mais j’aimerai en écrire davantage. Mais elles ne paient rien, et je devrai envoyer ma fille dans la rue pour jouer du violon pour financer cela… »
– Etant donné que vous avez commencé votre carrière avec une biographie de Duran Duran, et bien que vous ayez peut-être répondu à ma question, étant donné que vous n’écrivez plus pour l’argent, si vous deviez écrire une autre biographie, de qui serait-elle? Sans être d’Amanda….
— J’ai écris deux biographies dans ma vie : la première était Duran Duran, qui était un projet très excitant puisque l’avance de l’éditeur m’a payé ma première machine à écrire électrique. Et j’ai aussi écrit un livre sur Douglas Adams, « Le guide du voyageur galactique ».
Après ce projet, j’ai proposé d’écrire un livre au sujet de l’oeuvre et de la vie d’Alan Moore (notamment auteur de la BD « Watchmen ») qui devait être intitulé « the left hand of God » (la main gauche de Dieu, parce que c’était ce qu’avait répondu des enfants dans la rue lorsqu’on leur avait demandé qui était, pour eux, Alan Moore : Alan Moore siège à la gauche de Dieu).
Mais suite au succès du livre sur Duran Duran j’ai décidé de ne pas le faire parce que je ne voulais pas être catégorisé comme étant quelqu’un qui écrit au sujet d’auteurs.
Grandissant, j’ai lu de plus en plus de biographies et je ne les aime pas. Principalement parce que quand je les ai finis, la personne n’est pas aussi intéressante que quand j’ai commencé à la lire, et souvent leur travaux sont moins intéressants.
Je préfère penser que ce grand poème est au sujet de tous les hommes et toutes les femmes et est important pour moi. Non pas au sujet de l’histoire que l’auteur avait avec sa maitresse, ou que sa fille est partie avec un riche et que le poème est coléreux et exprime de la détresse. Parce que maintenant ce n’est plus qu’une chose, alors que par le passé, c’était au sujet de tout.
Donc pour répondre à la question, j’écrirai une biographie de n’importe qui, dès lors qu’elle serait imaginaire et non pas fiable.
– Une personne demande alors si on n’aura donc jamais de biohgraphie de Neil Gaiman.
Neil répond qu’Hayley Campbell a écrit un superbe livre intitulé « The art of Neil Gaiman » (à paraitre en France en janvier 2015 chez Huginn & Muninn, sous le titre : Neil Gaiman, une biographie illustrée), qui devrait plutôt porter le nom de « The work of Neil Gaiman » (l’oeuvre de Neil Gaiman) car il est copieusement illustré : « si vous frappez quelqu’un avec, il ne s’en relèvera pas. »
« C’est sans doute la seule biographie que je dois avoir pour le moment. Vous pourriez sans doute assembler des bribes de mes comics et de mes nouvelles pour en faire une grande biographie non fiable de ma vie. Des histoires et livres de choses qui ne se sont pas réellement passées mais qui contiennent forcément des moments de ma vie, et bien qu’ils ne soient pas fidèles concernant ce qui s’est passé, ils ont toujours une vérité émotionnelle. »
La même personne demande alors si ce n’est pas le cas pour n’importe quel auteur, et Neil Gaiman lui rétorque que non. Avant d’emprunter une métaphore de sa femme concernant la différence entre leurs manières de travailler :
« C’est comme un mixeur. Elle, elle met la vitesse assez basse et quand elle y jette le corps, après on peut toujours y voir les yeux et les doigts.
Moi, je règle la vitesse plus rapide, et on y voit donc plus qu’une bouillie rose. Pour certains travaux, on mets la vitesse encore plus vite, et on y ajoute du sucre et du colorant vert. Donc pour répondre à la question, oui, toute oeuvre d’art est faite des auteurs et on se jette dans le mixeur. Mais parfois le goût est très bien déguisé, et vous ne pourriez y distinguer ni l’oeil ni le coeur. »
– Abordons un peu le sujet de la conférence de presse, à savoir le livre OCEAN : une personne lui signale qu’il écrit dans la postface que la famille Hempstock était dans son esprit depuis très longtemps et lui demande si il a toujours voulu écrire ce livre.
« La famille Hempstock a vécu depuis bien plus longtemps que cette histoire. Quand j’avais 8 ans, ma mère m’a dit qu’une des fermes d’a coté était écrite dans le Doomsday Book, il y a environ 1000 ans. Je pensais alors que cela voulait dire que la ferme avait 1000 ans et non pas que quelque chose y était ou portait le même nom depuis 1000 ans.
Environ 1 an après, je me suis dit que ce serait intéressant si les gens qui y habitaient, y vivaient aussi depuis environ 1000 ans.
Et vers mes 13 ans, ils s’appelaient alors les Hempstock.
Et cette famille a vécu au bout du chemin, dans ma tête, et je n’ai jamais eut l’occasion d’écrire à leur sujet/ Donc je glissais parfois cette famille dans d’autres histoires, et il s’agissait donc de parents éloignés : Daisy Hempstock se trouve dans STARDUST, et une autre Hempstock dans L’ETRANGE VIE DE NOBODY OWENS, et les gens me demandent si ils ont liés : et je réponds, oui, tout à fait. Ils sont petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits petits enfants. Mais finalement, quand j’ai écris une histoire prenant place dans mon coin, le chemin où j’ai grandit, j’ai eut l’occasion d’intégrer les Hempstocks. Donc oui, j’ai attendu un certain moment avant d’écrire cette histoire, ou du moins au sujet des Hempstock.
(Cliquez pour découvrir un extrait de de recueil)
– Il dit alors que ce matin qu’il a envoyé la dernière nouvelle de son prochain recueil, à paraitre en février/mars 2015. Le nom de ce recueil sera TRIGGER WARNING, mais il voulait initialement le nommer d’une expression qui est dite dans les avions avant de décoller : « Please adjust your own mask before helping other people », mais c’était un brin trop long.
Il mentionne alors son actualité du moment, dont :
o la sortie britannique, cette semaine, d’une version adorable et féministe d’un conte de fée intitulée « THE SLEEPER AND THE PINDLE »
o aux USA, la sortie de sa version de HANSEL & GRETEL illustrée par Lorenzo Mattotti qui lui a valu une merveilleuse critique dans le New York Times : sans doute la meilleure critique du NY Times de sa carrière, déclarant qu’il met la condition humaine en lumière sous un nouvel angle… mais bien entendu il aurait préféré obtenir cette critique pour un long roman et non pas pour une version d’Hansel & Gretel de 200 mots.
– Etant donné qu’il a déclaré qu’il vient tout juste de finir le prochain recueil, nous lui demandons si il a un rituel lorsqu’il finit (ou même commence un nouveau livre, ou une nouvelle histoire) :
Son réflexe avant de commencer un livre, est de toujours recharger son stylo, puis d’en recharger également un autre, avec une autre couleur, de manière à voir aisément ce qu’il a écrit ce jour.
A l’inverse, il n’a pas de rituel quand il finit un livre, si ce n’est qu’il s’inquiète beaucoup. Son manque de rituel se doit principalement au fait qu’il n’y a pas de ligne évidente lorsqu’un texte est fini, puisque viennent ensuite les corrections, et autres relectures avant la publication.
Neil ajoute alors qu’il n’a même pas de rituel concernant le jour de publication… mais peut-être qu’il devrait en commencer un : il devrait sacrifier davantage d’animaux !
Continuant sur la question de l’inquiétude qu’il a mentionné : est-ce que cela veut dire que vous publiez tout ce que vous écrivez, ou au contraire ce n’est pas le cas car vous vous inquiétez de la réaction du publique?
« Je publie presque tout. Il y a des textes de jeunesse que je ne publie pas, parce que ce n’est pas assez bon.
(L’éditrice de Neil Gaiman intervient : il y a vos discours qui ne sont pas forcément publiés).
Mais pour moi, le fait de prononcer un discours c’est un acte d’édition.
Quand j’ai commencé, je pouvais compter sur les éditeurs pour rejeter un texte qui ne serait pas bon. Et parfois j’étais reconnaissant à ces éditeurs qu’ils m’aient épargnés de l’embarras de publier un mauvais texte. Je me rappelle notamment une fois où deux éditeurs différents m’ont dit par plusieurs occasions qu’un texte était très mauvais, et je l’ai mis de coté, content qu’ils m’aient sauvés d’être moqué, d’être un mauvais auteur… Vingt ans plus tard, j’ai ressortit cette histoire, l’ai relu et me suis dis qu’en réalité il s’agissait d’une bonne histoire.
Je l’ai donc re-saisie, je l’ai donné un éditeur et j’ai remporté un Locus Award avec celle-ci. Je n’étais plus aussi reconnaissants auprès de ces éditeurs.
Malgré ces propos, je ne veux pas que mes oeuvres de jeunesse soient re-publiées : on prépare actuellement un recueil de mes poésies, et j’ai demandé à un ami académicien de regarder ces textes, car rien n’avait été écrit dans le but d’être publié, tout était personnel et il devait me dire ce qui était publiable ou non… et dans la pile de textes écrits avant mes 25 ans, elle m’a dit : NON. Je me suis sentis rassuré.
Jusqu’à présent, si je n’écris pas quelque chose pour être publié, cela ne l’est pas. »
– Lorsqu’une personne lui demande, après avoir innové et renouvelé l’univers des comic books il y a près de 25 ans avec SANDMAN, ce qu’il pense du media aujourd’hui et si il compte retravailler pour une « grande » maison d’édition par rapport aux « petites » maison d’édition.
« J’ai toujours travaillé à la fois pour les grandes et les petites sociétés du monde des BDs. A un moment, dans les années 1992-1993, j’ai refusé un million de dollars pour écrire exclusivement pour DC, parce que je voulais être libre de pouvoir aller où je voulais et écrire où je voulais… et je suis toujours content d’avoir refusé.
Je pense qu’il y a de très bonnes BDs qui sont faites, certaines par de grandes sociétés, d’autres par des indépendants, et de plus en plus sont publiées sur le web. Les grandes sociétés mais également les indépendantes, ne sont pas aussi pertinentes par rapport à ceux qui les mettent directement directement en ligne.
Savez-vous qui est le plus grand éditeur de BDs dans le monde?
C’est Kickstarter.
Les gens font leur propres éditions. Ce qui est formidable. Et ironiquement, les BDs font plus d’argent à travers les vente de droits d’adaptations au cinéma et séries que jamais auparavant… mais si cela aide les BDs à survivre, alors c’est tout aussi bien. »
– Une personne demande si Neil Gaiman pourrait se passer d’un éditeur.
Oui.
(Etrangement, l’éditrice de Neil Gaiman chez le Diable Vauvert commence à regarder de manière foudroyante l’auteur…)
– Pourquoi restez-vous chez un éditeur si vous pourriez vous en passer?
« Parce que je suis paresseux.
Et parce que je n’ai pas envie de mettre des BDs dans des enveloppes avant de les envoyer aux acheteurs. Et donc j’aurai besoin d’engager quelqu’un pour le faire. Et les envoyer aux librairies. Et vendre les droits aux éditeurs étrangers. Et faire toutes ces autres choses qu’un éditeur fait.
C’est tout aussi simple pour moi de travailler avec un éditeur et utiliser le temps économisé, à écrire. «
– Et l’édition…?
« Je suis chanceux, parce que seulement un ou deux de mes livres ont été édités : NEVERWHERE et AMERICAN GODS. Et ces dernières années, le texte d’origine a été republié. Ils sont plus longs (AMERICAN GODS a notamment gagné 25% de texte en plus). »
Il ajoute notamment que l’éditrice qu’il a depuis 2003, est épatante et remarque quelques détails de cohésion dans le texte.
« Quand j’ai donné L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN, c’est le livre que j’ai rendu. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. J’ai peur de rendre un mauvais livre, mais non, si c’est le cas, elle me le dira. »
– Avez-vous toujours cette angoisse lorsque vous rendez-vous un manuscrit, de l’avis de la première personne professionnelle qui vous lit?
« Je m’inquiète que tout le monde dise que c’est mauvais.
Quand je finis un livre, je l’envoie à 3 ou 4 amis, surtout des écrivains (et je le montre à ma femme), et je les écoute. Cela passe généralement par un autre jet avant que je l’envoie à l’éditeur.
Dans mon expérience, quand on me dit qu’il y a quelque chose qui cloche, ils ont toujours raison.
Quand ils me disent ce qui ne va pas, et comment le corriger, ils ont toujours tort. (L’éditrice acquiesce ces propos).
Certaines choses peuvent être réparés, d’autres non. Il y a quelques années, je suis tombé sur une définition du roman qui m’a plu : ‘A novel is a long piece of prose fiction with something wrong with it.’ (Un roman est un long morceau de prose de fiction avec quelque chose qui cloche). Ce qui me rend heureux, parce que chaque fois que j’en fini un, je me dis qu’ai écrit quelque chose comme ça. »
– Lorsque nous lui demandons si il préfère écrire pour les adultes ou pour les enfants, et si il lit les textes pour enfants à ses propres enfants :
« Ce que je préfère, c’est avoir la liberté de choisir. Je préfère ne pas être catégorisé. J’aime écrire pour les enfants comme pour les adultes. Je sais que peu nombreux sont les auteur qui ont cette liberté.
Quand j’ai envoyé mon premier roman pour enfants à mon éditeur, j’ai par la suite appris qu’ils se sont dis qu’ils étaient désespéré qu’un autre auteur pour adulte envoie un roman pour enfants. Parce que la plupart des éditeurs pour enfants doivent trouver une manière diplomate de refuser ces projets de la part d’auteurs pour adultes. Donc j’étais plus chanceux.
Quant à la question de si je lis mes histoires d’enfants à mes enfants, la réponse est : toujours.
Ils sont mes cobayes. La première personne a avoir entendu CORALINE, était ma fille Maddy quand elle avait 6 ans (note : pour information, Maddy, maintenant 16 ans, était venue à la rencontre de son père à Paris et était donc présente à cette conférence de presse). Et ma philosophie était la suivante : si elle lit le livre et pleurait et se cachait sous la table, alors ce serait un livre pour adulte. Mais ça lui a plu, et chaque soir elle voulait en savoir plus jusqu’a ce que l’ai terminé, et donc j’ai eut le courage de me dire que c’était un livre que les enfants adoreraient.
Et aussi parce qu’elle était une enfant très normale. Sa soeur était plutot Mercredi de la famille Addams, et donc cela n’aurait rien voulu dire avec elle.
Donc je lui ai toujours lu mes histoires pour enfants. Certaines histoires ont été inspirées par elle, par exemple, MES CHEVEUX FOUS, ou encore L’ETRANGE VIE DE NOBODY OWENS que j’ai commencé et je me suis dis que c’était très mauvais.
On était en vacances, et Maddy m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dis que j’écrivais mais que ce n’était pas terrible, et elle m’a demandé de lui lire les 3 pages que j’avais écrit… puis elle m’a dit : tu dois continuer a écrire car je veux savoir ce qu’il se passe ensuite. Donc j’ai continué, et ça a remporté plusieurs prix. En réalité, je devrai lui verser une commission.
– Lorsqu’une des invités décide de revenir au sujet du livre L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN, et plus particulièrement les raisons d’écriture concernant son chemin et passé :
En janvier 2012, Amanda était en Australie en train de composer un album. Neil ne l’avait alors jamais accompagner dans ce processus.
Lorsqu’il l’appelait et qu’il lui déclarait qu’elle lui manquait, elle n’avait pas vraiment le temps et ne répondait pas comme il l’espérait à ses messages. Il a alors décidé de lui écrire un texte ‘romantique’, dans lequel il intégrerai des éléments qu’elle aimait : lui, son enfance, pas beaucoup de fantastique car elle n’aime pas trop ça, mais quand même un peu parce que lui il aime ça, l’amour, l’amitié…
Deux semaines plus tard, après que le texte est grandit plus qu’il ne l’eut crut, et lorsqu’elle revint à Dallas, Neil lui a lu le texte. Le soir, jusqu’à ce qu’elle s’endorme, mais aussi le matin, à son réveil, après qu’il lui ait demancé ce dont elle se rappelait de sa lecture !
Elle était charmée par ce texte.
Il a alors contacté son éditeur pour lui dire que son texte a grandit plus qu’il ne pensait et qu’il avait accidentellement écrit un roman. Il espérait qu’elle ne lui en voudrait pas, qu’il était désolé… et que cela ne se reproduirait plus.
Mais plus tard, ce roman improbable et paraissant impubliable, est malgré tout resté 5 mois dans le top des livres bestsellers du New York Times, et a remporté le prix du meilleur livre anglais !
– Durant l’interview, Neil Gaiman a signalé quelque peu subrepticement, que son prochain roman serait un roman autour de l’univers d’AMERICAN GODS.
Nous n’avons malheureusement pas eut le temps de l’interroger à ce sujet qu’une autre question était abordée.
– Quand on lui a demandé ce qu’il dirait à soit-même, jeune, il a répondu qu’il ne voudrait rien dire… de peur que cela change son futur.
Si ce n’est qu’en 2005, lors du Festival de Sundance, qu’il se au même bar qu’Amanda Palmer et que s’il lui avait parlé, il aurait alors pu la rencontrer deux ans plus tôt.
– Retour à L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN : interrogé sur ce qu’il devient du protagoniste principal, la réponse de Neil : « Je pense que c’est une bonne chose que l’auteur en sache plus qu’il ne dise. »
Il cite alors son ami et auteur Gene Wolfe qui définit la littérature comme étant « une lecture avec plaisir pour un lecteur instruit, mais relue avec un plaisir accru ».
La conférence de presse se finira sur une note un peu moins joyeuse, mais importante : une personne lui demande comment il est venu à participer à l’aide du comité de l’ONU pour les réfugiés de Syrie.
Il répond que cela a simplement commencé par un retweet. Ceux-ci l’ont ensuite invité à lire quelques rapports de ce qu’il se passait en Syrie. Il y a prêté attention et a été invité à passer quelques jours en compagnie de réfugié : il raconta alors les atrocités qui y sont commises, rappelle l’importance de ces réfugiés (quelques 3 millions de personnes qui ont dû quitter, soudainement, leur pays et leur vie, car il leur était impensable de vivre où ils habitaient, n’emportant que le strict nécessaire), soit 1 personne sur 5 en France.
Il ajoute alors que grâce à la présence qu’il a sur les réseaux sociaux, c’est comme si il possède un pied d’estral sur lequel il monte pour parler avec un microphone : « ce que j’essaye de faire, c’est de parler à ce sujet ».
Puis, ce serait dommage de partir sans quelques dédicaces. Voici un petit florilèges des dédicaces obtenues à la librairie MillePage et lors de la conférence de presse.
Un grand merci aux éditions Au Diable Vauvert qui nous ont permis cette rencontre exceptionnelle dans un cadre aussi intimiste!
De l’équipe en charge de la communication à Marion Mazauric,
et sans oublier Patrick Marcel, traducteur de Neil Gaiman (dont OCEAN) qui faisait office d’interprête.
ENREGISTREMENT AUDIO DE LA CONFERENCE DE PRESSE
L’enregistrement audio nous a été proposé par Cyrielle Lebourg-Thieullent : MERCI BEAUCOUP !
Malheureusement il manque les 15 dernières minutes…
>>> Lire une interview de Neil Gaiman réalisée par Cyrielle du site Elbakin
L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN & POURQUOI NOTRE FUTUR DEPEND DES BIBLIOTHEQUES, DE LA LECTURE ET DE L’IMAGINATION
Rappelons que la visite de Neil Gaiman en France a été réalisée pour la publication de L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN, aux éditions Au Diable Vauvert, avec le livret gratuit « Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination ».
L’OCEAN AU BOUT DU CHEMIN (The ocean at the end of the lane)
Auteur : Neil Gaiman
Editions : Au Diable Vauvert
Pages : 320
POURQUOI NOTRE FUTUR DEPEND DES BIBLIOTHEQUES, DE LA LECTURE ET DE L’IMAGINATION
Auteur : Neil Gaiman
Editions : Au Diable Vauvert
Chapbook gratuit (tiré à 16 000 exemplaires), disponibles en librairie..
>>> Traduction d’un discours de Neil Gaiman et essai publié sur le site du Guardian
Je souhaite aussi partager un discours très inspirant de Neil Gaiman : son discours « MAKE GOOD ART », qui m’a beaucoup touché !
Article annexe : Stephen King et Neil Gaiman