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Divers

Steve’s Rag 14 – Sneakers

Sneakers (Pompes de Basket)

(Cédric Guillot)


Avertissement : Dans la version originale, les toilettes hantées de SNEAKERS (POMPES DE BASKET) se trouvent au  » third floor « . Ce qui a été traduit mot à mot en français par  » troisième étage « . Hors les américains appellent le rez-de-chaussée  » the first floor « , ce qui donne mot à mot  » le premier étage « . Dans l’édition française, il aurait donc fallu décaler, car l’histoire se déroule en grande partie au deuxième, et non au troisième étage.

Cette histoire se passe dans les toilettes pour hommes du deuxième étage d’un immeuble à New-York, où sont installés les Tabori Studios consacrés aux mixages de divers groupes musicaux. Le personnage que l’on suit durant toute l’histoire, John Tell, découvre; dès le début de la nouvelle, des baskets en regardant sous la porte du premier cabinet. Au début, ceci semble tout à fait banal. La semaine suivante, il les remarque encore une fois. Puis ce mixage terminé, il ne travaille plus dans cet immeuble pendant deux mois. C’est alors que le rappelle Paul Jannings, ami de Tell et producteur. Ils vont retravailler dans le même studio. Et dans les mêmes toilettes, se trouvent les mêmes baskets, immobiles. Et chaque fois qu’il y va, il aperçoit les baskets, avec toujours de plus en plus de mouches mortes autour. Le propriétaire de ces baskets se trouve être le fantôme d’un dealer de cocaïne tué 20 ans plus tôt par Jannings.

Relations entre les personnages

Jannings / Tell :

Jannings est un homme assez important dans le monde de la musique. Ils se sont rencontrés quelques mois avant l’incident des toilettes. Tell, un être habituellement réservé et peu enclin à se faire des amis, l’a approché et, à la suite d’une longue conversation, ils sont devenus amis. Tell est en réalité assez admira-tif. Mais cette amitié et cette admiration vont s’écrouler. De la faute de Jannings. Cela s’est passé lors du deuxième mixage. Il lui fait des attouchements et des avances sexuelles, pour en fait mieux le soumettre (dans ROSE MADDER, le flic harcèle un dealer par des attouchements pour lui montrer sa supériorité). Jannings est en réalité un homme trouble, et même dangereux. King le décrit d’une manière indirecte et sous-entendue plusieurs parties auparavant:

 » (…) Jannings, tendant la main(…) dans un geste qui rappelait l’ancien salut nazi. « 

Tell est choqué, scandalisé et consterné. Cependant, Jannings, bien qu’apparemment désolé, a toujours un regard plein de certitude, car il est sûr que Tell va craquer sous la pression:

 » On laisse tomber, d’accord ? On va com-mander et faire comme si rien ne s’était passé. Jusqu’à ce que tu changes d’avis, ajouta son regard implacable. « 

Tell pense que l’histoire des baskets est une mauvaise blague. Il songe que le coup à pu être organisé par Jannings et d’autres types de l’immeuble. Il devient un peu paranoïaque. Certes, il ne sait encore rien du meurtre. Et pourtant, il mélange inconsciemment ses deux problèmes.

Auparavant son seul ami, Jannings est de-venu maintenant son principal ennemi. S’il ne cède pas à ses avances, Tell pense, au début, que son avenir pourrait être compromis. Mais après la découverte que c’est Jannings qui a assassiné le dealer dans les toilettes, Tell surmonte sa crainte de l’autorité que représente Jannings. Il l’insulte en face, puis démissionne et quitte les studios.

Georgie / Jannings :

Georgie n’a pas le même comportement envers Jannings que Tell. Il lui est soumis. Lorsque Tell lui demande pourquoi, il répond:

 » Et pourquoi pas ? Il s’occupe de moi. « 

C’est aussi la raison pour laquelle il ne révèle pas tout ce qu’il sait à Tell de l’affaire du fantôme dans les toilettes.

Georgie / Tell :

C’est par Geogie que Tell apprend ce qui s’est passé au deuxième étage, et quand. Et Tell se rend compte qu’il aurait dû le lui demander dès le début. Mais à ce moment-là, il est encore ami avec Jannings, et donc c’est à lui qu’il tente de s’adresser. Heureusement celui-ci est toujours trop occupé, et ne peut lui prêter attention. Car finalement, c’est Jannings le meurtrier.

Il devient aussi plus proche de Georgie, car il sait ce qu’il peut ressentir, harcelé par Jannings. Il le prend même dans ses bras. Certainement par compassion.

Tell / Basket :

Basket est le surnom du dealer assassiné. D’après ses baskets dépassant du premier cabinet. Et on ne saura jamais son nom véritable.

Tell le rencontre par hasard, après avoir passer un mois dans le bâtiment sans y faire attention. Au début, il est curieux, puis la peur l’envahit. Parfois il tente d’éviter le lieu, d’aller aux toilettes d’un autre étage, ou d’attendre d’être le soir chez lui.

 » Il(…)avait évité [les toilettes] comme un gosse mort de frousse qui fait tout un détour en revenant de l’école pour ne pas passer devant la maison hantée. Il les avait évitées comme la peste. « 

Mais c’est inutile. Il est irrésistiblement attiré par le lieu et ne peut s’empêcher de regarder sous la porte du cabinet, comme un gosse qui doit regarder sous son lit avant de se coucher.

Pourtant, sa peur s’estompe totalement quand il connaît l’histoire du fantôme; même quand il le voit, le crayon enfoncé dans l’oeil droit et la main gauche coupée.

Le fantôme l’a choisi parce qu’il le sent prêt, parce que Tell sait que Jannings est en réalité un être vil et sans scrupule.

Jannings / Basket :

Basket raconte à Tell que Jannings était un de ses plus gros consommateur de cocaïne et qu’il lui devait 8000 $. On l’a tué pour lui prendre sa mallette pleine de dope. Bien que le meurtre n’eut pas été prémédité. La drogue valait plus des 30000 $:

 » C’est avec ce fric qu’il s’est payé sa désintoxication… et il lui en est resté beaucoup pour s’offrir les autres vices auxquels il n’avait pas renoncé. « 
A un moment, on sent de la provocation de la part de Jannings. Il s’assoit sur le siège du premier cabinet, le lieu de son crime. Il est connu que les meurtriers reviennent toujours sur le lieu de leurs méfaits.

Mais on peut deviner la vérité plus tôt. Jannings et Tell ne sont plus amis. Tell revient des toilettes et retourne travailler au studio F:

 » Je croyais que tu étais mort sur le pot, Johnny.
– Non, répondit-il. Pas moi « 

Tell pense à Basket, et il se peut que Jannings fasse une allusion (alors incomprise par Tell) au meurtre qu’il a commis.

Les toilettes: lieu de la révélation

C’est le destin de Tell qui se joue dans les toilettes. Le cauchemar initial se révèle être un soulagement. Lui, le jeune gars timide, réservé, venu d’une petite ville de Pennsylvanie, n’avait à New-York qu’un seul ami. Sûrement que pour lui l’amitié est sacrée. Et il a été trahi.

Ce lieu insolite où toute hiérarchie s’abolit, et commun à tous, lui a permis de devenir quelqu’un d’autre.

 » (…)une semaine auparavant, il croyait encore (…)que les amis étaient des choses bien réelles et les fantômes des choses qui ne l’étaient pas; et il commençait à se demander s’il ne fallait pas inverser ces deux postulats. « 

Ses croyances s’effondrent. Il met longtemps à admettre cela. Mais il y parvient dès l’instant où il sait ce qui est arrivé là-haut.

De plus, Tell s’identifie au fantôme quand il le voit en entier pour la première fois. On peut penser que ce fantôme symbolise sa personnalité profonde qui doit se réveiller (dans EN CES LIEUX LES TIGRES, le jeune Charles utilise le Tigre, qu’il croit issu de son imagination, pour se venger de son institutrice et d’un de ses camarades qu’il déteste). Cette vision du fantôme qui lui révèle que Jannings est un meurtrier lui donne la force d’affronter celui-ci.

Quand Basket a enfin révélé l’identité de son assassin, il disparaît, car libre et débarrassé de sa malédiction. Comme Tell de ses angoisses.

Le monde de  » POMPES DE BASKET « 

Stephen King nous plonge dans une histoire où la musique joue un rôle très important. Chez King, la musique est omniprésente. Mais ici, elle fait plus qu’illustrer la nouvelle: elle permet d’inscrire la nouvelle dans une certaine réalité. Ainsi se déroule un mixage d’un album de Roger Daltrey des Who. Tell a travaillé dans l’ancien quartier de Tin Pan Alley. Il cite aussi les Rolling Stones. Et le moment où MTV fit un malheur et l’enregistrement de  » Born in the USA  » de Bruce Springsteen, après le crise du monde musical des années 75 à 80.

Avec ces évènements et ces noms illustres, King réussit à rendre son histoire plus moderne et plus crédible.

Lille, le 11 mars 1997.


??? Dans quel roman de Stephen King trouve t’on la phrase suivante :

 » Le clac résonna à l’intérieur de sa tête. C’était le son d’un plomb qui sautait, d’un circuit qui grillait à tout jamais, le bruit d’une porte qui s’ouvrait « 





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