Visite Guidée
(Christophe Hayot)
Un voyage au cœur du monde de Stephen King: Bangor, Maine
Il ne vous aura pas échappé, kingien ou kingienne averti(e) que vous êtes, que Stephen King trouve une grande part de son inspiration dans son environnement immédiat. On ne compte plus les éléments de sa propre vie qui se retrouvent dans ses oeuvres, ainsi que les innombrables références à l’état qu’il habite, le Maine, et encore plus particulièrement à sa ville: Bangor.
Alors quoi de mieux, si l’on veut parfaitement comprendre ce dont King nous parle, que se plonger au cœur de son univers ? C’est pourquoi, profitant de mes vacances nord-américaines, j’ai décidé d’aller goûter à l’atmosphère de Bangor afin de pouvoir vous faire partager cette expérience.
UN PEU DE GEOGRAPHIE.
La ville de Bangor se situe sur l’autoroute 95 qui traverse l’état du Maine, à environ 220 kilomètres de Portland, l’agglomération la plus importante de cet état et qui a eu l’honneur d’accueillir en notre monde celui qui allait devenir le maître de la littérature fantastique, il y a 48 ans jour pour jour aujourd’hui;
La ville est construite sur la rive ouest de la Penobscot River et compte un peu plus de 30000 habitants. Autrefois une ville de bûcherons et l’hôte d’une industrie de construction navale importante, elle vit aujourd’hui de l’industrie du papier et de la manufacture de chaussures.
Lorsque l’on vient du sud, on arrive à Bangor par la route numéro 1, connue des habitants sous le nom de Main Street et Lower Main Street ( cela ne vous rappelle-t-il pas Castle Rock, cette petite ville du Maine dans laquelle se situe l’action de nombreuses histoires de King ? ). L’entrée de la ville est marquée par la présence d’une sorte de gardien: l’imposante statue de Paul Bunyan. Celle-ci mesure 31 pieds ( environ 9,5 mètres ) de haut et représente un bûcheron, dont on ne sait plus s’il est une légende ou s’il a réellement vécu, natif de Bangor. Dans It/Çà, Stephen King situe cette statue à Derry, Me. Un jour elle prend vie et attaque Richie Tozier.
LA CAVERNE D’ALI BABA.
En remontant Lower Main Street puis Main Street, on arrive très vite dans le centre ville de Bangor, notre prochaine étape. Au numéro XXX[_1] se trouve une petite librairie qui , si elle semble anodine de l’extérieur, recèle quelques petits trésors tels qu’une édition limitée et signée de My Pretty Pony/Mon Joli Poney dans sa première version contenue dans une boîte métallique numérotée ou encore un exemplaire de The Stand/Le Fléau signé et numéroté relié en cuir au prix de $ 895,00 !!! ($ 1 = 5,5 F) . Il vous suffit d’engager la conversation avec le propriétaire des lieux pour obtenir une foule d’informations concernant King. Très vite il vous conseillera sur les endroits de Bangor en rapport avec King (présents dans ses oeuvres, les inspirants ou encore les lieux où vous êtes susceptibles de le rencontrer) et qu’il faut visiter. Puis il vous montrera quelques articles de sa collection personnelle comme le livret bancaire au nom de Dolores Claiborne qui a servi au tournage du film, ou bien des chèques provenant de la même production.
En sortant de la petite librairie, le fan de Stephen King n’aura qu’une hâte: aller voir la maison où celui-ci a élu domicile. Pour ce faire il est nécessaire de revenir sur ses pas jusque Union Street sur laquelle il faut s’engager en tournant à droite. Commence alors l’interminable remontée de cette avenue qui traverse la ville et mène à l’aéroport international. Il faut remonter Union Street pendant une dizaine de minutes qui vous semblent durer une éternité. Peu à peu une curieuse sensation s’empare de vous à mesure que vous vous rapprochez: une sorte de trac. Les idées les plus folles vous parcourent alors l’esprit: Et si je frappais à sa porte? Et si je le voyais à la fenêtre ou tondant sa pelouse (comme dans La Pastorale ?!?), etc… Enfin arrive Pond Street; maintenant c’est la prochaine à gauche. Une minute passe et la voilà: West Broadway; Attention, il s’agit bien de WEST Broadway, car plus au centre de la ville il existe une rue nommée Broadway, qui , même si ce n’est pas ici qu’habite King, mérite d’être visitée puisqu’elle abrite en son secteur historique d’anciennes bâtisses typique de l’époque où les États-Unis n’étaient encore que treize colonies britanniques. Mais pour le moment c’est West Broadway qui nous intéresse. Il s’agit là d’une petite rue paisible, borée d’arbres, aux maisons imposantes. Peu de voitures circulent sur dans cette rue ce qui la rend d’autan plus agréable.
DRAGONS ET ARAIGNEES.
Il faut encore marcher une centaine de mètres avant d’arriver devant une maison de type colonial de couleur rouge. Ne cherchez pas les gardes du corps ou les chiens de garde, il n’y en a pas.
Tout à coup, c’est le choc: après avoir jeter un rapide coup d’œil d’ensemble, le regard est immanquablement attiré par la grille d’entrée. En fer forgé peint en noir, elle représente une grande toile d’araignée et est surmontée de chaque côté parla silhouette inquiétante d’une chauve-souris. Mais ce n’est pas fini. Car la grille qui ouvre sur l’allée menant aux garages, si elle reprend le motif de la toile d’araignée, à la différence de la première, celle-ci est surmontée par un dragon qui lui confère un aspect encore plus lugubre. Cette grille est en général ouverte durant la journée mais, même si la tentation est grande, il ne faut pas s’aviser d’y entrer car, comme l’indique la plaque sous le dragon, la maison est équipée d’un système de surveillance électronique. Il n’est cependant pas interdit de jeter un bref coup d’œil pour voir si la Jeep Cherokee noire est sortie, la Buick Roadmaster vert métal étant en général garée dans la rue, devant la maison.
Comment résister à l’envie de prendre quelques photos ? En ce qui concerne King, cela ne pose aucun problème, dans la mesure où cela reste le fait d’une personne seule. En revanche, on m’a rapporté le cas où un bus entier de touristes canadiens a débarqué afin de mitrailler la maison. Ce genre de situation est des plus déplaisantes pour lui car si lui n’est pas dérangé outre mesure (c’est la rançon du succès et il faut bien payer de sa personne),il semblerait que les voisins se plaignent du dérangement que cela leur occasionne. Alors s’il vous plaît, si un jour vous vous rendez sur West Broadway, Bangor, Me, faites preuve de discrétion…
Une autre grande tentation est celle de laisser une lettre afin de manifester son admiration à Stephen King. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de boite aux lettres. De plus, selon nos informations, king a pour principe de ne jamais lire une lettre laissée à sa porte. Encore une fois c’est afin d’éviter l’amoncellement de courrier à sa porte dans le soucis de ne pas importuner ses voisins. Alors si vous désirez lui écrire, mieux vaut emprunter des voix plus habituelles comme écrire à sa maison d’édition ou à son agent.
UN PARC POUR LES ENFANTS
Depuis West Broadway, il est possible d’apercevoir, derrière l’étrange demeure, un poteau d’éclairage du stade de base-ball du Mansfield Complex. Pour s’y rendre il suffit de remonter la rue, de reprendre sur Union vers le nord et nous voilà arrivé. Le complexe est adjacent à Hayfords Park, une aire de jeu construite en partie grâce à la contribution de Stephen et Tabitha King comme en témoigne la plaque à l’entrée. C’est cet endroit, qui donne derrière la propriété des King, qui a inspiré le lieu de rencontre entre Billy et Lemke dans Thinner/La Peau Sur les Os. En effet, ce parc dans l’histoire est situé entre Union et Hammond Street, tout comme ici à Bangor.
7,7 MILLIONS DE LITRES D’EAU
En reprenant à nouveau Union Street et en tournant à droite sur Thomas Hill Road quelques minutes suffisent pour se rendre au pied du « Standpipe », le château d’eau qui alimente la ville et qui contient 1750000 gallons, soit 7,77 millions de litres d’eau !!! Le Standpipe constitue avec la statue de Paul Bunyan un des points de repère de Bangor et comme la statue on le retrouve dans It/Çà situé à Derry,Me.
Face au Standpipe se situe le « Birdbath », un petit parc avec en son centre une petite fontaine dans laquelle viennent se baigner les oiseaux. C’est ici que King vient parfois écrire, tôt le matin, avant de retourner chez lui pour transposer son texte sur sa machine (divine ?) à traitement de texte.
UN BARRAGE COMME DANS IT
Dans le centre ville coule un des affluents de la Penobscot: le Kenduskeag Stream, un petit court d’eau très peu profond dans lequel se jettent les égouts de la ville. Il n’est pas rare d’y voir des enfants y construire un barrage à l’aide de morceaux de bois et de pierres. Sans doute est-ce ce qui a inspiré le barrage des « losers » dans It/Çà. En tout cas, croyez moi si vous le voulez mais, alors que je longeais le Kenduskeag, observant, amusé, deux gamins qui construisaient leur barrage, un rire lugubre s’est tout à coup élevé, semblant venir d’une conduite d’égout toute proche, faisant détaler les deux gamins. Était-ce une plaisanterie de quelque « kid » voulant effrayer les gamins ou bien était IL revenu ? Encore aujourd’hui je reste sans réponse.
Une fois ces sites visités, il est temps de penser à monter la tente. En remontant Union Street (encore une fois) il y a un petit camping (Paul Bunyan Camp Ground) d’où l’on voit décoller les avions de l’aéroport international. Comment alors ne pas penser aux Langoliers ?
Ainsi s’achève notre visite guidée de Bangor,Me. J’espère qu’elle vous aura plu et vous aura donné envie de vous y rendre à votre tour. Profitez en pour visiter le Maine, vous verrez c’est une région superbe même si elle est peuplée de créatures bizarres (des vampires, des loups-garous, des Tommyknockers des Randall Flagg….) et qu’il s’y passe des choses bien étranges.
Et si vous avez la radio dans la voiture vous pourrez vous brancher sur WZON (AM 620) ;c’est une station qui appartient à Stephen King. Avant elle diffusait du bon vieux rock mais désormais il s’agit essentiellement de résultats sportifs avec de longs sujets consacrés aux Red Sox de Boston. Si vous voulez du bon vieux rock, WKIT sur 100.3 FM vous comblera. Celle-là aussi appartient à king… et il en possède encore deux autres qui émettent sur la région de Bangor.
Le 21 septembre 1995.
Lille, Maine.
Note: Happy Birthday Steve !…
[1] N.D.L.R.
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