Les créateurs de la série « Ça : Bienvenue à Derry » s’attendaient à ce que HBO censure un aspect de l’épisode pilote

Ce qui suit est la traduction d’un article publié sur le site Slashfilm :
Cet article contient des spoilers pour le premier épisode de la série « Ça : Bienvenue à Derry ».
C’est une question aussi vieille que la télévision elle-même : comment captiver les téléspectateurs vace à une nouvelle série?
Pour de nombreux showrunners et producteurs, la réponse a longtemps consisté à choisir des acteurs sympathiques, partant du principe que le public s’intéressera à leurs relations et à leurs aventures par la suite. Du côté du spectateur, on considère généralement que si l’on apprécie les protagonistes du premier épisode, on appréciera probablement la suite.
Bien sûr, une autre stratégie des showrunners est de démontrer l’audace de la série, de prévenir le public qu’il faut s’attendre à l’inattendu. L’un des moyens les plus rapides, les plus clairs et pourtant toujours transgressifs d’y parvenir est de faire mourir un (ou plusieurs) des protagonistes dès le premier épisode.
C’est une technique qui n’a pas été très souvent utilisée, malgré la volonté de certaines séries passées de la tenter. (On sait que le pilote de « Lost » prévoyait initialement la mort de Jack à la fin du premier épisode, un plan finalement modifié.) Les créateurs de la nouvelle série « Ça : Bienvenue à Derry » ont compris que puisqu’il s’agit d’une série préquelle au premier film, se déroulant 27 ans avant, ils pouvaient se permettre ce pari.
Ainsi, le premier épisode introduit des personnages adolescents qui semblent destinés à un rôle récurrent (et qui ont été mis en avant dans la promotion notamment via des posters dédiés, ndlr), avant de les voir brutalement tués lors d’une horrible scène à la fin du pilote.
Si ce choix annonce parfaitement le côté surprenant, dérangeant et audacieux de la série, il était compréhensible que les showrunners Jason Fuchs et Brad Caleb Kane appréhendent de la présenter à HBO. Heureusement, la présentation a été si bien accueillie qu’elle a non seulement rassuré l’équipe créative quant à l’adhésion de la chaîne, mais lui a également donné un nouvel objectif à atteindre.

Comment les créateurs de Welcome to Derry ont berné les dirigeants de HBO
Le grand twist à la fin du premier épisode voit les personnages de Phil (Jack Molloy Legault), Teddy (Mikkal Karim-Fidler) et Susie (Matilda Legault) sauvagement tués par une forme de Grippe-sou, ne laissant que Lilly (Clara Stack) et Ronnie (Amanda Christine) comme seules survivantes.
Afin de faire passer ce concept auprès des dirigeants de HBO, Jason Fuchs aurait écrit une version du scénario du pilote où tous les enfants survivaient à l’attaque de Pennywise dans la salle de cinéma.
Le showrunner a ensuite réuni une mini-équipe de scénaristes, composée uniquement de lui-même, Kane, ainsi que d’Andy et Barbara Muschietti, qui ont secrètement planifié cette fin choquante. Comme Fuchs l’a expliqué lors d’une interview avec Entertainment Weekly, les scénaristes ont ensuite présenté leur idée aux dirigeants de HBO avec une certaine théâtralité :
« C’est né de cette séance de brainstorming où l’on s’est demandé : “Et si ça arrivait ?” La chaîne ne s’attendait donc pas à ça lors de la présentation. On avait un mur couvert de photos d’enfants qui auraient joué les enfants dans l’épisode 101. Andy s’est levé d’un bond pendant que je présentais le projet. J’en suis arrivé au passage où tous les enfants, sauf Lilly et Ronnie, étaient en train de se faire dévorer. Andy a alors tiré le papier et j’ai découvert tout un autre groupe d’enfants avec leurs photos.»
Bien sûr, cette présentation aurait pu très mal tourner. Non seulement elle risquait d’agacer et de rebuter les téléspectateurs, mais elle impliquait aussi d’engager des acteurs (des enfants, qui plus est) suffisamment bons pour tenir des rôles principaux, mais qui seraient en réalité rapidement écartés de la série. Il serait donc compréhensible que les dirigeants aient hésité face à cette proposition.

La réaction suscitée par ce twist a donné confiance aux showrunners.
Heureusement, les dirigeants de HBO ont adoré l’idée, d’autant plus qu’elle les a véritablement surpris. Comme Fuchs s’en souvient :
« Je n’oublierai jamais leurs visages et ce sentiment : “Si nous parvenons à reproduire leur réaction devant les téléspectateurs, nous aurons une fin d’épisode 1 vraiment intéressante, palpitante et satisfaisante.” »
Comme Barbara Muschetti l’a confié dans la même interview à EW, le soutien des dirigeants à ce retournement de situation était quelque chose qu’ils espéraient sans s’y attendre, et ce fut « un immense soulagement », non seulement parce que cela leur permettait de se permettre une fin aussi audacieuse pour leur épisode pilote, mais aussi parce que cela a instauré une relation de travail saine pour toute la série entre l’équipe créative et les dirigeants. Comme l’a expliqué Muschetti :
« …nous pensions que ce serait notre défi, qu’il nous faudrait lutter pour maintenir l’horreur et multiplier les sursauts. C’était tout le contraire.»
En effet, il est clair, dès les premiers épisodes de « CA : Bienvenue à Derry », que les créateurs de la série ne semblent pas être bridés, et c’est ce sentiment d’insécurité qui confère à la série une grande partie de son intensité et de son angoisse. À une époque où de nombreuses œuvres artistiques, notamment à la télévision, semblent contraintes de faire des choix consensuels dictés par des dirigeants apeurés et/ou des algorithmes, ce revirement créatif prouve que les artistes visionnaires qui font des choix audacieux et affirmés peuvent encore triompher.
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La bande annonce de la série « CA : Bienvenue à Derry » :
































