Douce Carrie, Sanglante Carrie
(Stéphanie De Rycke)
Carrie est le roman qui a révélé Stephen King au grand public. Il a été le premier publié, mais pas le premier écrit.
Ce livre raconte l’histoire de Carietta White, une adolescente de seize ans, possédant le don de télékinésie. Carrie est la fille dont tout le monde s’est toujours moqué, et qui n’a aucun ami. Elle est LE loser « à la King ».
Dans ce roman, il y a trois thèmes très importants : le sang, la religion et l’incompréhension. Ces thèmes sont étroitement liés, voir même indissociables.
En effet , le sang a de fortes connotations religieuses, la religion génère l’incompréhension, et celle-ci amène le sang de la vengeance. C’est un cercle vicieux.
Mais voyons ce qu’il en est d’un peu plus près.
* LE SANG:
Le sang est l’un des thèmes les plus importants dans ce roman, qui pourrait être qualifié de « livre du sang ».
Il apparaît dès les premières pages. Il y a trois « sortes » de sang. Tout d’abord, celui provenant de Carrie, ensuite, le sang des cochons, et enfin, le sang des habitants de Chamberlain. En effet, la première fois que le sang apparaît, c’est dans la première scène, c’est-à-dire celle où Carrie est sous la douche et a ses règles. C’est un sujet de honte pour elle, car les autres filles ont encore une fois trouvé une occasion de se moquer d’elle? N’ayant jamais entendu parlé du cycle menstruel de la femme, Carrie pense qu’elle est en train de mourir d’une hémorragie. Quand elle se rend compte que c’est quelque chose de tout à fait normal, elle en veut à sa mère, car celle-ci ne l’avait pas prévenu que ça arriverait tôt ou tard. Ce manque d’information est lié à la religion. Nous verrons cela un peu plus tard. Ensuite, vient le sang des cochons.
C’est au bal du printemps, alors qu’elle vient d’être élu reine de la soirée, que Carrie reçoit un seau rempli de sang de cochon. Le résultat est que, une fois de plus, tout le monde se moque d’elle. Elle a encore été humiliée en public. Mais c’est une fois de trop, et sa fureur se déchaîne. Elle décide de ne pas se laisser faire, et sa vengeance sera terrible.
On en vient donc au sang des habitants de Chamberlain. Après cette ultime humiliation, Carrie extériorise sa fureur, accumulée pendant seize années de moqueries et d’injures. Elle laisse son pouvoir déferler sur la ville, et il en résulte la mort de centaines d’habitants, surtout les jeunes présents au bal.
Le roman se termine comme il a commencé. Au début, on voit Carrie avoir ses règles, et à la fin, on voit Sue avoir les siennes. Le cycle continue…
* LA RELIGION :
En fait de religion, il est ici question du fanatisme et tout ce qu’il peut engendrer.
En effet, c’est à cause du fanatisme de sa mère que Carrie n’a jamais entendu parler des règles. Pour Mme White, Les règles sont la marque du péché originel, que toutes les descendantes d’Eve doivent porter. Elle n’en avait jamais parlé à sa fille, car elle pensait que celle-ci serait « épargnée ».
Quand elle constate qu’il n’en est rien, au lieu de la rassurer, elle l’envoie s’enfermer dans son placard, afin de faire pénitence. A son tour, sa fille est tachée par le péché originel.
Il y a une autre notion importante se rapportant à la religion: l’expiation. Il est ici question d’expiation par la mort.
Ainsi, on ne peut pas imaginer la fin du roman sans la mort de Carrie. Il faut qu’elle meure pour expier les meurtres qu’elle vient de commettre afin d’assouvir sa vengeance.
De même que ceux qu’elle a tué devaient mourir afin de payer pour ce qu’il avaient fait, c’est-à-dire, avoir fait de Carrie la risée de toute le ville, même des plus jeunes enfants.
* L’INCOMPREHENSION:
Les sentiments qui se dégagent de ce roman sont la tristesse et la mélancolie. Tristesse face à l’incompréhension de la ville envers Carrie et sa mère.
En effet, Carrie a été élevée dans une atmosphère » différente « . Elle a grandi, baignée dans la religion, ou plutôt submergée par le fanatisme de sa mère. Il est évident qu’elle n’a pas la même vision des choses, qu’elle n’a pas la même mentalité. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, les gens préfèrent se fermer et se moquer au lieu de faire un effort de compréhension. C’est cela que Carrie a apprit depuis sa plus tendre enfance. C’est cela qui a forgé sa personnalité. Et c’est cela qui la pousse à ne pas se retenir lors de sa vengeance.
Un peu de compréhension et de gentillesse n’aurait-il pas pu éviter ce terrible carnage?
Lille, le 04 Juin 1996