EN MARGE DE DESPERATION ET THE REGULATORS.
DU TAK AU TAK.
(Roland Ernould)
« Les cavernes les plus profondes, écrivait l’Arabe fou, l’auteur du NECRONOMICON 1, ne peuvent être aperçues par des yeux qui voient, car elles recèlent d’étranges et terrifiantes merveilles. Maudite soit la terre où les pensées mortes revivent sous des formes étranges, et damné soit l’esprit qui ne contient aucun cerveau ».
Un esprit « qui ne contient aucun cerveau », sorti d’une caverne des « plus profondes », au bout d’une galerie de mine, c’est Tak, entité mystérieuse réduite à son pneuma, qui a besoin de corps d’emprunt pour se manifester dans des actions dévastatrices. Tak apparaît simultanément dans les deux derniers romans de King, DESESPERATION 2 et THE REGULATORS 3 , dans des récits divergents dont le point commun est l’affrontement de Tak avec un groupe de personnages aux noms semblables, mais qui ne vivent pas à l’identique.
Le propos n’est pas ici de comparer ces deux oeuvres point par point 4, mais d’étudier des aspects différents de l’horreur. En effet, après la difficulté de l’écriture d’un feuilleton dans un temps limité, King a cherché une nouvelle difficulté : comment utiliser, dans deux ouvrages jumeaux, un certain nombre de données similaires sans obtenir des effets identiques? Ce sont les procédés utilisés pour rendre terrifiant le personnage de Tak qui seront examinés ici.
1.LE TAK DE DÉSOLATION (NEVADA )
D’où vient-il?
D’une caverne dans une mine, l’ini, « le puits des mondes » (D, page 436). « Tak est l’ancien, le corps informe » (…), « un étranger complet, tellement différent de nous que nous ne pouvons pas y appliquer notre esprit » (D, page 515). « Tak est réel, c’est un être. Pas exactement un corps, mais un être » (D, page 465). Il cherche à défendre son territoire désertique.
Comment fonctionne-t-il?
« Ça ne peut pas sortir de l’ini – le puits. L’orifice du puits est trop petit pour son corps physique. Il faut donc que ça attrape des gens, que ça les habite (…). Et puis que ça change quand ils sont usés » (D, page 465).
Prise de pouvoir et possession des êtres.
Tak, pur esprit, ne peut vivre que dans le corps d’un humain. La prise de possession initiale se fait dans l’ini, par pénétration des orifices du nez et de la bouche (D, page 549). Cette première prise de possession effectuée, Tak use l’organisme de sa victime d’emprunt à une vitesse considérable. Il lui faut donc constamment changer de corps. Le second type de possession se fait par un bouche-à-bouche de transfert (D, page 463) avec la nouvelle victime choisie.
Les petits dieux.
Tak utilise aussi les can tahs, les petits dieux, sortes de statuettes de pierre. « Il sentait les can tahs l’appeler, l’attirer comme la lune attire les marées (…). Les can tahs avaient de douces voix raisonnables qui proposaient des actes inavouables » (D, page 546). Les humains qui touchent ou portent des can tahs deviennent les créatures de Tak et sont affligés d’une « abominable rage destructrice » (D, page 408).
Le contrôle des animaux inférieurs.
Il fait agir toutes sortes de serviteurs animaux – coyotes, loup, busards, araignées, etc – auxquels il donne des instructions en utilisant « le vieux langage » (D, page 488), « la langue des morts » (D, page 282), « la langue de l’informe, celle de l’époque où tous les animaux ne faisaient qu’un » (D, page 349).
Que veut et peut Tak?
A partir de l’ini, siège de la « force du mal » (D, page 437), il veut régner, par la violence et le meurtre, « comme il a toujours régné, dans le désert désolé, où les plantes migrent et où le sol est magnétique » (D, page 463).
Cependant ses pouvoirs sont limités. Il domine la plupart des humains et les animaux, mais il a peur du dieu de David (D, page 551), par lequel il sera mis en échec et dynamité dans l’ini.
Qu’en penser?
Peu compliqué, ce Tak vit dans un décor de western qui lui appartient, décrit avec un grand luxe de faits historiques miniers, de détails matériels empruntés à Lovecraft et quantité d’accessoires particuliers, plusieurs fois décrits5. Son action psychique est sans nuances; il se contente d’utiliser la psychologie, les connaissances et les comportements des êtres qu’il occupe sans les modifier, en ajoutant leurs tics de langage aux siens et en y joignant la langue de l’informe. Il les fait parler aux animaux qui obéissent, leur donne ses orientations et leur communique ses besoins sanguinaires. Un Tak pauvre psychologiquement, très vite à court d’actions vraiment nouvelles, agissant dans un environnement qui paraît avoir été créé par d’autres, sur lequel il a peu de prises et qu’il se contente d’user. Il est comportementalement prévisible et assez vite il va s’essouffler. Il est significatif que l’intérêt se déplace au milieu du roman de Tak au groupe d’humains chargés de le détruire, et il se révèle être à ce moment un prétexte folklorique pour faire progresser l’action.
2. LE TAK DE WENTWORTH,(OHIO) VILLE DE LA BONNE HUMEUR, (R, page 189).
2.1. l’hôte de Tak, Seth.
Le corps de Seth Wyler, 8 ans, est habité depuis deux ans par Tak, « une tumeur consciente qui se complairait dans la cruauté et la violence » (R, page 325).
Qui est Seth?
Autiste, il ne « prononce pratiquement jamais une parole qu’on puisse comprendre » et il ne « manifeste pas beaucoup d’intérêt pour la vie ordinaire » (R, page 290). Mais il a des qualités cachées : « Il est parfaitement conscient, parfaitement éveillé; dans ce puits profond au fond de lui-même (…), il a quelque chose d’un génie » (R, page 348). Il sait déplacer des objets (R, page 283), faire voler ses vans (R, page 243). Il communique avec sa tante par télépathie, peut créer avec elle une sorte de communion mystique (R, page 373). Il est surtout capable de créer d’autres espace-temps, de s’y manifester, d’y déplacer sa tante Audrey et des objets (R, page 99).
Son imaginaire.
Il aime dessiner et adore la télé. « Seth regarde sans fin ses films et les feuilletons télévisés. Voilà sa véritable éducation » (R, page 329). Il possède également la série complète des vans MotoKops 2200, avec lesquels il joue dans son bac à sable (R, page 329). C’est un garçon gentil, qui, dans ses jeux, associe les méchants aux bons.
Son cerveau.
Il a une façon à lui de se déplacer dans son esprit par des boyaux et des souterrains qu’il creuse (R, page 346). Ces souterrains sont meublés et décorés d’images à lui, et comme les enfants de son âge, il utilise toute une mise en scène (des téléphones par exemple) pour transmettre sa pensée (R, page 347).
2.2. Tak.
D’où vient-il?
Il y a beaucoup moins de détails localisés que dans DESPERATION. .Il attend dans un puits de mine de Désolation, Nevada : « A mon avis le désert où il attendait (…) n’était pas son lieu d’origine, mais sa prison » (R, page 333). Il prend possession de Seth (R, page 302) et devient capable de suivre son mental et ses conversations (R, page 352).
Comment fonctionne-t-il?
Au début, il était faible (R, page 325), « se tenait très tranquille, les observait et rassemblait ses forces en attendant le bon moment pour agir » (R, page 100). « Seth est son fournisseur de base, mais il ne lui suffit pas. Il a besoin davantage pour se fortifier »- C’est un vampire, n’est-ce pas ? (…) sauf qu’il puise de l’énergie psychique au lieu de sang » (R, page 326). Il pompe l’énergie des autres (R, page 208), et « l’énergie dont il a besoin est disponible avec d’autant plus d’abondance que la personne souffre » (R, page 327). Il peut se désincarner sous la forme d’escarbilles rougeoyantes pour se réincarner par les yeux (R, page 353) et il dépense d’autant plus d’énergie qu’il est loin d’un corps (R, page 355). « Seul Seth était capable de le contenir. Seth ou quelqu’un d’autre comme lui, quelqu’un de très particulier ». Un autre corps ne peut le contenir sans éclater (R, page 369). Par moments, il s’endort, et pendant ces absences, Seth redevient lui-même (R, page 372).
Il sait contrôler les autres.
Il devine ce que pensent les gens et « leur fait faire ce qu’il désire » (R, page 330). Tak est capable d’exercer un contrôle psychique « à très petite distance », quelques mètres. « Au delà, son emprise physique décline très rapidement d’habitude. Mais à l’heure actuelle, on ne peut plus compter là-dessus. Jamais il n’a été autant chargé d’énergie » (R, page 326).
Que veut et peut Tak?
Il est le mal, venu pour « s’amuser » (R, page 211). En tant que force du mal , il utilise Seth, dont il a intégré l’imaginaire : « Le cauchemar que nous vivons est une combinaison des Régulateurs, son western préféré, et de MotoKops 2200, son dessin animé préféré. D’un épisode particulier, de celui qui met en scène le Corridor de Force ». Il s’agit de détruire « de redoutables extra-terrestres cachés dans le Corridor de Force. Les extra-terrestres se trouvent dans des cocons (…). J’ai bien l’impression que les cocons sont nos maisons » (R, page 331). « Les histoires ont toujours strictement appartenu à Seth, je crois; elles sont le moyen par lequel Tak puise dans les pouvoirs de Seth, complémentaires des siens.Tak…, je crois tout simplement que Tak aime ce qui nous arrive » (R, page 332). « Nous faire mal. Nous libérons quelque chose quand nous souffrons, quelque chose qu’il lèche, comme… une crème glacée. Et quand nous mourons, c’est encore mieux » (R, page 333).
Il utilise la possibilité qu’a Seth de créer un autre espace-temps pour y faire régner, avec les vans, le climat de terreur et de destruction qu’il aime ( « On va rayer cette ville de la carte » (R, page 326), tout en recréant une ville-ranch du XIXè dans son décor et sa faune de désert.
Seth contre Tak.
Il a déjà essayé de retenir Tak (R, page 255). Pour lui, Tak est le « Voleur », le « Cruel », le « Despote » (R, page 346). Il a appris à échapper mentalement à Tak et essaie de le dominer : « Je sens qu’au fond de lui il est terrifié. Comme Mickey dans Fantasia quand il perd le contrôle des balais » (R, page 332).
Par ailleurs, son imaginaire change avec l’âge : les Régulateurs et les Motokops perdent leur charme (R, page 347).
Dès qu’il le peut, Seth élimine Tak.
Le plan de sa tante est de profiter d’une absence de Tak alors que Seth est aux toilettes pour l’enlever et ainsi empêcher Tak de le réintégrer (R, page 353). Ce plan parait trop risqué à Seth (ou il mesure mieux la puissance de Tak), et il préférera se faire tuer en même temps que sa tante – ce qui enlèvera à Tak toute possibilité de se réincarner à nouveau (R, page 366).
Tak se rend compte « qu’il a été floué.(…). Comment une chose pareille est-elle possible, après des millénaires passés emprisonné dans les ténèbres, à réfléchir, à prévoir ? » (R, page 366). Faute d’un corps de rechange, il disparaît.
Et Seth se retrouve avec sa tante dans un espace qu’elle connaît, mais en un autre temps, en 1982, quatorze ans plus tôt…
Qu’en penser?
Ce Tak est le contraire du précédent. Psychologiquement beaucoup plus riche, il apprend, calcule, manipule, combine sans cesse. Il est difficilement pris à l’improviste, alors que le Tak de DESPERATION, plutôt balourd, est souvent pris de court, par exemple par la maladie de certains de ses corps d’emprunt ou leur usure anormale, qui l’empêche de les utiliser comme il l’aurait souhaité. Sa symbiose et la synergie qu’il a avec Seth rendent son champ mental complexe, en conflit incessant avec le psychisme enfantin et les limitations physiques d’un enfant de huit ans, dont il a absolument besoin.
Il a une dimension érotique que n’a pas l’autre Tak. On l’imagine très bien avec un comportement tout à fait différent dans un corps d’adulte qui lui aurait permis d’accroître l’éventail de ses possibilités, avec des conduites bien plus rusées que le Tak de DESPERATION et ses avatars. Le suspense est plus grand en ce qui concerne son évolution et ne cesse qu’avec la fin du roman. Le conflit avec Seth, où chacun manipule l’autre jusqu’à la victoire finale, n’a rien à voir avec l’utilisation des fantoches par le Tak de DESPERATION, et demeure un élément décisif dans l’intérêt qui lui est porté.
En résumé, ces deux Tak sont tout à fait dissemblables, celui de Wentworth plus compliqué et plus riche, tant dans son fonctionnement symbiotique avec une seul humain que par l’utilisation d’un imaginaire moderne, alors que les référentiels de l’autre Tak restent très traditionnels.
3. DU TAK AU TAK.
Le Tak de Désolation a, indépendamment de son essence, les comportements de l’humanité depuis la nuit des temps. Sa cruauté est effroyable, mais, pour défendre un territoire, ou en conquérir un autre, bien des humains ont été aussi cruels dans le passé et ils le sont encore dans le présent. Ses comportements (instinct de conservation, défense de son domaine, élimination des intrus), sont certes d’une humanité animale terrifiante, mais c’est de cette humanité primitive que nous avons commencé à sortir il y a des milliers d’années. Et nous y retournons régulièrement avec nos conflits d’intérêts, nos massacres et nos guerres.
Tak n’est pas plus cruel et exclusif que son rival Yahvé, le Dieu hébreu du Pentateuque qui empoisonne, brûle, tue, massacre même les siens quand ils ne lui sont pas fidèles6. Tous ses comportements sont humainement prévisibles et se retrouvent à chaque page de nos livres d’histoire. Et de ces comportements qui nous habitent, à peine enfouis sous quelques strates éducatives fragiles, nous avons peur : mi-ange, mi-bête. C’est cet aspect mauvais de l’humanité, que des hommes cherchent à juguler depuis longtemps par la morale, la religion et la loi, qui nous terrifie. Si nous prenons part aux actions menées pour détruire Tak, si nous nous réjouissons que Tak soit éliminé, fût-ce au prix de vies sacrifiées, c’est que symboliquement nous évacuons cette partie effrayante de nous-mêmes. Et nous nous rassurons avec cette démonstration que le bien a, encore une fois, justement triomphé du mal, même si cela a exigé quelques sacrifices humains.
C’est le mal intérieur qui est ainsi combattu, ce mal que nous sentons en nous si prompt à se manifester7. En résumé, ce Tak serait l’inhumain – trop humain – du passé que nous traînons derrière nous, qui nous fascine et que nous détestons à la fois.
Le Tak de Wentworth est un Tak déshumanisé par notre société de consommation, où la création d’objets commerciaux et l’exploitation publicitaire systématique, relayée par la télévision, rendent la violence humaine mécanisée, robotisée, aveugle et incompréhensible. Cette violence subie – sans même que la conscience puisse intervenir pour lutter, et où tout libre-arbitre a disparu8, est peut-être encore plus horrible, parce que ce monde n’a plus de sens apparent, les repères habituels sont abolis, les références humaines quotidiennes ont disparu. Le réel est remplacé par un virtuel, une activité inventée avec des sentiments fabriqués, usinés, stéréotypés. Ainsi naît l’horreur de l’impuissance : que faire, dans ce cas? Contre qui lutter?
Il est consternant de voir des enfants fréquenter assidûment et parfaitement connaître ces personnages de fiction télévisée- même si certains d’entre eux sont classés « bons » – et vivre à un si jeune âge dans un univers de violence gratuite, entièrement fabriqué. Il est effrayant de constater, avec la démonstration que King en a faite, jusqu’où, dans certains esprits, l’expression physique de cette violence peut aller. La violence existe déjà chaque jour au quotidien : faut-il la doubler par une violence artificielle, uniquement pour des buts lucratifs?
Chez les adultes, les séquelles sont significatives. Aux Régulateurs, puissances robotisées qui détruisent la rue, une rescapée tient ces propos stéréotypés,…et dérisoires : « Je vous accorde une chance (…). Partez tant qu’il est temps. Sinon… » (R, page 345). Propos entendus des dizaines de fois dans des séries télévisées rabâchées et ressortis ici sans réflexion… A la fois adaptés au scénario apparent, ineptes et et inadaptés à la situation réelle. Il n’y a pas trace de sentiments humanitaires dans son intervention : poker et rapports de force…
Tak, dieu ancien d’une ville de cow-boys et disparaissant symboliquement dans un nuage cow-boy, manipulateur d’hommes et d’animaux, a accru les pouvoirs de destruction traditionnels limités – bien que déjà effrayants – qu’il possédait à Désolation : empruntant l’imaginaire d’un enfant, et des moyens résolument modernes, manipulateur d’espaces et de mécaniques sans âme , il atteint une puissance illimitée… Le Tak de Désolation est un dieu ancien, inhumain, du passé; le Tak de Wentworth est le dieu 9 d’un avenir futuriste inhumain et désincarné. Sans doute pire.
En guise de conclusion :
King a publié trois romans en 1996, trois manifestations différentes du mal, toujours accompagnées de chaleur et de froidure, mais différentes dans sa concrétisation. Dans THE GREEN MILE, le mal apparaît sous la forme symbolique de moucherons, dans DESPERATION, sous la forme de l’œil de l’ini; dans THE REGULATORS, ce sont des escarbilles rougeoyantes.
De même, le combat prend des formes diverses. Dans THE GREEN MILE, Caffey, un homme illettré, venu d’on ne sait où, doué du pouvoir de guérir, sorte de Christ noir, lutte contre le démon à y perdre la vie. Dans DESPERATION, David, un préadolescent, sorte de Moïse indiquant les directives de Yahvé, donne à son groupe la possibilité de vaincre un démon ressemblant à un Grand Ancien. Dans THE REGULATORS, Seth, un enfant autiste surdoué, met en échec un pur esprit de la destruction en jouant des labyrinthes de son esprit et de la création d’espace-temps. Tous trois guérissent, réparent, essaient de remettre les choses dans leur ordre normal. Mais les forces qui leur indiquent la normalité de ces ordres ne sont pas les mêmes.
Pour David, le Bien, c’est l’ordre du Dieu de la Torah. Pour Caffey, condamné et con-damné à faire le bien, la source du Bien n’est pas claire 10: l’ordre est ailleurs. Pour Seth, il semble probable qu’il est allé vers Tak, poussé par on ne sait quelle force : à la mine, sur des photos aériennes, il a mis le doigt sur le même point : « C’était cela qu’il voulait voir : non pas le trou de la mine à ciel ouvert, mais la galerie qu’on ne distinguait même pas sur les photos » (R, page 308). Ou se sont-ils appelés mutuellement ? Dans la mine, Seth fredonne le thème de Bonanza (R, page 300) et Tak reprend en « seconde voix » (R, page 301)11. Dans la première hypothèse, Seth, d’un autre ordre et maître de l’espace-temps, serait dans la situation de Caffey, venu d’une autre constellation, appelé par le mal, le détruisant, mais en étant simultanément détruit.
Ainsi va King oscillant ainsi entre des représentations du Dieu de son enfance et d’autres forces.
Armentières, le 12 janvier 1997.
1 Abdul Alhazred, dans Lovecraft, OEUVRES COMPLÈTES, édition en 3 volumes, présentée et établie par Francis Lacassin, Laffont, édition de 1995, tome 1, p. 54.
2 1996, trad. fr. DÉSOLATION, éd. Albin Michel, 1996. Les citations sont précédées de la lettre (D).
3 1996, sous le pseudonyme de Richard Bachman, trad. fr. LES RÉGULATEURS, éd. Albin Michel, 1996. Les citations sont précédées de la lettre (R).
4 Encore qu’il y aurait toute une étude à faire : d’une part sur des intrigues qui s’excluent, mais qui s’interpellent dans des effets de rappels, d’échos, de jeux de miroirs, d’antonymies et de substitutions; d’autre part sur les moyens littéraires : utilisés par King pour donner une personnalité très différente à chacune des œuvres.
5 Un peu à la manière de la musique répétitive américaine, en ajoutant au thème une note supplémentaire qui l’enrichit et permet de faire avancer le développement global.
6 Voir l’étude DU NECRONOMICON AU LIVRE parue dans Steve ‘s Rag, Ernould (c) 1996.
7 « Nous avons rencontré le monstre, et comme Peter Straub le fait remarquer dans GHOST STORY, le monstre, c’est nous-mêmes », King, ANATOMIE DE L’HORREUR ,éd. du Rocher, 1995, page 59.
8 « Une société hautement moraliste trouve une soupape de sûreté psychologique dans le concept de mal extérieur: ne résiste pas, mon chou, cela nous dépasse tous les deux », King, ANATOMIE DE L’HORREUR ,op. cit., page 80.
9 Dieu, omniprésent dans DESPERATION, est pratiquement absent de THE REGULATORS. Il n’y apparaît que caricaturalement : avec le baptiste et son fils voleur (R, page 246), et le prospectus religieux d’Audrey (R, page 181). Une fois aussi Seth prie « pour qu’il puisse la trouver [sa tante] dans les ténèbres » (R, page 362).
10 Voir Steve’s Rag, hors série 2, octobre 1996, THE GREEN MILE, Ernould.
11 Tak n’a qu’un rayon d’action limité (R, page 326) et il n’y a aucune preuve de télépathie à longue distance de sa part : comment aurait-il pu appeler Seth dans la mine ? Par contre, il peut appeler Seth en chantonnant quand celui-ci l’approche.