- Les amoureux de l’écrivain revisitent son oeuvre
- Stephen King a livre ouverts
- (Alexis Delcambre)
Journal « La Voix du Nord » – Édition de Lille – Mardi 24 Juillet 2001
Ils ne sont qu’une poignée. Un essaim d’âmes jumelles. Le concret de la vie les sépare ; l’imaginaire les rassemble. Ils ? Ce sont les inconditionnels de Stephen King. Une micro-société que fonde une fascination identique pour l’œuvre de cet écrivain américain. Vous ne connaissez peut-être pas Stephen King. Ses succès de librairie (Simetierre, Ça…), qui l’ont imposé comme l’un des auteurs contemporains les plus efficaces, ont pu vous échapper. Vous n’avez pas goûté à sa vaste imagination, à son sens du détail ni à son art de la conduite narrative. Vous avez contourné la route virtuelle de la science-fiction, le chemin évanescent de l’héroïc fantasy et le sentier hanté de l’angoisse.
Un écrivain de masse
Pourtant, Lou Van Hille en est convaincu, vous pourriez vous aussi entendre la voix de King. « Il a un public très divers, plaide le président du club. C’est un écrivain de masse et c’est très bien ainsi. » Lou Van Hille, qui a lu la quarantaine d’ouvrages de l’écrivain en anglais et en français, tire cette conviction de son expérience de lecteur. «Stephen King a l’art de placer des événements dans la vie de tous les jours, le quotidien le plus profond, analyse le fondateur du club. Brutalement, un truc survient et on bascule dans le paranormal. On se retrouve dans un autre monde et King nous dit : « Maintenant, débrouillez-vous ! »». Une irruption du fantastique qui réveille la peur ou la fascination, et appelle l’analyse. Ainsi est né le Club Stephen King. «C’était en 1992, se souvient Lou Van Hille. J’étais à l’université de Lille-III, j’aimais King et je voulais découvrir d’autres personnes avec qui en discuter.» Rapidement, de petites réunions se mirent en place. En 1994, c’est le grand saut : Lou et ses amis lancent le fanzine Steve’s Rag. A quelques-uns, les animateurs de cette petite publication assurent un contenu de grande qualité, constitué d’informations sur King et d’études thématiques de son oeuvre. Rien de pompeux là-dedans, bien au contraire : «On y trouve de tout, explique Lou Van Hille. Du très abordable, du très élitiste et du mixte…»
Une œuvre à reconstruire
Depuis deux ans, le fanzine ne paraît plus, mais les contributions des « lecteurs assidus », comme les appelle Lou Van Hille, sont accessibles par internet. Ainsi que l’intégralité des Steve’s Rag parus. Une mine pour l’amateur de King… mais surtout une façon pour chaque lecteur d’enrichir sa perception de l’œuvre. « A mesure que nous avancions, raconte Lou Van Hille, nous nous sommes rendu compte que Stephen King faisait des allusions d’un livre à l’autre, qu’il y avait une trame de liens entre ses ouvrages. Son oeuvre est comme une construction au centre de laquelle se trouve La Tour sombre. J’ai donc commencé un ouvrage intitulé L’Univers selon Stephen King, mais je n’ai pas trouvé d’éditeur. J’aimerais quand même compiler tout ce que nous avons fait. » Une soif encyclopédique qui repose sur un principe : «Quand on est lecteur, on veut découvrir ce qu’il y a derrière le miroir.» Si vous appréciez Stephen King et partagez ce point de vue, n’hésitez pas à contacter le club, il vous accueillera à livres ouverts.