Stephen King vient de publier, sur le site du magazine The Atlantic, un essai en réponse au fait que ses livres aient été utilisés pour entrainer une intelligence artificielle.
La semaine dernière, il avait été révélé dans l’actualité que Meta (la société derrière Facebook) avait utilisé des milliers de livres pour entrainer leur modèle d’intelligence artificielle et développer ses connaissances autour du langage et du vocabulaire.
Parmi les livres utilisés pour cela, il fut révélé que les livres de Stephen King (parmi d’autres auteurs) furent partie des milliers utilisés pour entrainer l’intelligence artificielle en question.
Stephen King a depuis publié un essai intitulé « Mes livres ont été utilisés pour entrainer l’intelligence artificielle », sur le site du magazine The Atlantic vis à vis de sa réponse à cette révélation.
Dans cet essai, disponible en anglais via ce lien, Stephen King commence par évoquer les voitures et aspirateurs autonomes, et les téléphones qui sont capables de nous géolocaliser et nous dire comment nous rendre à tel ou tel endroit. S’il déclare que ces objets semblent être devenus indispensables, les téléphones portables étant le meilleur exemple de ceux qu’on ne peut pas vivre sans (« ou du moins c’est ce qu’on se dit »), il pose la question de savoir si une machine qui peut lire est capable d’écrire?
Il rappelle que dans son essai « Ecriture, mémoires d’un métier », le romancier déclarait qu’il n’est pas possible d’écrire sans être un lecteur, et à moins de lire beaucoup.
Un conseil que les programmeurs d’IA ont pris à coeur parce qu’ils leur ont donné des milliers de livres, dont les siens. (Il signale au passage être toujours ébahi de savoir que l’ensemble de son oeuvre littéraire peut dorénavant tenir sur une clé usb). Il s’interroge de savoir si tout cela permet d’obtenir un résultat de qualité. Et pour Stephen King, la réponse est non.
Pour Stephen King, les poèmes écrits par l’intelligence artificielle « dans le style de » William Blake ou William Carlos Williams (il a lu les deux) sont au premier abord bon, mais pas tellement lorsqu’on les regarde attentivement.
Il évoque alors une scène de son prochain roman, « Holly« , une scène avec un élément de véritable surprise après l’avoir écrite, un « vrai moment créatif ».
(L’élément en question est qu’une personne est tuée par une arme à feu mais que la balle ne sort pas de la tête du mort. Quand une personne le retourne, la personne voit alors un petit mouvement dans le crâne du mort).
Stephen King évoque alors que selon lui une machine ne pourrait pas créer ce mouvement. Ou du moins, il admet de manière réticente : « pas pour le moment ».
Parce que selon lui, la créativité a besoin de conscience, et que pour le moment les intelligences artificielles ne sont pas douées de conscience. Mais si jamais elles le deviennent dans le futur alors elles pourraient être créatives. « Je vois cette possibilité avec une morbide fascination. »
Mais pour en revenir au sujet de l’utilisation de ses livres à une IA? « Même pas si je le pouvais ». Il compare cela avec l’histoire du Roi Calute qui essaie de bloquer la marée.
Est-ce que cela le rend pour autant nerveux? En train de perdre son territoire? « Pas vraiment, sans doute parce que j’ai atteint un âge plutôt avancé »
Stephen King conclut son essai en évoquant le roman « Colossus » de D.F Jones (attention spoiler pour ce livre, je présume) dans lequel on rencontre un monde avec un ordinateur doué de conscience et qui dit à son créateur qu’un jour l’humanité viendra à l’aimer et le respecter (« de la manière, je présume, dont beaucoup d’entre nous aiment et respectent nos téléphones » dit Stephen King). Son créateur répond « Jamais! », mais le narrateur a le dernier mot et répond avec la question « Jamais? »