Retranscription du chat AOL
19 septembre 2000
AOL : Re-bienvenue sur AOL en direct, Stephen King !
Stephen King : Ca me fait plaisir d’être ici
AOL : Nous sommes vraiment enthousiasmés de vous avoir avec nous ce soir.
Stephen King : Je le suis également.
AOL : La première question de notre public concerne « The Plant »…
Question : Est-ce que « The Plant » va sortir en librairies comme un livre ordinaire ou va-t-il seulement exister via Internet ?
Stephen King : Si j’arrive à finir « The Plant », eh bien oui il sortira éventuellement en livre. La question est plutôt de savoir si oui ou non je vais le finir ! Cela dépend plus ou moins de l’honnêteté des lecteurs. J’avais dit que je continuerais si le système du chapitre à 1 $ se maintenait autour de 75 %. Il est actuellement de 69,5 %. Cela pourrait poser un problème.
Stephen King : Je suis prêt.
Question : Pouvons-nous toujours télécharger la première partie de « The Plant » alors que la troisième va sortir ?
Stephen King : Vous pouvez continuer à télécharger la première partie jusqu’à la fin du mois de septembre. Nous étions sur le point de la retirer du site Web la semaine prochaine, mais nous avons décider de l’y laisser. Beaucoup de gens semblent s’accommoder de son support technique, et je suis déterminé à faire un bon geste.
Stephen King : Question suivante ?
Question : Réfléchissez-vous à une histoire avant d’écrire ou commencez-vous d’abord à écrire ?
Stephen King : D’habitude, j’ai une idée, et puis après je mets à la traquer !
Stephen King : Ensuite ?
Question : Y aura-t-il prochainement une suite à la série « La Tour Sombre » ?
Stephen King : Oui, j’espère commencer à travailler sur le prochain volume de « La Tour Sombre » en janvier ou en février. « L’Ombre Rampante », (« The Crawling Shadow »), c’est son titre provisoire. Cela changera probablement, vu que ça fait un peu nul.
Question : Qu’aimez-vous le plus et qu’aimez-vous le moins dans vos « nouveaux » moyens de travail ? (livres virtuels, achats par Internet, etc.)
Stephen King : Toute l’affaire de « The Plant » a été une introduction intéressante au monde du livre virtuel. J’espère que cela marchera. Et vous savez, je crois que la plupart des gens jouent le jeu. Il se trouve que beaucoup de monde a téléchargé 2 à 3 fois les chapitres pour être sûr de bien les avoir. C’est très bizarre. Mais je reconnais que toute cette histoire est bizarre.
Question : Quel défi exclusif représente pour vous le fait d’écrire sous forme de romans-feuilletons ?(ex. « The Plant », « La Ligne Verte ») – Un lecteur régulier, Mark Fulton.
Stephen King : Hé, Mark – principalement parce que travailler en romans-feuilletons, ça fait peur : on vous attend tous les mois, et c’est comme travailler sans filet. Mais plus certainement encore sans éditeur et sans correcteur ! Et avec « The Plant » , je dois vraiment me battre pour rester dans le coup. Les trois premières parties furent écrites il y a longtemps, mais le dernier sujet est assez nouveau. Un indice sur les choses qui vont arriver : il y aura un gars qui écrit un roman concernant une émission de télé dont les détracteurs sont jetés sur une île déserte.
Question : Comment puis-je me procurer votre tout premier roman en ligne ? Je l’ai raté alors qu’il était disponible et maintenant je regrette !
Stephen King : Vous pouvez toujours avoir « Un Tour Sur Le Bolide » par euh.. je crois que c’est sur www.simonsays.com. Et « The Plant » , vous pouvez l’obtenir sur mon site web www.stephenking.com, mais n’oubliez pas de payer un dollar Grippe-sou vous attrapera.
AOL : Une question de David, un fan de longue date. Quand sortira « Dreamcatcher », et de quoi parlera-t-il ?
Stephen King : « Dreamcatcher » est un roman qui sera publié en mars prochain. C’est un manuscrit de 907 pages, ce qui est plutôt costaud. Je viens de le finir aujourd’hui. On y retrouve un peu une ambiance similaire à celle du FLÉAU.
Question : Quels sont les auteurs que VOUS aimez lire ?
Stephen King : Oh, mec, je les lis tous. Il y a un nouveau livre de Randall Boyll appelé « Katastrophe » qui est fichtrement génial. Mais je dirai que je lis un peu tout le monde. C’est avec les romans de Patrick O’ Brians Aubrey/Martin que je vais faire mon chemin cet automne. Ils sont excellents.
Question : Mr. King, vous êtes tellement prolifique, vous m’étonnez. Y a-t-il déjà eu des moments où vous avez ressenti le besoin de poser votre stylo pour faire autre chose ?
Stephen King : Quelquefois je pose mon stylo et je prends ma guitare. Et alors LA c’est effrayant. :–)
Question : Qu’est-ce qui vous a inspiré « Ca » ? J’ai tout bonnement adoré ce film.
Stephen King : Quand j’ai eu l’idée de « Ca », je rentrais à la maison à pied à cause d’une panne de voiture, je devais traverser un petit pont, et je me suis mis à penser à cette vieille histoire « Les 3 contes de la Chèvre de Billy le Mal Aimable », vous savez, celle où il y a un monstre sous le pont ? C’est de là que tout est vraiment parti. Ca et aussi le fait de penser à la manière dont nous changeons entre l’enfance et l’âge adulte.
Question : Pourrais-je avoir un livre dédicacé ? Est-ce seulement possible ?
Stephen King : Pas vraiment, non. Il y a tellement de gens qui m’en demandent, maintenant… ça s’empile jusqu’au plafond dans mon bureau. Quelquefois, il m’arrive de dédicacer des livres pour des œuvres charitables, des choses comme ça, mais j’ai surtout un choix à faire : soit je les écrit, soit je les signe. La plupart du temps, je les écrit. Naturellement, vous pouvez toujours aller chez un revendeur de livres : Dieu sait combien j’en ai dédicacés dans le temps !
Question : Mr. King, je suis resté en plein suspense lorsque j’ai fini la première partie de « Cœurs Perdus en Atlantide » : « Les Crapules de Bas Etages en Manteaux Jaunes ». Continuerez-vous cette histoire dans l’avenir ?
Stephen King : Cette histoire particulière est actuellement en cours de tournage, « Cœurs Perdus en Atlantide », avec Anthony Hopkins dans le rôle de l’amateur de haricots, et ami de Bobby. Bien sûr l’histoire est un petit rouage du cycle de « La Tour Sombre », et si ces livres voient le jour, vous retrouverez Ted Brautigan. Après tout, c’est un casseur, aussi peu qu’il veut l’être.
AOL : Mr. King, il y a beaucoup de fans qui ont demandé comment vous allez depuis votre accident.
Question : Est-ce que l’accident a changé votre façon d’appréhender votre vie et votre travail ?
Stephen King : Mon accident a changé beaucoup de choses. Et ces changements n’ont pas tous été mauvais. Car il est plus facile ensuite de voir les petits emmerdes de la vie pour ce qu’ils sont quand vous avez failli y passer.
Question : Quel a été pour vous le livre le plus dur à écrire, émotionnellement parlant ?
Stephen King : « Simetierre »
Question : Ferez-vous une quelconque apparition publique ou télévisée à l’occasion de la sortie le mois prochain de « Mémoires d’écriture » ?
Stephen King : Je suppose que je vais devoir participer à l’émission Good Morning America.
Question : J’ai beaucoup aimé le remake de « Shining » , particulièrement à cause de la façon dont il colle à l’histoire originelle. Avez-vous déjà regretté d’avoir laissé adapter certains de vos romans en films, et si oui, lesquels?
Stephen King : Je pense que certains de ces films ont été des fiascos, mais je n’ai jamais regretté d’avoir donné sa chance à quelqu’un. Quelquefois, le plus insignifiant de ces films, comme « Cujo » vous surprend. J’aime beaucoup les productions Castle Rock, comme « Stand by Me », « Les Évadés »; « La Ligne Verte », car ils font passer les êtres humains avant l’horreur. Les gens m’intéressent beaucoup plus que les monstres.
Question : Avez-vous déjà utilisé des idées suggérées par vos fans ?
Stephen King : Jamais de la vie. C’est trop facile d’être ensuite taxé de plagiat ! En outre, j’ai plus d’idées par moi-même que je ne pourrai jamais en exploiter.
Question : Qu’est-ce qui décide de la façon dont vous allez sortir un livre, par exemple « The Plant » ?
Stephen King : « The Plant » a presque été une bourde. Je l’avais, personne ne l’avait jamais vu et je pensais que c’était vraiment dommage. Aussi, ça a été une manière de m’obliger à me remettre à travailler dessus. C’est bien parti pour le troisième épisode, alors je vais devoir y mettre tout mon sérieux; si les gens ne paient pas, je n’aurai plus qu’à tirer la chasse. Mais il est actuellement difficile de faire le tri entre les voleurs à l’étalage et les gens qui ont simplement des soucis pour faire fonctionner leur équipement technique.
Question : Si la littérature offre un espace dans lequel on peut exploiter et défier le psychisme humain, quelle influence ou quel débouché évident voyez-vous dans l’horreur en tant que genre à présenter aux lecteurs ? Est-ce que l’horreur est positive, pour, disons, nous aider à contrecarrer nos propres peurs ou peut-elle générer de la violence ?
Stephen King : Je pense qu’une œuvre violente peut générer de la violence chez une personne violente. Pour la plupart d’entre nous, c’est une façon d’explorer les côtés sombres de notre nature (nous en avons beaucoup, je pense). Nous avons tous des défouloirs de ce genre ! Je pense que les divertissements violents ou effrayants sont vitaux. Je déteste ce courant tapageur qui est fait à l’encontre des jeux vidéo et films violents, parce que c’est un bouc émissaire tout trouvé. Si poussez les hauts-cris devant un jeu comme WWF Smackdown, sachez que ce n’est pas de tels engouements que vous devez critiquez, mais la société qui leur donne naissance.
Question : Trouvez-vous autant de satisfaction en écrivant pour la foule en ligne que vous en trouvez en écrivant pour les fans de vos livres traditionnels ?
Stephen King : C’est une question difficile !
Question : Mr. King… en plus d’écrire des livres, écrivez-vous aussi de la poésie ? Et avez -vous un quelconque conseil à me donner pour que j’apprenne à devenir un bon poète ?
Stephen King : J’ai écrit beaucoup de poèmes, mais j’en ai sorti très peu. La plupart d’entre eux n’ont tout simplement pas marché. J’en ai même enseigné durant tout un semestre, il doit y avoir de ça un million d’années ! Je pense qu’il faut appliquer des choses simples : le langage clair et l’honnêteté sont les deux seules.
Question : Y aura-t-il une suite pour « Les Yeux du Dragon » ?
Stephen King : « Les Yeux… » fait partie des histoires de « La Tour Sombre », je pense qu’il n’y aura jamais de suite, mais une talentueuse équipe de créateurs de films d’animation français est en train d’en faire quelque chose.
AOL : Nous avons le temps ce soir pour une dernière question à Stephen King.
Question : Que pouvez-vous nous dire de « Mémoires d’écriture » ? Comment en êtes vous venu à l’idée de l’écrire ?
Stephen King : J’ai voulu écrire un livre qui traite de comment écrire, parce que beaucoup de gens me l’ont demandé. C’est un livre court, mais il a été très difficile à écrire. C’est étonnant de voir tout ce dans quoi vous vous êtes après tant d’années passées à faire ce métier. En tout cas, je trouve qu’il est amusant. L’histoire de mon accident PAS si amusante que ça- y est aussi.
AOL : Aussi, Mr. King, nous attendons impatiemment votre retour sur AOL live le 10 Octobre pour parler de ce livre. Merci beaucoup d’avoir été avec nous ce soir, ça a été formidable !
Stephen King : Merci beaucoup. Et pour en revenir à « The Plant » , j’espère que chacun d’entre vous contribuera à en faire un succès.
AOL : Merci encore, Mr. King. 🙂
Stephen King : Bonne nuit !
AOL : Et remercions aussi notre auditoire pour ses questions pertinentes. Bonne nuit !
(Traduction : Chris Redfield)