Misery Loves Company
(Troisième Partie)
Le DVD édition collector du film MISERY propose un documentaire intitulé « Misery Loves Company ». Pour ceux et celles qui nous pas encore eu la chance de voir ce documentaire, nous vous proposons aujourd’hui la troisième (et dernière) partie de sa retranscription complète … Bonne lecture.
Thomas Fortun (Langolier)
Le 10/02/04
WILLIAM GOLDMAN : Elle a des accès de colère. Trois ou quatre, je crois. Mon préféré est quand James Caan dit : «Je voudrais un autre papier.» Et elle répond : «C’est le plus cher.»
[Extrait de Misery]
WILLIAM GOLDMAN : Quand elle dit dit : «Autre chose ?» On voit qu’elle a perdu la tête.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : Un des moments les plus intéressants est la scène à la fenêtre, quand elle raconte son divorce, ses lectures à l’hôpital et comment elle a découvert Misery. J’aime la mélancolie dans son jeu. Puis elle tombe le masque et se montre sous un jour très déprimé.
[Extrait de Misery]
ROB REINER : Elle dit qu’elle n’a rien d’une star de cinéma, qu’elle l’aime et qu’elle sait qu’il ne l’aimera jamais. On voit tous les degrés de souffrance que cette femme endure en permanence. Ce sont les moments où Kathy est incroyable.
[Extrait de Misery]
KATHY BATES : Je venais de finir, quelques années plus tôt, de jouer le rôle d’une femme suicidaire. C’était donc un terrain que j’avais beaucoup approfondi. J’avais peu de travail à faire pour cette facette du personnage d’Annie. En ce qui concerne la musicalité de la scène, avoir pour texte une sorte de récitatif, et beaucoup de calme et de paix, représentait un magnifique contre-pied à toute cette folie. C’était une scène formidable à jouer.
[Extrait de Misery]
WILLIAM GOLDMAN : Je ne sais pas ce qu’elle voit quand elle récite son texte. Mais elle plonge dans une zone horrible et sombre de son inconscient. Une zone que personne ne veut avoir à explorer.
[Extrait de Misery]
KATHY BATES : On ignore ce qui se passe dans sa tête, mais il y a toujours une certaine logique. Elle aime tout contrôler, et veut savoir où les choses se trouvent dans son univers. Tout doit être à sa place. Ces choses ont un sens pour elle. Elle n’a pas perdu la tête de manière générale. Tout ce qu’elle fait est réfléchi. Une fois de plus, c’était l’idée de Rob. Il ancre le personnage dans la réalité et le rend très crédible.
[Extrait de Misery]
BARRY SONNENFELD : La scène a été insupportable pour nous tous. Rob considère les scènes silencieuses comme des scènes d’effets spéciaux. Il était de mauvaise humeur à l’idée de le faire. Une fois de plus, on ne retrouve pas du tout son style filmique. Chacun des angles de la scène du marteau aussi bien les plongées que le fait qu’on ne voie pas le deuxième coup –on coupe sur le visage de Jimmy- tous ces angles sont de Rob. Je me souviens, en ce qui concerne les plongées, le marteau et le reste, que Rob devait les surmonter pour des raisons personnelles.
[Extrait de Misery]
JAMES CAAN : Elle est tellement contre la violence qu’elle en pleurait. Quand elle a dû se battre à la fin du film, ça l’a rendue malade.
[Extrait de Misery]
KATHY BATES : Je ne me suis jamais sentie en danger avec Jimmy. Comme c’est un athlète, je savais qu’il serait au bon endroit au bon moment. C’est le secret de toute cascade. Il faut refaire la même à chaque prise, pour ne pas évaluer faussement la vitesse, la distance ou la force.
[Extrait de Misery]
KATHY BATES : On a beaucoup répété cette scène dès le début du tournage. On voulait être capable de la faire à fond tout en se sentant en sécurité. Le seul moment qui m’a vraiment dérangée est le moment où Jimmy me frappe la tête par terre. Ils ont mis de la gomme pour amortir le choc, pour que le sol ne soit pas trop dur, mais j’ai quand même eu l’impression que ma tête allait exploser. C’était dérangeant d’être le réceptacle d’une telle violence.
ROB REINER : La scène de bagarre correspond délibérément à une scène d’amour entre les deux personnages. Annie Wilkes, qui vient de déclarer sa flamme à Paul Sheldon, entretient le fantasme malsain de l’aimer, de mourir avec lui, de le tuer, puis de se tuer pour le rejoindre au paradis. La bagarre devient une scène d’amour perverse.
KATHY BATES : Je voulais donner le meilleur de moi-même. Mon but n’était pas d’avoir un oscar, mais maintenant que je l’ai, j’ai l’impression d’avoir réussi. C’est parfois rassurant, et parfois comme une pression, car on ne peut pas s’arrêter là, il faut continuer à travailler. C’est le métier.
FRANCES STERNHAGEN : Encore aujourd’hui, je trouve incroyable que les gens qui se souviennent de m’avoir vue au cinéma me demandent : « Dans quoi avez-vous joué ? » et me disent : « Oui, Misery, c’était formidable ! » Je sens à quel point c’était positif de faire ce film.
JAMES CAAN : Heureusement, le film était super, mais ce n’est pas aussi important que la foi et l’amitié. Les plus doués avec qui j’ai travaillé étaient toujours les plus adorables. Toujours. C’était une belle expérience.
WILLIAM GOLDMAN : C’est un grand film. Il n’y a rien… Je pourrais montrer le film à mes enfants et dire : « J’en suis fier.»
KATHY BATES : C’était un billet de première classe pour Hollywood. Et ça m’a servi de point de référence pour toutes mes autres expériences. Il avait tout pour être un film commercial à succès, mais tout ce que j’ai appris à l’école en tant qu’actrice a été utilisé de manière très belle et créative. C’était vraiment… C’était la parfaite transition entre le théâtre et le cinéma.
BARRY SONNENFELD : Kathy est passée du stade de comédienne de théâtre méconnue à celui de gagnant d’un Golden Globe et d’un Oscar. C’est là que Rob est vraiment devenu un réalisateur à part entière. Il a dû dépasser ses limites et épouser un genre cinématographique qui ne lui était vraiment pas familier. Le fait que Misery soit mon dernier film en tant que directeur photo en fait une œuvre très spéciale pour moi.
ROB REINER : Beaucoup de personnes pensaient que c’était le genre de film que je ne voulais ou ne pouvais pas faire. Ca a marché, le film a eu beaucoup de succès, aussi bien sur le plan artistique que financier, et Kathy Bates a remporté un oscar. Je suis très fier de tout ça. Mes enfants ne l’ont pas encore vu, mais quand ils le regarderont, ils constateront que leur père était plus tordu qu’ils ne l’imaginaient.