Dans une récente interview vidéo avec CNN, Stephen King s’est déclaré choqué par l’inaction et les mauvais comportement du gouvernement américain face au coronavirus.
Dimanche dernier, Stephen King était l’invité de la chaine de télévision CNN pour évoquer la sortie prochaine de son livre « If it bleeds ». Mais surtout pour parler du sujet qui monopolise toutes les conversations : la pandémie du coronavirus.
Interviewé à distance depuis sa maison de Sarasota, en Floride, Stephen King a critiqué le gouvernement américain pour son inaction face au coronavirus et les mauvais exemples montré par l’administration Trump aux citoyens américains.
Découvrez la vidéo, ainsi que notre retranscription et sa traduction ci-dessous :
“People are saying to me ‘we’re living in a Stephen King world,’ and all I can say is, boy, I wish we weren’t.” Author @StephenKing says about the coronavirus pandemic. “This is just been waiting to happen…The fact that nobody really seemed prepared still mystifies me,” he adds. pic.twitter.com/Ci4B4QtmPc
— Reliable Sources (@ReliableSources) March 29, 2020
Notre retranscription et traduction :
(Début de l’émission, absent de la vidéo)
Journaliste : L’industrie littéraire est également affectée, repoussant la sortie de livres. Mais il y a des exceptions.
Le prochain livre de Stephen King, « If It Bleeds » a été avancé d’une semaine et doit sortir le 28 avril.
Et je suis rejoins par le précédemment nommé Stephen King. L’auteur de bestsellers me rejoins depuis la Floride.
(Début de la vidéo)
Stephen King, merci d’être avec nous. Je me demande ce que vous entendez par le fait que nous serions en train de vivre une expérience qui serait plus effrayante qu’aucun roman ne pourrait imaginer.
Stephen King : En réalité, je l’ai imaginé.
Journaliste : C’est vrai !
Stephen King : Ces trois ou quatres dernières semaines, les gens me disent qu’on vit dans un monde de Stephen King, et tout ce que je peux répondre, c’est que j’aimerai que ce ne soit pas le cas. Mais il fallait s’y attendre depuis très très longtemps. J’ai écris « Le Fléau » au sujet d’une pandémie qui éfface la quasi-totalité de la race humaine, heureusement, celle-ci n’est pas aussi virulente. Mais j’ai écris ça en 1979 (sa mémoire lui joue des tours, car le roman a été publié en 1978, ndlr) et depuis ça a été… Ce n’était qu’une question de temps avant que cela n’arrive, et le fait que personne ne semblait préparé me surprend toujours.
« Les gens me disent qu’on vit dans un monde de Stephen King (…), j’aimerai que ça ne soit pas le cas »
Journaliste : C’est surprenant. On a vu beaucoup de défaillances dans notre politique. Parlons de ce qu’il se passe dans votre Etat. Le gouverneur de Floride était au front avec le président Trump, se plaignant des New-Yorkais qui descendaient en Floride pour échapper de la ville de New York. Puis le président a évoqué l’idée d’une quarantaine et en fin de journée, hier, il a abandonné l’idée. Il en a été dissuadé. Qu’elle est votre réaction face à ce genre de leadership?
Stephen King : (A du mal à trouver ses mots). Vous savez, c’est presque impossible de le comprendre. Je me rappelle, dans les années 70s, lorsque les Républicains se moquaient de Jimmy Carter disant qu’il était indécis et mou. Le président que nous avons maintenant, et encore, Ron DeSantis, le gouverneur que nous avons ici en Floride, est pareil, ce sont ceux vers qui nous devons nous tourner. Ce sont ceux qui sont censés prendre les devants, ceux que vous voulez avoir au controle lorsque quelque chose ne va pas, parce qu’il ne blablate pas, ils ne font pas les mous.
Au début on a eu Trump qui disait que ce n’était pas vraiment sérieux, « ne vous en faites-pas », « tout va bien se passer ».
Puis quand la bourse a commencé à s’effondrer, quand la réalité de la chose a commencé à nous toucher (aux USA, ndlr), il dit de se détendre. « Cette chose va être comme un miracle, tout va aller bien. D’ici Pâques… et les églises seront remplies, tout redeviendra comme avant…
Et deux jours plus tard il parle d’un confinement, Andrew Cuomo n’était pas au courant (le gouverneur de l’Etat de New York, ndlr), personne n’était vraiment au courant. C’est juste sorti de sa tête!
Journaliste : Oui, et il ne parle même plus de Pâques maintenant. Tous les jours c’est une nouvelle idée. Des journalistes du Miami Herald et du Tampai Bay Times qui ont essayé d’assister à la conférence de presse du gouverneur de Floride hier, ont été interdits d’entrée. C’est dérangeant et tous les journaux se sont exprimés contre ce comportement. Que pensez-vous qu’il se passe dans la tête du gouverneur, que fait-il?
Stephen King : Je ne suis pas sur qu’il ait de l’avance, je pense qu’il est en retard. Cette situation, c’est comme si la porte de la grange est fermée mais les chevaux ont été volés il y a 10 jours. Le point de vue ici, est qu’au lieu d’avoir eu un ordre de rester chez quoi, on a eu une invitation à rester chez soi, si on veut. Mais si vous voulez vraiment sortir, c’est d’accord, pour l’économie. Je vois tout le temps des gens sur la route d’ici, ils marchent ensembles, ils parlent ensembles. Et je dois dire qu’il y a eu un très mauvais exemple montré par ceux d’en haut.
La chose qui me reste à l’esprit est que tous ces gens se soient rassemblés dans le bureau ovale (de la Maison Blanche) lorsque le président Trump a signé la loi de sauvetage publique. Appelons-ça un sauvetage.
Donc ils sont tous ici, les uns à cotés des autres et tout ce qui m’a traversé l’esprit c’est d’imaginer que chacune de ces personnes dans cette photo ait une cigarette. Parce qu’on parlerai du même genre de dommages et de possibilités de faire du mal aux autres et c’est un très mauvais exemple. Très mauvais. Mais c’est une manière de dire, et la même chose s’applique ici avec les centristes en Floride, qu’il y a un sous-texte à cela, lorsque ceux qui sont en haut de la hiérarchie disent de ne pas trop s’inquiéter. Et si ils continuent avec cette attitude, les gens vont s’inspirer des images qu’ils voient. (Et donc ne pas adapter leur comportement, ndlr)
Journaliste : Et plus de gens vont mourir, alors qu’ils n’ont pas à mourir. Si nous continuons à voir ces échecs de leadership.
Vous avez avancé la sortie de votre prochain livre, je veux comprendre. Est-ce que vous avez avancé la sortie pour qu’ils aient quelque chose de nouveau à lire lorsqu’ils seront bloqués chez eux? Est-ce que c’est ça l’idée?
Stephen King : C’est bien ça. En fait, j’ai découvert… en fait, tout s’est fait rapidement. Tout s’est fait précipitemment. Donc ils ont avancé le livre de deux semaines. Je ne suis pas sur qu’il y ait assez de livres imprimés pour satisfaire la demande, en supposant que les gens l’obtienne chez leurs libraires indépendants. Ils sortent les livres et les gens les prennent ainsi. Mais John Grisham sort un livre le même jour (« Camino Winds« , ndlr), et je veux proposer à l’éditeur de faire une offre promotionnelle pour les deux. Est-ce que ça ne serai pas cool? Un « double feature »!
Journaliste : Intéressant. Il faut-être créatif durant cette crise. Stephen King, merci beaucoup de m’avoir rejoins. J’ai été honoré de vous avoir dans l’émission.
Il faut savoir que le livre « If It Bleeds » sortira le 28 avril en livre physique (version originale), mais sera disponible dès le 21 avril en ebook !
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