Nous avons été un peu dépassé par les événements ces dernières semaines et n’avons pas été en mesure de continuer nos publications de #MardiConseil ou de #JeudiRetro. A l’occasion de la sortie, ces dernières semaines, du nouveau livre de Neil Gaiman en poche, « La mythologie Viking » aux éditions Pocket, nous souhaitions revenir sur les liens entre Stephen King et Neil Gaiman, qui sont devenus amis.
Cette amitié a commencé au début de la carrière de Neil Gaiman. Celui-ci connaissait alors un fort succès pour sa BD « SANDMAN » (publiée par DC Comics), et en 1993, le tome 8 nommé « Au bout du monde » contient une introduction de Stephen King dont nous vous proposons un extrait (édition Vertigo) :
« Neil Gaiman est déja suffisamment impressionant par lui-même, mais ça, ceux qui ont suivi la série à travers ses étranges – très étranges, plus qu’étranges, extremeent étranges – circonvolutions n’ont nul besoin que je leur rabache. […] Je suis un mordu d’histoires. Sans exagérer, je peux dire que les histoires sont toute ma vie. Ces silhouettes impalpables dansant parmi les vapeurs m’ont parfois sauvé. Neil Gaiman s’y connait aussi. Il est la caverne d’Ali Baba des contes, et nous avons de la chance de l’avoir, quel que soit le media qu’il choisit. Sa fécondité et la qualité de son travail sont à la fois miraculeuses et inquiètantes. Son savoir-faire aussi.
AU BOUT DES MONDES a été publié à l’origine dans six numéros de ce que les gens de ma générations appellent des des mensuels de BD. Ces six épisodes forment une série cohérente, présentée ici comme elle doit être lue, en six chapitres formant un tout. Bref, en six oeufs dans le meme panier, vous voyez? Mais il y a des oeufs à l’intéreur des oeufs, car AU BOUT DES MONDES est un récit à la Chaucer, où des voyageurs – ici coincés dans une auberge par l’orange, et non plus sur la route d’un pèlerinage à Canterbury) se racontent des histoires pour passer la nuit. La forme de ces contes est classique, bien que dans certains cas on trouve des histoires à l’intérieur d’histoires, comme des matriochkas.
Des histoires intelligentes et bien agencées, donc. Et heureusement pour nous, de bonnes histoires, petites merveilles d’économie et de surprise. Jamais on ne se perd dans le détail, jamais on n’a envie de dire comme le grand public anglais ‘moitié trop intellectuel pour moi’.
Ce qu’il y a peut-être de plus satisfaisant dans l’oeuvre de Gaiman (ce qu’y fait que j’y reviens toujours), c’est sa façon d’arriver à une fin tonifiante sans jamais sacrifier ce sens du merveilleux qui rend le fantasy tellement passionant et essentiel. Les éléments en question sont présents tout au long du récit, pas seulement dans la conclusion, voila tout. Vous ne trouverez pas ici de blagues macabres élaborées, éclaboussées de gore pour pimenter la sauce. […]
En fait, ces récits fonctionnent à merveille. Mieux, si ça se trouve, que tout ce que j’ai pu lire ces six dernières années. Je croyais savoir pourquoi. La plupart du temps, dans le genre littéraire de la nouvelle proprement dite, on trouve un sens de la découverture de soi-même et le sentiment de lire quelque chose de primodale… mais le sens de l’humour trop rarement. Dans le genre de la BD, au contraire, l’humour est souvent omniprésent, mais la découverte de soi, le sentiment de lire quelque chose d’important, de regarder des illustrations à haute valeur artistique, font généralement défaut. Les contes de l’auberge au bout des mondes, jouent, eux, sur les deux tableaux. Ils se déroulent avec la clarté des contes de fées, à laquelle s’ajoute une pointe sous-jacente subversive bien actuelle. […]
Quelle chance d’avoir ces histoires fabuleuses! A lire maintenant, à relire plus tard, quand nous aurons besoin de ce que seul un bon récit peut apporter : une incursion dans des mondes de rêve, avec les gens que nous voudrions être… ou que ouf!, nous ne sommes pas.
J’ai fait le tour de la question, je crois. Vous n’avez plus qu’à tourner la page. Soyez sages… »
Une partie de cette introduction a d’ailleurs été reprise en blurb sur la version française : « Il est, tout simplement, un pur trésor d’histoires et c’est une chance pour nous de l’avoir, de livre en livre. »
Neil Gaiman connait par la suite un second essor dans sa carrière à partir de 2001 avec la publication du roman AMERICAN GODS. Ce roman, rapidement best-seller, a longtemps été en projet d’adaptation et c’est en 2017 que débute la diffusion de la (magnifique) série « American Gods ».
En 2012, Neil Gaiman a réalisé un article/interview de Stephen King publiée dans le « Sunday Times Magazine ». Vous pouvez lire le texte sur le blog de Neil Gaiman.
Toujours en 2012, Neil Gaiman a réalisé un discours inspirationnel pour la cérémonie de remise des diplômes à l’Université des Arts (University of Arts), de Philadelphie… discours dans lequel il déclare l’importance du conseil de Stephen King, qu’il n’a malheureusement pas pu suivre autant qu’il aurait du.
Transcription du discours sur le site de l’université
Ce discours très inspirant a été partiellement reprit en livre, sous le nom « MAKE GOOD ART », dont la version livre reprend notamment un blurb de Stephen King dans une des dernières pages : « C’est vraiment génial. Vous devriez l’apprécier. »
Mais avant ce discours de Neil Gaiman, Stephen King avait réalisé deux discours dans des universités : un discours de début d’année (à Vassar, en 2001 : voir la vidéo de l’événement et sa transcription) et un discours pour une cérémonie de remise de diplôme (Université du Maine, en 2005).
Sélection de livres de Neil Gaiman
SANDMAN, la BD de Neil Gaiman :
La BD Sandman est devenue un véritable classique de la bande dessinée, et est actuellement commercialisée en France par Urban Comics :
Morpheus, le seigneur des rêves, a été emprisonné en 1916, par un groupe occulte. Après avoir fomenté son évasion pendant presqu’un siècle, il réussit à s’échapper et se lance dans une quête pour redevenir le Maître des songes. Hantant les cauchemars et les désirs des hommes, il ira jusqu’en enfer retrouver son dû
AMERICAN GODS, de Neil Gaiman :
À peine sorti de prison, Ombre apprend que sa femme et son meilleur ami viennent de mourir dans un accident de voiture et qu’ils étaient amants. Seul et désemparé, il accepte de travailler pour l’énigmatique Voyageur qui se prétend Roi de l’Amérique. Entraîné dans une aventure où ceux qu’il rencontre semblent en savoir plus sur ses origines que lui-même, Ombre va découvrir que son rôle dans les desseins de Voyageur est bien plus dangereux qu’il aurait pu l’imaginer.
Car, alors que menace un orage d’apocalypse, se prépare une guerre sans merci entre les anciens dieux saxons des premiers migrants, passés à la postérité sous les traits des super-héros de comics, et les nouveaux dieux barbares de la technologie et du consumérisme qui prospèrent aujourd’hui en Amérique…
Autres versions d’AMERICAN GODS, de Neil Gaiman :
– Une version audio du livre, est maintenant disponible chez Audible, qui propose d’écouter gratuitement 1 livre audio
– Une BD paraitra dès octobre, chez Urban Comics
(nouveau) LA MYTHOLOGIE VIKING, de Neil Gaiman :
La légende raconte qu’il existerait neuf mondes, reliés par Yggdrasil, le frêne puissant et parfait. C’est là le théâtre des aventures d’Odin, le plus grand et ancien dieu, Père de tout ; de son fils aîné Thor, fort et tumultueux, armé de Mjollnir, son légendaire marteau ; et de Loki, séduisant, rusé et manipulateur inégalable. Dieux trop humains, parfois sages, souvent impétueux, quelquefois tricheurs, ils guerroient, se défient et se trahissent. Jusqu’à Ragnarok, la fin de toutes choses.
Voici leur histoire, rapportée par Neil Gaiman, le plus grand des conteurs.
Commander La Mythologie Viking, maintenant disponible en poche :