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Owen King évoque les lectures pour Stephen King, son père, et son impact sur la lecture

Saviez-vous qu’Owen King, un des fils de Stephen King, avait été payé par son père pour lire des livres audios?
Dans un article du New Yorker, publié en juin 2018, Owen King y dévoile l’impact que ce premier boulot a eu sur la personne qu’il est depuis devenu. 

 

King Fathers Day Audiobooks

L’essai d’Owen King, intitulé “Enregistrer des livres audios pour mon père, Stephen King” a été publié sur le site de New Yorker à l’occasion de la fête des pères.

 

Dans celui-ci, il y évoque un élément de son enfance qui a eu un grand impact sur sa vie d’adulte : la lecture. Et plus précisément, le fait que son père l’a payé pour lire des livres à voix hautes, et enregistrer ses lectures sur cassettes (oui, ces vieilles choses qu’il fallait rembobiner avec un crayon papier puis plus tard avec la fonction spécifique sur ces vieux lecteurs cassettes et walkman).
L’auteur américain était un des pionniers sur le domaine évoquant le faible choix de l’époque. “Un jour, en 1987, il est m’a montré un enregistreur de cassettes, un lot de cassettes vierges et le livre ‘Chasse à mort’ de Dean Koontz, me proposant 9 dollars pour enregistrer une cassette de 60 minutes.” 

Selon Owen King, c’était une idée ambitieuse de la part de son père puisque le jeune garçon de 10 ans n’était pas très bon pour lire à voix haute. Lui et ses parents lisaient tous les soirs ensembles, et Owen testait leur talent puisque ceux-ci s’efforçaient de reproduire le moindre accent parfois difficile. 

De ses propos, Owen était un lecteur assidu, lisant beaucoup, mais sans forcément se poser de questions au sujet de ses lectures. “Mais quand je fermais la porte de ma chambre, m’asseyait,  appuyait sur le bouton enregistrer, et débutait ma lecture du livre ‘Chasse à mort’, mon expérience de lecture se transforma. Comme toujours, l’histoire me transportait dans un autre monde, mais une partie de moi restait présent. C’est beaucoup plus difficile de délaisser des mots quand ils sont sortent de votre bouche.

Le fils de Stephen King évoque alors que ce n’était que le début. A l’age de 13 ans il a alors enregistré une bonne douzaine de livres, et son père, Stephen King, fait également appel aux services de son frère (Joe, publiait sous le nom de Joe Hill) et sa soeur, Naomi, pour enregistrer des livres audios.
Stephen prétendait qu’il ne cherchait pas à élargir ses horizons littéraires, qu’il ne voulait qu’entendre les livres, mais Owen admet que cela lui a élargi ses centres de lectures. Il a notamment lu du fantastique avec”Le seigneur des anneaux”, de la fiction criminelle avec “Les arnaqueurs” de Jim Thompson, de la science fiction avec “Dune” et d’autres anthologies.

“Le travail était un très bon exercice d’écriture. Fermant ma porte et m’asseyant au bureau comme le faisait mes parents chaque jour quand ils s’enfermaient dans leurs bureaux respectifs et restaient assis seuls pendant des heures entières. (Papa retournait parfois travailler après le diner et continuait durant la nuit. Si, allongé dans dans le lit à l’autre bout de la maison, j’entendais les basses sinistres d’une chanson de AC/DC qu’il aimait écouter à fond, je savais qu’il était en train de corriger).”

Owen continue en évoquant qu’il était parfois inquiet du temps que passaient seuls ses parents (“Je pensais qu’être un écrivain n’était pas seulement le pire métier du monde, mais aussi le plus effrayant”) ainsi que le désespoir que devait ressentir Marlowe, leur corgi, qui s’allongeait devant la porte de Stephen King… ce qui permettait à Owen de le caresser et de passer du temps avec lui.
“Je me suis demandé, une fois, alors que le bruit du clavier retentissait sans cesse, si mon père était réellement en train d’écrire quelque chose, ou s’il ne faisait que du bruit.”

Il admet ouvertement la médiocrité de ses lectures, se comparant à un téléprospecteur qui ne prend pas sa respiration et continue de parler afin de garder la personne en ligne. Mais Owen déclare continuer à enregistrer occasionnellement un livre pour son père comme cadeau de Noel.

Enfin, Owen avoue que son père est un bien meilleur lecture. “Il a enregistré un certain nombre de livres au fil des années. (…) Il ne fait pas les accents, mais il est formidable à faire les voix, tempérer les propos d’un homme bourré. (…) Il est surtout bon avec le rythme, ce qui n’est pas étonnant si vous avez lu ses romans. Ces cassettes et CDs me sont très chers, chaleureux et vivants. C’est un véritable réconfort d’écouter une voix familière dans la voiture, vous raconter une histoire. Je comprends pourquoi on serait prêt à payer pour cela.”

 

Si vous voulez lire l’essai intégral d’Owen King, en anglais. Mais avons décidé de vous traduire son texte, ci-dessous.

 

Notre traduction de l’essai d’Owen King :

 

Enregistrer des livres audios pour mon père, Stephen King

 

Mon père m’a donné mon premier travail en me faisant enregistrer des livres audio sur cassette. Il appréciais ce moyen de lecture depuis longtemps, mais, comme il l’expliquait plus tard, “il y avait beaucoup de choix tant que vous ne vouliez entendre que ‘Les Oiseaux se cachent pour mourir’ ”. Alors, un jour, en 1987, il m’a donné un enregistreur de cassettes avec un lot de cassettes vierges et une copie du livre “Watchers”, de Dean Koontz, en proposant de me payer neuf dollars par enregistrement d’une cassette de soixante minutes.

C’était un plan optimiste de la part de mon père. Non seulement je n’avais que dix ans, mais je n’étais pas très bon quand il s’agissait de lire à voix haute. Mes parents et moi mêmes lisions tous les soirs, et je venais à peine à prétendre au rôle de narrateur dans la famille. Tout au long de notre exploration du livre “Enlevé!” de Robert Louis Stevenson, j’avais testé note amour pour les tentatives imprudentes d’un accent écossais pour le personnage révolutionnaire d’Alan Breck Stewart, dont le protagonniste David Balfour se lie d’amitié. Tandis qu’ils s’efforçaient de me demander d’arrêter, je n’embourbais dans certains passages.

Malgré cela, mon père m’engagea pour lire “Watchers”. (Si Stephen King veut écouter un roman de Dean Koontz, il écoutera un roman de Dean Koontz.) Et pour ces neuf dollars, un salaire scandaleux, je termina la tâche. Ou plutôt, je lu “Watchers” aussi bien qu’un enfant de dix ans le pouvais, assis au bureau de ma chambre sous un poster de Roger Clemens en plein match, bégayant sur les mots durs et laissant la cassette tourner sur mes pauses pour réfléchir aux phrases plus longues.

L’intrigue de “Watchers” suit un chien super-intelligent qui communique avec son maître humain, un ex-commando Delta Force, au travers des lettres de Scrabble. Wikipedia me dit que la principale menace dans l’histoire est un babouin génétiquement modifié, ce qui parait effrayant, mais la partie associée au Scrabble est ce dont je me souviens. Un des raccourcis que les mauvais critiques utilisent pour signaler leur dédain pour un roman de genre est d’énumérer tous les éléments hors du commun – par exemple : “[Titre du livre] se compose d’un navire de guerre en 1943, de jumeaux siamois en 2017, une intrigue de second plan impliquant un tueur en série nommé Ducky, et un cadavre qui vomit des sauterelles”- sans les mettre dans une sorte de contexte. Je pense qu’une des raisons pour lesquelles papa aime toujours me taquiner à propos de “Watchers”, c’est qu’il est sensible, à juste titre, sur ce genre de rejet. Pour l’anecdote, je ne répugnerai jamais  sans le lire un roman sur un chien magique, un ex-commando Delta Force et un babouin génétiquement modifié. Je suis certain que je n’ai pas vraiment dit que je détestais le livre. Ce qui me dérangeait c’était la facilité selon laquelle ce chien était trouvé par un ancien commando de Delta Force. C’était extrêmement chanceux, n’est-ce pas?

Je lisais beaucoup de livres, mais je n’avais pas beaucoup réfléchi à leur sujet. Je les consommais. Les livres de poche des “Three Investigators” (“Trois enquêteurs”, ndt) étaient éparpillés sur mon lit, appréciés puis jetés. Mais quand je fermais la porte de ma chambre, je m’asseyais, j’appuyais sur le bouton enregistrer du magnétophone et que j’ai commencé à lire à voix haute  “Watchers”, mon expérience de lecture a changé. Comme toujours, l’histoire a fait disparaître le monde extérieur, mais à ce moment une partie de moi est restée présente. Il est beaucoup plus difficile de négliger les mots quand ils sortent de votre bouche.

“Watchers” n’était que le début. Au travers des années de mon adolescence suivirent au moins deux douzaines d’enregistrements. Mon père embaucha également mon frère et ma soeur. Il prétendait qu’il n’essaiyait pas d’élargir nos horizons littéraires; qu’il ne voulait qu’écouter des livres. Mais ces écoutes ont assurément élargi mon horizon. Une liste incomplète de mes propres devoirs comprend la fiction grand public (“Une Paix Séparée”), la fantasy (“La Communauté de l’Anneau”), la fiction policière (“Les Arnaqueurs”, “Rouge, impair et manque”), la science fiction (“Dune”, “Ring Around the Sun”) et diverses anthologies.

Laissé à moi-même, je suis sûr que j’aurais trouvé “La Communauté de l’Anneau” et “Dune”, mais je doute que j’aurais choisi un roman comme “Les Arnaqueurs” de Jim Thompson, dont le titre ne signifiait rien pour moi, et dont la couverture d’un homme au visage simien, une femme morose fumant une cigarette, et une paire de gros dés, perchés au dessus d’un dépliant inquiétant du Boston Globe qui mettait en garde : “Choquant !”. Je devais alors avoir treize ou quatorze ans quand je lu le livre, et le monde dur et mensonger qu’il décrivait m’a surpris. Le contraste insensé de celui-ci et de “La Communauté de l’Anneau” était un plaisir en soi ; passer de l’un à l’autre était une forme de téléportation.

Ce petit boulot était également un excellent d’exercice pour l’écriture. Fermer ma porte et m’asseoir à mon bureau faisait écho à ce que mes parents faisaient chaque jour quand ils s’enfermaient dans leurs bureaux respectifs et y restaient assis des heures entières. (Papa retournait parfois au travail après le dîner et y restait dans la nuit. Si, couché dans le lit à l’autre bout de la maison, je discernais la ligne de basse d’un album d’AC/DC qu’il aimait écouter très fort, je savais qu’il travaillait.)

J’ai été alarmé par le temps que mes parents passaient seuls. Je ne pouvais pas comprendre comment ils pouvaient le supporter. Je pensais qu’être écrivain devait être non seulement le pire travail au monde, mais également le plus effrayant. Je me souviens avoir traîné sur les marches devant le bureau de papa, avec Marlowe, notre corgi, affalé devant sa porte. Marlowe faisait parti des créatures les plus grégaires, mais si papa fermait la porte, il s’effondrait devant. Sa tragédie était ma meilleure opportunité de le caresser, alors je restais également planté là. Avec le bruit incessant des touches de papa en fond sonore. Il m’est venu de demander, une fois, tandis que je caressais Marlowe et que le cliquetis des touches continuait, si ce que tapait mon père était réellement quelque choe de précis, ou s’il faisait juste le plus de bruit possible afin de garder les choses mauvaises à l’écart. 

À ma connaissance, aucune bande de “Watchers” n’a survécu, bien que j’ai ma lecture de “Dune”. C’est un document lamentable : je narre, renifle et souffle comme un télémarketeur qui se bat pour garder la personne à l’autre bout du fil. Mais je continue d’enregistrer, occasionnellement, un livre en cadeau pour mon père. Il y a quelques années, j’ai entrepris “Guerre et Paix” comme cadeau de Noël. Il a fini par être livré avec deux Noëls de retard, et j’ai commis des crimes contre le dictionnaire russe que seul Dieu peut pardonner, mais je crois que cela représentait une amélioration majeure de ma technique. J’étais peut-être un mauvais Alan Breck Stewart, mais j’avais la bonne idée : quand on lit pour quelqu’un, il est plus facile pour eux de comprendre la langue si vous mettez un peu de caractère dans les personnages. Vous n’appelez pas pour vendre quelque chose. Vous lisez au sujet d’un homme énervé avec une épée.

Papa est un bien meilleur lecteur que moi. Il a enregistré un bon nombre de livres au fil des années : des romans de Louise Welch, Jon Hassler, Graham Greene. Il ne fait pas beaucoup d’accents, mais il est formidable pour imiter certaines voix, atténuant le discours d’un ivrogne, ajoutant une touche de ricanement à un personnage dur. Ce à quoi il est particulièrement bon, c’est le rythme, rien d’étonnant si vous lisez ses romans. Ces cassettes et ces CD sont très spéciaux pour moi, chauds et vivants. C’est réconfortant d’avoir une voix familière dans la voiture qui vous narre une histoire. Je comprends pourquoi vous seriez prêt à payer pour cela.

 

 

Profitons-en pour signaler, que, si vous êtes intéressé par découvrir la voix de Stephen King en tant que lecteur, nous avons une partie dédiée aux lectures réalisées par Stephen King dans notre livre “Les adaptations de Stephen King”

 

les adaptations de stephen king

 

 





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