A l’occasion de l’arrivée de la série « Mr Mercedes » sur la nouvelle plateforme américaine de streaming, Peacock, Stephen King évoque ses adaptations, dans une nouvelle interview avec le Washington Post.
Les adaptations qui adaptent correctement ses livres, mais aussi celles qui « déraillent ».
Ce qui suit est notre traduction de l’interview publiée hier sur le site du Washington Post.
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De manière très ironique, Halloween a toujours offert une courte pause des horreurs du monde réel. Cela pourrait bien être réel en 2020. Et parce qu’on doit s’attendre à avoir moins de gamins participant à Halloween, cette année, nous avons également plus de temps à passer avec des films d’horreur, ce qui veut dire, passer probablement plus de temps dans le monde de Stephen King.
De « Carrie » à « Ça« , des oeuvres tellement agréables qu’elles ont été adaptées à deux reprises, beaucoup de nos films d’horreurs préférés ont à la base vu le jour sous la forme de ses romans. Mais toutes les adaptations de Stephen King ne sont pas égales, particulièrement dans l’esprit de Stephen King.
C’est un fait notable que Stephen King déteste la version de Kubrick de son roman « Shining », le qualifiant de « belle cadillac sans moteur ».
Donc qu’est-ce qui fait une bonne adaptation de Stephen King?
Etant donné que « Mr Mercedes », adaptant la trilogie de romans de Stephen King, vient de débuter sur la plateforme de streaming Peacock, nous avons discuté avec le prolifique auteur de la manière de faire une bonne adaptation de ses livres, si il a son mot à dire, et quelle adaptation a déraillé de son oeuvre.
WP : Quand vous regardez les adaptations de votre oeuvre qui ont été faites à travers les années, est-ce que votre philosophie sur ce qui fait une bonne adaptation a changé? D’un autre coté, avez-vous eu un changement culturel sur la manière dont les gens adaptent vos histoires?
Stephen King : En terme de culture, il y a beaucoup plus de libertés. Il y a aussi beaucoup plus de capacité à aller là où il n’était pas possible d’aller. Quand je repense à certaines des mini-séries que j’ai fais pour ABC, dans les années 70s (« Les vampires de Salem« ) et les années 80s, même dans les années 90s, les choses ont considérablement changé. Il y a plus de liberté et d’espace pour se développer, grâce au streaming.
On peut véritablement raconter un roman maintenant. « Mr Mercedes » (qui suit les aventures du détective Bill Hodges, ndlr) en est un bon exemple. Les trois saisons adaptent les trois romans de la trilogie, ce qui est incroyable.
WP : Le gain de cela semblent évidents, il est possible de couvrir bien plus de matériel, et ne pas en délaisser autant. Qu’est-ce qui est, pour vous, l’aspect le plus positif d’en avoir le temps? Et pensez-vous que cela peut avoir un aspect négatif?
Stephen King : C’est une épée à double tranchant. Si on donne plus de temps au public, ils peuvent se perdre. C’est possible de faire des choses qui sont ennuyeuses et prennent beaucoup trop de temps. On peut le voir avec le streaming, bien que je ne donnerai pas de noms.
Le vrai avantage est qu’avec les séries télévisées conventionnelles, si on se repenche dans les séries des années 60s et 70s, chaque épisode se ressemblait. D’une certaine manière, c’est toujours vrai sur certaines chaines. Il y a une histoire qui avance dans des séries comme « The Blacklist », mais c’est principalement toujours la même chose qui se répète. « Law & Order : Special Victims Unit » est un autre exemple où chaque épisode est une nouvelle affaire, mais ce sont les mêmes personnes et ils font face au même genre d’obstacles.
Avec une histoire qui se continue, comme « Mr Mercedes », vous pouvez avoir un début, un milieu et une fin. On peut vivre une sorte d’apogée. Et dans certains cas, on peut continuer si on trouve quelque chose qui permet de raconter une autre histoire avec ces mêmes personnages. Il y a une série sur Netflix, intitulée « The Sinner » qui fait ça plutôt bien. « The Killing » en est un autre exemple.
WP : Je pense que nous serons tous les deux d’accord sur le fait qu’il y a eu des adaptations de vos histoires qui ont rencontré un énorme succès, et d’autres qui l’espéraient. Qu’est-ce qui fait de « Mr Mercedes » une bonne adaptation? Y a t’il une ligne, des qualités que cette série partage avec d’autres adaptations que vous admirez?
Stephen King : Les personnages me semblent très vrais. Ils semblent faire ce que je ferai dans ces situations… « Under the Dome » (sur CBS) était une qui a complètement déraillé, parce que les personnages se comportaient de manière qui ne semblait pas réaliste. Une chose qui m’a tué est que l’on n’entendait jamais et nulle part le son d’un générateur. L’électricité persistait. Tout semblait propre. Tout allait bien, sauf qu’ils étaient coupés du reste du monde. Et ce n’est pas ce qu’il se passerait…
Si on demande aux gens d’accepter ces idées, il faut qu’il y ait un sens de réalisme avec, qui vous y implique.
WP : Plus tôt dans l’année, j’ai discuté avec des auteurs et réalisateurs sur les joies et les difficultés de canaliser votre fiction. Richard Price, le showrunner de la série « The Outsider » (chez HBO) m’a dit quelque chose qui m’a marqué : « La pire chose qu’il est possible de faire en adaptant quelque chose est d’être trop fidèle parce vous êtes trop respectueux de la beauté de l’écriture, de la voix, de l’enchainement des événements ». Pensez-vous que ce soit vrai?
Stephen King : Oui, c’est juste. Il y a des choses dans « Mr Mercedes » (je ne vais pas faire de spoilers), mais il y a des choses qui ne sont pas dans les livres et que j’adore vraiment. Je vais juste en partager un : il y a une séquence, dans la troisième saison, où un gars qui se fait tirer une balle dans le nez, comme quelque chose sorti (d’un roman de) Elmore Leonard. Ce n’est pas dans les livres, mais ça marche parfaitement dans la série. Très souvent, je pense que les choses qui marchent vraiment sont des choses qui respectent l’intention du roman et qui sont en meme temps très visuelles.
WP : Quand quelqu’un adapte votre oeuvre, dans quelle mesure êtes-vous consulté?
Stephen King : J’avais le dernier mot sur le scénario de tout ce qu’il y dans la série « Mr Mercedes ». Après les deux ou trois premiers épisodes, je lisais les scénarios parce que je les appréciais, pas parce que j’avais besoin de leur donner un regard critique. Je travaille maintenant avec le très talentueux réalisateur Pablo Larrain sur une mini-série pour Apple+ intitulée « Lisey’s Story » (Histoire de Lisey. Il est intéressant de noter qu’il ne l’appelle pas « Faces » qui était un titre présumé de la série, ndlr). Il a beaucoup d’idées qui ne digressent pas de l’histoire mais qui sont des choses visuellement très belles, qui nécessite beaucoup d’énergie. C’est comme avoir une perception bien plus profonde, parce que c’est un peu comme si je suis le premier regard et qu’il est le second….
Si vous voulez vraiment percer dans cette industrie, il faut se rapprocher de personnes talentueuses que l’on connait et leur dire « D’accord, je vais reculer. Je ne vais pas regarder par dessus ton épaule et t’embêter. Vas-y, fais ce que tu sais faire car tu es bon à ce que tu fais.
WP : Que pensez-vous être la chose la plus facile à perdre en transposant de la page à l’écran?
Stephen King : Une des choses que j’essaie de faire dans les livres, c’est d’être juste avec les personnages, d’essayer de les respecter et de les aimer. Ce que j’aime vraiment faire, et je pense avoir un peu de succès à ce sujet, c’est d’amener les lecteurs a ressentir comme si ils connaissent les personnages. Qu’ils arrivent à ressentir les rondeurs des personnages, les bonnes choses, comme les mauvaises. Je veux que vous vous préoccupiez des personnages. Je veux que vous tombiez amoureux des bons personnages. Les méchants, je veux que vous voyez pourquoi ils sont méchants.
Une série comme « Mr Mercedes », il y a combien d’épisodes au final? Probablement 28 ou 29 au travers de trois saisons. C’est assez de temps pour que, si les personnages ne sont que des découpes de carton après tout ce temps, c’est que ça n’a pas été très bon et que les gens qui ont été embauchés pour l’adapter et qui qui étaient investis, ne l’ont pas bien fait.
En complément à cette interview, Stephen King a publié hier, sur le site du Washington Post, une tribune autour des élections américaines. Y invitant les lecteurs à voter pour Biden.
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