Stephen King témoigne contre la concentration des éditeurs du milieu littéraire

Devant le parquet d’un enquête du gouvernement américain, Stephen King a témoigné hier sur le le sujet de la concentration des acteurs de l’édition.

Il s’y est montré inquiet du projet de fusion de deux géants du secteur, affaiblissant les auteurs qui n’ont pas déjà rencontré un certain succès. 

Si on avait appris en 2020 que le conglomérat VicacomCBS voulait vendre son groupe d’édition Simon & Schuster.

Par la suite, on avait appris que la vente devrait se faire pour environ 2.175 milliards de dollars (un peu moins de 2 millions d’euros) et que c’était Penguin Random House qui devait acheter Simon & Schuster.
Penguin Random House qui était déjà depuis 2013 une fusion des groupes Penguin et de Random House.

Mais, à l’inverse du gouvernement français qui a voté pour la suppression de la redevance audiovisuelle ce qui facilite la concentration d’influence des médias français puisque disparition des médias français publiques, le gouvernement américain ne semble pas très partisan de laisser cette nouvelle fusion se réaliser.

En effet, la fusion Simon&Schuster / Penguin Random House est actuellement sous le coup d’une enquête antitrust, le gouvernement américain étant inquiet des dérives de comportements monopolistiques que cela pourrait entrainer : tant pour les lecteurs que pour les auteurs qui se trouveraient avec un pouvoir de négociation amoindris de par la puissance du groupe d’édition.

Mais si Simon & Schuster est depuis 1998 son éditeur américain (suite à la publication de « Bag of Bones » / « Sac d’os » en français »), Stephen King a décidé de communiquer sur ses inquiétudes concernant cette fusion. 

Stephen King a donc témoigné hier devant l’enquête antitrust à Washington DC. Comme le rapporte le New York Times, il a accepté de témoigner parce que « la consolidation est mauvaise pour la compétition ».

Pendant une demi-heure, le romancier américain a partagé son expérience en tant qu’auteur bestseller qui a démarré sa carrière au milieu des années 70s, quand les auteurs anglophones pouvaient encore démarcher les éditeurs sans passer par l’intermédiaire d’agents. 
Depuis, le nombre d’éditeurs a beaucoup chuté, puisque beaucoup d’entres eux ont mis la clé sous la porte, ou ont été rachetés par des éditeurs concurrents.

Toujours selon Stephen King, cette concentration d’éditeurs a mené à une baisse des avances pour auteurs, bien qu’elles n’aient jamais été très généreuses pour les auteurs inconnus. Stephen King déclare avoir eu de très petites avances pour ses premiers romans, et qu’il est de plus en plus difficile pour les nouveaux auteurs « de trouver assez d’argent pour vivre ».

Depuis, Stephen King a su se batir une fortune et a pu se constituer une sécurité financière, qui l’a permis à publier des livres chez des éditeurs plus petits et/ou indépendants parce que sachant l’importance que ces livres auront auprès d’éditeurs indépendants.
On pense notamment aux trois livres – « Colorado Kid » / « Joyland » / « Après » – qu’il a publié chez Hard Case Crime, bien qu’appartenant depuis 2011 au groupe Titan Books, mais également aux éditions limitées qu’il autorise chez PS Publishing.

Quel sera l’impact de ce témoignage de Stephen King sur sa relation avec son éditeur, cherchant à bloquer son rachat?
On ne sait pas, d’autant que Stephen King est un de leur auteur bestsellers, mais cela ne semble pas inquiéter le romancier : 

« A un moment donné, si tu es très très très chanceux, tu peux arrêter de prêter attention à ton compte bancaire et suivre ton coeur ».

Rappelons aussi que la sécurité financière que Stephen King s’est créé au fil des décennies lui a permis de lancer plusieurs fondations : dont la « Stephen and Tabitha King Foundation » via laquelle le coupe redistribue localement un tiers de leurs revenus annuels pour aider des associations et organisations dans des projets importants localement.

Mais également la « Haven Foundation » qui vient en aide aux artistes freelances qui doivent faire face à des aléas de la vie leur empêchant de réaliser leurs arts, donc de toucher des revenus et donc de subvenir à leurs besoins.

Ci-dessous des photos de l’arrivée de Stephen King :