Découvrez notre traduction de l’interview exclusive de Stephen King accompagnant la réédition poche américaine du roman « Histoire de Lisey » pour la sortie de la série.
Rappelez-vous : début juin, la série « Histoire de Lisey » , arrivait sur Apple TV+
Pour accompagner cette sortie, l’éditeur américain de Stephen King avait sortit une nouvelle version poche du roman reprenant un poster de la série (ce qui s’appelle un movie tie-in, dans le jargon) mais contenant aussi une interview exclusive.
On a décidé de vous proposer, ci-dessous, une retranscription.
Pour des questions de droit d’auteurs il a été décidé de ne pas traduire intégralement l’interview de 11 pages du livre, mais plutôt de vous faire une petite synthèse des réponses
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Il a été dit que « Histoire de Lisey » est une de vos histoires les plus personnelles. Est-ce quelque chose avec laquelle vous êtes d’accord? Pouvez-vous nous en dire plus sur l’inspiration de la vie réelle derrière cette histoire?
King mentionne qu’il s’agit d’un de ses livres préférés. Pas forcément son préféré « parce que j’ai beaucoup d’enfants et je ne veux pas qu’ils se sentent mal », mais trouve que ce roman résonne vrai chez lui, d’une manière bien profonde. Il signale que ce roman lui a été inspiré par son retour de l’hopital quand il a faillit mourir d’une pneumonie en 2000 et que son bureau était complètement vide car sa femme Tabitha voulait le repeindre et le redécorer. Le voyant ainsi, vide, il s’est dit qu’il était mort et devenu un fantôme. L’idée du roman vient de se moment, et quand il s’est demandé comment réagirai sa femme sans lui. Mais s’il insiste sur le fait que Tabitha n’est pas Lisey, il admet que cela l’a aidé pour la fondation sur laquelle il a créé une fiction. Sur une base de vérité.
Vous avez écrit tous les scénarios. Comment avez-vous décidé d’écrire huit heures de télévision?
Il a déjà écrit plusieurs scénarios et généralement son attitude c’est de laisser l’histoire prendre vie, comme pour laisser partir un enfant à l’université. « On espère que tout va bien se passer, qu’il n’y aura pas de problèmes et que ce sera une super expérience. »
Il ne se sent pas autant attaché avec les adaptations, sauf avec « Histoire de Lisey. »
« Histoire de Lisey est très différent pour moi. C’est vraiment très proche de mon coeur. »
Il évoque alors plusieurs raisons : parce qu’il l’a écrit après avoir été très proche de mourir, mais aussi parce qu’il a écrit un Scott Landon qui lui parle, qui lui ressemble. Il a écrit sur un écrivain, d’où viennent ses idées et sur le fait que quand les auteurs imaginent des choses ils partent dans un autre monde.
Il y avait déjà eu des discussions pour adaptation Lisey, mais il avait tenu à garder les droits. Un jour, il a vu une série intitulée « The Assassination of Gianni Versace » (la saison 2 d’American Crime Story, 2018) et tous les épisodes avaient été écrits par la même personne. Ce qui l’a inspiré pour faire la même chose avec Lisey, avec l’idée que les plateformes de streaming offrent plus de libertés et de temps pour lui faire cela.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les challenges qu’impliquent le fait de transposer le roman en huit épisodes, surtout du point de vue de la narration?
Stephen King admet ne pas être sûr d’avoir été en mesure de le faire s’il n’avait pas déjà écrit des mini-séries pour d’autres chaines. Ce qui lui a permis d’apprendre comment le faire, de manière presque rituelle : il y avait 7 pauses commerciales, il fallait faire monter la tension jusqu’à la première pause et puis redescendre après, pour monter crescendo jusqu’à la prochaine pause. Etc.
Mais Apple TV+ apporte un autre rythme puisqu’il n’y a pas de pause publicitaire. « C’est un rêve devenu réalité, parce que c’est comme un film mais avec de la longueur et de la profondeur. » Ajoutant que pour lui, l’écriture d’un film inspiré d’un roman lui a toujours donné l’impression de remplir à fond une valise et d’essayer de la fermer.
Il parle alors des spécificités de l’écriture pour une plateforme sans publicités, du nombre de pages correspondant à un épisode et rappelle que le plus important est de raconter une histoire dans chaque épisode et d’amener le spectateur au stade où il se dit qu’il doit revenir pour voir la suite.
En construisant ces épisodes de manière à inciter le public à voir la suite, avez-vous trouvé une quelconque partie de l’histoire qui se faisait seul comme une histoire indépendante ou comment une sorte de fort microcosme?
Stephen King mentionne l’enfance de Scott. Une histoire horrible qu’il raconte et qui se tient par elle-même. Avec un début, un milieu et une fin.
Vous avez écrit tous les scénarios, mais quelle a été votre implication après les avoir livré?
King déclare qu’il n’y a que deux manières de faire le boulot : soit de s’impliquer complètement, soit pas du tout. Quand il s’implique, il écrit des choses qui lui tiennent à coeur parce qu’il fait partie de l’équipe créative et veut supporter la production autant que possible.
Quand il ne fait qu’écrire, il peut quand même faire autre chose : être présent. Car s’il n’a plus grand chose à apporter, il faut quand même pouvoir répondre à des questions, être présent quand il y a des problèmes et faire ce qui est possible.
Il salue le talent de l’équipe de la série, est content d’avoir été très supporté par cette équipe, et il voulait à leur tour les supporter autant que possible.
Dans quelle mesure est-ce que la série est différente du livre? Quand vous avez commencé le processus (créatif), étiez-vous ouvert à l’idée qu’elle soit très différente, ou aviez-vous pour mission de raconter l’histoire telle quelle est dans le livre?
Stephen King répond avoir voulu raconter l’histoire du roman, tout en voulant la rendre meilleur. De plus il se dit avoir été ouvert aux remarques du réalisateur Pablo Larrain. Il évoque alors qu’une des choses les plus importantes qu’il ait fait était de compresser l’histoire : si le roman contient cinq soeurs, il n’y en a que trois dans la série. Il a aussi réduit les dialogues pour les rendre plus directs.
Comment est-ce que c’est que de passer une histoire aussi personnelle à un réalisateur comme Pablo Larrain, qui a une vision artistique si spécifique?
S’il déclare avoir regardé tous ses films, King avoue avoir été particulièrement frappé par « Ema » (2019). Parce qu’il est très différent de ses autres, très coloré. Il admet aussi avoir été un peu sceptique au début de travailler avec des personnes créatives parce qu’il y a parfois des différences d’opinions insurmontables.
Mais King dit que Pablo a clairement amélioré le projet. « Une fois qu’il a laissé sortir son enfant intérieur, nous étions sur la longueur d’onde sur beaucoup de trucs. J’ai commencé à le voir comme un partenaire, non pas comme un agent de changement. »
Peut-être que cela entre trop dans les territoires des spoilers, mais pouvez-vous nous parler des origines de Boo’ya Moon? Bien évidemment vous en aviez une vision très précise. Est-ce que la vision de Pablo est au-delà entrée en conflit avec la votre? Comment est-ce que cela s’est fait?
Stephen King répond que Scott Landon ne parle à personne de son enfance, alors qu’elle imprègne pourtant ses histoires. Il évoque l’enfance difficile de Scott et que Boo’Ya Moon (Na’Ya Lune, en français) , est une sorte de repère. Mais s’il s’agit d’un monde magnifique, il est également dangereux.
Pour créer ce lieu, Pablo et lui ont commencé par partager différentes visions, qui ont ensuite été créées par des artistes. L’équipe de production a ensuite réalisé d’incroyables dessins et l’ont (principalement) créé en studio. « C’est une chose belle et d’un autre monde. »
En parlant de collaborateurs, vous avez une relation de plutot longue durée avec JJ Abrams. Pouvez-vous nous parler un peu de votre collaboration avec lui? Y a t’il quoi que ce soit que vous pensez qu’il ait apporté à ce sujet?
King décrit JJ ABrams comme un homme imaginatif qui se sent à l’aise dans les sujets spéculatifs, telles que les séries « Fringe » et « Lost ». Il savait qu’ils ont un lien par rapport au Maine (il est marrié à une fille ayant grandit de l’autre coté de la rivière où King a grandit) mais ne se sont rencontrés que lorsqu’un magazine les a rassemblé pour un article sur « Lost ». Et il y a eu un bon feeling entre eux deux.
Est-ce que vous lui avez apporté le projet, ou est-ce lui qui vous a approché?
C’est Stephen King qui a apporté le projet à JJ Abrams. Il l’a d’abord proposé à Ben Stephenson de chez Bad Robot puisque celui-ci faisait beaucoup de longs formats télévisés. (Exemple : Castle Rock, Westworld, Lovecraft Country). Ben et JJ étaient tous les deux curieux de voir ce que ça pouvait donner, et surtout encourageants. C’est une des choses qui plait chez JJ Abrams : qu’il soit encourageant.
La série a un casting de stars, mené par Julianne Moore en tant que Lisey. Quelle était votre implication concernant le casting?
Stephen King était clairement enthousiaste d’avoir Julianne dans la série. « J’ai répondu oui, oui, oui et oui. » Parce qu’elle est incroyablement talentueuse. Elle a remporté un Oscar et est dans ce métier depuis assez longtemps pour savoir ce qu’il faut faire et ne pas faire. Et quand elle était elle-même excitée par l’histoire et le scénario, King était plus qu’heureux. Il était sur un petit nuage.
Il a sentit la même chose pour Clive Owen (Scott Landon), qui avait déjà travaillé avec elle. Et tous les deux ils ont un « magnétisme » ensembles.
Il se déclare tout aussi ravi par le casting des soeurs J (Jennifer pour Julianne, Jennifer, Joan).
Pouvez-vous nous parler un peu plus de Lisey en tant que personnage, et pourquoi Julianne Moore est l’actrice parfaite pour le rôle?
King dévoile que s’il est auteur depuis 40 à 45 ans, il est marrié depuis près de 50 ans. Et que Tabitha sait donc ce que c’est qu’être la femme d’un écrivain. Ne pas être nécessairement méprisée mais ne pas être considérée. « Quand des gens participent à des interviews et ce genre de choses avec ceux qui écrivent des histoires, on ne voit pas nécessairement l’autre partenaire de la relation, bien qu’elle soit très très importante. »
Il avait alors pensé à toutes les choses qu’elle a fait pour lui et toutes les manières via lesquelles elle l’a supporté à travers les années, donnant des exemples. King évoque alors la scène dans laquelle Lisey le sauve. Il a tenu à inclure cette scène au début du roman « parce qu’elle est symbolique de notre relation entière. »
Quand vous écrivez un livre, est-ce que vous vous dites : « Si cela devient un film un jour, ou une série, je pense que cet acteur serait génial? »
« Je ne pense jamais à une adaptation en film ou télévisée quand j’écris un livre parce que je le vois dans ma tête. Je n’ai pas besoin d’avoir un film pour compléter l’histoire. Mon premier éditeur (Bill Thompson, découvrez une interview avec Bill Thompson, l’éditeur ayant découvert Stephen King) avait l’habitude de plaisanter » en disant que Stephen a un projecteur dans sa tête.
Pouvez-vous nous parler de la relation entre Scott et Lisey?
King parle du monde que ce créer un couple face au reste du monde. Leurs expressions bien à eux, le faire de rire à des choses que les autres ne peuvent pas comprendre.
« Je trouvais que ça parlait de quelque chose que je voulais évoquer, que les longs marriages se créent son propre Boo’Ya Moon. Les gens en dehors de ce marriage ne le voient pas, c’est un lieu secret. Nous sommes en quelque sortes sur nos petites iles et nous n’avons pas beaucoup de contact avec les autres personne. On parle, on s’embrasse, parfois on se frappe quand on est bourré dans un bar, mais je pense que fondamentalement on est seuls. Même dans un marriage, je pense que les partenaires (homme et femme, femme et femme, homme et homme, qu’importe qui se trouve dans une relation de longue durée) ont des secrets. Il y a une séparation. Mais seulement dans le marriage, et un long marriage, on est proche, vraiment proche de l’autre personne ».
Il mentionne alors que la série sera probablement perçue comme une série de genre car il est connu comme un écrivain d’horreur. Même si ce qui l’intéresse en particulier c’est le surnaturel. S’il espère que les gens verront la série comme faisant peur, de bien des manières, il pense qu’en son coeur, c’est une histoire d’amour. Entre un homme et une femme qui sont des âmes soeurs, qui sont amoureux. Et qu’il y a l’histoire d’une femme courageuse prête à presque n’importe quoi pour sauver la vie et la santé mentale de son mari.
L’idée de fans harceleurs est présente dans vos histoires. Pouvez-vous nous en parler et comment est-ce que cela s’intègre dans « Histoire de Lisey »?
En écrivant les personnages de Gerd et de Jim, Stephen King admet avoir principalement pensé à Mark Chapman, l’assassin de John Lennon… un gros fan de Lennon, qui lui avait même fait dédicacer un album avant de le tuer.
Il raconte l’anecdote de la personne qui était entré chez lui et a menacé sa femme avec une fausse bombe.
Mais il déclare que Dooley est plutôt un fan pathologique du genre d’Annie Wilkes. Et que Dane DeHaan le joue à merveille dans la série.
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