Histoire de Lisey
Editions – Résumé – Livre audio – Commentaire de la traductrice – Couvertures
Titre Original : Lisey’s Story (2006)
France :
– Grand format : publié pour la première fois en France en 2007, chez Albin Michel
– Poche : disponible chez Le Livre de Poche
– Livre audio : chez Audiolib
Lisey est veuve depuis deux ans du célèbre écrivain Scott Landon. Aidée de sa sœur aînée, Amanda, elle décide un jour de trier les affaires qui se trouvent dans l’annexe de sa maison et qui servait de bureau à son mari. Seulement Amanda, très fragile psychologiquement, entre en crise d’automutilation le soir même alors que Lisey essaye de reconstituer un « jeu de piste » laissé par son défunt époux. Le même jour, Lisey est menacée et harcelée par Jim Dooley, un pervers violent qui exige qu’elle lui remette les œuvres non publiées de son mari.
Cela fait beaucoup de choses pour la veuve qui se retrouve alors confrontée à tout un pan de son passé et à celui de son mari qu’elle avait profondément refoulé.
SPOILERS (surlignez le passage suivant si vous voulez des informations clés de l’histoire…)
Ainsi, petit à petit elle se remémore avec quelles facilités Scott cicatrisait, quel était ce monde fascinant et dangereux dans lequel il disparaissait quelque fois et où elle s’était également rendue. Elle se souvient de ce que son mari lui avait raconté de son enfance abominable, de son père et de son frère décédés tous deux dans des circonstances affreuses.
Elle comprend alors comment elle va pouvoir aider sa sœur qui s’est totalement renfermé sur elle-même au point de devoir être hospitalisée; et comment par la même occasion elle va pouvoir se débarrasser de celui qui la harcèle et pour qui les manuscrits de Scott ne sont qu’un prétexte pour terroriser et torturer Lisey.
C’est en accédant au monde de « Naya lune », le monde de Scott, que Lisey pourra retrouver Amanda, en finir avec Jim Dooley sans laisser de traces et surtout découvrir la fin du jeu de piste laissé par son époux avec, au bout du compte, le dernier récit de Scott destiné à elle seule: l’histoire de Lisey.
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HISTOIRE DE LISEY, en livre audio
Lu par Marie Bouvier
Editions : Audiolib, exclusivement en version digitale
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Avis personnel, herbertwest, 2007
Ce roman de Stephen King, sorti en novembre 2006 aux USA, et publié en septembre 2007 par Albin Michel (France) est sans aucun doute une des meilleures fictions de l’auteur, mais également dans un certain sens un récit très autobiographique, certainement, très intime. Stephen King a dû mettre dans la trame de cette histoire des élements qui je pense concernent l’héritage qu’il laissera a sa femme le jour où il trépassera (et ça a souvent du lui traverser sa tête depuis son accident de 1999).
L’histoire semblant complexe est en fin de compte relativement simple & efficace: cependant, les flashs backs, les souvenirs, les intrigues se croisant; ainsi que de nombreux voyages (à Na’ya Lune) donneront au récit une dimension plus puissante, plus impressionnante… mais également plus touchante.
Un auteur d’histoires d’horreur, très prisé par les collectionneurs.. ça ne vous dit rien?
Est ce que Stephen aurait peur que Tabitha King soit harcelée quand il trépassera? Surtout que l’on sait tous que Steve est un écrivain très prolifique et qu’il a bon nombre d’histoires jamais publiées que certains collectionneurs aimeraient bien pouvoir lire… (moi le premier tiens!)
Steve à travers ce roman nous livre donc un univers très personnel, avec un certain nombre d’anecdotes sentimentales (on aura de cesse de jongler entre l’instant présent, les souvenirs, et Na-Ya-Lune, sans oublier que Lisey est pourchassée par un psychopathe, qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le John Shooter de « Vue imprenable sur jardin secret »).
Les fans de Stephen King qui aiment les histoires dans la veine de Sac D’Os, Rose Madder, le Talisman, ou encore « Vue imprenable sur jardins secrets » (histoires auxquelles, par exemple, pourra rapidement êtres assimilée ce récit ) trouveront leur lot de surprises et curiosités.
Pour tous les autres fans, ne vous en faites pas : ce récit est également pour vous : ce séjour intime dans la vie de Lisey est agréable!
Un pari réussi de la traductrice, qui a su retranscrire à merveille la jungle de vocabulaire créée spécialement par l’auteur ( Stephen King ) & partagée entre le couple Lisey/ Scott : car ceux-ci possèdent un langage qu’ils sont parfois les seuls à comprendre (donc défi pour la traduction : rendre les termes compréhensibles tout en gardant l’idée de messages personnels, de codes secrets…) Tels que « toufu » (à la place de foutu), ou encore « merdre » au lieu de merde…
Bon nombre encore de curiosités linguistiques (pour qualifier les jeux de pistes… ou expressions telles que « vacht’ment hhhénaurme ») que la traductrice nous livre et nous aide à comprendre (et nous familiariser avec). Sans oublier, la richesse d’accents dans les dialogues (Jim Dooley, un des personnages récurents en possède un… horrible!)
Mais que ceci ne vous effraie pas, au contraire : cela rend le livre encore plus puissant, crée une sorte de mythe autour (un peu comme la Tour Sombre..), et on dévore les 566 pages de ce roman, qui, comme l’avis de bon nombre de lecteurs, constitue selon moi une des meilleures pièces de l’auteur!
Mettons fin aux préjugés qui sont bien trop souvent colportés : Stephen KING maître de l’angoise : mais pas que! Egalement maître ès fiction!
Ddelph, 2008
L’histoire de Lisey est un roman de King difficile à lire au départ. Les 100 premières pages sont ardues, notamment par l’utilisation du vocabulaire imaginaire inventé par Scott et utilisé par le couple. Les évènements ne commencent à se mettre en place que par la suite mais dès lors, il est impossible de résister à l’attrait de ce livre. En fait, de la même manière que Lisey, nous ne comprenons pas ce qu’il se passe au départ, des bribes de son passé lui reviennent et paraissent difficiles à lier entre elles. Pourtant tout s’éclaircit au fur et à mesure qu’elle accepte de se replonger dans ses souvenirs et alors, pour le lecteur tout devient plus clair également. C’est un livre admirablement bien construit qui nous prouve encore une fois à quel point Stephen King est doué pour nous faire entrer dans l’intimité d’un couple sans que l’on s’y sente de trop.
Commentaire de Nadine Gassie, la traductrice, concernant la difficulté de traduire ce roman
Extraits d’une discussion email avec Nadine Gassie, 2007:
Vous avez un petit aperçu de quelques-unes de mes trouvailles : en particulier le tissage d’un réseau dans le champ sémantico-homophonique signifiant de « nard » (ou « nar » je ne sais pas quelle ortographe a été choisie sur les dernières épreuves…) pour « bool » (nard, mare, narre, marre, dard, dare-dare, phare, lare, tard, tare, etc : c’est un champ lexical très très riche, tout comme l’est « bool » en anglais : pool, fool, cool, bull, full, pull, tool, boom, boon, moon, etc.) et on arrive logiquement à « Na » pour « Boo » (dans Boo’Ya Moon) : « boo » étant une onomatopée enfantine pour dire « houh » ou « na » comme disaient les enfants de mon temps… j’espère qu’ils le disent toujours !! Bref, c’est de la traduction littérale !!! Souvent pour arriver à convoyer la multiplicité des sens, c’est à la lettre qu’il faut s’attacher, c’est le mot qui transporte sa sonorité, laquelle résonne dans les multiples champs d’application signifiante du terme, qui interragissent et se répondent les uns aux autres (intime, poétique, politique, philosophique, conscient et inconscient, ludique, etc…), donnant ainsi toute son ampleur et sa valeur au message, qui peut réellement « travailler » le lecteur.
Pour moi, littérature et lecture sont travail sur le corps et l’esprit, entreprise de guérison et de métamorphose profonde. « Ca » parle, en nous, à travers nous, au-delà de nous, avant nous et après nous… C’est bien ce que nous dit King, dans toute son oeuvre, et dans Histoire de Lisey. C’est ce que j’ai essayé de faire dans ma trad. : faire résonner la langue, à tous les niveaux, pour que ça nous travaille, profondément, longtemps, et y compris à notre insu.
« Cigarette-moi » c’est aussi du littéral : quand Scott veut fumer au lit, il dit à Lisey : « Cigaret-me, babylov » : « Cigarette-moi, babylove ». Faire d’un nom un verbe, jouer avec les mots, ce que fait très facilement l’anglais et qu’hésite trop souvent à faire le français : j’essaie dans mes traductions de faire bouger le français. Ici, dans Histoire de Lisey, c’était un terrain de jeu particulièrement propice, et je me suis fait plaisir et j’ai emprunté des expressions à ma fille qui n’arrête pas de bousculer la langue : les gens qui font du vélo, ils « vélotent », ce sont des « véloteurs », etc. C’est à elle (11 ans et demi) que je dois la plus grande trouvaille dans cette traduction… Je ne vous en dis pas plus, vous verrez.
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King est un auteur éminemment politique et subversif, et il n’était pas question pour moi de le banaliser, d’en faire juste un auteur de divertissement, alors que précisément Histoire de Lisey est l’emblème de cette posture de King en tant qu’écrivain et en tant qu’homme. S’il se révèle difficile à lire (au premier abord, car en fait c’est facile si, comme je vous le dis, on entre dans le jeu et on se laisse emmener), alors tant mieux, car c’est que ce qu’il a dire est complexe, et résonne à de multiples niveaux. C’est aussi ce que je vous disais précédemment : j’ai tenté dans ma traduction de faire résonner tous ces niveaux. Un texte « normé », policé, aurait effacé tous ces réseaux signifiants de l’oeuvre. Il faut avoir à l’esprit aussi (enfin, bizarrement, c’est une prise de conscience qui peut être lente…) que ce discours est aussi celui de Lisey (les lecteurs ont trop l’habitude d’assimiler narrateur et auteur, de se dire « je lis du King » par ex. or ici ils lisent « du Lisey » !) : tout le bouquin est le relais de la voix intérieure de Lisey (c’est son histoire et c’est elle qui la raconte), Lisey qui se parle constamment à elle-même, parle à Scott, parle au lecteur (toutes ces instances narratives se trouvant confondues, comme se trouvent confondus passé présent et futur, temps et espace, etc. en un brouillage des repères qui est aussi largement l’argument de King dans ce bouquin) : j’ai donc privilégie un style oral, très proche en effet de l’anglais. Si cela choque en français, c’est que le français « écrit » exige d’autres codes que le français oral (votre réf. aux sms est bien vue) et si vous écoutez des conversations, c’est parfois incompréhensible, décousu, « touffu »… Voir les « brèves de comptoir » de JM Gouriot : expression de la sagesse populaire, à la fois simple et parfois simpliste, mais aussi d’une complexité, d’une profondeur, d’un comique et d’une poésie stupéfiantes…
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Je me régale à cette x-ième relecture car je savoure des choses qui ne sauteront aux oreilles de certains lecteurs qu’après x relectures aussi… C’est ça la magie d’un texte « touffu » (ahah) !!! Comme dans un bois touffu, les surprises sont au détour de tous les sentiers ! Voilà un petit indice pour comprendre le choix de « toufu » pour « foutu »… Et puis c’est une contrepèterie, donc un jeu sur la langue (tout ce bouquin est un immense jeu), ce qui était bien dans l’esprit du livre et me permettait de faire aussi une contrepèterie avec Arrime le Barda (Miralba, qui a aussi un écho signifiant… devinez…), plus amusant qu’un simple acronyme comme en anglais (j’avais d’abord eu une autre idée en suivant le principe de l’acronyme, et fait de Arrime le Barda : allebarde – Lisey le reprenant en disant « hallebarde », et dans lequel l’écho signifiant était « ah, le barde » : le barde de Bangor, Stephen lui-même !! C’était pas mal trouvé hein !!) Et ce jeu avec le texte, c’est King qui m’y a incité (non pas personnellement – bien que je brûlais de lui écrire et que je me sois découragée ouh! j’ai pas arrimé le barda jusqu’au bout…- mais par son texte lui-même : il m’a dit joue avec moi, fais-moi jouer dans ta langue et fais jouer les lecteurs avec moi) alors je me suis amusée et j’espère que les lecteurs s’amuseront aussi. Car c’est aussi une franche rigolade, cette histoire, il faut bien voir que King se moque de lui-même, se moque du genre, se moque même de nous ses lecteurs… Ca aussi c’est formidablement subversif. Et je pense que c’est aussi ça qui est déstabilisant, et peut-être inconsciemment choquant, pour certains lecteurs qui ne veulent pas qu’on se moque d’eux (gentiment attention ! car en se moquant d’eux King justement ne se moque pas d’eux… Cf. ce dogme traductif qui m’est cher de la « non-imbecillité du lecteur »…)
En tout cas, ma traduction aussi essaie de se moquer tout en ne se moquant pas d’eux, elle joue avec eux et espère qu’ils voudront bien jouer aussi. Si j’en crois certaines critiques très positives aussi (heureusement il y en a aussi !!) certains lecteurs y ont été sensibles. Et ce que dit le journaliste de Matin +, que la traduction peut-être fautive « ajoute un soupçon de suspense », je peux le prendre comme un compliment ! C’est peut-être justement que la traduction « sert » le suspense organisé par King, lui aussi difficile, décousu, touffu… Et j’espère que l’insolite de mes diverses trouvailles sert aussi l’insolite des trouvailles de King. Mais pour le traduire génialement, il aurait fallu un traducteur génial, ce que je ne suis pas, et des traducteurs géniaux je n’en connais pas bcp…
Alors toufu pour foutu, Hurlyburly pour Woodbody, c’est aussi un choix qu’on peut discuter mais c’est signifiant… Cherchez pourquoi… Après tout, c’est un jeu de piste ce bouquin, Lisey en a chié, pourquoi le lecteur (qui est Lisey, qui est lui-même auteur), n’en chierait pas un peu aussi, comme le traducteur (qui est Lisey, qui est l’auteur, qui est le lecteur), en a bien chié aussi !!! Comme King lui-même, qui est l’auteur, le(s) narrateur(s), le(s) lecteur(s) en a chié… !!! (cf. ce que dit Lisey de Scott : « il a saigné pour vous, les gens »…) J’espère que vous me comprendrez. C’est aussi une leçon de vie, une leçon d’amour : si tu aimes, nous dit King, faut que tu sois prêt-e à aller loin, très loin, à risquer bcp, à risquer ta peau… J’ai risqué la mienne dans cette histoire, comme Scott, comme Lisey, comme King lui-même (je vous disais qu’il avait écrit un livre formidablement culotté, et j’ai essayé de faire une traduction culottée aussi ! comme Lisey est culottée, c’est une fameuse bonne femme et pas une cruche, comme on pourrait le croire à première vue…) Il faut donc des lecteurs culottés, qui acceptent de se faire malmener aussi ! Voilà !
Les allusions à l’obsession militaire du père de Scott (et donc la critique féroce par King, pas pour la première fois, de l’hyper-violence guerrière des Etats-Unis) sont évidemment présentes dans les formules « arrimer le barda » et « petit gars long » (le « garçon long » aurait peut-être été plus stimulant sur le plan du psychisme en lien avec l’enfance, mais les petits gars, les boys, ce sont aussi les GIs…)
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A propos du titre:
C’est le choix de l’editeur j’aurais personnellement prefere l’histoire de lisey mais bon pourquoi pas, j’ai trouve un commentaire de lecteur pour qui cela avait du sens : une histoire que s’est racontee lisey (on aurait mëme pu le mettre au pluriel : les histoires de lisey car il y en a quand mëme une foule dhistoires, dans cette histoire…) javais suggere aussi pour titre : ton histoire, lisey (pour reprendre la formule d’amanda) et parce que c’est aussi ton histoire, lecteur, toi qui est aussi lisey ou lisey qui est toi… le mot « histoire » sans determinant en francais fait aussi reference a l’histoire au sens de « history » en anglais, l’histoire historique, donc intemporelle, qui fait de lisey un personnage historique, mythique (comme on dirait « histoire de jesus ou de martin luther king » ou tout autre personnage celebre… cela a donc, encore une fois, de multiples sens, de multiples possibilites dinterpretation, ce qui est bon : ca fait gamberger !
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