En promotion pour la sortie de son nouveau roman « Billy Summers », Stephen King a participé à plusieurs interviews. Dont une avec le site Rolling Stone, que nous vous avons traduit ci-dessous.
…………………………………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………………………….
Si vous aimez notre travail de retranscription et traduction, qui nous a pris une dizaine d’heures, n’hésitez pas à liker/commenter/partager en masse sur les réseaux sociaux.
Vous pouvez également nous supporter (et obtenir des avantages exclusifs) via notre compte Tipeee, pour le prix d’un petit café 😉
…………………………………………………………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………………………….
En promotion pour la sortie de son nouveau roman « Billy Summers », Stephen King a participé à plusieurs interviews. Dont une avec le site Rolling Stone (disponible ici), que nous vous avons traduit ci-dessous.
Stephen King y discute de l’imagination de ce conte tordu de rédemption qu’est « Billy Summers », son dernier roman.
Mais il se livre également sur les raisons pour lesquelles Trump apparait si souvent dans « Billy Summers », les très chers droits d’auteurs qui ont du être payé pour la sortie du livre et d’autres sujets entre cela.
Rolling Stones : Vous avez dans vos livres de nombreux personnages auteurs. De Jack Torrance à Paul Sheldon dans « Misery » jusqu’à ce livre, avec Billy et Alice. Je me demande comment vous vous sentez sur l’écriture ces jours-ci, et comment cela a changé au fil des années?
Stephen King : Si vous lisez Dick Francis, chacun des livres qu’il a écrit tourne autour des chevaux et des jockeys, parce que c’est ce qu’il connaissait : il était un jockey. Je suis un romancier et je connais l’écriture. John LeCarre a toujours écrit sur les espions parce qu’il connaissait ce monde. C’est un endroid où je suis confortable.
Je ne savais pas vraiment dans quelle mesure ce livre allait porter sur l’écriture. On va principalement où le livre vous porte…. et il y a autre chose. Il y a des livres que j’ai écris où l’écriture est perçu comme étant quelque chose de toxique, et il y en a deux, « Misery » notamment et « Billy Summers » le second, où l’écriture y est salvatrice. Il n’est pas nécessaire d’être un auteur professionneur pour savoir que c’est parfois le cas. C’est une porte vers ses propres sentiments et sa propre vision du monde. Donc c’est une bonne chose.
Rolling Stones : Je veux dire que vous vous citez dans ce roman, n’est-ce pas? Billy entend une interview avec un écrivain où il parle de l’écriture d’un jet pour soit même et un autre pour le public. Cela provient de « Ecriture, mémoires d’un métier« , n’est-ce pas?
Stephen King : Je me suis peut-être cité, je ne me rappelle pas. J’ai vraiment fait ça? Oh, je crois que je l’ai fait une fois. Je ne pense pas que je me le sois attribué à moi-même !
Rolling Stones : Quand est-ce que le personnage de Billy vous est venu pour la première fois?
Stephen King : Vous savez, beaucoup de ces choses sont comme des rêves. Et quand je me suis demandé « Comment est-ce que c’est venu? » Je n’avais presque pas la réponse. Je peux me rappeler me raconter l’histoire le soir avant de dormir, mais je ne peux pas me rappeler quand j’ai décidé que Billy allait être un type intelligent prétendant d’être simplet pendant une partie de l’histoire. Et petit à petit, je savais l’histoire complète, sauf les raisons pour lesquelle le type devait être tué. Je savais dès le début que ce serait bien si Billy était un gars qui ne tuait que des méchants. Et plus j’ai travaillé sur le livre, plus j’ai trouvé que cela semblait être un mécanisme de défense, qu’il était probablement lui même un méchant, qui avait besoin de rédemption.
Rolling Stones : Je suis certain que les personnages vous disent en quelque sorte où aller au fur et à mesure de l’écriture.
Stephen King : Oui c’est sur. Ils peuvent être vraiment dur à ce sujet. L’autre chose que je me rappelle penser… et si ce gars se retrouve dans une situation où il doit sauver une fille d’une situation et que cela le force à sortir de son repère? Que ferait-il et comment est-ce que cela se développerait? Et si cette fille a besoin d’une pillule du lendemain et qu’il doit aller la chercher pour elle? Et à ce moment il lui donne principalement un choix : « Vous pouvez me balancer (à la police, ndlr), mais je vous ai sauvé la vie » ou « Vous pouvez restez là, et je vous ramène la pilule, et on peut rester ici un peu plus longtemps? »
Et j’ai aimé ça, j’ai aimé l’idée. Je voulais écrire cette scène. Vous savez, parfois on écrit un livre parce qu’il y a des scènes qu’il faut sortir.
Rolling Stones : Beaucoup des scènes semblent dépendre d’une décision : le faire ou ne pas le faire?
Stephen King : C’est sur. Je pense que c’est vrai. Et je pense que c’est une des choses qui rendent un livre comme celui-ci agréable à lire. Et l’autre chose est qu’il faut en quelque sorte s’identifier à Billy et sa vision du monde. Il a une vision très claire de ce qu’il est et il la clarifie encore au fil du temps. Je voulais qu’il se lie d’amitié avec des gens, je voulais qu’il trouve sa place, sa position, pour un temps et qu’il soit forcé de se faire ami avec des gens qui soient bons. Cela rend sa propre situation plus claire aussi, ainsi que plus agréable.
Rolling Stones : Trump est mentionné à plusieurs reprises, puisque le livre se déroule dans la période actuelle. Pourquoi est-ce que vous vouliez apporter ces éléments dans le monde de Billy?
Stephen King : Et bien, je ne le voulais pas, c’était nécessaire. Billy ne regarde pas tout le temps la télévision ou n’écroute pas la radio, ce n’est pas une personne très intéressée par la politique. Mais quand j’ai commencé à écrire le livre je l’avais placé en 2020, et quand tout le monde a été confiné, commençaient à porter un masque, etc. Je crois que j’ai vraiment écrit une scène où ses voisins du dessus ont obtenu une bonne somme d’argent et qu’ils allaient partir en croisière. Et je me suis dis « Je ne peux pas faire cela, parce que les croisières sont fermées ».
Donc ce qui m’a semblé le plus simple était d’éviter complètement tout cela en déplaçant le livre d’un an. Ce qui voulait dire qu’il n’y avait pas le sujet de l’élection à se préoccuper. Mais Trump était président, et donc il est mentionné de temps à autre. Je veux dire, qu’il avait évidemment une présence, il faisait partie de l’environnement. De la même manière que les magasins Walmart sont mentionnés, à plusieurs reprises dans le livre. Et cela fait partie de la vie américaine, c’est ce que je veux dire.
Mais j’ai un avis sur Trump et le parti Républicatin, et le genre de personnes qui sont des antivax et refusent les masques. J’ai pensé que quand Trump est sortit de l’hopital, après avoir contracté le covid et qu’il est monté sur le balcon de la Maison Blanche et qu’il a enlevé son masque, qu’il disait à ses gens qui l’ont supporté : « Les vrais braves américains n’ont pas besoin de ces satanés choses ». Et il a tué cent milles perosnnes juste avec ce geste. J’en suis profondément convaincu.
Pour revenir à votre question, parce que j’ai complètement digressé. Ce que je veux dire c’est que ce sont mes croyances. Mais quand je m’assieds pour écrire une histoire, mon idée est d’écrire l’histoire et d’essayer le reste de coté, comme si c’était quelque chose de périphérique ; des choses qui empiètes sur la vie des gens, mais ne domine pas nécessairement leurs vies.
Robert Bloch, quand il a écrit Psycho, a dit : « On ne vend pas son histoire pour le message. » Et j’en suis convaincu. Je ne suis pas ce que vous pourriez appeler un romancier socialiste. Je suis intéressé par les gens ordinaires. Mais je ne suis pas vraiment intéressé pour écrire un livre comme « En un combat douteux » de John Steinbeck. Du moins, je ne l’ai jamais été. Peut-être qu’un jour je le ferai.
Rolling Stones : J’apprécie que vous n’ayez pas fait un raccourci des supporters de Trump comme étant de mauvaises personnes.
Stephen King : Le voisin de Billy est un supporter de Trump, et il est contre l’immigration, mais il est un bon gars. Et c’est le cas de la majorité de ces gens. C’était certainement le cas de mon frère, qui vous aurait donné sa chemise.
Quelqu’un m’a parlé de Gerry Ford, qui a été président pendant une courte période. Et m’a dit que Gerry Ford n’était pas une personne très intelligente ou qui ne réfléchissait pas beaucoup au futur. Et lorsqu’il se rendait au Capitol pour voter sur les repas obligatoires des enfants pauvres dans les écoles, si il voyait un enfant pauvre, il lui donnait son repas. Alors qu’il a voté contre et n’a jamais vu la contradiction. Et je pense que c’est le cas avec beaucoup des supporters de Trump.
Rolling Stones : La guerre d’Irak fait partie intégrante du livre. Avez-vous fait beaucoup de recherches à ce sujet?
Stephen King : Oui j’ai fais beaucoup de recherches et regardé beaucoup de vidéos sur Youtube. Je me suis rapproché de mon ami Mike Cole, qui a servi dans l’armée, pas dans les Marines, mais il a servi. Et il a été en Irak et a été capable de corriger mes pires erreurs. Je lis beaucoup de livres et essaie juste de faire du mieux que je peux. Je veux dire que je n’ai pas fais autant de recherches qu’avec 22/11/63, qui a été un gros sac d’emmerdes vis à vis de ce dont j’avais besoin. Mais j’ai beaucoup appris et essayé d’en utiliser de manière juste, sans trop en faire. J’ai juste essayé de le raconter de la manière dont les gens me l’ont raconté.
Rolling Stones : On dirait que tout ce que vous avez écrit est adapté. Je suis curieux de savoir ce qui n’a pas été adapté que vous voudriez voir adapté?
Stephen King : Et bien il y a « Histoire de Lisey » qui est une que j’ai fais moi-même, parce que je voulais vraiment le faire. C’était très important pour moi. Et j’ai été très impliqué (dans la série, ndlr). Et dans la majorité des cas, c’est comme envoyé un enfant au lycée, on espère qu’ils vont rester en dehors des problèmes et qu’ils s’en sortiront bien. On espère que tout ira bien. Mais j’ai la dernière décision concernant la majorité du casting, des réalisateurs, des scénaristes et choses de ce genre. Je ne le fais rarement maintenant. Je ne me rappelle pas d’une fois où je l’ai fais. Le truc, c’est que l’on ne veut pas faire partie du problème. Faire une série ou un film est une charge très lourde donc il faut être ou la solution, ou ne pas d’impliquer, et les laisser faire leur travail.
Mais je dois dire que c’est une période incroyable pour les créatifs, les scénaristes parce que la demande en contenu est incroyable, elle est énorme. On dirait qu’entre Netflix, Hulu, les films, les plateformes et tout, c’est comme un gouffre dans lequel on peut y jeter du contenu. Je suis ravi quand les gens le font et qu’ils font du bon boulot, c’est merveilleux. Et parfois ils ne font pas un aussi bon boulot. Ernest Hemingway disait que la meilleure situation possible pour un écrivain était de vendre aux studios de cinéma, d’amasser plein d’argent et qu’ils ne voient jamais le jour.
C’est une période incroyable pour les créatifs, les scénaristes parce que la demande en contenu est incroyable, elle est énorme.
Rolling Stones : Si « Billy Summers » est un jour adapté, qui verriez-vous en tant que Billy?
Stephen King : Et bien, étant donné son âge, qui est probablement au milieu de la cinquantaine, il y a beaucoup d’acteurs qui pourraient bien l’incarner. Je pense que l’acteur le plus sous-estimé en ce moment est Jake Gyllenhaal, et qu’il ferait un très bon Billy. Mais ce serait dans un monde idéal. Il y a plein de monde qui seraient bons. C’est intéressant aussi, qui prendriez-vous pour jouer Alice?
(Les deux questions suivantes révèlent des éléments du roman : passez à la question d’après si vous voulez garder la surprise)
Rolling Stones : C’est difficile. D’où vient Alice au fait? Est-ce qu’elle est dans votre tête depuis le début du livre? Je sais que vous n’écrivez pas de plan.
Stephen King : Je savais qu’elle allait apparaitre parce que je voulais la situation dans laquelle Billy doit faire une décision, « Qu’est-ce que je vais faire avec cette fille? Comment je vais gérer ça? Je ne peux pas l’amener à la police et je ne peux pas faire grand chose sauf espérer qu’elle ne va pas me dénoncer. » Donc je savais qu’elle allait être présente. Et je savais qu’ils allaient devenir amis. Je ne savais pas qu’ils allaient devenir ensemble comme des fugitifs, et c’était une bonne chose de voir cela se réaliser.
L’histoire se raconte toute seule, vous savez? Donc oui elle était là au début. Mais je n’avais pas idée qu’elle n’apparaitrait qu’à la moitié du livre. Mais c’est comme cela que ça s’est fait.
Rolling Stones : J’apprécie comment vous écrivez leur relation. L’attention avec laquelle cela a été écrit.
Stephen King : Il n’était pas envisageable d’y intégrer une relation sexuelle entre eux. Cela n’aurait pas marché. Cela aurait la mauvaise chose à faire, je pense, concernant le personnage de Billy. Surtout qu’il s’agit d’une victime d’un viol, et cela n’aurait pas marché. Quand elle en vient à dire « Je vais coucher avec toi, si tu veux? », c’est sa décision. C’est un étant d’esprit auquel elle vient, d’elle même et pas quelque chose qui lui est suggéré. Donc je pense que cette partie est OK.
Et c’était un personnage difficile à écrire, en ce qui concerne victime de viol. J’ai lu sur le sujet et j’ai fais du mieux que je pouvais.
Rolling Stones : J’allais vous en parler justement, parce qu’ils ont tous les deux une sorte de stress post-traumatique?
Stephen King : Oui. Et il lui donne un moyen de gérer cela, qui est un beau geste.
Rolling Stones : Oui, de changer la chanson « The Teddy Bears’ Picnic » en cas de crise d’anxiété. C’est quelque chose que vous avez inventé? Vous l’avez essayé?
Stephen King : Je l’ai inventé. Je n’ai jamais eu de crise d’anxiété. Mais si j’en avais eu, je l’aurai probablement utilisé.
Rolling Stones : Je suis certain que vous connaissez la chanson par coeur maintenant?
Stephen King : Oui. Et bon dieu, qui savait que c’était protégé par des droits d’auteurs? Je pensais que c’était trop vieux pour l’être, mais nous avons du payer une sacré somme pour pouvoir l’intégrer. Une fois que l’on est dedans, c’est trop tard. J’avais une citation de Judas Prest, d’une chanson intitulée « You got another thing coming » pour Duma Key, et ils sont venus se plaondre et m’ont demandé 50 000 dollars plus des royalties. Et j’ai dis « Mangez de la merde! Je ne vais pas payer. » Donc j’ai inventé quelque chose à la place. Mais « Teddy’s Picnic » était déjà bien intégré au lire quand on a découvert cela. Donc on a payé.
Rolling Stones : Est-ce que je peux demander combien ça a couté?
Stephen King : Non, je n’ai pas de soucis à ce que vous posiez la question, mais je ne vais pas vous le dire! Disons juste que ce n’était pas 6 chiffres.
Rolling Stones : Je voulais vous demander une chose qui n’est pas lié à « Billy Summers ». Mais j’ai remarqué qu’il semblerait que vous aimez beaucoup le poème « The Love Song of J. Alfred Prufrock » de T.S. Eliot. Cela apparait dans beaucoup de vos livres. Dites-moi pourquoi cela a autant d’impact sur vous.
Stephen King : Parfois, pour moi, lorsque je suis en train d’écrire un dialogue, ou d’écrire sur les sentiments d’un personnages, cela résonne dans ma tête. Vous devez garder à l’esprit que quand je travaille, je ne m’assis pas avec tous ces mots dans la tête. Je me laisse en quelque sorte transporter. Et parfois cela a une résonance particulière avec moi, et je l’utilise.
Bon Dieu! Oui c’est un très bon poème, un très bon poème existentiel. Oui. Et je pense qu’il parle à un certain type d’esprits. Quelqu’un qui a une vision du monde qui est un petit peu désespérante, mais pas immobilisée par le désespoir.
Pour commander « Billy Summers » de Stephen King :