Stephen King, un des auteurs les plus connus au monde, répond aux questions des lecteurs sur ses sources d’inspiration, la couleur de la peur, savoir quand s’arrêter et pourquoi le travail manuel est très précieux pour les romanciers

Ce qui suit est notre traduction d’un article / interview de Stephen King, publiée sur le site britannique du Guardian.
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Stephen King, un des auteurs les plus connus répond aux questions des lecteurs sur ses sources d’inspiration, la couleur de la peur, savoir quand s’arrêter et pourquoi le travail manuel est très précieux pour les romanciers
Question : J’ai participé à un concours de nouvelles du Guardian auquel vous étiez le juge, mais je n’ai pas été sélectionné. Est-ce que c’est une de ces occasions auxquelles il faut essayer jusqu’à ce qu’une chose passe? Ou vaut-il mieux accepter ne pas avoir de talent au lieu d’essayer de chasser un rêve impossible? (par EvolAnth)
Stephen King : Eh bien, ce n’est pas forcément un manque de talent. Je pense que tout le monde a du talent, mais il faut le perfectionner. Plus on le travaille, plus on l’apprécie. Et quand on a du talent, on a envie de continuer, vous voyez?
Question : Vous avez signé mon exemplaire de « Christine » avec le message suivant : « Continue à crier vengeance » parce que je portais un badge Judas Priest. La musique est-elle toujours aussi importante pour vous? (par RobFrampton)
Stephen King : Oui, la musique est toujours importante pour moi. J’ai arrêté d’écouter Judas Priest car je n’ai pas pu obtenir les droits d’utilisation de leur chanson « You’ve Got Another Thing Comin’ » pour mon roman « Duma Key » (2008). Du coup, je suis passé à Rancid, Nazareth, Anthrax et Metallica. Je n’écoute pas de musique si je compose directement de ma tête. Quand je réécris, j’aime écouter de la techno, du disco ou quelque chose de répétitif qui me trotte en tête, qui entre par une oreille et sort par l’autre. Aujourd’hui, j’écoutais du zydeco et du LCD Soundsystem. J’aime beaucoup North American Scum, Losing My Edge et Daft Punk tourne beaucoup à la maison.
James Murphy, du groupe LCD Soundsystem
Question : Allez-vous encore dédicacer vos livres en librairie quand personne ne regarde ? (Pampers)
Stephen King : Si je peux entrer et sortir discrètement, je le fais. La dernière fois que je l’ai fait, c’était dans une librairie pas loin de chez moi, dans l’ouest du Maine, où j’ai signé des exemplaires de « Never Flinch » et de « You Like It Darker » (« Plus noir que noir », ndt). Je n’aime pas trop les séances de dédicaces, parce qu’on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Lors de ma dernière tournée promotionnelle, j’ai dû dédicacer 400 livres tirés au sort parmi 1 000, donc il y avait quasiment une chance sur deux d’en obtenir un dédicace. Mais c’était mieux que de faire une séance interminable de dédicace avec deux ou trois livres par personne. C’est dur.
Question : Le mot « prolifique » est souvent prononcé, mais pas pour tout ce que vous publiez. Ne pas s’arrêter est-il un choix, ou est-ce parce que vous ne pouvez pas vous arrêter ? (JamesZZZ)
Stephen King : C’est difficile de décider quoi faire de ces quelques heures que j’ai, pas jour, entre 9 h et midi. On ne peut pas faire que de regarder des jeux télévisés ou des programmes à la télé. Je peux aller me promener, mais je pense encore à autre chose. En gros, je me divertis.
Question : Écrivez-vous toujours tous vos livres sur Microsoft Word ? (otterley)
Stephen King : En fait, oui. Il m’arrive de m’asseoir le matin et d’écrire à la main, puis de retranscrire. Mais j’utilise surtout Word, car on peut y revenir et corriger les erreurs. Je ne suis pas un grand passionné d’informatique, donc si j’ai un problème, je fais appel à mon informaticien.
Question : Pourquoi est-ce que plus il y a de pattes, plus quelque chose est effrayant? (biscoff)
Stephen King : Il y a du vrai là-dedans. Je viens de terminer la lecture d’un roman de fantasy britannique intitulé « Last Chances » par Adrian Tchaikovsky. Il y a un monstre dans un trou dans le sol, semblable à un mille-pattes avec toutes ces pattes. Quand on jette quelqu’un dans le trou, il l’attrape avec toutes ses pattes, lui transperce la chair et lui arrache la tête. C’était vraiment effrayant. Le truc, c’est qu’ils ne sont pas comme nous. Ils ne nous ressemblent pas. Ce sont comme des créatures extraterrestres, donc c’est un peu effrayant.
Question : Qui lisez-vous pour des lectures plus légères pendant vos vacances ? J’ai relu Wodehouse (LowerColon)
Stephen King : Je ne lis pas Wodehouse. J’ai tendance à lire des polars britanniques. J’en lis un en ce moment, intitulé « The Ending Writes Itself », par Evelyn Clarke, qui se déroule sur une île écossaise. Les personnages ne peuvent pas en sortir, et c’est plutôt bien.

(Justine Lupe en tant qu’Holly Gibney dans la série « Mr Mercedes »)
Question : Je prépare un master d’anglais et mon mémoire porte sur la transformation d’Holly Gibney, de figurante à héroïne, et couvre les sept livres. Pouvez-vous m’aider ? (Norahseel56)
Stephen King : Je suis en quelque sorte tombé amoureux d’elle. Elle était presque censée être un personnage de plaisanterie, une figurante, pour ainsi dire. Elle était visiblement dominée par sa mère. Mère qui était très autoritaire, tandis que son père était une sorte de larbin. Il y a un moment dans ce premier livre, « Mr. Mercedes », où l’un des personnages, Jerome Robinson, va voir Holly parce qu’elle s’y connaît en informatique et ils s’entendent bien. C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à prendre forme. Plus j’écrivais sur elle et plus je m’intéressais à elle, plus elle prenait confiance en elle et plus elle devenait intéressante. Elle a encore un sentiment d’infériorité, elle n’est pas mariée et n’a pas de petit ami. Je pense qu’elle est peut-être vierge. Je n’en suis pas sûr. Je n’ai pas assez exploré son histoire, mais elle est devenu très intéressante à mes yeux. Au troisième roman, elle est entrée et a volé le livre.
Question : À quel point avez-vous déjà commencé à écrire un livre avant de vous dire que ce n’est pas bon et avant de l’abandonner ? (stinky)
Stephen King : Il y en avait un intitulé « The Cannibals » qui se déroulait dans un immeuble duquel les gens ne pouvaient pas sortir. C’était plutôt intéressant, mais je ne savais pas quoi en faire, alors je l’ai mis de côté et je suis passé à quelque chose qui me semblait plus accessible. Il devait faire environ 200 pages. On continue jusqu’à ne plus rien trouver à dire, et c’est tout.
Question : Roland Deschain [le personnage principal de la série « La Tour sombre » [de Stephen King] porte-t-il un chapeau ? À mon avis, non. Mais mon partenaire n’est pas d’accord. Pouvez-vous trancher une bonne fois pour toute cette dispute? (jackbumby)
Stephen King : Sur certaines photos, il porte un chapeau. Mais je ne l’ai jamais vraiment visualisé avec un chapeau, non.
Question : Je vais dans une école d’art et j’envisage de devenir écrivain d’horreur. Quel boulot à temps partiel me permettrait de trouver l’inspiration ? (EagleDogCat)
Stephen King : J’ai trouvé l’inspiration en travaillant dans une usine. On devait tout nettoyer et il y avait plein de gros rats au sous-sol. J’ai écris une histoire là-dessus, et je suis partit. Je pense que tout travail manuel (ce qu’on appelle aux États-Unis un ‘col bleu’) est une bonne expérience pour un écrivain. On ne veut pas d’un travail où l’on peut s’asseoir dans une pièce propre et bien éclairée sans avoir à ranger.

(Stephen King dédicaçant un livre devant des photographes)
Question : Si la peur était une couleur, serait-elle monochrome ou aurait-elle différentes nuances ? (Simother)
Stephen King : Je pense que c’est du bleu foncé tendant vers le noir. Il faut de la couleur, car il faut pouvoir voir un peu. Il faut sentir quelque chose et avoir une idée de ce qui se cache dans l’ombre, pour ainsi dire. Donc oui, je dirais du bleu foncé tendant vers le noir.
Question : Si vous deviez inventer une fin pour l’Amérique de Trump, quelle serait-elle ? (herero)
Stephen King : Je pense que ce serait la destitution (ce qui, à mon avis, serait une bonne fin). J’adorerai le voir prendre sa retraite, pour le dire de cette manière. La mauvaise fin serait qu’il obtienne un troisième mandat et prenne complètement le pouvoir. Dans tous les cas c’est une histoire d’horreur. Trump est une histoire d’horreur, non?
Question : Quand j’ai vu « Stranger Things » pour la première fois, j’avais l’impression d’être dans un roman de Stephen King. Êtes-vous d’accord ? (Meckastemeduck)
Stephen King : Je ne le vois pas comme une histoire de Stephen King autant que d’autres. Je pense que les frères Duffer me donnent plus de crédit que je ne le mérite. Comme beaucoup de gens talentueux, ils ont grandi avec mes histoires. Quand ils étaient jeunes et malléables, ils ont lu beaucoup de Stephen King et se sont dit : ‘On veut faire quelque chose comme ça’. Mais ce sont des gars très talentueux et l’histoire qu’ils ont développé est bien plus riche que quoi que ce soit de Stephen King. Il y a beaucoup des frères Duffer là-dedans. C’est bien. J’ai vu tous les épisodes. J’aime beaucoup.
Question : Si on devait faire un film sur votre vie, qui vous incarnerait ? (MorganFox77)
Stephen King : J’adorerais avoir un beau personnage dans le rôle principal, mais je ne pense pas que Brad Pitt le ferai. Il est bien plus beau que moi. Je suis un peu âgé maintenant, alors je dirais peut-être Christopher Lloyd ou… qui est le grand personnage principal de Twin Peaks? Kyle MacLachlan
Question : Je suis sûr qu’on vous pose toujours des questions sur vos sombres secrets. Y a-t-il quelque chose d’adorable à votre sujet chez vous que vous aimeriez partager ? (Urrurrsh)
Stephen King : Je ne peux pas vous le dire.

(Photo du film « Life of Chuck »)
Question : Lorsqu’une nouvelle adaptation cinématographique ou télévisuelle atterrit sur votre bureau, suscite-t-elle de l’enthousiasme ou un profond désespoir ? (LP43TT)
Stephen King : Je suis toujours ravi quand quelqu’un transforme une de mes histoires en film. J’étais ravi de voir « The Monkey » un peu plus tôt cette année, et « Life of Chuck ». Je suis très impatient de voir « Running Man » [le remake d’Edgar Wright], tourné en Angleterre. Je n’écris pas en pensant aux films. J’écris simplement ce qui me semble être une bonne histoire que les gens et moi apprécieront. Ensuite, ce qui arrive arrive. C’est bien. J’aime les films, mais je pense que ce sont deux choses
Question : Préféreriez-vous avoir la technologie pour vous téléporter où vous voulez comme dans la nouvelle « L’excursion » (Brume), ou un garde-manger qui vous permet de voyager dans le temps jusqu’à un point précis comme dans « 22/11/63« , ou une petite boutique où vous pouvez acheter votre plus grand désir, comme dans « Bazaar » ? (smilligan)
Stephen King : Je ne pense pas vouloir quoi que ce soit à faire avec un voyage dans le temps, car ça gâcherait tout. J’ai peur que si j’essayais de me téléporter, mes atomes se mélangent à une mouche, et j’ai vu le film, donc je n’aimerais pas ça. Quel serait mon plus grand désir? Et bien, j’ai déjà tout ce que je vuex. J’ai deux jeans propres dans ma commode. Ce que j’aime vraiment… c’est que j’aime bien les chaussures. J’admire les femmes parce qu’elles ont toutes ces chaussures sympas à disposition. J’ai probablement environ 20 paires de chaussures. Des baskets, des petites bottes et tout. Si les gens voyaient ça ils diraient « Oh, c’est fou ». Mais je parie qu’il y a plein de femmes qui liraient ça et diraient « J’ai une cinquantaine de paires »
Question : Je fais des rêves très vivaces et souvent bizarres, que mon mari décrit en plaisantant comme des romans de Stephen King. Vos oeuvres sont-elles été inspirées par d’étranges rêves ? (Katzahran)
Stephen King : J’arrive à penser à un rêve, celui d’un réfrigérateur abandonné qui, une fois ouvert, était rempli de ces sangsues volantes, et je l’ai intégré dans une des mes histoires. (Intégré dans le roman « Ca » de Stephen King, ndlr)
Question : Vous avez dit que vous n’aimiez pas le mois de février, le chiffre 13 et les interviews. Cette remarque est toujours d’actualité ? (TopTramp)
Stephen King : Il fut un temps, quand j’étais un jeune écrivain en difficulté, où j’imaginais toutes les réponses intelligentes et spirituelles que je donnerais en interview. Maintenant, face à des intervieweurs comme vous, je suis un peu coincé. Je m’entends souvent dire : « Euh… euh… ah… euh… « . Il faut faire attention à ce que l’on souhaite, car on pourrait bien l’obtenir.
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