La version « Director’s Cut » du film « Doctor Sleep » est sortie fin janvier aux USA, et arrivera le 11 mars 2020 en France (en complément des versions bluray et 4K).
Ce nouveau montage, propose non seulement des scènes inédites qui s’accumulent pour une trentaine de 30 minutes ajoutées à la version sortie et diffusée dans les salles de cinéma, mais également d’autres différences.
« Doctor Sleep » – décryptage du Director’s Cut: ce qui est nouveau ou modifié
Le site Consequence of Sound a récemment diffusé un article intéressant écrit par Jenn Adams, décortiquant et décryptant le Director’s Cut du film « Doctor Sleep ».
Avec leur autorisation, nous vous proposons ci-dessous notre traduction de l’article :
« Doctor Sleep » semble toujours une anomalie. Le réalisateur Mike Flanagan a réussi à rapprocher deux histoires très divergentes, d’une manière qui a non seulement adapté le roman original de Stephen King, mais également rendu hommage au film « Shining », film iconique de Stanley Kubrick.
En décembre dernier, l’information avait surgi selon laquelle une version Director’s Cut de 3h serait disponible, faisant les Fidèles Lecteurs s’interroger sur ce que Mike Flanagan réintègrerai, et comment est-ce que cela se connecterai avec le domaine de Stephen King.
Nous savons, maintenant, que bien que le Director’s Cut de Mike Flanagan ne change pas significativement l’histoire du film, il développe l’histoire et offre plus de profondeur au riche ensemble de personnages.
En complément à de nouvelles scènes, nous obtenons plus de dialogues qui font références ou proviennent directement du roman, et plusieurs lignes apportent du contexte dans des scènes poignantes de l’histoire. Comme pour la majorité de son oeuvre, le roman de Stephen King prend racine avec des personnages forts, et le nouveau montage de Flanagan sort ces personnages de leur boite et leur permet de briller. Découvrez ci-dessous ce qui est nouveau, ce qui a été changé et ce qui a été amélioré.
Les titres de chapitres
Des titres de chapitres, tels que « Old Ghosts » (lit : « Vieux fantomes ») et « What was forgotten » (lit : « Ce qui fut oublié ») apparait tout au long du film, nous gardant dans le format original de l’histoire. Cet ajout suggeste que l’imagerie pourrait se lier au film de Kubrick, mais que la narration appartient à King.
De puissants et effrayants fantomes
Un ajout, tôt dans le film, consiste en l’apparition du fantome de Mme Massey, qui se révèle complètement et sort de la baignoire de Danny, en Floride, tandis que dans la version cinéma, seule la main sortant du rideau de douche pouvait etre aperçue.
Non seulement cela défini clairement la menace, mais cela fait écho aux scènes du roman « Shining » de Stephen King. Wendy (jouée par Alex Essoe), voit aussi des empreintes de pas mouillées sur le tapis de douche, présentant Mme Massey comme étant bien plus qu’une photo dans un livre.
La famille Stone
« On peut oublier la sieste », David Stone
La famille Stone est présentée bien plus en profondeur, notamment avec une scène complémentaire dans laquelle la jeune Abra (jouée par Dakota Hickman) joue mentalement sa chanson préférée au piano. Plutot que la chanson « Not a second time » des Beatles, le réalisateur Mike Flanagan a choisi « Teach your children » de Graham Nash, une référence subtile aux thèmes d’être parent, d’être mentor, qui se trouve au coeur même de l’histoire.
Flanagan nous donne également davantage de scènes avec Savid, le père d’Abra incarné par Zackary Momoh. Il est logiquement furieux après qu’Abra lui dévoile sa connection avec Dan, essayant de protéger sa fille à travers de la violence, si nécessaire. Il est l’anti-thèse du père même de Dan, Jack, qui était plutot une menace qu’un protecteur.
En réalité, les Stones représente la seule dynamique parentale que nous voyons ici, et donne un indicateur d’un monde plus heureux dans lequel il s’agit plutot la norme que l’exception.
Billy
« Et bien, il trouvera son chemin. Il a un bon coeur, sous tout cela », Dr John Dalton
Après la première réunion des Alcooliques Anonymes, le Dr John Dalton (Bruce Greenwood) mentionne combien de gens Billy Freeman (Cliff Curtis) a aidé, apportant un poids émotionnel lors de sa future mort.
Nous apprenons également que Frankie, le frère de Billy, luttait également avec une addiction, et qu’il n’est pas actuellement sur le chemin de la convalescence. Ils sont convaincus que Frankie trouvera son chemin, nous donnant de l’espoir que Dan le fera également.
Cette conversation, plus longue, nous montre également que Dan est finalement dans une zone de confort émotionnel, libre de jugement.
Le cruel Noeud Vrai
« Nous sommes le Noeud Vrai, ma chère. Ce qui a été noué, ne peut pas être dénoué », Rose Claque
Le Director’s Cut montre plus de scènes dévoilant la brutalité et la déviance du Noeud Vrai. Nous voyons la mère de Violet, cherchant sa fille après qu’elle ait été prise par Rose, ajoutant immédiatement de la sévérité et de la clarté sur l’horrible crime qui est seulement sous-entendu dans la version cinéma.
Sachant ce qui arrive au garçon du baseball (Jacob Tremblay), rend également cette scène particulièrement brutale au second visionnage.
Dans la cabine de sa caravane, Rose The Hat (jouée par Rebecca Ferguson) donne plus d’informations à Snakebite Andi (incarnée par Emily Alyn Lind) sur le groupe nomade, dont le fait qu’ils s’appellent le True Knot (Noeud Vrai, en français).
Les critiques du roman se plaignaient que les membres de la tribu avaient des noms qui semblent amusants, ou problématiques, les rendant moins effrayants en tant que villains. La décision d’omettre cette scène a sans doute été d’éviter de nommer plus que nécessaire la tribu de manière à rester fidèle au livre.
« Elle est la grande baleine blanche. Et je la veux », Rose
Flanagan nous donne une scène plus longue dans laquelle Rose parle à Crow Daddy (Zahn McClarnon) de son plan de garder Abra (Kylieg Curran) prisonière comme une sorte de source de nourriture éternelle, quelque chose qui n’est que seulement sous-entendu par Dick Hallorann (Carl Lumbly) dans la version cinéma.
Nous voyons également la scène dans laquelle Crow Daddy identifie le petit tremblement de terre, les alertant de la localisation d’Abra. Cela montre Rose comme nous seulement trop sure d’elle, mais bien plus dépendante des autres membres du Noeud qu’elle n’en a conscience.
« Cela m’amuse de vous voir, vous ces gens, menacer un dieu. Vous savez, votre petite fille, elle est peut-être la meilleure nourriture qu’on aura jamais. Je suis tellement heureux d’avoir l’opportunité de complimenter le chef », Crow Daddy
Dans une scène des plus brutales et révélantes des inédites, nous voyons Crow Daddy kidnapper Abra en la présence de son père, David. Bien que David tient un couteau, Crow Daddy marche de manière nonchalente vers lui, prêt à passer à l’action. Nous retrouvons ensuite la version cinéma dans laquelle Crow Daddy sort de la maison, portant Abra insconsciente et laissant David sur le seul avec le même couteau dans sa poitrine.
Cet échange montre parfaitement la brutalité, la puissance et la confiance aveugle du Noeud Vrai. Et prépare la scène dans laquelle Crow Daddy succombera. Ailleurs, il y a quelques plans en plus avec le garçon joueur de baseball se faisant torturer à mort, nous mettant davantage dans une scène intensément perturbante, mais les faits de la scène ne changent pas. Les spectateurs les plus sensibles pourront tourner la tête en étant sur de ne rien manquer d’important.
Dan touche le fond
« Quel est ton nom, héro? », Dan Torrance
Dans une scène allongée, nous voyons Dan luttant davantage avec sa sobriété. Le moment où il touche le fond, abandonnant une mère non responsable avec son gamin, est rendu encore plus complexe lorsque Dan demande le nom du garçon. Nous voyons un meilleur aperçu de la conscience Dan, tandis qu’il se bat avec sa conscience qui continue par la suite de la hanter.
« Tu peux enfermer des choses de l’Overlook, à l’écart, dans des boites, mais pas les souvenirs. Jamais cela. Ce sont les vrais fantomes. Tu peux les emporter avec toi » Hallorann
Halloran chope Dan essayant de supprimer ce souvenir honteux de la même manière qu’il met à l’écart les fantomes qui le hantent. C’est central à l’histoire de Dan, de la même manière que le thème de rédemption du roman. Les souvenirs honteux sont les fantomes avec de vrais pouvoirs destructeurs. Les supprimer ne peut que causer des dommages. De manière a être réellement racheté de ses actions, Dan doit faire face à la vérité.
Nous voyons aussi Dan à la gare de bus, acheter un billet avec le peu de monnaie dans sa poche, après s’être réveillé sous le tunnel d’autoroute. Bien qu’étant brève, cette scène nous rappelle à quel point Dan a réellement touché le fond.
Dans mon image inédite préférée, nous voyons une boisson au bar iconique : l’hotel Overlook attend Dan avec tous les souvenirs qu’il contient. Ici, Flanagan nous rappelle que Dan a toujours une dette à payer, et qu’il doit faire un choix.
« Il m’a blessé, une fois, lorsqu’il était bourré. Il m’a cassé le bras », Dan Torrance
Un dialogue additionnel que Dan raconte aux membres des AA, racontant que Jack a cassé son bras quand il était un enfant.
Les écouteurs du podcast « The Horror Virgin » se rappelleront que l’auteur avait été extremement frustré que Kubrick a changé la blessure de Danny pour une épaule déboitée dans le film « Shining », minimisant les actions commisent par Jack lorsqu’il était intoxiqué. Mike Flanagan nous le rappelle ici. Jack et l’hotel Overlook
« Ce lieu a nourri sa noirceux comme il se nourrit de ta lumière », Dick Hallorran
Avant d’apprendre à Danny, enfant (joué par Roger Dale Floyd) comment enfermer les fantomes dans des boites mentales, Hallorann rappelle à Danny que, bien que Jack a fait de terribles choses, il était toujours un humain capable de bon. C’est une dynamique que beaucoup de Fidèles Lecteurs ont ressenti comme manquant dans la dépiction de Jack Torrance dans le film de Kubrick.
Ici, Flanagan supporte le thème de la capacité à surpasser un trauma générationnel. Si nous avons tous des lumières et des ténèbres en nous, nous avons la capacité à vivre une vie sainte, qu’importe ce que nous avons fait ou vécu.
« Cela te coutera plus que de l’argent. Cela te coutera 8 années. Huit derrière moi et qui sait combien devant moi », Dan Torrance
Dans une scène particulièrement plus longue, nous voyons Dan confronté au fantome de son père au bar de l’hotel Overlook. Jack, joué par Henry Thomas, explique pourquoi il buvait et offre son médicament à Dan. Il paint cela comme une chance d’échapper à la honte et à la douleur constante, ironicalement instillé en lui par l’alcoolisme de Jack.
L’histoire cruciale du roman de Stephen King est la capacité de Dan à surpasser ses fantomes et refuser de suivre le chemin destructeur de son père. Ici, nous voyons Dan hésiter sur ses 8 années de sobriété, et refuser d’abandonner une chance de partir sur une vie complète. (Sans alcool).
« Elle est juste allongée là, mourrante avec son enfant, qui ne pouvait pas la regarder », Dan Torrance
Dans un miroir tragique de l’incapacité de Wendy de regarder son propre fils, le don de Dan l’empeche de réellement avoir une connection avec sa mère, dans ses moments les plus vulnérables. Nous savons que Wendy et Danny s’aiment vraiment, mais parfois la douleur est juste trop présente. Et parfois, cela nous empêche de créer une connection avec ceux que l’on aime.
« Amène là à l’intérieur. Et puis accepte les choses que tu ne peux pas changer », Jack Torrance
Après avoir intentionellement jeté le verre, le barman Jack amène Dan dans les toilettes pour hommes rouge du film de Kubrick. Jack essaye de retourner Dan contre Abra, et de l’amener dans l’hotel, de la même manière que Gracy a une fois essayé d’avoir Danny à travers Jack, même en utilisant le langage de Dan contre lui.
Jack est vu comme un role de serviteur, faisant allusion au film « Shining ».
Nous pouvons clairement voir que la promesse de pouvoir pour laquelle Jack a donné sa vie, n’est qu’une illusion. Plutot que d’être un invité d’honneur ou une personne importante du management, il sert maintenant l’hotel comme un employé de bas étage. Regardez le regard sur le visage de Dan lorsque Jack le nettoie.
C’est quelque chose qu’un parent ferai à un enfant, mais que Dan n’a que rarement eu durant son enfance.
Honte et acceptation
« Papa a essayé de me tuer », Danny Torrance
Tandis que Dan et Hallorann parlent sur le banc d’un parc de Floride, nous apprenons que Danny n’a pas parlé depuis avoir quitté l’hotel Overlook.
Les premiers mots qu’il dit sont une tentative de gérer le traumatisme qu’il a vécu.
« Tu as peur de moi », Abra Stone
C’est ce que dit la jeune Abra dit à sa mère, jouée par Jocelin Donahue, avant d’aller dormir. Elle ne demande pas, elle le dit. Elle brille et a alors bien conscience de la peur de sa mère. C’est le début d’une narration de honte que nous voyons et auxquels Danny et Abra font face, à cause de leur capaciter et des impacts qu’ils ont sur ceux qu’ils aiment. Ils gèrent cela en réduisant leur don et en le cachant à ceux qui sont le plus proche d’eux. Bien que cela semble une stratégie rationnelle de survie, ce type de raisonnement mène à internaliser la honte qui les dévore au fil des années. Et mène souvent aux abus de substances.
« Elle ne voulait pas me regarder dans les yeux. Pas pour longtemps. Je ne comprenais pas. C’était toi. C’était tes yeux en moi. Et elle devait regarder ailleurs. Cela la torturait de faire cela, donc je l’ai changé. Je l’ai changé pour elle », Dan Torrance.
Le thème du regard est omni-présent dans le Director’s Cut de Flanagan, évoquant la vulnérabilité dont a peur Dan. Dan décrit comment il utilise ses pouvoirs pour se protéger d’un monde qui le blesse. Danny utilise le Shining pour la première (enfant) pour changer la couleur de ses yeux comme une tentative de cacher les souvenirs douloureux de Jack à sa mère.
Bien que ce soit un geste plein de tendresse et de bienveillance de la part d’un enfant cherchant désespéremment l’amour inconditionnel d’un parent, nous apprendrons que la peine de devoir cacher son véritable soi à sa mère a laissé une cicatrice émotionnelle profonde.
Il est capable de partager cela avec Abra, ce qui rend la scène finale avec sa mère encore plue prenante. Cela apporte également une contexte déchirant pour la scène finale de Dan avec Wendy, regardant avec amour dans les yeux de son fils alors qu’il décède.
Wendy
« Tu penses à papa. Tu penses à lui et tu ne le veux pas », Dan Torrance
Dans une nouvelle scène, Wendy a une intéraction tendue avec Danny lorsqu’ils regardent la TV. Elle semble avoir du mal à regarder Danny, et nous apprenons qu’elle voit Jack dans son regard.
Cette scène ajoutée montre le traumatisme mental et émotionnel comme étant bien plus profond qu’une blessure physique qui guérirai, et que ceux que nous aimons porte souvent un dommage collatéral à notre douleur.
« Wendy va s’inquiéter. Et elle ne devrait pas s’inquiéter un autre jour de sa vie. Cette femme a payé sa dette », Dick Hallorann Les fans du roman « Shining » de Stephen King se rappelleront la brutalité avec laquelle Wendy fut battue et la description du trausmatisme qui en a suivi.
La reconnaissance par Halloran que Wendy mérite également du bonheur, a donné des larmes dans les yeux de l’écrivain.
Mike Flanagan semble l’aimer autant que Stephen King, et veut lui rendre la dignité qu’elle n’a pas eu avec le film de Kubrick.
Le décryptage ci-dessus du Directors Cut, est une traduction autorisée de l’article écrit par Jenn Adams et publié sur le site Consequence of Sound.
Jenn Adams, est également la co-hote du podcast « The Horror Virgin ».
La version Directors Cut du film « Doctor Sleep » sort le 11 mars 2020 en France, en Bluray et 4k ultra HD.
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