En pleine promotion de la série « Histoire de Lisey », maintenant sur Apple TV, Stephen King a répondu a quelques interviews.
On vous propose de découvrir, ci-après, une interview de Stephen King réalisée par le New York Times, et disponible gratuitement en suivant ce lien.
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Stephen King sur les raisons qui l’ont poussé à adapter lui-même « Histoire de Lisey »
« Je m’y suis accroché, de la manière dont on tient quelque chose qu’on aime »
(Stephen King)
L’article du New York Times débute sur une anecdote de Pablo Larrain, invité chez Stephen King, dans la maison des invités. « Tu es le seul invité, mais cela ne veut pas dire que tu es seul », lui a dit l’auteur avant de partir.
« J’ai à peine dormi », précise le réalisateur
« Le lendemain matin, il est arrivé avec des oeufs et s’est moqué de moi ». Stephen King savait qu’il lui avait fait peur de rien.
Ce qui suit sont des morceaux édités d’une conversation téléphonique entre le journaliste et Stephen King, autour des différentes couches de narrations de « Histoire de Lisey », les responsabilités des créateurs d’horreurs et comment il n’y a peut-être rien qui ne génère plus de peur que l’esprit humain.
NYT : De tous vos romans, pourquoi adapter vous-même « Histoire de Lisey »?
Stephen King : Je m’y suis accroché, ne m’attendais jamais à ce que j’en fasse quelque chose. Mais j’aime ce livre. Habituellement, je les sors de la même manière que l’on envoie un enfant au lycée. On espère qu’ils vont bien faire, mais on ne peut rien y faire. Si ils font du bon boulot, on peut dire « C’était inspiré de mon histoire. » Sinon, on peut dire qu’ils ont foiré. Si on est impliqué, il faut y être impliqué jusqu’au bout. Et c’est un grand engagement quand on a passé 70 ans.
NYT : Pourquoi une série épisodique?
Stephen King : C’est plus romanesque. « Histoire de Lisey » est un long livre. Les romans qui semblent mieux se porter en films sont ceux qui sont plus courts et plus simples. Je ne pense pas que « Histoire de Lisey » fonctionnerai en film, parce qu’il y a trop de couches.
J’aime aussi l’idée qu’il est possible de développer un peu plus l’histoire. Mais il faut être prudent parce que si ça va faire 8 heures, il faut garder le public.
NYT : Comprendre ce que c’est et ce qui le déclenche peut-être difficile quand il s’agit de mettre en scène les maladies mentales, où la folie motive presque tout. Comment est-ce que vous vous assurez de le faire de manière sensible?
Stephen King : C’est important de voir les personnages en formes et pas juste des images, pas de se moquer d’une personne avec des problèmes mentaux ou de dire que c’est de leur faute. Je ne pense pas que ça l’est. Il faut voir les (personnages) malades comme n’étant pas de leur faute. Mais il faut les traiter ou les emmener où ils ne peuvent blesser personne.
NYT : Dans quelle mesure est-ce que le personnage de Dane s’inspire d’harceleurs que vous avez rencontré?
Stephen King : On a eu quelques cas dans notre vie. L’un d’eux s’était infiltré dans notre maison. Je n’y étais pas. Tabby était à la maison, seule, et le gars a dit détenir une bombe. C’était une boite et ce n’était pas une bombe. Il y avait des gommes à l’intérieurs et des choses étaient attachées avec des bouts en plasique. Elle s’est enfuie de la maison, a été chez le voisin et la police. Le gars n’était probablement pas dangereux. Il y a un gars qui se balade dans un van qui dit que j’ai tué John Lennon. Il existe de vrais malades.
NYT : Il y a une intéraction très intense entre Jim et une bibliothécaire effrayée. D’où en vient l’idée?
Stephen King : Ce n’était pas dans le livre. Pablo m’a dit « Et que dirais-tu si il était dans une bibliothèque? Tu pourrais écrire quelque chose qui est à la fois menaçante et étrange? Il a mentionné Quentin Tarantino et le dialogue qu’il fait. J’ai répondu que je pouvais le faire. Donc je l’ai fais.
NYT : Comment est-ce que cette série diffère de celles que vous avez adaptée de vos romans pour la télévision par le passé, comme la version téléfilm du « Fléau » des années 90s?
Stephen King : Les publicités coupent le rythme. Si on veut essayer de faire croire à des événements fantastiques, c’est comme si on les réveillait pour voir une publicité. Mais de cette manière (sans publicités, ndt), tout ce dont j’avais à me préoccuper c’était de raconter l’histoire, de la garder claire et de laisser un peu de place à la place à la fin pour aiguiser la curiosité pour qu’ils reviennent voir le prochain épisode.
Pablo Larrain le réalisateur de la série, avec Stephen King
NYT : Ils disent qu’à l’instant où on montre le monstre, on enlève son pouvoir. « Histoire de Lisey » est une série qui montre, contrairement à « L’outsider », qui ne montrait quasiment rien de surnaturel. Pourquoi cette approche?
Stephen King : Le monde réel devait être fait prudemment. Il faut faire fusionner le fantastique et l’horreur, avec des points de suture très précis de manière à ce que la personne qui regarde ou lit les livres se dit qu’il s’agit de vraies personnes et qu’il comprend leurs problèmes. Puis ensuite, on se dit « Je vais mettre ces personnes que l’on connait et comprends, dans une situation différente qui est très irréaliste.
« L’outsider », la série comme le livre, traitent de la réaction que nous avons face à l’inexplicable.
« Histoire de Lisey » a des éléments qui sont réalistiques. Pablo et moi avons passé beaucoup de temps en preproduction et il m’a dit : « Stephen, Na’Ya Lune, existe pas vraiment, n’est-ce pas? C’est une construction imaginaire où Scott doit s’échapper de sa maladie mentale, comme une valve de sécurité. » J’ai répondu que « c’est un vrai lieu, que cela ait existé ou non avant qu’il ne l’ai créé. » Il l’a vraiment accepté et est devenu un fan absolu de l’idée.
NYT : Il y a une scène entre les personnages de Julianne et de Dan qui implique un couteau à pizza, et c’est plutot gore. Est-ce que vos conceptions autour de la responsabilités des artistes d’horreur ont changé au fil des années quand il s’agit de mettre en scène la violence, et particulièrement la violence subie par les femmes?
Stephen King : La violence existe contre les femmes et le vrai problème (en écrivant de la fiction) est comment la femme répond à cela. Lisey répond en devenant plus dure. Dans ce sens, elle est un role model. Elle n’est pas battue et terrifiée. Elle prétend l’être, mais elle ne l’est pas. Ces scènes sont difficiles à regarder, mais c’est comme ce qu’a dit Hitchcock au sujet de Psycho : principalement tout est dans l’imagination. On ne voit jamais une seule coupure ou un coup à son visage. On entend des sons et on voit sa réaction ainsi que les conséquences, mais on ne voit pas les actes.
Mon idée sur ce que l’on appelle la pornographie de la violence, quand on voit le visage de quelqu’un se faire démolir, c’est qu’il est important de ressentir les personnages. Ce n’est pas comme les films « Vendredi 13 » où on va au cinéma pour voir 16 adolescents en rut qui meurent de 16 manières intéressantes, que ce soit avec une flèche dans la poitrine ou une tête écrasée. « Histoire de Lisey » est plus artistique que provocateur.
NYT : Vous avez dit que « Histoire de Lisey » vous est venu après une expérience de mort imminente. Comment est-ce que cela vous a fait réévaluer votre vie et votre oeuvre?
Stephen King : J’ai eu une double pneumonie et j’ai été à l’hopital pendant longtemps. J’étais très malade et ma femme en avait profiter pour redécorer mon bureau, qui était très vieux et usé. Pour moi (le bureau, ndt), c’est presque comme un terminal où je vais me détendre.
Quand je suis sortit de l’hopital, elle m’a dit « Peut-être que tu ne devrais pas aller dans ton bureau. Tu ne vas pas aimer. » Bien entendu j’y suis allé et c’était dans un état de transition. Tous les livres étaient dans des cartons avant de les remettre sur les bibliotheques. J’étais sur différents médicaments et en regardant mon bureau j’ai eu l’impression que j’étais peut-être mort. C’est ce qui arriverai : quand il faut vider après qu’une personne soit morte. Puis je me suis dis que ce serait un bon début pour une histoire, et le reste est venu s’y ajouter.
NYT : Avec la pandémie et l’élection et les protestations pour la justice raciale de l’été dernier, beaucoup de gens ont eu des confrontrations chamboulantes avec la mortalité. Et vous?
Stephen King : Je ne le ressens pas. Mentalement, c’est un grand soulagement que Trump ne soit plus à la Maison Blanche. Est-ce que cela a eut un impact sur mon travail? J’en doute.
NYT : Y a t’il des livres ou séries télévisées que vous avez vu durant la pandémie qui vous a inspiré?
Stephen King : J’ai regardé beaucoup de la série « New York, unité spéciale ». Ce sont de très bonnes histoires. Je n’arrête pas de dire sur Twitter qu’il faudrait une version de « New York, Unité Spéciale » avec des vampires (voir notre article à ce sujet)
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