A l’occasion de la sortie, la semaine dernière, du nouveau livre de Stephen King (You Like it Darker, un recueil de nouvelles) en version originale, le romancier américain a participé à quelques interviews… que l’on vous a traduis et retranscris ci-dessous.
La semaine dernière, « You Like It Darker », le nouveau livre de Stephen King (un recueil de nouvelles) est paru en version originale. A cette occasion, le romancier américain a donné quelques interviews, que l’on vous a traduis et retranscris ci-après.
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« Ce que j’ai appris », chez Esquire
Cette liste est publiée dans le numéro d’été 2024 du magazine Esquire, et proposée gratuitement sur le site d’Esquire.
Etre célèbre est super chiant. Plus vous vieillissez, plus ça devient pénible. Mais il faut prendre conscience que cela vient avec le territoire. Ca fait partie du métier.
Il y a un vieux proverbe espagnol qui dit : « Dieu a dis, ‘Prenez ce que vous voulez, et payez le’. » C’est le cas avec la célébrié.
Je savais beaucoup de choses quand j’avais 17 ans. Mais depuis c’est un processus constant d’érosion.
Il ne faut pas penser à l’écriture comme étant quelque chose à poursuivre en étant adulte, ou quoi que ce soit d’important. C’est une bonne manière de finir comme étant un moulin à paroles et de se croire vraiment important. On ne l’est pas. Il faut juste faire son travail.
Je dois bosser tous les jours parce qu’il faut que je le maintienne. Si je prends quelques jours de repos, cela finir par devenir un peu rouillé- comme un vieux poster publicitaire délaissé sous la pluie.
Ca ne marche pas toujours. J’ai des histoires qui se sont retrouvées aux bords d’un mur. Elles sont dans mon tiroir droit. Je ne l’ouvre pas.
Si c’est une bonne critique, elle peut -être ignorée. Si c’est une mauvaise critique, et bien, elle a tendance à t’obséder.
La chose importante au sujet de l’échec, c’est qu’il faut toujours en apprendre quelque chose.
Quand j’ai une bonne idée, je le sais. C’est comme quand vous tapotez un lot de verre avec une cuillère. Ca fait « clunk, clunk, clunk ». Et puis il y en a une qui fait « ding ».
Dans chaque mariage, après que la période nuptiale est passée on arrive à l’étape sérieuse de la construction d’une relation.
Il ne faut pas se coucher en colère. Si cela sonne comme un cliché, c’est que c’est devenu un cliché pour une bonne raison.
Soyez là pour vos enfants. Dites oui autant que possible pendant que vous le pouvez.
Ce que je dirais à moi-même à 20 ans? Reste à l’écart des drogues et de l’alcool. Parce que tu as une tendance à aller trop loin.
J’ai été en récupération, un jour à la fois, depuis longtemps maintenant. Tout ce que je sais, c’est ce qui marche pour moi : reste à l’écart de l’allée des vins dans les magasins.
On dit qu’on ne va pas dans une maison close pour écouter le joueur de piano, et si tu traines autour du barbier, tôt ou tard tu vas finir par entrer te faire couper les cheveux. Donc reste à l’écart de la tentation.
J’aime utiliser mon imagination. J’aime sortir en promenade. J’aime le monde de manière générale.
Stephen King doute qu’il soit encore possible de dégoûter le public américain, chez NPR
La présentatrice Mary Louise Kelly, de la radio NPR, a interviewé Stephen King : disponible ici, sur le site de NPR
Mary Louise Kelly : (présente Stephen King)
Stephen King : Bonjour, comment allez-vous Mary Louise?
Mary Louise Kelly : Je vais bien, merci. Je voulais commencer par vous interroger sur cette nouvelle que je viens de commencer. Il s’agit de « The Answer Man ». Vous avez commencé à l’écrire quand vous aviez 30 ans. Vous l’avez fini à 75 ans. Que s’est-il passé?
Stephen King : (Rires) Et bien, je l’avais perdu. Ce qu’il se passe me concernant, est que j’écris des histoires et généralement je les finis, mais ce n’est pas toujours le cas. Et celles que je finis pas vont dans un tiroir et je les oublie. Et il y a 5 ans, ces gens sont venus collecter tous ces écris qui étaient finis ainsi que ce qui n’avait pas été fini pour les mettre dans des archives. Et mon neveu…
Mary Louise Kelly : Donc ils fouillaient dans les tiroirs de votre bureau, d’accord, continuez
Stephen King : Ils fouillent tout, vous savez, les tiroirs de bureau, les poubelles, sous le bureau et partout où… je ne suis pas exactement une personne très organisée. Et donc, mon neveu, Jon Leonard, a trouvé cette histoire que j’avais écris dans un hotel UN Plaza dans les années 70s je crois. Et il m’a dit que c’était très bien, que je devais la finir. Et je l’ai relu, et lui dis penser savoir comment la finir maintenant. Donc je l’ai fais. Et vous savez, je ne pense pas avoir jamais décidé que c’était une mauvaise histoire. Je pense que j’avais quitté cet hotel (probablement un peu précipitamment, ndlr) et l’ai oublié.
Mary Louise Kelly : Et bien, donnez un petit aperçu au public. C’était les premières six ou à peu près pages que vous aviez écrit à l’hotel a l’époque. Cela devient une nouvelle de 50 pages. Qu’est-ce qui vous a poussé à y retourner?
Stephen King : J’aime le concept, l’idée que ce jeune homme conduit et sur la route se demande s’il doit rejoindre la boite de ses parents à Boston, un cabinet d’avocats, ou s’il doit créer son propre chemin. Il a la vingtaine ou le début de la trentaine. Et il voit cet homme sur laroute qui s’appelle ‘l’homme aux réponses’. Il est assis à une petite table sur le bord de la route, sous un parapluie. Et il lui dit, « je répondrai à trois de vos questions et pour $25 vous aurez 5 minutes pour me poser vos questions. Et donc je me suis dis que j’allais écrire l’histoire en 3 actes, une lorsque l’interrogateur est jeune, une autre quand il est moyennement âgé, et une autre quand il et âgé. Et véritablement, la question que je me suis posé est, est-ce que tu veux savoir ce qu’il va se passer dans le futur ou non?
Mary Louise Kelly : Oui. L’homme aux réponses a des réponses, qu’importe ce qu’on lui demande… ce qui amène à, vous savez, l’histoire, comme beaucoup de vos histoires, mais celle-ci en particulier traite du destin, selon que les choses sont prédisposées à se dérouler quoi qu’on fasse, quel que soit le choix que nous faisons. Pensez-vous que ce soit le cas?
Stephen King : Je ne sais pas. La réponse est que je ne sais pas. Et vous savez, quand j’écris des histoires, j’écris pour trouver ce que je pense vraiment. Et je ne pense pas qu’il y ait de vraie réponse à cette question.
« J’écris pour trouver ce que je pense vraiment »
Mary Louise Kelly : Oui.
Stephen King : Une des choses qui m’a interessé avec le jeune homme, son nom est Phil, est qu’il pense qu’il doit demander combien de temps il va vivre. Avant de se dire qu’il ne veut pas savoir cela. Et maintenant ils ont des tests, n’est-ce pas? Des tests qui vous disent combien de temps vous allez vivre. Et je ne pense pas que la majorité des gens veulent ces tests.
Mary Louise Kelly : Ce serait étrange de vivre sa vie en sachant cela. Oui, vous écrivez…
Stephen King : Oui, par cela je veux dire, voulez vous vraiment savoir combien de temps vous allez vivre?
Mary Louise Kelly : Seulement si la réponse est « encore très longtemps », mais je suppose que par définition, on ne peut pas savoir.
Stephen King : Oui.
Mary Louise Kelly : Oui.
Stephen King : Mais on ne le saurai pas.
Mary Louise Kelly : Exactement. Je veux dire que, vous décrivez dans l’épilogue du livre que finir dans votre soixante dizaine une histoire débutée lorsque vous étiez jeune, vous a donné, et je vais vous citer « le plus étrange sentiment de crier dans un canyon du temps ». Pouvez-vous expliquer ce que cela veut dire?
Stephen King : Et bien, vous écoutez l’écho revenir. Quand j’étais un jeune homme, j’avais les idées d’un jeune pour cet homme aux réponses et je pouvais voir comment allait se dérouler l’histoire. Mais maintenant, en tant qu’homme qui a atteint, disons, un certain âge, je suis forcé d’écrire avec mon expérience et l’idée de ce que ça pourrait être d’être un homme âgé. Donc oui, ça m’a semblé être comme crier et d’attendre pour l’écho revenir après toutes ces années.
Mary Louise Kelly : Y a t’il des histoires, ou des sujets que vous évitez d’aborder, vous Stephen King, auxquels vous pensez et vous dites, ‘c’est peut-être un poil trop flippant, trop bizarre’?
Stephen King : Et bien, il y a ce roman « Simetierre » (Pet Sematary) que j’ai écris et mis dans un tiroir parce que je pensais que personne ne voudrait le lire. Que c’était trop horrible. Je savais de quoi il parlait, et je savais que ça allait être au sujet d’un père qui perd son petit garçon, qui va le déterrer et l’enterrer dans un autre cimetière. Et je me suis dis que c’était horrible. Je voulais l’écrire pour voir ce que ça allait donner, mais je ne pensais pas à le publier. Mais j’avais une obligation contractuelle pour laquelle il me fallait un autre roman avec mon ancien éditeur. Et donc j’ai publié ce livre et trouvé, à la fois à mon délice ainsi qu’à mon horreur, qu’il n’est pas vraiment possible de dégoûter le public américain (rires). Il n’est pas possible d’aller trop loin.
Mary Louise Kelly : C’était un énorme bestseller, il me semble, n’est-ce pas?
Stephen King : Oui, ça l’a été. C’était un bestseller et c’est devenu un film. Et…
Mary Louise Kelly : Oui.
Stephen King : Et c’est la même chose avec « Ça » au sujet d’un clown tueur qui cible les enfants. C’était un livre très populaire et un film.
Mary Louise Kelly : Qui hante toujours mes cauchemars, je dois vous dire. Combien de livres avez-vous écris à ce jour?
Stephen King : Je ne sais pas
Mary Louise Kelly : Vraiment? J’essayais de…
Stephen King : Non, je ne sais pas.
Mary Louise Kelly : …regarder, et dans notre récent dossier à votre sujet, on a tout dit entre 50 et 70. C’est a peu près le cas, genre des dizaines et dizaines?
Stephen King : Oui. Je pense que c’est probablement autour de 70 si l’on compte les recueils de nouvelles, d’essais et de romans, et tout ça. Mais je compte pas. Je me rappelle penser en tant qu’enfant que ce serait une superbe vie que d’être capable d’écrire une centaine de romans.
Mary Louise Kelly : Oh, mon dieu, oui.
Stephen King : Et je n’y suis pas. Il y en a d’autres qui ont réussi, donc ça peut se faire. Mais, je présume que je ne suis pas si ambitieux que ça. Ce que je veux vraiment c’est…
Mary Louise Kelly : Je dirai que vous l’êtes
Stephen King : ... c’est passer ma vie.
Mary Louise Kelly : plutôt pas mal (rires), je dirai
Stephen King : Oui. Et je voulais passer ma vie a raconter des histoires. C’est tout. En étant capable de supporter ma famille en faisant ce que j’aime, c’est tout gagnant.
Mary Louise Kelly : Et bien, à vous écouter on dirait que vous vous amusez toujours. Donc j’espère que vous aurez quelques autres romans pour nous.
Stephen King : Ce serait bien.
Questions et réponses autour de l’écriture, dans la version britannique exclusive à Waterstone
L’éditeur britannique a sortit plusieurs variations du livre « You Like It Darker », au grand bonheur (ou plutôt désarroi) des collectionneurs les plus poussifs qui essayent d’obtenir toutes les versions des livres de Stephen King.
Parmi ces différentes versions, une proposée en exclusivité à la chaine de librairies Waterstone, accompagnée d’un 2 pages et demie de questions réponses avec Stephen King. Celle-ci n’étant pas proposée publiquement, dans le respect du droit d’auteur nous n’allons pas vous la traduire complètement mais en faire une synthèse des points principaux :
La première question porte sur l’écriture et sur les éléments qui font que Stephen King décide qu’une histoire sera une nouvelle, une novella ou un roman.
Stephen King précise qu’il sait presque toujours quand l’histoire sera courte, parce qu’il en perçoit très clairement l’intégralité (bien qu’il soit parfois surpris lui-même). Quand il a l’impression que l’histoire sera bien plus riche en éléments, il lui donne l’espace dont elle a besoin. Il conclut en précisant que de nos jours les longues nouvelles sont presque impossible à vendre dans le marché actuel, mais qu’il a la chance, lui, de ne pas avoir à s’en préoccuper. Il les mets donc de coté jusqu’a à en avoir assez pour en faire un recueil.
La seconde question l’interroge sur l’influence de la musique sur son écriture.
Stephen King répond avoir toujours aimé le rock and roll. Parfois une chanson lui semble parfaite pour une histoire et il l’intègre. Dans le cadre de « Danny Coughlin’s Bad Dream » (dans le livre « You Like It Darker », ndlr) il est convaincu que le personnage de Danny Coughlin écoute beaucoup de musique country.
Pour « Christine » c’était uniquement du rock and roll, principalement avec des chansons faisant référence aux voitures.
Il termine en précisant qu’il a un véritable junkbox dans sa tête, se rappelant les noms de groupes, d’artistes et mêmes les sociétés de production. « Si j’avais pu me rappeler les formules algébriques de la même manière, j’aurai été mathématicien ».
Concernant les hommages accompagnant certains de ses textes, qu’il dédie à d’autres auteurs
Stephen King déclare que certains auteurs ont une influence sur le style dans lequel il écrit certaines histoires. Ainsi, « On Slide Inn Road » fut influencée par Flannery O’Connor et sa nouvelle « A good man is hard to find » (texte de 1958, ndlr) bien qu’il ajoute en toute modestie que la sienne n’est pas aussi bonne, même si elle contient un peu de l’humour caustique de O’Connor.
Il continue en précisant que « The Dreamers » fut influencée par la lecture de l’ultime roman de Cormac McCarthy décédé l’année dernière et auquel Stephen King a tenu à lui rendre hommage. Enfin, « Rattlesnakes » mentione John D. MacDonald à la fin, simplement parce que l’histoire se déroule dans une partie de la Floride sur laquelle ce dernier écrivait tellement bien.
« Je considère que les auteurs devraient reconnaitre leurs influences lorsque c’est possible. Je me porte sur les épaules de géants littéraires, et j’aime le faire savoir ».
« Je considère que les auteurs devraient reconnaitre leurs influences lorsque c’est possible. Je me porte sur les épaules de géants littéraires, et j’aime le faire savoir ».
Concernant le choix des lieux dans lesquels il instigue ses histoires et si cela influence son ton
Stephen King répond qu’il n’est pas toujours nécessaire de bien connaitre les lieux (par exemple il n’a jamais été au Kansas, dans lequel « Danny Coughlin’s Bad Dream » se déroule, mais bien entendu cela aide énormément. Ainsi que Google Maps, ajoute t’il.
Il est à l’aise avec la géographie du Maine, de New York et de la Floride… et il a choisi cette dernière car il voulait des serpents et alligators !
Concernant la diversité de ses histoires, le fait qu’il ne s’est jamais catégorisé comme étant un romancier « d’horreur » et raconte régulièrement l’anecdote d’une femme refusant de croire qu’il avait écrit « Les Evadés ». Est-ce qu’il fait une distinction entre les histoires avec des éléments surnaturels de ceux sans?
Stephen King raconte à nouveau l’anecdote. Puis, pour répondre à la question il déclare que ses lectures croisent les genres et que c’est donc aussi le cas de ses histoires. « Si j’ai une bonne idée, cela n’importe pas qu’elle soit surnaturelle ou non ». La seule similarité évidente entre elles est son effort de créer du suspense et de les rendre lisibles.
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