Pour la sortie du film « Le téléphone de Mr Harrigan » sur Netflix, Stephen King a participé à une interview exclusive avec l’équipe de Netflix, partagée ici sur leur site « Tudum ».
Et, de manière surprenante, Stephen King déclare qu’il aimerait bien repasser derrière la caméra, pour réaliser un nouveau film !
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Découvrez ci-dessous, notre traduction de l’interview :
/// Attention spoiler : si vous n’avez pas lu la nouvelle « Le téléphone de Mr Harrigan » ou vu le film, cette interview contiendra des spoilers \\\
Netflix : D’où vous vient l’idée du « Téléphone de Mr Harrigan »?
Stephen King : J’ai toujours voulu écrire l’histoire d’une personne enterrée avec un téléphone. La première chose à laquelle j’ai pensé était qu’un type allait être enterré vivant et qu’il avait un téléphone, il était mis dans un cercueil et le téléphone sonne. Un truc de ce genre. Mais il faut réviser cela avec les iPhones. J’ai repensé au premier modèle d’iPhone. J’en ai même récupéré un sur ebay pour mes recherches. Il est plutôt abimé. Il a toutes les applications, mais on ne peut simplement pas l’utiliser pour faire des appels téléphones, parce que tout est passé au digital maintenant. Il ne marche donc pas pour les appels, mais il marche pour tout le reste, aussi bien qu’à ses débuts. Donc j’ai écrit l’histoire, et Netflix est venu en voulant l’acheter. John Lee Hancock était impliqué dans l’idée, il voulait l’écrire et le réaliser et ça me semblait très bien.
Netflix : Il existe littéralement des centaines d’adaptations de vos histoires, romans et novellas. Il ne doit plus rester grand chose qui n’a pas encore été optionné par Hollywood. Quel percentage de tout ce que vous avez écrit pensez-vous qu’il reste à optionner à ce stade?
Stephen King : Peut-être 25%. Vous savez, il y a une grande différence entre avoir une option et véritablement en faire un film. On plante une graine et un jour quelqu’un vient et vous dis « Je veux vous acheter cette graine », et on a un marché dans lequel les personnes ne payent rien pour l’option parce que j’aime avoir un peu de contrôle et que j’aime avoir plus d’argent à la fin si quelque chose voit le jour.
L’autre truc est que je veux que les gens aient une opportunité. Netflix a été génial pour cela. Il y a beaucoup de plateformes de streaming, mais Netflix était parmi les premiers, ils étaient les meilleurs et ils font un large éventail de choses. Ils l’ont donc fait et j’en suis vraiment ravi.
Netflix : Y a t’il une histoire qui n’a pas encore été optionné que vous pensez que les gens ignorent? Qui ferait un bon film?
Stephen King : Je ne crois pas que qui que ce soit ait optionné « Rose Madder« , qui ferait un super film.
(Ndlr : il ne me semble pas que ce soit vrai. On sait qu’HBO détient les droits depuis plusieurs années et ne veulent pas lâcher les droits. On le sait notamment via un réalisateur français qui voulait en récupérer les droits… et n’a jamais pu le faire…. de plus, la dernière information d’une adaptation de ce roman date de 2017 — c’est aussi pour cela que, depuis quelques années, Stephen King propose des options d’adaptations attachées avec un planning assez strict d’avancée afin de conserver les droits)
Netflix : Qu’en est-il de vos romans publiés par Hard Case Crime, comme « Joyland »?
Stephen King : « Joyland » a été optionné par le type qui a fait « The Help ». Il a fait un super scénario, et je pense que ça ferait un film exceptionnel. Le premier (roman) que j’ai écris pour Hard Case Crime était « Colorado Kid« , qui a été transposé en série télévisée intitulée « Haven » et qui a été diffusée il y a quelques temps déjà. Les chèques n’ont jamais été sans soldes, donc c’était sympas.
Stephen King à la célébration des 75 ans du magazine The New Yorker, en 2000
Netflix : Etes-vous d’accord avec la citation d’Hemingway disant que quand il s’agit de vendre des histoires à Hollywood, le mieux qu’on puisse faire est de rencontrer les producteurs au début, de leur jeter le livre, qu’ils vous jetent de l’argent, puis de sauter dans sa voiture et de s’enfuir?
Stephen King : Oui, mais je ne suis pas complètement d’accord. Hemingway a aussi dit que la meilleure chose qui puisse arriver à un écrivain est qu’Hollywood paye une tonne d’argent pour un livre et que le film ne se fasse pas. Je le comprends. Mais je l’ai toujours pris comme vouloir le meilleur pour lui (le film, ndlr). C’est comme envoyé un enfant à l’université. On espère qu’il ne fera pas d’embrouilles et qu’il ne prendra pas de drogues ou se mettre dans une mauvaise relation qu’il n’arrivera pas à en sortir, mais à un moment donné il faut juste les laisser partir. Il y a des films que j’adore (et vous savez probablement lesquels il s’agit) et d’autres ou ce n’est pas le cas. Mais dans tous les cas, le livre demeure. Le livre est le maitre.
Netflix : Quelles sont les adaptations que vous appréciez le plus?
Stephen King : Et bien… j’aime « Stand by me« , « Les évadés« , « La Ligne Verte« . J’aime beaucoup « Misery« . Celui dont personne ne parle est « Cujo« . Alors que j’ai toujours pensé qu’il n’a pas reçu l’attention qu’il méritait. C’est surtout le cas de Dee Wallace qui aurait du avoir une nomination aux oscars.
Netflix : Je ne souhaitais pas changer de sujet, mais est-ce vrai que vous ne vous rappelez plus l’écriture de « Cujo » à cause des substances que vous abusiez à l’époque?
Stephen King : En vérité, je me rappelle son écriture, mais je ne me rappelle pas l’avoir révisé ni fait ce genre de chose parce que je l’ai écris la nuit et que j’étais toujours ou saoul ou défoncé. Je n’en ai donc pas une mémoire très claire de tout cela.
Netflix : Vous êtes crédité comme producteur exécutif du film « Le téléphone de Mr Harrigan ». Qu’est-ce que cela veut dire exactement? Cela semble être un titre assez amorphe. Etiez-vous impliqué sur le projet?
Stephen King : Cela veut dire deux choses. D’abord, on récupère un peu d’argent. La deuxième, est que cela donne un peu de contrôle créatif sur le projet. J’avais le droit d’approbation sur le scénario ainsi que sur les acteurs… mais comment dire non à Jaeden Martell et Donald Sutherland? Il n’y avait pas de débat. Et l’autre chose est John Lee Hancock. Non seulement il a un bon historique, mais je me sens confortable avec quelqu’un qui écrit et réalise à la fois… ce qui garde les deux choses sous la même personne. Il y a moins de frictions, moins d’allers-retours. Je ressens quelques responsabilités pour faire tout mon possible pour garder un oeil sur le projet tout en disant gentiment « Je pense que cela n’est peut-être pas la bonne manière de faire. » Mais avec « Le téléphone de Mr Harrigan« , je n’ai jamais eu à le faire. C’est une histoire effrayante, mais… silencieuse. J’aime ça.
Netflix : La chanson « Stand by your man » de Tammy Wynette, utilisée en sonnerie m’a foutu la trouille…
Stephen King : Oh oui. Mais le moment où cela passe d’un bon film à un très bon film est quand la professeure est tuée par un conducteur saoul et que Jaeden Martell y pense et qu’il appelle « Mr Harrigan » pour lui dire « Je veux qu’il meure ».
Plus tard il le regrette. Et je pense que ce serait pareil pour tout le monde. Mais c’est comme tuer via un iPhone. Cela donne au film une certaine texture de morale. Ce n’est pas juste du sang et du gore.
Netflix : Vous avez bien évidemment un rapport étrange avec les technologies. « Cellulaire » avait un thème similaire. Est-ce que les téléphones mobiles sont plutôt bénéfiques ou maléfiques?
Stephen King : Ce sont des béquilles. J’aime quand à la fin il jette le téléphone de Mr Harrigan et qu’il s’élance pour jeter le sien mais qu’il n’arrive pas à le faire véritablement. Et il dit « En fin de compte, nous sommes marriés à nos iPhone », mais c’est probablement un mauvais mariage. Quand on marche dans la rue et que l’on voit les gens penchés sur leurs téléphone, il y a quelque chose d’un peu effrayant à ce sujet.
Netflix : Est-ce étrange de les voir réaliser le casting des acteurs? Parce que, bien évidemment, vous devez avoir des visages en têtes quand vous écrivez vos personnages?
Stephen King : Non, ce n’est pas le cas. Jamais.
Netflix : Vraiment? D’accord, donc que pensez-vous de Donald Sutherland en tant que Mr Harrigan?
Stephen King : Je trouvais qu’il correspondait bien. Parfait.
Netflix : Il y a tellement de tyrans dans vos histoires, et il y en a un dans celle-ci.
Stephen King : Il est un peu triste, quand même, non?
Netflix : Complètement. Mais c’est comme tous les tyrans, non?
Stephen King : Ouais.
Netflix : Vous les écrivez tellement bien. Est-ce quelque chose que vous avez vécu enfant?
Stephen King : Je pense que tout le monde l’est dans une certaine mesure. J’étais plutôt sensible. Je n’ai jamais été harcelé sur une longue période. Mais de temps en temps, il y avait… il y a une chose dans « Le téléphone de Mr Harrigan » quand le harceleur dit « Nettoie mes chaussures ». Et cela m’est arrivé. J’ai répondu « Je ne vais pas le faire ». Il m’a fait sortit et on s’est battu.
Netflix : Qu’est-ce que ça a donné?
Stephen King : J’ai perdu.
Netflix : Vous avez tellement de projets à la fois. Combien de projets d’écritures travaillez vous simultanément?
Stephen King : Je n’ai qu’un seul projet en ce moment. Généralement je ne travaille plus que sur une seule chose à la fois. Il fut un temps où je fonçais à la drogue et je pouvais parfois travailler sur deux choses à la fois. Mais non, je ne travaille que sur un projet.
Stephen King dans l’émission télévisée « Good Morning America », en 2009
Netflix : Décrivez-moi votre routine quotidienne d’écriture. Est-ce organisée, y a t’il des heures spécifiques, un lieu précis d’où vous travaillez?
Stephen King : Non, je peux écrire à peu près partout, mais je préfère travailler de disons 8h du matin jusqu’à midi. J’ai un bureau à l’étage et de temps en temps je dois sortir et jouer au frisbee avec les chiens ou faire des corvées, mais généralement je suis seul et travaille trois ou quatre heures.
Netflix : Mais êtes-vous obsédé dans le sens ou vous sentez qu’une journée passée sans écrire est gâchée?
Stephen King : Oui, surtout que je ne suis plus tout jeune maintenant, donc j’aime faire autant que possible pendant que je suis encore capable de le faire.
Netflix : Quelle fut votre plus longue session d’écriture sans pause?
Stephen King : Je ne m’en rappelle plus. Mais je sais que j’ai écris « Running Man » sur une semaine parce que j’enseignais, que c’était les vacances de février et que c’était enneigé. Donc j’ai travaillé sur la machine à écrire de la marque Olivetti de ma femme, matin, jour et nuit.
Netflix : Vous avez écrit des scénarios, joué des rôles et même réalisé un film avec « Maximum Overdrive ». Si vous deviez choisir l’un de ces rôles à faire une nouvelle fois, ce serait lequel?
Stephen King : J’aimerai tous les faire. J’aimerai réaliser un autre film parce que « Maximum Overdrive » était une première expérience. Je n’y connaissais rien et j’ai beaucoup appris depuis, et je pense que je pourrais faire un meilleur résultat maintenant. Concernant l’écriture d’un scénario, oui c’est sûre, j’aimerai le faire. Quant à être acteur? Je ne suis pas vraiment très bon, mais…
Netflix : Mais, « Creepshow »…
Stephen King : Oui, ce n’est pas mon meilleur. Mon meilleur rôle était le caméo dans la série « Sons of Anarchy » et j’y étais sur une moto.
>>>> Découvrez notre dossier sur les caméos de Stephen King
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