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Interviews

[INTERVIEW] Stephen King a peur que le virus revienne, plus mortel… et parle du Seigneur des Anneaux

Pour promouvoir la sortie de son livre « If It Bleeds », Stephen King était l’invité de l’émission « The Late Show with Stephen Colbert », enregistrée depuis sa maison de Sarasota, en Floride.  

Stephen King et l’animateur télévisé ont parlé du contexte lié au coronavirus et l’impression de vivre dans un roman de Stephen King, des personnages de Stephen King avec lequel l’auteur n’aimerait pas être en quarantaine (spoiler : Annie Wilkes et Jack Torrance) et du livre « Le seigneur des anneaux », qu’ils aiment tous les deux.

Découvrez ci-après la vidéo de l’interview suivie par notre retranscription et traduction.

 

 

 

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Stephen Colbert : Il est l’auteur de nombreuses histoires que nous adorons : Carrie, Ça, Misery, Shining, Les évadés, The Outsider et Le Fléau, bientot chez CBS All Access. Son nouveau livre est « If It Bleeds », s’il vous plait souhaitez la bienvenue à Stephen King.
Stephen King, votre carrière entière est construite sur l’imagination de scénarios qui font peur. Comment gérez-vous celui-ci, se trouvant dans la réalité?

Stephen King : Et bien, je fais comme tout le monde. Je suis la plupart du temps assis à la maison, et quand je sors au supermarché je porte mon petit masque. Quand je rentre à la maison, je me lave les mains parce que je peux imaginer, et l’imagination est une chose terrible quand elle se retourne contre soi, je peux imaginer des microbes aussi gros que des biscuits sur mes mains, qui remontent sur mes bras et mon visage.

Stephen Colbert : Que penses-tu de cette histoire d’horreur que nous vivons, et dont un des personnages principal est notre président?

Stephen King : Le moment où il a parlé de boire de la javelle m’a chamboulé. Les gens m’ont dit, pendant des années, que j’avais en quelque sortes prédit Donald Trump. J’ai écris le livre « Dead Zone », avec un personnage, une sorte de comédien ou gars de la télévision qui rameutait les foules et qui disait à tout le monde qu’il allait résoudre les sujets de la pollution et des poubelles, qu’il allait les envoyer dans l’espace! Et après il distribuerai des hots dogs et dirai « Vous direz HOT DOG quand vous élirez Greg Stillson président! » Et, vraiment, je trouve qu’envoyer les déchets dans l’espace se compare plutot bien avec l’injection de javel dans le corps humain.

Stephen Colbert : Oui, je trouve que c’est plutot égal. Si vous aviez écrit le scénario dans lequel nous nous trouvons actuellement, est-ce que vous l’auriez déroulé de cette manière? Est-ce qu’il se déroule de la manière dont vous l’auriez imaginé?

Stephen King : J’ai écris un livre intitulé « Le Fléau », en 1975 ou 1976 et je m’en excuse toujours, 40 ou 50 ans plus tard. Des gens viennent me voir et me disent, au travers de leur petit masque « J’ai l’impression de vivre dans une histoire de Stephen King« . Et ma réponse est « J’en suis désolé », mais quand je l’ai écris, dans les années 70s, j’avais juste eu cette idée en m’inspirant d’une fuite de produits chimiques dans l’Utah. J’ai été voir un docteur que je connaissais et lui ai dit « Peux-tu me donner un scénario d’une pandémie qui effacerai 99% de la population mondiale? »
Ses yeux se sont illuminés.
Ils adorent ce genre de scénario apocalyptique conditionnel. Et il m’a dit « La grippe serait la meilleure solution. C’est un virus. Ce n’est pas mort. Ce n’est pas vivant. Personne ne sait vraiment ce que c’est, mais le truc au sujet de la grippe c’est que c’est un cadeau qui ne s’arrête pas. Parce que chaque année elle revient, mais différente. Donc il faut un nouveau vaccin. Et le pire, Stephen, au sujet du coronavirus, c’est que les choses pourraient revenir à la normale et le virus pourrait revenir après avoir muté. Ce qui donne deux possibilités : qu’il revient bien plus faible et ce n’est pas vraiment un problème. Mais le scénario cauchemar, qui est bien entendu celui vers lequel mon esprit se tourne, est qu’il revient encore plus mortel.

Stephen Colbert : Votre nouveau livre s’appelle « If It bleeds », c’est en réalité 4 histoires…

Stephen King : Tu sais quoi Steven, il se trouve que j’ai un exemplaire ici (le montre à l’écran). Le voila.

Stephen Colbert : Regardez ça (il en sort aussi un exemplaire).

Stephen King : Oh génial, on a tous les deux un exemplaire. C’est génial.

Stephen Colbert : Quel est le role d’une histoire d’horreur, en ce moment, lorsque l’on vit dans une sorte de futur dystopique?

Stephen King : Je pense que les gens gravitent vers les histoires d’horreur, lorsque les temps sont durs et effrayants. Et c’est clairement le cas en ce moment, parce que quand on se penche sur une histoire d’horreur, comme « If It Bleeds », ou « Jessie » ou n’importe lequel de mes livres, qui au passage sont disponibles en livraison ou à la porte de vos libraires, on la lit et les situations sont bien pire que de devoir rester à la maison sans papier toilette. Et quand on la fini, on referme le livre et on a un endroit pour enfermer ses peurs pour quelques temps. On est en mesure de dire que ces problèmes étaient bien pires que les miens, de refermer le livre, se coucher et dormir comme un bébé. Ou du moins c’est la théorie.

Stephen Colbert : Parmi les personnages que tu as écris, avec lequel souhaiteriez-vous le moins être enfermé en quarantaine? Ou le plus. Au choix.

Stephen King : Ce n’est pas pareil! Je ne voudrais pas être en quarantaine avec Annie Wilkes (de « Misery« , ndlr), parce qu’elle penserai que je serai un petit merdeux et elle me dirai : « Steven, j’ai une merveilleuse idée pour un livre et je veux que tu l’écrives. Sinon je te couperai le pied. » Donc je ne voudrais pas être en quarantaine avec elle. Si je devais choisir quelqu’un avec…

Stephen Colbert : Et Jack Torrance? Vous voudriez être en quarantaine avec Jack Torrance de « Shining« ?

Stephen King : Non, je ne serai pas non plus à l’aise en quarantaine avec Jack Torrance, parce que j’aurai peur qu’il commence à écrire « No work and no play makes Jack a dull boy ». Ca m’inquiéterai. Mais je serai d’accord d’être en quarantaine avec Holly Gibney de « If It Bleeds » (et de la saga « Mr Mercedes« , ndlr). Elle a des TOC, mais elle est plutot bien.

Stephen Colbert : C’est une des préférées des fans, et elle est de retour dans ce livre.

Stephen King : Elle l’est. Elle l’est. Je ne sais pas si elle est une des préférées des fans, mais elle est ma préférée! Donc les lecteurs vont être bloqués avec elle pour ce livre.

Stephen Colbert : Je dois vous demander cela. On vous a récemment demandé vos 10 livres préférés et vous avez mis « Le seigneur des anneaux » dans votre liste. Je suis un grand fan du Seigneur des anneaux… Du point de vue d’un auteur, qu’est-ce que vous aimez au sujet de ce livre?

Stephen King : Oh, c’est un des livres qui m’a appris à écrire de la fiction. Parce que… le héro est un hobbit. C’est une petite créature avec des pieds poilus, il mange 12 fois par jour. On sait qu’il n’existe pas de telles créatures, mai c’est un type normal avec un grand coeur. N’est-ce pas? Il a un grand coeur, beaucoup de courage et nous espérons toujours avoir cela, surtout dans des temps comme ceux-ci. Il part en quête avec ses amis, et j’adore les histoires autour de l’amitié. Des camaraderies solides, et je pense que c’est le cas pour tout le monde. Quel est ton personnage préféré du Seigneur des Anneaux, je peux le demander?

Stephen Colbert : Sam!

Stephen King : Sam était mon personnage préféré du Seigneur des anneaux ! Il n’y a pas de doute, parce que la phrase dont je me rappelle toujours… elle m’a vraiment donné des larmes, c’est quand l’anneau est trop pour Frodo. Sam lui dit « Je vais te porter, Mr Frodo ». Et il le fait. C’est un moment très beau. Une belle histoire.

Stephen Colbert : J’aime quand ils sont sur le plateau et qu’ils vont monter sur la montage pour jeter l’anneau. C’est la nuit avant qu’ils ne montent. Il regarde Frodo et il voit une lumière sortir de Frodo. Il le perçoit comme un vaisseau de lumière et il dit. Il réalise qu’il l’aime. Et il dit : « Il est comme ça, et parfois, il brille. » J’aime ce moment lorsqu’il réalise combien d’amour et d’admiration il lui porte.

Stephen King : C’est une histoire simple mais elle est bien racontée et on peut s’y submerger. Elle est particulièrement bonne durant des temps comme ceux-ci, et je pense que toi et moi on peut tous les deux dire que c’est une bonne lecture pour ceux qui en ont marre d’être mis en quarantaine. C’est un bon endroit dans lequel mettre son coeur pour… plutot un long moment, parce qu’il y a beaucoup de choses. Mais c’est un de ces livres… Quand je l’ai fini, je me suis dit qu’il se passerai beaucoup de temps, des années, avant que je ne lise quelque chose d’aussi bon.

Stephen Colbert : Stephen, merci beaucoup de nous avoir rejoins.

Stephen King : Merci beaucoup de m’avoir reçu.

 

>>> Pour tout savoir sur le livre « If It Bleeds »

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