Nous vous en parlions la semaine dernière : Mick Garris a récemment reçu le réalisateur Mike Flanagan (Doctor Sleep), au micro de son podcast « Post Mortem ». L’occasion pour les deux réalisateurs ayant, chacun travaillé autour de l’univers de « Shining », d’échanger ensemble sur les difficultés rencontrées par leurs projets respectifs.
Nous avons passé quelllllllques heures à vous préparer une traduction de leur échange, et nous vous proposons de la découvrir ci-dessous.
Si vous souhaitez écouter le podcast :
Si vous souhaitez lire notre retranscription et traduction du podcast :
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Si vous aimez notre travail de traduction (une vidéo de ce genre représente plusieurs heures de travail), n’hésitez pas à liker/commenter/partager sur les réseaux sociaux.
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Vous écoutez maintenant « PostMortem avec Mick Garris« , où les voix les plus influentes du cinéma d’horreur vident leur sac, littéralement, au producteur, scénariste et réalisateur d’horreur reconnu. Maintenant votre hôte. Mick Garris.
Stephen King est un genre en lui-même, et il est omni-présent. Si il y a une chaine ou studio qui ne travaille pas sur une adaptation de Stephen King, et bien, il y a quelque chose de pas normal chez eux. Actuellement et à venir, se trouvent les deux « Ca », deux « Simetierre » (deux?, ndlr), un remake du « Fleau« , ainsi que « Creepshow« , « Castle Rock« , « Marche ou crève (The Long Walk) », « Mr Mercedes« , « Dans les hautes herbes (In the tall grass)« , et « Doctor Sleep« .
C’est un monde dans lequel j’ai passé une bonne partie de ma vie, personnellement et professionnellement, et il y a une bonne raison pour cette renaissance de l’oeuvre de Stephen King. Il est l’un des meilleurs conteurs que l’Amérique aie jamais connu.
Mais aujourd’hui nous sommes ici pour discuter d’une petite partie du monde de Stephen King. La terre où l’hotel Overlook se trouve, et dans lequel un homme bien intentionné de famille, et aspirant auteur, Jack Torrance, descend dans une tourmente de folie. « Shining« .
Le roman est sortit en 1978 (petite erreur de Mick Garris, le roman est sorti en 1977, ndlr) et a été suivi en 1980 par l’adaptation de Stanley Kubrick, du titre « Shining ». Stephen King, célèbre pour ne pas aimer le film, a eu l’opportunité de se rapprocher davantage de son livre en écrivant et produisant une mini-série de 6 heures, que j’ai réalisé en 1997. En 2013, King est retourné à l’hotel Overlook avec son roman séquel, « Docteur Sleep« , qui nous parle de Danny Torrance, adulte, après une vie tourmentée par son enfance.
Et maintenant, en 2019, Mike Flanagan a réalisé la version en film qui réussi à fusionner les mondes de King et de Kubrick. Ce n’est pas la première excursion de Flanagan dans le monde de Stephen King. Il a aussi adapté « Jessie » (Gerald’s Game), un livre que beaucoup considéraient comme inadaptable, qu’il a transformé en un film Netflix à grand succès. (Dans ce podcast), nous parlerons de toutes les permutations de « Shining« , le livre, le film et la mini-série
(Publicité pour le site Fangoria, partenaire et producteur du podcast)
Mick Garris : Mike, quelle était ta première exposition au monde de Stephen King?
Mike Flanagan : Ma toute première exposition à Stephen King était « Ça ». Le roman. Et j’étais bien trop jeune.
Mick Garris : Quel âge avais-tu?
Mike Flanagan : Cela remonte à quand j’avais environ 9-10 ans. Et c’est aussi à vers cette même époque que j’ai vu le film de Kubrick pour la première fois. A l’époque où j’ai découvert Stephen King. Je n’étais pas autorisé à faire cela. Je n’étais pas autorisé à voir « Shining », je l’ai vu chez un ami. Et j’ai été très terrifié par cette expérience, j’étais en quelque sorte traumatisé par ce film, au film de dire que je ne voulais plus voir de films d’horreur. A la place, je voulais lire. Et que je lirai des histoires d’horreur parce que ce serai moins effrayant, parce que je peux mieux controler l’expérience.
Mick Garris : Est-ce que Stephen King était le premier auteur d’horreur que tu as lu?
Mike Flanagan : Les premières adultes. Les premières sophistiquées. Je veux dire que je suis graduellement à King, très naturellement. J’ai commencé avec les livres de John Bellairs qui contenaient des fantomes, des magiciens et des démons, puis j’ai lu RL Stine, puis Christopher Pike, ce qui m’a petit à petit mené à King. Mais je me rappelle très fortement le moment où j’ai lu « ÇA », à quel point cela me dépassait. J’avais réellement mal jugé la situation. C’était une expérience bien pire dans mon imagination.
Mick Garris : C’est un roman très dense, très épais.
Mike Flanagan : Géant. Bien trop gros. Pas seulement en terme de densité, mais en thèmes et horreurs, mais il me fallait le terminer. Et c’est devenu pour moi un grand moment formateur de courage. Que je l’ai fini. Il le fallait, parce que j’avais besoin de savoir que les enfants s’en sortiraient. C’était tout ce qui comptait pour moi. Je m’identifiais fortement avec ces enfants. Et donc cette chose très profonde m’ait arrivée, où j’ai réalisé que je pouvais être courageux par épisodes, de manière à finir un livre. Je mettais le livre de coté quand il devenait trop bouleversant, puis j’avais des cauchemars, et ensuite il me fallait le finir. Je m’en préoccupais beaucoup. Et j’étais excité lorsque j’arrivais à la fin, et j’ai rapidement commencé à dévorer tout ce que je trouvais de lui. Au début, cela ressemblait à un exercice de personnalité, c’était comme aller à la gym pour développer mon courage.
Mick Garris : Donc tu testais ton mental
Mike Flanagan : Oui, et j’étais un enfant très peureux. J’avais peur de beaucoup de choses.
Mick Garris : Au lieu de m’en détourner, je le confrontais. Par petits sursauts, et cela m’a pris jusqu’au lycée avant que je revienne aux films d’horreur. Je préférais la liberté de pouvoir me détourner d’un livre, de le poser, de le fermer et de le reprendre lorsque je me sentais capable de continur. Tandis qu’un film était un imaginaire dont je ne pouvais pas me protéger. Et j’avais peur. Et je crois que c’est ce dont nous avons parlé la dernière fois, je ne m’en rappelle plus, mais j’étais terrifié du clip « Thriller » (de Michael Jackson). Tu sais, j’étais le garçon qui se cachait derrière le canapé… Et nous avons parlé de ton incroyable connection à cela (le clip, ndt)
(Rires)
Mick Garris : Oui, d’être un zombie. Nous l’étions tous les deux. Cynthia (Cynthia Garris, sa femme, ndt) et moi étions tous les deux des zombies.
Mike Flanagan : Trop cool!
Mick Garris : Oui, c’était super
Mike Flanagan : Donc oui, j’ai pris le long parcours mais lorsque j’étais au lycée, puis à la fac, j’étais revenu aux films d’horreur, et Stephen King était alors un des fondements de ma vie en tant que lecteur.
Mick Garris : Je pense que nous avons beaucoup à évoquer, ne serait-ce que sur « Shining » et toutes ses permutations, mais je veux évoquer « Jessie » (Gerald’s Game), qui était le livre que je voulais adapter. Et tu as fais un tellement bon boulot pour transposer ce livre infilmable. Mais dis moi, je sais que nous en avons parlé la dernière fois, mais maintenant que tu es dans le monde de King, dis moi comment cette connection à commencer. Comment as-tu finalement pu rentrer en contact avec Stephen King et comment tu as pu faire ce film.
Mike Flanagan : Pour faire « Jessie« ?
Mick Garris : Oui
Mike Flanagan : Cela remonte à « Oculus ». C’était mon premier vrai film, il est sorti et a fait un résultat médiocre au box office.
Mick Garris : au box office, mais il a été très bien reçu par les critiques
Mike Flanagan : oui, et lorsque le film était en train de galérer, ce tweet est soudainement appareu. C’était Stephen King qui twittait au sujet du film. Il avait vu le film et rien que ça m’avait fait perdre la tête. Et mon agence d’alors, ils ont sauté sur l’occasion et ils étaient genre « Oh mon dieu, on aimerai discuter » et puis il a juste disparu, encore une fois. Par la suite, je travaillais sur mon second film « Before I wake »
Mick Garris : un autre film qui n’a pas été beaucoup vu mais qui est incroyablement bon. Les gens devraient chercher à le voir.
Mike Flanagan : oh, merci. Je pense que la dernière fois que lorsque nous discutions ensemble, le film était toujours….
Mick Garris : le film était dans les limbes. La vidéo n’était pas encore sortie, mais est sorti pas longtemps après… je crois que je dois avoir un bluray étranger
Mike Flanagan : le bluray canadien
Mick Garris : tout à fait
Mike Flanagan : puis il est arrivé sur Netflix. Ce film a eu un parcours difficile… mais lorsque je travaillais dessus, une opportunité est apparue, au travers de Rand, l’agent de Stephen King, qui a dit qu’il avait apprécié « Oculus ». Et que si je voulais faire une proposition pour un projet, je pouvais lui envoyer une lettre et il allait s’assurer qu’il la reçoive.
Mick Garris : oh, génial.
Mike Flanagan : Et la seule chose que j’avais en tête, je pense que toi et moi nous avions le même ressenti au sujet de « Jessie », que c’était un challenge irresistible,
Mick Garris : tellement puissant. Que les gens disaient qu’il était infilmable.
Mike Flanagan : Oui, et j’ai toujours cru qu’il pouvait être fait, et que ce serait sympas. Et donc j’ai envoyé la lettre, principalement le suppliant de me donner une séance d’écrire un premier jet, et il a accepté. J’ai donc écrit une première ébauche. Il a aimé le scénario, mais je ne trouvais personne pour le produire, parce qu’à cette époque, Hollywood avait cette idée qu’il n’y avait rien à tirer de Stephen King.
Mick Garris : et bien regardez autour de vous (rires)
Mike Flanagan : rires
Mike Flanagan : c’était du genre « oh, c’est difficile de faire un film tiré de Stephen King en ce moment »
Mick Garris : vraiment…
Mike Flanagan : donc il n’a pas pu voir le jour, nous ne pouvions pas trouver quelqu’un pour le produire. Et puis je me suis dis à faire « Hush » pendant que nous attendions que « Before I wake » sorte de son purgatoire. Et puis, Stephen King est à nouveau apparu sur Twitter, déclarant « Oh, j’ai vraiment adoré HUSH », et je me suis mis à tourner en rond pendant une heure.
Mick Garris : il est vraiment génial et encourageant pour les choses qu’il apprécie. Et il sait les bienfaits qu’il apporte.
Mike Flanagan : Oui. Il est extrêmement généreux pour cela, et maintenant que j’ai réellement pu lui parler un peu, cela a été excitant de simplement parler avec lui des choses que nous avons vu, genre « Oh mon dieu, as-tu vu ‘Mary Anne’? » et « Oui! », c’est vraiment cool de parler de choses qu’on adore tous les deux.
Mick Garris : Comme du fait qu’il était content de la série « The Haunting of Hill House »
Mike Flanagan : Oui oui, et à l’époque nous étions en quelques sortes sur le chemin de « Doctor Sleep« . « Jessie » a réellement vu le jour parce qu’il a tweeté au sujet du film « Hush ». Et Netflix à l’époque, n’était pas encore ce qu’ils sont aujourd’hui dans la création de contenus originaux lorsque je cherchais à produire le film. Et j’avais alors perdu les droits, quelqu’un avait pris « Jessie« .
Mick Garris : vraiment… oui, c’est vrai, je me rappelle que c’était arrivé
Mike Flanagan : ces droits bougent incessamment, et les fenêtres d’options sont très figées parce que, légitimement, Stephen King ne permet pas que ses histoires restent attachées
Mick Garris : pour toujours, on les a genre pour un an, et après on verra
Mike Flanagan : à la fin de l’année, on reçoit un coup de fil. Donc j’avais perdu les droits, et ils sont revenus. Et Netflix a dit « Et bien, personne ne va le faire, mais nous, nous aimerions faire ce film ». Tout à vu le jour à partir de ça.
Mick Garris : Et ce n’est pas une production qui coute cher. Il y a genre 2 personnes et un lit pour 90% du film
Mike Flanagan : le risque était très faible pour Netflix. Le fait est qu’ils étaient très compréhensifs de mes idées créatives, tandis que de beaucoup de studios de films, ne l’auraient pas été.
Mick Garris : Ils ont prouvé qu’il est possible d’avoir un film à succès sur Netflix, sans passer par la case cinéma.
Mike Flanagan : Clairement.
Mick Garris : Et ils sont devenus en quelque sorte ta maison, avec « The Haunting of Hill House ». Tu as eu beaucoup de succès chez Netflix, et ils ont eu beaucoup de succès avec eux.
Mike Flanagan : Ils ont été merveilleux avec moi. C’est une maison pour moi pour les trois prochaines années. J’y suis encore pour quelques temps.
Mick Garris : « The haunting of Bly manor » arrive.
Mike Flanagan : « The haunting of Bly Manor » se tourne aujourd’hui même! Avant d’entrer dans ce studio, j’étais en train de parler avec plusieurs personnes de l’équipes pour vérifier quelques éléments. Et ils sont actuellement en train de tourner.
Mick Garris : C’est fantastique, félicitations. « The Haunting of Hill House » est une telle réussite
Mike Flanagan : Merci. Je suis très fier de « The Haunting of Hill House. » C’était tellement brutal.
Mick Garris : Les épisodes 5 et 6 étaients remarquables.
Mike Flanagan : Pendant un temps je pensais que je n’allais pas survivre à l’épisode 6, je pensais que c’était la dernière fois que j’allais faire.
Mick Garris : En tant que spectateurs, je ne pensais pas que j’allais survivre.
(Rires)
Mike Flanagan : En tant que quelqu’un qui se sent sous pression durant une longue prise, c’était, pour moi, comme être au bord d’une falaise
Mick Garris : Pour ceux qui ne l’ont pas vu, c’est virtuellement une seule prise, du début de l’épisode à sa fin. Et quand ça ne l’est pas, c’est camouflé.
Mike Flanagan : Et cela demeure la chose la plus difficile dont j’ai fait partie. C’est le produit de 200 personnes qui se sont surpassés. Ce que nous avons demandé à notre technicien de la caméra est criminel.
Mick Garris : Il devrait y avoir un oscar pour les techniciens de la caméra, ou un Emmy.
Mike Flanagan : Oui! Il devrait y en avoir. Il m’a dit avoir établi 235 points de tournant, ce qu’il a fait dans la troisième prise.
Mick Garris : oh mon dieu, c’est incroyable. Et j’adore les acteurs, que nous partageons. Ce genre de répertoire. J’ai travaillé 3 fois avec Henry Thomas, tu as travaillé plusieurs fois avec lui, dont une fois que j’aborderai un peu plus tard… Annabeth Gish est une de mes préférées, Elizabeth Reaser est dans « Nightmare Cinema ».
J’adore voir que tu as créé ce groupe, ce répertoire d’acteurs, ce qui me semble partager la philosophie que j’ai.
Mike Flanagan : Je suis sur que c’est exactement la même. Tu as travaillé avec des gens en qui tu as confiance
Mick Garris : oui, tu aimes être en tournage avec eux
Mike Flanagan : Ils rendent chaque jours meilleurs. Et c’est une chose très belle. Tu as travaillé avec Cynthia d’une manière similaire à laquelle j’ai travaillé avec ma femme. Et c’est merveilleux d’avoir cette famille, cette famille de production avec qui tu grandis. Henry Thomas, au-delà de le considérer comme un ami proche, en quelqu sorte un ami de toute une vie à ce jour, est un des meilleurs acteurs, et sous estimé.
Mick Garris : Il est génial et un type bienveillant. C’est excitant de le voir apparaitre dans des projets comme celui-ci, de manières surprenantes, mais, là encore, nous y viendront. Dirigeons-nous directement à l’Overlook.
‘s so great and such a good guy. its exciting to see him popup in things like this, in surprising ways, but again, we’ll get to this. Let’s go right to the overlook. Tu as fais un travail très difficile de cordes.
Mike Flanagan : Tout comme toi.
Mick Garris : Certes, mais tu as travaillé à la fois avec (les univers de) King et Kubrick. Nous, nous avons en quelques sortes ignoré l’aspect de Kubrick, tu ne le pouvais pas, parce que Warner faisait une suite au film de Kubrick. Ils ne faisaient pas une suite au livre. Ce que tu savais, parce que tu devais rendre hommage à ce film iconique. Dis m’en plus.
Mike Flanagan : Ca et l’épisode 6 de « The Haunting of Hill House » ont le meme sentiment pour moi. Je pnsais que j’allais vomir en permanence. Le challenge, pour moi, était que durant toute ma vie en tant que cinéphile et en tant que Fidèle Lecteur, je connaissais l’avis de Stephen King sur le film de Kubrick. En grands détails. Tu en sais sans doute plus que quiconque. Probablement scènes par scènes, j’imagine.
Mick Garris : Et bien, Stephen King a écrit pour nous le scénario de la mini-série. Dans son intégralité. Et la seule raison pour laquelle elle a été fait, était parce que la série « Le Fleau » avait été un succès. ABC nous a demandé ce que nous voulions faire, et ce n’était pas un secret que Stephen King n’appréciait vraiment pas le film de Kubrick. Donc nous avons transposé le livre, et il savait fort bien les différences entre le vocabulaire du livre imprimé et du cinéma. Mais nous n’avions pas ce problème de l’hommage, comme tu as du le faire, parce que la majorité des gens connaissent Jack Nicholson en tant que Jack Torrance.
Mike Flanagan : C’est un sentiment étrange, parce que j’ai vu le film de Kubrick avant de lire le roman
Mick Garris : Comme la majorité des gens
Mike Flanagan : Oui. Et j’ai lu cette étrange chose, lorsque j’ai lu « Docteur Sleep », ce très beau roman, typique de Stephen King, et j’étais amoureux de Dan, d’Abra et de Rose Claque, qui est une des meilleures antagonistes de Stephen King, parce qu’elle est trop cool. Je lis cette histoire géniale et dans ma tête, j’ai tout cet imaginaire qui se répand. Beaucoup de l’iconographie de Kubrick s’y intègre, j’ai des images de ta mini-série qui me traversent l’esprit, et j’ai toutes ces choses qui n’ont rien à voir avec aucune des incarnations de « Shining« . C’était très nouveau, très différent, et une histoire très sympas, et elles se chamboulent toutes dans mon esprit. C’était vraiment sympas. Et c’était une expérienc très intéressante en tant que lecteur. Mais c’était aussi très schizophrénique en meme temps.
Mick Garris : Je parie.
Mike Flanagan : Et ces petites choses, qui sont très claires dans le livres, qui ignore tout de Kubrick, lorsque l’on pense que cela suit l’histoire, ça ne l’est pas.
Mick Garris : Et tu as embrassé les scènes de l’ascenceur du sang. Les jumelles. Bien qu’Hallorann soit mort dans le film de Kubrick, il ne l’est pas au début du film « Doctor Sleep »
Mike Flanagan : Non, il est bien vivant. Les gens me demandaient à son sujet lorsque nous y arrivions « Comment vas-tu faire avec Hallorann? », et c’était la partie facile. Ce n’était pas ce qui me gardait éveillé la nuit. Il est juste un fantome. Cette scène est restée inchangée. J’avais juste à couper à quand il n’était pas présent. Je pouvais juste copier et coller du livre. Ce n’était pas le problème. J’avais un problème bien plus important avec le numéro de la chambre. Tu sais. Ca c’était un ENORME problème.
Mick Garris : Juste. J’ai vu comment tu t’en es très bien tiré. C’est la chambre 237, mais la 217 apparait.
Mike Flanagan : C’est ça. Pendant un instant je me suis dit que j’allais être intelligent, au début parce que je me disais que l’hotel est fermé et pourri depuis des décennies, donc je pouvais faire en sorte que le numéro était tombé et ne montrait que 2.7
Mick Garris : Le cacher
Mike Flanagan : Oui, ça allait être la solution ultime, me permettant d’éviter la balle
Mick Garris : Rendre les deux cotés heureux
Mike Flanagan : Oui, et je me suis dit que les deux cotés sont justes. Mais parce que nous devions faire la scène d’ouverture, le ramenant à l’Overlook en tant qu’enfant et je ne pouvais pas m’en sortir ainsi. Ca a ruiné mon plan. Le nombre de détails avec lesquelles King a parlé du film de Kubrick était utile, parce qu’ainsi je savais les choses qui allaient le contrarier. J’avais une liste de choses à ne pas faire. Parce que je ne sais pas si j’aurai pu m’en remettre si j’avais fait un film et qu’il en ressorte avec le même avis que celui qu’il avait sur « Shining« .
Mick Garris : Cela aurait été horrible.
Mike Flanagan : C’aurait été dévastateur.
Mick Garris : Et c’est le contraire qui est arrivé, il aime le film.
Mike Flanagan : Il aime le film. J’avais été très prudent, dès le début, tu sais, parce qu’il avait aimé « Jessie » et quand Warner l’avait contacté, et avait demandé ce qu’il pensait de Flanagan pour « Doctor Sleep », il a dit « Génial », et j’étais genre. « Quoi? »
Mick Garris : (Rires)
Mike Flanagan : « Laisse moi te dire deux-trois choses sur ma vision, qui, je penses, pourraient te contrarier ».
Mick Garris : Comme quoi?
Mike Flanagan : Comme l’Overlook. Le plus important était, « et si l’hotel Overlook était de retour? Et si ce film existait dans l’univers cinématographique du film de Kubrick? »
Mick Garris : Parce qu’il s’insrit dans la version de l’hotel Timberline du film de Kubrick, et non pas de l’hotel Stanley qui a inspiré Stephen King et où nous avons tourné la mini-série.
Mike Flanagan : Et où j’étais il y a deux semaines.
Mick Garris : Vraiment?
Mike Flanagan : Oui. Nous avons débuté notre promo au Stanley Hotel.
Mick Garris : Fantastique. Mais pas au Timberline
Mike Flanagan : Non! C’est amusant. Le Stanley est un de mes lieux préférés sur terre. C’était mon quatrième séjour là-bas. Je suis certain que tu as passé pas mal de temps là-bas et j’en suis jaloux
Mick Garris : En effet
Mike Flanagan : Tu sais, j’ai écris « Hush » dans la chambre 237 du Stanley
Mick Garris : Je ne le savais pas
Mike Flanagan : Kate et moi y avons séjourné pendant que finissais le scénario.
Mick Garris : Cela a du être inspirant.
Mike Flanagan : C’était incroyable. Rien que le fait d’être dans cette chambre, y penser, et voir toutes les autres choses, des livres de Stephen King que les fans y ont laissé à travers les années, y ont écrit… c’est en quelque sorte la Mecque des Fidèles Lecteurs.
Mick Garris : Et aussi le bar, le bar originel, non pas ce qu’il est devenu. Le mur-miroir y est toujours, et c’est ce miroir dans lequel Stephen King s’est observé et y a trouvé soudainement l’inspiration. Cent pourcent de l’histoire a été créé dans son esprit à ce moment. Et tu étais à ce lieu de naissance.
Mike Flanagan : Oui. Ca toujours été un de mes lieux préférés au monde. Le pitch que j’ai fais (pour vendre l’idée du film, ndt), était « Ecoutes, la manière dont on veut le film, qui fera sens pour le studio, ce que je pense qui serait une vrsion très sympas pour ce film, en réalité, serait de l’intégrer dans l’univers cinématique de Kubrick », MAIS j’ai essayé d’être aussi fidèle que possible au roman. Jusqu’à la confrontation finale, nous avons seulement changé le lieu, qui est la terre de l’Overlook dans le roman, hotel qui a disparu.
Quelle bonne opportunité ce serai, parce qu’une fois qu’on y serait, une fois qu’on serait à l’intérieur de l’hotel, oui, je devrai peut-être changer profondément la fin du roman « Docteur Sleep ». Ce qui est une chose dont je savais que cela pourrait le vexer. Mais, ET SI, je pouvais retourner bien avant le film de Kubrick, entièrement, et retourner à la fin du roman « Shining »? Et si c’était la chance, au travers de l’univers visuel de Kubrick de redonner vie à certains éléments de la fin que Kubrick lui avait refusé? Tout en célébrant l’héritage cinématographique du film de Kubrick pour les fans?
Et ça, pour moi, semblait comme quelque chose de réalisable, qui pouvait être vraiment sympas.
Je pensais que cela pouvait l’être, mais j’ai fais comprendre que je ne continuerai pas l’idée de ce film sans avoir son aval.
Mick Garris : Juste. Cela n’aurait pas été correct.
Mike Flanagan : Clairement. Il est mon héro. Cela aurait été impossible.
Mick Garris : J’avais peur, au début, lorsque j’ai vu la bande annonce.
Mike Flanagan : Bien sur.
Mick Garris : Et je suis sur que beaucoup de personnes l’ont été, de voir toutes ces images iconiques de Kubrick, que tu as créé. Et j’étais genre « Oh, bon dieu. Qu’est-ce que King va penser de cela? Et que vais-je en penser? » Mais en réalité, cela apaise les problèmes que King avait.
Mike Flanagan : C’était l’objectif. Je ne voulais pas utiliser des images du film de Kubrick, cela me semblait déplacé.
Mick Garris : Mais tu les as recréé. Dis m’en plus sur ce process. Dans quelle mesure y as-tu été fidèle?
Mike Flanagan : Ridiculement, pour dire la vérité. Nous avions accès à tous les détails de productions. Nous avions les plans. Tout ce que Warner possédait, tout ce que la succession de Kubrick avait. Ils nous ont ouvert toutes sortes de trésors.
Mick Garris : Nous avions fait ça avec « Psycho 4 »
Mike Flanagan : C’est vraiment cool, n’est-ce pas?
Mick Garris : Tous les plans originaux, tous les accessoires d’origines, et des choses comme ça.
Mike Flanagan : Ce qui est vraiment amusant, parce que pendant que je te regarde, juste dessus ton épaule…
Mick Garris : Sa mère (rires)
Mike Flanagan : Mme Bates… (Rires) … Mais oui. As-tu eu les mêmes sentiments que tu entrains dans la mémoire d’un film qui a eu un profond impact sur toi?
Mick Garris : Absolument
Mike Flanagan : Et quand tu entres dans le motel Bates, quand tu entres dans la maison Bates, je m’attendrais à avoir les mêmes ressentis. Je sais que les acteurs et l’équipe ont eu le même lorsqu’ils sont allés à l’Overlook, tu sais, où tout se trouve. Tu te tourne à un coin, et, instinctivement tu sais où tout est censé se trouver.
Mick Garris : Tu veux jouer avec l’anticipation des spectateurs pour ces choses, et leur familiarité de ces objets, et pourtant leur jeter un coup de poing.
Mike Flanagan : Tu désires le changer. Parce que sinon, tu ne fais que marcher, tu ne fais que revenir sur les traces de pas dans la neige de quelqu’un d’autre, à défaut d’une autre métaphore. (Vous avez compris sa métaphore qui est très bien trouvée? 😉
Il faut faire quelque chose de différent, et c’était ce quelque chose qui était très important pour chacun d’entre nous, et pour Stephen King, c’était aussi un moyen de célébrer toutes choses « Shining », mais le film ne peut aucunement être une reprise de Kubrick, il se DOIT d’être sa propre chose, et heureusement, son livre est ainsi. C’est un tel cadeau à cet effet, parce que l’histoire ne pourrait pas aller plus loin sans le récit de « Shining« . Danny Torrance en est la connection, l’Overlook se profile dans sa mémoire mais son histoire est celle de lui, adulte, sa sobriété, la petite fille et ses combats, et cette incroyable nouvelle antagoniste qu’il a créé, cette histoire seule se tient par elle-même et a assez de matière pour en faire au moins un seul film.
Mick Garris : C’est un film
Mike Flanagan : Oui, sans jamais retourner dans le passé. Nous avions beaucoup de chance.
Mick Garris : Ce qui m’amène à quelque chose d’important. Ce qui fait du film de Kubrick, un film de Kubrick mais pas une bonne adaptation du roman de Stephen King, est que Kubrick, en tant qu’artiste, est froid, aseptisé et détaché, et possède un regard extérieur. Stephen King est très intérieur, très chaleureux, très humain, on peut ressentir les sang à travers les corps de ses personnages.
« Kubrick, en tant qu’artiste, est froid, aseptisé et détaché, et possède un regard extérieur. Stephen King est très intérieur, très chaleureux, très humain, on peut ressentir les sang à travers les corps de ses personnages »
Mike Flanagan : Oui
Mick Garris : Et c’est aussi une chose chez Mike Flanagan. Il est l’humanité de ses personnages, ce qui surpasse tout le reste, dans les films.
Mike Flanagan : Et cela je l’ai appris chez Stephen King, je l’ai appris en grandissant en lisant Stephen King. Mon avis de ce que les personnages d’un genre doivent être. Comment ils sont censés se développer. Tout viens d’une vie passée à le lire. Et ils le fait si merveilleusement, que, sans amour, sans lumière, sans empathie, l’horreur ne veut rien dire. C’est quelque chose que, je pense, l’horreur grand public ignore facilement, parce qu’il est difficile de vendre des tickets sur l’empathie. C’est difficile d’en faire un argument (commercial, ndt).
Mick Garris : Ca l’est.
Mike Flanagan : J’en suis convaincu.
Mick Garris : Si l’on ne s’identifie pas avec les personnages, lorsque le générique de fin arrive, même si l’on a passé un bon moment, on l’a oublié. C’est parti en fumée.
Mike Flanagan : Je suis entièrement d’accord avec toi. Je pense que sans ça, cela s’évapore. Le problème que je vois, est que beaucoup de films sont de grands succès sans empathie. Et je pense que c’est le problème. Je suis convaincu qu’un film s’évapore si les personnages n’ont pas d’emprise sur votre coeur, lorsque le film se termine. Il n’y a pas de raison d’y repenser. Mais je vois de plus en plus d’histoires qui ne priorise pas cela et qui performent très très bien. Mais ce ne sont pas ce genre d’histoires que je veux faire.
« Je suis convaincu qu’un film s’évapore si les personnages n’ont pas d’emprise sur votre coeur, lorsque le film se termine »
Mick Garris : Oui, ce sont davantage des tours de parcs d’attraction que des histoires au sujet d’humains. Celles qui sont à jamais ancrées dans la mémoire sont celles qui touchent nos coeurs et auxquelles nous nous identifions à leur humanité.
(Les histoires) qui sont à jamais ancrées dans la mémoire sont celles qui touchent nos coeurs et auxquelles nous nous identifions à leur humanité.
Mike Flanagan : Absolument.
Mick Garris : Une remarque intéressante au sujet des conditions d’écriture, est que Stephen King était un alcoolique mouillé durant l’écriture du livre « Shining ». Mais il était un alcoolique sec durant l’écriture du scénario de la mini-serie. Et tandis qu’il était un alcoolique durant l’écriture de « Shining » et en tant que quelqu’un en guérison depuis plusieurs décennies lorsqu’il a écrit le roman « Docteur Sleep », qui porte intégralement sur la guérison et l’alcoolisme, cela a du être fascinant. Est-ce que vous en avez parlé?
Mike Flanagan : Oh que oui, et c’était une des choses qui m’a aggripé sur la majorité du roman. Je pense qu’on touche au sujet en disant que « Shining » porte sur ce qu’il pensait à l’époque sur ce que son penchant pour la boisson pourrait faire à sa famille si il ne le tenait pas sous controle, et il ne l’avait pas sous controle ; et puis, en regardant le même homme, se projetant sur son personnage le plus jeune de cette histoire, mais maintenant avec plusieurs décennies de sobriété derrière lui, ses enfants étant devenus adultes et d’à peu près le même age lorsqu’il luttait avec ses démons, les décennies étant les leurs, et il était capable, tout au long de sa vie, de récupérer sa vie au-delà de ses propres démons, en ce qui concerne ses addctions. L’idée que « Shining » et « Docteur Sleep » sont deux faces d’une même pièces.
Mick Garris : Deux pages différentes d’un même livre.
Mike Flanagan : Oui, une des choses les plus majeures de la vie de Stephen King. Et c’est fascinant pour moi. Et beau. Et c’était quelque chose de très critique en allant dans ce projet, tu sais, « Shining » est l’addiction, celui-ci est la guérison. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, mais entre le film de Kubrick étant froid et le livre de King étant le feu, et comment retourner à cela. Le froid face à la chaleur, en quelques sortes l’insensibilité et le cynisme, l’indifférence de l’univers du film « Shining » contre cette histoire profondément bienveillante et magnifique de rédemption dans « Docteur Sleep ». C’est tout cela qui me l’a rendu irrésistible, et m’a donné matière pour certains moments qui m’ont non seulement l’envie désespérée de faire ce film, mais qui ont permis de changer l’avis de Stephen King au sujet du film de Kubrick.
Et durant nos premières conversations au sujet de l’hotel, ce que j’étais en mesure de lui évoquer, avant de prendre une décision de comment y procéder, était qu’il imagine si l’hotel Overlook se nourrissait de l’énergie. C’est ténébreux, et c’est froid, et cela l’a été depuis des décennies et Danny doit y entrer, seul et s’y promener pour le réveiller.
Cela provient directement d’une ligne du roman, qu’il avait donné à Hallorann. Que Danny est une pile d’un million de watts en se promenant dans cet endroit. Tout cela c’est de King. Et donc je lui ai dit, « OK, si il y va seul et qu’il y marche à l’intérieur peux-tu imaginer l’opportunité que nous avons? Et s’il se rendait au bar? Et si, au bar, il y a un verre qui l’attend. Il est sobre depuis 8 ans, et il y a un barman. Nous savons tous que c’est l’image de la scène de Jack Torrance assis face à Lloyd le barman, non seulement un écho à l’expérience personnelle de Stephen King au Stanley Hotel qui a fait que tout cela voit le jour, mais est un point de torture dans CHAQUE version de Shining. » C’est réellement très profond. « Et si Dan, dans l’ombre de son père, inquiet d’avoir le meme héritage contre l’alcoolisme et la violence que son père, et si il s’assied au bar avec le barman? Et si ce barman nous est tous familier? »
Mick Garris : C’est tellement parfait, en équilibre. C’est ce qui arrive à Jack Torrance.
Mike Flanagan : Les règles sont déjà détaillées. C’est ce qui arrive à Delbert Grady. Il est devenu membre du personnel de l’hotel.
Mick Garris : Oui, d’une certaine manière il est devenu une sentinelle.
Mike Flanagan: Et il dit « Oh, non, vous me méprenez pour quelqu’un d’autre. C’est directement de Delbert Grady »
Mick Garris : Donc dis m’en plus sur la venue d’Henry pour ce role. Henry en tant que Jack Torrance, en tant que Lloyd le barman. C’est une fantastique surprise. J’ai immédiatement reconnu sa voix, même hors champs de la caméra, avant même de le voir. « OOOooh, je sais qui c’est ». Mais il n’y a aucune prothèse sur lui, ni rien. Juste des cheveux, c’est la seule différence. Et il est Jack.
Mike Flanagan : Pauvre Henry. Je l’aime tellement. Le coup de fil. J’aimerai avoir son point de vue sur l’appel que je lui ai passé. Mais j’ai présenté la scène à King. Cette scène est celle qui lui a fait dire « D’accord. Retourne à l’Overlook ». C’était cette scène.
Mick Garris : D’accord, une très bonne décision.
Mike Flanagan : Donc pour moi c’était la scène la plus importante. Cela allait aussi devenir une scène controversée, elle allait déversée tout un torrent d’opinions.
Mick Garris : Est-ce que cela s’est prouvé vrai?
Mike Flanagan : Oui, ça l’a été.
Mick Garris : Vraiment? Je trouve que c’est formidable.
Mike Flanagan : Merci, j’en suis très fier. Je pense que c’est ma scène préférée du film.
Mick Garris : Moi aussi.
Mike Flanagan : La pression à son sujet a été instantanée, parce qu’à la minute que j’ai écrit le nom de JACK, tout a changé. Et le studio était terrifié pour débuter. Il y avait cette question de comment l’aborder. Parce que Jack Nicholson est vivant, mais bien à la retraite. Et donc la conversation a commencé avec « Hey, nous avons cette incroyable technologie qui permet de rajeunir un acteur, or de recréer un avatar digital d’un acteur. Qu’en penses-tu? » Et ma réaction a été « Non! »
Mick Garris : Très bonne réaction
Mike Flanagan : Je trouve que cette technologie est problématique, d’un point de vue de l’éthique. Surtout parce que c’est une chose de parler d’un acteur encore vivant pour le rajeunir, comme Samuel L. Jackson dans « Captain Marvel ». C’est une chose. Mais c’est complètement différent dans le cadre de Scatman Crothers (l’acteur incarnant Dick Hallorann, dans le film de Kubrick, mort en 1986, ndt). C’est une conversation totalement différente. Et c’est là que pour moi on entre sur un territoire ethique.
Et nous avons Wendy, Dick Hallorann, il y a aussi un peu de Danny. Qu’importe ce que nous faisons, il faut que ce soit cohérent dans l’ensemble. Nous ne pouvons pas avoir une règle différente pour Jack.
Mick Garris : Et naturel.
Mike Flanagan : Et il ne faut pas que cela vous sorte du film. Il faut que ce soit au sujet de Dan et de l’histoire.
Mick Garris : Et que cela vous absorbe dans le film.
Mike Flanagan : Donc nous avons éliminé cette possibilité. Et puis c’est devenu la question de, quel acteur souhaiterai de leur propre chef jouer ce role?
Mick Garris : Laisse moi te partager mon expérience sur le meme problème.
Mike Flanagan : Oui, j’imagine. Et je trouve que Steven Weber a fait une travail phénoménal en incarnant Jack Torrance.
Mick Garris : Et bien, quand tu auras finis ton histoire je te dirai la mienne.
Mike Flanagan : Oui, je veux l’entendre. Parce que je m’attends à ce que la chute soit celle que nous avons eu, à savoir que l’on ne recherche pas à trouver un Jack Nicholson, mais un Jack Torrance.
Mick Garris : Tout a fait.
Mike Flanagan : Comment trouver quelqu’un pour incarner ce role? Et parce que nous avions, dans ce scénario, un cadeau de « Shining » qui nous laissait savoir grâce à Delbert Grady, que c’est Jack Torrance disant qu’il est Lloyd. Ce qui veut dire que, pendant 95% de la scène, je m’attends à voir quelqu’un jouer Lloyd le barman. Je veux qu’il ressemble assez à Jack Torrance, donc Jack Nicholson si nous sommes dans le monde de Kubrick, pour me rappeler de la direction, mais sinon, c’est une interprétation d’un personnage qui joue aussi quelqu’un d’autre. Donc Jack Torrance n’apparait qu’ici et là, dans de brèves apparitions, et donc la question est devenue de savoir si on cherche des sosies, si nous cherhons un imitateur, et la dernière chose que nous souhaitions était un imitateur de Jack Nicholson. Je voulais un excellent acteur pour cette partie, et Henry Thomas, pour moi, est une des personnes à qui je fais confiance avec ma vie. J’ai appelé Henry, nous venions juste de finir « The Haunting of Hill House » ensemble, et nous nous sommes amusés, et je lui ai dis : « Ecoute, j’ai deux roles dans ‘Doctor Sleep‘ pour lesquels je pense que tu serai parfait. Le premier est Billy Freeman, il est le meilleur ami de Dan, il est un sponsor aux AA, il est un chouette type, il est un bon ami, tu connais ce role, tu l’as déjà joué. Tu peux le faire une main dans le dos et t’amuser pendant deux semaines de tournage. L’autre role sera un tournage d’une journée. Mais voici le truc. Chacun de tes mouvements sera scrutiné comme tu ne pourrais meme pas l’imaginer, chaque petit détail et les gens sortiront les couteaux pour hair ce role, simplement parce qu’il existe. »
Mick Garris : Je peux en attester au fait.
Mike Flanagan : Oui, tu en a vécu beaucoup de choses, et plus encore. Et donc Henry était terrifié et m’a demandé d’y réfléchir, ce qui est parfaitement légitime. Il y a réfléchi, et m’a rappelé le lendemain pour me dire : « Ecoutes, si tu jettes en pature avec ça, tu te lances dans l’ombre de Kubrick, ça nous fera un autre point en commun ».
Nous disions tout a l’heure que nous faisions parti d’un club extremement restreint
Mick Garris : Un club très restreint. Il n’y a que deux personnes à l’intérieur.
Mike Flanagan : C’est vraiment un club incroyable par contre. Et nous avons traversé des épreuves que personnes d’autres ne rencontreront, ce qui est vraiment cool. Mais il a dit « Si tu fais cela, laisse moi devenir Jack, et nous vivrons ou mourrons ensembles »
Mick Garris : C’est un des acteurs les plus courageux que je connaisse. Sa performance dans « Chocolate » (un des épisodes de la série « Masters of horror », réalisé par Mick Garris d’après sa nouvelle, ndt), dans laquelle il devient une femme a qui l’on fait l’amour, physiquement, est tout simplement courageuse et fantastique, et il ne l’a jamais remise en question, même pas un instant. Il s’y est dévoué, et c’est vraiment amusant, et effrayant et humiliant à la fois.
Mike Flanagan : Il est courageux, et il y avait cette chose. Nous avons parlé de « Psycho 4 » (un film réalisé par Mick Garris, ndt). Et je lui ai dit, « Peux-tu imaginer être cet acteur qui a joué à la fois Norman Bates et Jack Torrance? »
Mick Garris : Exactement!
Mike Flanagan : Peux-tu imaginer cela ne serait-ce que pour une minute? Peu importe ce que les gens en penseront, si quelqu’un t’emmerde durant une convention ou tu lis les commentaires (ne lis pas les commentaires…), tu auras eu cet incroyable terrain de jeu. De te projeter dans ces roles iconiques. Et il s’est lancé.
Nous avons rasé sa tête, pour faire la ligne de cheveux, une coupe à la Jack, mais nous ne voulions pas qu’elle soit exactement celle de Jack. Nous voulions en être proche. Et il m’a dit qu’il était terrifié avant de se lancer sur le tournage. Mais nous sommes en train dans la salle de bal, et ne serait-ce que se trouve dans cete pièce donne un sentiment… mais il y avait Ewan, et cette scène est d’une importance critique pour le parcours de Dan Torrance en tant que personnage. C’est genre le moment majeure de sa vie.
Mick Garris : Confronter, faire face à son père.
Mike Flanagan : Et sa propre addiction également, tout. Son héritage. Tout dans une seule scène. Et puisque nous sommes dans un territoire à spoiler, je peux le dire
(Attention Spoiler : il n’a plus l ongtemps à vivre).
Pour moi c’est réellement le moment Dan, de Danny Torrance. C’est le climax. Tout est construit à cette scène. Et c’est une conversation silencieuse. Pour moi, c’est le genre de choses qui m’excite et me donne envie de sortir du lit pour aller sur un tournage.
Mick Garris : Oui, et c’est génial. Et bien tu sais, lorsque nous créions le casting de la mini-série…
Tout d’abord, lorsqu’il était connu que nous la faisions, tout les fans de Kubrick pense que je suis le pire être humain au monde parce que je fais un remake de Kubrick. Mais non.
Mike Flanagan : Non, mais il y a cette puissante…
Mick Garris : On savait que, et c’était le role principal, et pas seulement une journée en tant que Jack Torrance, mais on savait que chaque critique allait dire « ça et ça est pas mal (ou non) mais ce n’est pas Jack Torrance ».
C’était un role iconique, mais personne ne voulait le faire. Nous sommes passé via beaucoup de personnes, mais personne ne voulait le jouer. Il y avait deux acteurs britanniques qui, tu sais, ils ont pas la même vision de roles télévisées vs de films, et un role comme ça, c’était juste l’opportunité d’un grand role. Et avec un développement plus conséquent que dans le film de Kubrick.
Mike Flanagan : Tellement plus. Pour Jack et Wendy.
Mick Garris : Pour Jack et Wendy. Wendy avait été réécrite pour être plus qu’une potiche dans cette version. Mais nous étions à 3 jours de débuter le tournage, et tout le monde a dit NON. King était dans une séance de casting, et Steven Weber était la star d’une sitcom à succès, que je n’avais jamais vu. Et tant mieux, car si je l’avais vu, je me serai dit que c’était le type maladroit et gauche, qu’il ne pouvait pas être Jack Torrance. Et donc il nous fait une lecture et King dit « Si nous ne trouvons pas un acteur aujourd’hui, j’annule tout » parce que que le tournage débutait 3 jours plus tard. Donc Rebecca, qui avait signé assez tot dans le projet était avec moi, Steve et le directeur de casting à la séance de casting, et nous sommes assis dans la pièce. Weber entre, volontaire pour nous faire une lecture, parce qu’il n’était pas une star de télé. Personne ne veut lire pour vous lorsqu’ils sont les stars de leur propre série télévisée. Et il nous a ébloui!
Mike Flanagan : Il était incroyable
Mick Garris : Il était stupéfiant. Et le projet de mini-série était relancé. Nous nous apprêtions à tout annuler en une journée, mais nous ne pouvions pas, l’acteur qui nous avait lu était Weber et était celui qu’il nous fallait.
Mike Flanagan : J’adore sa performance.
Mick Garris : Il est tellement bon.
Mike Flanagan : Et ce que vous, les gars, avez accompli, au sujet de rendre la tragédie de Jack Torrance, c’est une performance déchirante.
Mick Garris : Il fait un tellement bon travail. Et il est dans chacune des scènes de la série. Je veux dire que tout repose sur ses épaules.
Mike Flanagan : Et c’est amusant parce qu’une de mes scènes préférées du livre, vous l’avez transposé d’une manière très belle. Il s’agit de son dernier moment avec Danny, lorsque ce dernier est coincé face à Jack et son mallet. Et ils ont une petite conversation et il lui dit de courir.
Mick Garris : Et tu as un petit hommage à ça (dans le film « Doctor Sleep », ndt)
Mike Flanagan : Tout à fait! J’ai essayé de rendre hommage à cette scène tout au long de ma carrière! J’ai fais la meme dans « Oculus »!
Mick Garris : wow, je ne l’avais pas remarqué!
Mike Flanagan : A la fin, c’est le petit Tim et Rory Cochrane devant le miroir, il a le flingue pointé sur lui. Il lui touche la main, se baisse et lui dit de courir. Tout cela c’est Jack et Danny.
Mick Garris : oh, il faudra que je le re-regarde maintenant
Mike Flanagan : J’ai regardé la mini-série en live, durant sa première diffusion lorsque j’étais à la fac. C’était un événement important pour moi, mes amis et mon colloc, de regarder ton travail et encore à ce jour j’adore « Shining, les couloirs de la peur »
Mick Garris : Merci, merci.
Mike Flanagan : J’aime ce téléfilm « Shining ». Mais j’ai eu quelques problèmes durant une session de Questions Réponses au sujet d’ Oculus au TIFFF (Festival International du Film de Toronto) au tout début de ma carrière. Nous participions à une session de Q/R, sur scène, et j’avais dit à Rory Cochrane, durant le tournage du film « Oculus », que « cette scène est tellement importante pour moi à cause de Jack Torrance et Danny Torrance, et si tu n’as pas vu ce que Steven Weber a fait avec Jack Torrance, il faut que tu le vois. » Et Rory a évoqué cela devant l’audience du TIFFF, disant « Vous savez, Mike n’a pas arrêté de me dire que Steven Weber est meilleur que Jack Nicholson » et tout le public s’est mis à huer. J’ai répondu « Wowowowow, ce sont deux personnages très différents. Le personnage de Jack Torrance que Jack Nicholson a créé n’est pas la meme personne que Stephen King a écrit, ou que Steven Weber a incarné »
Mick Garris : Une personnalisation entièrement valide d’un personnage iconique,pour une bonne raison.
Mike Flanagan : Oui, et incroyable. Je pense toujours que le Jack Torrance de Nicholson, si tu le regarde lorsqu’il est dans la voiture et que Danny sort du siège pour venir entre eux, je me dis qu’il va tous les tuer. Et si ce n’est pas cet hotel, ç aurait été quelque chose d’autre. Ca pourrait arriver à un terrain de jeu chez Mc Donalds.
Mick Garris : David Cronenberg m’a dit que le problème avec le « Shining » de Kubrick était qu’avec Jack ils ont casté la fin. Il est fou dès le début et ne fait que sombrer dans la folie. Plutot qu’une structure narrative sur la désintégration d’un homme qui se sent coupable que son alcoolisme est tellement puissant qu’il ne pourrait pas se controler et s’empêcher de fortement blessé son garçon.
Mike Flanagan : Et tu regarde cette belle extension d’une friction très réaliste au sein d’un mariage, que lui et Rebecca De Mornay apportent. Il y a cette scène que tu as fais, je crois que c’est sur l’escalier, dans le hall d’entrée de l’hotel Stanley, ce n’était pas sur une reconstruction.
Mick Garris : Non, c’était dans le véritable hall d’entrée
Mike Flanagan : Lorsqu’il la confronte avec un mallet, la performance est éblouissante. Mais on peut aussi apercevoir le fantome entier de leur marriage qui était construit sur une fondation d’amour, n’est-ce pas? Tout y est. Toutes les complications, toutes les différentes routes, cette boule d’émotions conflictuelles que le mariage devient.
Mick Garris : Nous avons cette scène devant la cheminée. C’est une scène entière avec seulement eux deux devant la cheminée, parlant, et son visage à elle est illuminée par le feu tandis que le sien l’est par la lumière de la Lune à travers la fenêtre. Cela nous donne une impression de glace contre le feu. Et tout ce qu’est cette scène est un dialogue, mais ils sont honnêtes et sincères envers l’autres et le dialogue de Stephen King était fortement éclairé par un marriage qui a su surpasser de nombreuses permutations.
Mike Flanagan : Et des négociations. Ce qui est quelque chose d’autre, chez les Torrance, présent dans le livre et le téléfilm. Les négociations que Jack et Wendy ont su surpasser étant donné qu’il a fait échoué le mariage, la sobriété, son fils et mis en danger son fils. Les séries de lignes dans le sable et les règles et conséquences qu’ils ont tous deux négocié dans un effort pour faire survivre leur marriage.
Mick Garris : Ils veulent qu’il marchent. Ils n’ont pas l’intention d’abandonner.
Mike Flanagan : Quand tu reviens voir l’approche du film de Kubrick, il n’y a jamais ne serait-ce qu’une once de cette équité.
Mick Garris : Ils ne sont jamais sur un niveau d’égalité.
Mike Flanagan : Jamais. Il l’écrase, dès le début. Donc lorsqu’elle la fait reculer sur les escaliers, c’est juste ce qu’il s’est déroulé durant tout le flm, sauf que le prétexte est effacé. Le masque est enlevé.
Mick Garris : C’est tout ce que c’est.
(Rires)
Mike Flanagan : Donc c’est ce que j’ai pensé qui était fascinant à ce sujet, parce qu’il y a seulement 4 réalisateurs qui ont jamais passé du temps à l’Overlook. Un temps significatif. Il y a toi, il y a Stanley Kubrick, maintenant il y a moi et il y a Stanley Kubrick (Ready Player One). Et c’était amusant, il fut un temps, au début du développement du film, lorsque nous avons abordé la question des jeunes d’aujourd’hui, du marché des adolescents sur lequel le box office de l’horreur se joue, qui, curieusement, quand on regarde les chiffres du weekend dernier…
Mick Garris : Je voulais en parler
Mike Flanagan : Oh, tu peux. Mais nous avions abordé la question de ceux qui ne connaissent pas « Shining« . Et c’est quelque chose qui m’a étonné, même au début, en disant : « des gens qui ne connaissent pas Shining? »
Mick Garris : Oui, et le vendre comme une suite à Shining. Et quel arugment choisir pour faire la campagne marketing?
Mike Flanagan : Et c’était quelque chose ils ont choisi de mettre fortement l’accent. Cela faisait sens, et nous en avons beaucoup parlé, qu’il y aurait un public qui se dirait que nous avions copié « Ready Player One »
Mick Garris : (Rires)
Mike Flanagan : Et je pense que c’est arrivé. Je pense que ces gens existent
Mick Garris : Et je suis sur que tu as raison, mais ça me rend perplexe.
Mike Flanagan : N’est-ce pas? Parce que pour moi, je suis du genre « Comment ça tu ne connais pas Shining« , et pour moi « Comment ça tu ne connais pas LES Shining? Comment ça tu ne fais pas partie de ce fantastique… non, même pas un débat, mais cet exercice fantastique qui existe entre le livre et le film, et ta mini-série. Tu sais, ce magnifique ballet d’interprétations du moment de panique d’un homme à son hotel, au sommet de la planète terre, presque dans une couche de nuage, seul avec sa femme, en train de boire comme pas possible et se dit « Oh mon dieu, que se passerait-il si? Qu’est-ce que cela peut faire à ma famille? » Et ce moment a créé des décennies d’exploration d’une anxiété, qui parle à tellement de monde. Cela résonne avec beaucoup de monde.
Mick Garris : Absolument, on ne peut pas le faire seul. C’est un gros message pour ça, tu sais. La famille est fortement importante. Donc le box office était en quelque sorte décevant, à défaut de dire autrement, et maintenant nous sommes dans une renaissance de Stephen King. Est-ce une fatigue de King? Est-ce que le film se repose trop sur le fait d’être vendu comme une suite au film de Kubrick, ou est-ce qu’il aurai du sortir 2 semaines plus tot, pour Halloween?
Mike Flanagan : Je ne sais pas. Nous avons entendu toutes ces hypothèses. C’est quelque chose qui a fait l’objet de conversations TRES intenses cette semaine, parce qu’une chose pour moi et Travor, mon producteur, le casting et l’équipe, ainsi que mes producteurs chez Warner Brothers, nous sommes tous très ravis du film! Vraiment! Nous en sommes très contents!
Mick Garris : King!
Mike Flanagan : King en est très content ! Je pense que que le sentiement que nous avions tous au début, était que nous étions en quelque sorte choqué.
Mick Garris : Et bien, si jamais il devait y avoir un projet ‘sure’, on tendrait à penser que c’était « Doctor Sleep »
Mike Flanagan : Nous n’aimons pas vraiment trop penser aux chiffres, parce que personne, en parlant des films qu’ils adorent ou leur amour du cinéma, ne va à un cours de cinéma analyser un film, et entendre quelqu’un dire « Oh, et regarde le box office de celui-là! ». Ce n’est pas un paramètre pour juger la qualité d’un film.
Mick Garris : Et c’est quelque chose que les réalisateurs devraient avoir à l’esprit, de toute façon. Ils veulent faire le meilleur film posible, et c’est à ceux dont le boulot est de le vendre, de le vendre.
Mike Flanagan : Et ensuite cela appartient au public. Et nous rejoignons un groupe assez sympas en fait, celui des titres de Stephen King qui ont sous-performés, ce qu’il m’a signalé samedi matin. Il a été rapide à me dire « Hey, rappelle toi, le weekend de la sortie des ‘Evades‘. Je me rappelle ce sentiment, tu en a un similaire. »
Mick Garris : Qui est, le meilleur film de l’histoire selon IMDB?
Mike Flanagan : Oui. Que personne n’a vu! C’était un film catastrophique d’un point de vue financier. Et il a dit « Non, c’est aussi arrivé à ‘Shining‘. Il était même en route pour gagner deux Razzies » (prix célébrant les pires du cinéma, ndt). Et je présume que c’est vrai. Il a gagné deux Razzies. Je pense que la leçon pour moi était que j’ai eu un support créatif presque sans précédent de la part d’un studio hollywoodien, celui de sortir un film très risqué qui ne répondait à aucun des critères des checklist des studios de genre. Et ils m’étaient très encourageants, tout au long de la création et nous avions tous cru en notre campagne (marketing), et tous cru au film, et nous sommes partis en weekend très fiers du travail que nous avions fait. Et à la fin du weekend nous sommes sortis très fier du travail accompli. Ca craint, c’est sur, parce qu’on veut un bon résultat, non seulement pour chacun de ceux qui ont mis tellement de travail dans le film, mais aussi pour avoir l’opportunité de refaire des choses de ce genre. Et c’est ce qui compte. Mon sentiment vis à vis de ce film ne sera jamais affecté par le box office ou quoi que ce soit de ce genre. Ce qui me rend nerveux et triste, parfois, c’est que je veux que des studios aient envie de prendre des risques pour de gros projets. Des paris. Dépenser plus d’argent pour créer ce genre de titres d’horreurs capables d’avoir un impact, et non pas juste faire des films à sursauts
Mick Garris : Exactement, une franchise. C’est ce qui est devenu.
Mike Flanagan :Je l’ai dit dès le début : je ne veux pas créer de sursauts. Ils ont dit « d’accord », mais c’était de la folie!
Pour un important studio, c’est une chose tellement rare, et une chose au sujet d’Hollywood et du box office est que oui, cela ne permet pas de juger de la qualité d’un film. Mais c’est comme une boite à vote, et Hollywood, si rien d’autre… Et les gens vont se plaindre qu’Hollywood ne supporte jamais ce genre de films, ou ne leur donne pas des opportunités de cinéma de cette manière. C’est très axé sur l’audience. Hollywood fera quoi que ce soit que les gens paieront pour le voir. Et si ils font quelque chose, si ils prennent un risque et que le public vient, cela les incite à en faire plus.
Mick Garris : Oui, ils le reproduiront.
Mike Flanagan : Ils le referont, et les autres gens en ville, prendront le même risque parce qu’il a juste été fait et que ça a marché. Et ce qui me rend triste, c’est que je ne sais pas si je serai en mesure de refaire ce que j’ai fait avec celui-là, avec ce modèle. Mais c’est aussi ok.
Mick Garris : Oui, mais les films sont aussi éternels. C’est un monde différent de nos jours, avec toutes ces plateformes. Les gens découvrent les films. « Hocus Pocus » (scénario de Mick Garris, ndt), a été un bide lorsqu’il est sorti, et maintenant il est omni-présent à chaque Halloween.
Mike Flanagan : Il est ADULÉ !
Mick Garris : Profondément adoré ! Tu as créé une véritable réussite. Ce film est celui que tu voulais faire. Il finira par trouver son public, d’une manière ou d’une autre. Et c’est tout le but de faire des films et de raconter des histoires, de communiquer avec un public, sinon ce n’est que de la masturbation.
« C’est tout le but de faire des films et de raconter des histoires, de communiquer avec un public, sinon ce n’est que de la masturbation. »
Mike Flanagan : Correct. Ce qui m’amène à quelque chose que nous avons abordé dans notre dernière conversaton. Qui m’est resté à l’esprit quelques temps. Nous parlions de « Riding the bullet« , nous parlions de « Before I wake ». Nous parlions du fait que ce film était très personnel pour toi.
Mick Garris : Ce sont NOS films.
Mike Flanagan : Oui, nous parlions de l’importance de ce que nous pensions. Et c’est quelque c hose qui est resté avec moi quelques temps, assez profondément depuis que nous en avions parlé. Et c’est quelque chose que j’ai pu évoqué durant la promotion du film. Parce que les gens ont naturellement parlé de la fin. Et ils ont parlé de la vision du monde de Kubrick, et celle de King, et comment ils ont tous contribué à celle de chacun. Et la notre, qui n’était plus vraiment une vision du monde, puisque dans le roman de Stephen King, à la fois dans « Shining » et « Docteur Sleep« , il parle à lui-même, il parle à sa femme, il parle à ses enfants. Et il peint le portrait du parcours d’une vie, du combat difficile entre la responsabilité et l’amour qu’il a pour sa famille et son addiction à l’alcool. Tout y est. Et ça y sera bien après qu’il soit parti. Cela inspirera et touchera les gens d’incroyables manières
Mick Garris : Et c’est une histoire partagée.
Mike Flanagan : Parce que c’est une histoire d’humains, de mariage, de parents, de faibless et de force. La première fois que je me suis assis pour travailler sur le scénario, j’ai regardé le livre « Docteur Sleep » et me suis demandé ce sur quoi il portait. Il y est question de guérison, de sobriété et de responsabilité. Et de passer le relai. Et de sacrifice, en fin de compte.
Mick Garris : On peut aussi dire la meme chose sur le livre « Shining« . Ils ont le meme theme, et ils l’approchent de différentes directions. Et « Shining » est le roman le plus effrayant que j’ai lu.
« »Shining » est le roman le plus effrayant que j’ai lu. » (Mick Garris)
Mike Flanagan : Terrifiant
Mick Garris : Et « Docteur Sleep » n’essaye pas de battre cela. « Docteur Sleep » est un animal entièrement différent. Cela a peut-être eu un impact sur le box office, parce qu’ils voulaient une machine à faire peur, peut-être. Et ce qu’ils ont eu a été quelque chose de bien plus méditatif et humain.
Mike Flanagan : Ce n’est pas une histoire d’horreur de la manière dont « Shining » est une histoire d’horreur. Parce que je pense que Stephen King, en écrivant « Docteur Sleep » n’était pas terrifié par lui-même. De par le travail qu’il a fait. De par sa guérison jusqu’à nos jours. Mais je réfléchissais sur ce que cela veut dire de BRILLER. De la manière dont Dick Hallorann le dit, d’une très belle manière dans le livre, où il dit que « le monde est un lieu très sombre, c’est un lieu qui a faim et il se nourrit de se qui brille. »
« Le monde est un lieu très sombre, c’est un lieu qui a faim et il se nourrit de se qui brille »
(Attention spoiler sur la fin du film)
Pour moi, c’est quelque chose de très sinistre et de déchirant. Et c’est ce que je pense pour mes enfants, et le monde en général. C’est ce qui me fait peur. Et c’est une horreur bien plus contemplative. Il faut s’assoir et y réfléchir pour que cela vous fasse peur. Mais cela m’effraie vraiment. Et l’idée que, la manière de se protéger du monde est de cacher cette partie de soi, de cacher cette lumière, de manière à ce que personne ne la voit. Pour être en sécurité. Et dans l’histoire de Stephen King, si on retourne tout à la fin rédemptrice de Jack Torrance, en retournant au livre « Shining », le message est très différent. C’est « Brille », et « Laisse la sortir ». Et c’est là où nous avons terminé le film.
Et ça, pour moi, si l’on met de coté le box office et tout cela, c’était… ceux parmi nous qui ont la chance de raconter des histoires, nous avons un petit nombre d’histoires que nous serons en mesure de raconter. Et à un certain point, nous n’avons plus grand chose à dire. Avec un peu d’espoir parce que nous ne sommes plus là.
Mick Garris : Nous sommes arrivés à bout de souffle.
Mike Flanagan : Nous sommes arrivé à bout de souffle. Et je pense que Stephen King est aussi incroyable parce qu’il est tellement prolifique. Il a laissé cette bibliothèque de connaissances et d’expériences, non seulement pour sa famille mais pour le monde. C’est un cadeau profond. Mais il m’arrive de penser à ce qu’il se passera lorsque je ne serai plus là. Et quand la seule chose qui restera sera les films. Mes enfants, en tant qu’adultes, ou leurs enfants, regarderont quelque chose que j’ai fais, pour me connaitre un petit peu, et j’y penss depuis notre conversation au sujet de « Riding the Bullet« , quand nous parlions de ces films. Ce qui est important à leur sujet, pourquoi ils comptent autant pour nous, malgré les problèmes de distribution et malgré les réactions d’individus, ici et là, pour chacun de ces projets.
Quel est leur héritage?
C’est à ce moment qu’il m’est venu à l’esprit que, pour tout l’amusement que j’ai… Disons que je peux dire une dernière chose à la fin. Et que je le dis à mon fils, devenu adulte, que je le dis à ses enfants. Qu’est-ce que je veux dire?
Si c’est la dernière chose que vous allez entendre de ma part. Ce qu’ils entendront bien après que je sois parti.
Quel est l’intérêt?
Et c’est intéressant parce que les gens vont venir te voir, et moi, et Stephen King, et les gens qui racontent des histoires qui se terminent sur une note d’espoir, qui se finissent sur une note d’amour, et ils disent « Oh, la fin sentimentale! »
Mick Garris : Surtout dans ce genre.
Mike Flanagan : Surtout dans ce genre.
Mick Garris : Qui le nécessite le plus.
Mike Flanagan : Oui, parce qu’on peut raconter une histoire qui est effrayante, sombre, cynique et tout cela, et le monde a des dents, tout ce qui est dehors… et alors? On est en mesure de le terminer sur une petite note. La dernière phrase que l’on communique à travers l’oeuvre, lorsque l’on est parti, est une note d’indulgence, est une note d’espoir, c’est ce qui est beau.
Mick Garris : Mike Flanagan, merci beaucoup et le public de « Doctor Sleep » va se développer, ce qu’il mérite. Merci de nous avoir rejoins sur « Post Mortem » et félicitations pour un aussi bon film!
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Quelques photos de Mike Flanagan avec Mick Garris :