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Interviews

[VIDEO] Découvrez la discussion publique entre Joe Hill et son père Stephen King

La semaine dernière, Joe Hill (de son vrai nom Joe Hillstrom King) et son père Stephen King ont participé à un événement public dans une librairie du Massachussets. Une soirée d’environ 1h05, riche en humour entre les deux King, et en humilité. 

Une discussion très intéressante qu’on vous propose de découvrir, ci-dessous, en vidéo. Suivie par notre traduction.

 

 

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Si vous aimez notre travail de traduction (une vidéo de ce genre représente plusieurs heures de travail), n’hésitez pas à liker/commenter/partager sur les réseaux sociaux. 

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Introduction

Je ne pense pas que ce soit courant, lorsque l’on a un événement avec un célèbre auteur, que celui-ci demande si il est possible de faire l’événement avec mon père. Et si cela arrivait, vous diriez probablement : “Vous savez, ce n’est surement pas une très bonne idée… on ne voudrait surement pas faire ça”.

Mais on aime tellement Joe qu’on voulait lui céder et le garder heureux afin qu’il continue à participer à d’autres événements littéraires avec nous.
On a donc décidé de lui faire plaisir et d’accepter qu’il puisse amener son père, mais que cette fois, parce que nous ne voulons pas que les auteurs aient l’idée, qu’ils puissent amener à chaque fois leurs parents pour les aider. 

Joe Hill est un auteur, au fait, il s’agit vraiment de son nom, ce n’est pas son nom complet, mais c’est réellement son nom et il est nommé après Joe Hill, le célèbre militant syndical. Mais je digresse.

Il a reçu la bourse Ray Bradbury, le prix William Crawford du meilleur roman Fantastique en 2006, année durant laquelle il a aussi remporté le World Fantasy Award de la meilleure novella. Son premier roman a gagné le Bram Stoker Awards pour le meilleur recueil de nouvelles ainsi que le British Fantasy Award, et il a remporté à nouveau chacun de ces prix, en 2017, pour son recueil “Strange Weather“. Son roman “Nosfera2” a été transformé en une série de comics et une série TV, et son formidable roman “The Fireman” (2016, “L’homme-feu, en français, ndlr) a été #1 à la liste des romans Bestsellers du New York Times.

Je faisais des recherches sur wikipedia, et suis tombé sur la phrase suivante au sujet de “L’homme-feu”. Je cite : “Il est entré à la liste des best-sellers du New York Times, à la première place, devant le numéro deux, le roman positionné à la deuxième position”.

(Rires)

Au cas où vous ne comprendriez pas le concept entre entre numéro 1 et numéro 2. Ils vous l’expliquent.

Pendant ce temps, il a aussi eu le temps de publier un séries de comic books (dont “Locke and Key“, ndlr) et il fut récemment annoncé qu’il allait superviser et co-écrire une nouvelle collection de comic books d’horreur, “Hill House comics”.

J’ai lu une formidable interview avec Joe, dans laquelle il décrivait pourquoi il voulait écrire quand il était un jeune adolescent. Il disait que quand il rentrait de l’école, ses deux parents, tous deux de célèbres auteurs, étaient en train d’écrire dans leurs bureaux respectifs, et Joe a dit : “J’étais convaincu qu’on était supposé être seul dans une pièce, inventer tout un lot de trucs et un jour quelqu’un vous paierai pour cela.”

Bien évidemment ça a marché pour Joe, mieux que pour moi car j’écris depuis des années des conneries dans mon bureau pour lesquelles je n’ai jamais été payé. 

Mais je ne suis pas Joe Hill.
Et le père de Joe n’est pas mal non plus.

Ce ne serait pas exagéré de dire qu’il est l’auteur prééminent, non seulement de notre temps, mais probablement aussi de tous les temps. Bustle a écrit une texte au sujet des 10 romans les plus effrayants de Stephen King, et le titre de cet essai était “Parce que dormir est surfait”.

(Rires)

Il y a une semaine, aujourd’hui, à Providence, se tenait le diner annuel de l’association des libraires indépendants de Nouvelle-Angleterre, et Laura Cummings, la présidente de l’association, y remet le Prix du Président. En quelque sorte un Prix d’Excellence pour un auteur de Nouvelle-Angleterre, et elle a décidé de le donner à cet obscure écrivain du Maine.

Spoiler alert : Stephen King.

Et Stephen King ne pouvait pas être présent, car il était ailleurs, en train de s’entrainer pour ce soir et Laura a donc donné un superbe discours de présentation, probablement d’une durée de 10 minutes, mais je peux vous en résumer l’essence en disant seulement, qu’elle, comme la plupart des gens, a été complètement effrayée par Stephen King durant toute sa vie de lectrice.

(Rires)

Pour ceux d’entres nous qui, comme Laura, qui sont par ailleurs des gens normaux, sauf que nous avons passé notre vie à être terrifié par des forêts, des jumeaux, des champs de maïs, et surtout les CLOWNS, et bien vous savez qui remercier pour cela.
Ou pourquoi pas une seule personne saine d’esprit ouvrirait un hotel en Amérique et l’appellerai l’hotel Overlook.
Ou pourquoi l’état entier du Maine est un peu effrayant, pour le dire d’une autre manière.
Ou pourquoi James Joyce & Laurel et Hardy et le pont de la River Kwai, qui ont tous dit la phrase “All work and no play makes Jack a dull boy”, mais il n’y a qu’un seul Jack auquel nous pensons tous lorsque nous entendons cette phrase.

Je me suis donc demandé ce que je pourrais dire pour introduire l’homme qui, littéralement n’a pas besoin d’introduction, contrairement au cliché que l’on utilise pour les auteurs. Je me suis interrogé sur pourquoi il y a tout un lot d’auteurs qui écrivent des choses qui font peur, mais qu’il n’y a qu’un seul Stephen King. Et voici ma théorie.

 

L’essence de l’horreur est qu’elle contourne la sécurité de ce qui parait normal.

 

L’essence de l’horreur est qu’elle contourne la sécurité de ce qui parait normal. Les atrocités ne prennent pas juste vie dans nos histoires, elles arrivent dans les histories de guerres, dans les thrillers, dans “Game of Thrones” mais elles arrivent dans des situations qui sont supposées être dangereuses et effrayantes. Elles ne nous chamboulent donc pas lorsque quelque chose de dangereux et de terrifiant arrive.

Mais Stephen King est un tel maitre qu’il arrive à prendre ce qui nous parait ordinaire et non-menaçant et les mets avec des gens et des actions qui ébranlent toutes nos attentes de ce qui est normal, sûr et prévisible. Le génie de son imagination est la juxtaposition brillante et créative de ce qui est normal et réassurant avec ce qui est anormal et inattendu.

 

Le génie de son imagination est la juxtaposition brillante et créative de ce qui est normal et réassurant avec ce qui est anormal et inattendu.

 

Il l’a fait 61 fois auparavant, et il l’a fait une 62e fois avec “The Institute” (L’institut), et si nous sommes très très chanceux, il continuera à le faire encore plein plein plein plein de fois, pendant des années et de nombreux livres à venir.

Aidez-moi à souhaiter la bienvenue à Joe et Steve.

 

 

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Joe Hill : Hey les gars, merci beaucoup d’être venu ce soir. Je veux remercier le Theatre Somerville et la librairie Porter Square Books de nous recevoir. C’est génial vous savez, c’est l’opportunité d’une vie. Je n’ai jamais fait cela avec papa avant.

Stephen King : C’est génial pour moi aussi.

Joe Hill : Donc, je vais lire un peu du livre “The Institute” (L’institut) de mon père, pour lancer un peu les choses.
Vous savez, la première fois que j’ai fais une lecture public, c’était pour mon premier roman “Heart Shaped Box” (Le costume du mort), qui est sorti en 2007, et j’ai fais une lecture devant une foule de la ville, à Water Street Books, à Exeter, dans le New Hmapshire. Et j’étais effrayé parce que je n’avais jamais vraiment été devant une foule d’environ 120 personnes, et je n’avais jamais été devant une grande foule.
Je n’avais pas beaucoup d’expérience d’apparition publique, j’étais donc plutot nerveux, tremblotant, la bouche sèche et le livre en question parle d’un musicien de heavy metal qui possède une collection d’artéfacts grotesque, comme une poêle en crane humain, des snuffs (des films clandestins très violents, censés ne pas être joué par des acteurs, mais représenter de véritables scènes de tortures et de violence, ndlr). Il entend parler d’une femme qui vend un fantome en ligne, et décide qu’il le veut.

Et si vous avez vu le moindre film d’horreur, vous savez que c’est une terrible idée. Il le fait quand même, et passe les 300 pages suivantes à le regretter.
Au début du roman, il est en couple avec cette jeune femme, ils sont ensembles depuis un moment. Leur relation ne va plus vraiment, et leur vocabulaire est plutot salé.

Mais c’était une lecture publique à 20h, j’ai regardé la foule et elle semblait essentiellement composée d’adultes. Je me suis dis : “Allez, je vais lire de la manière dont je l’ai écris”.

Donc ils parlent, Jude et sa copine Georgie, et elle dit “Tu es un sympathique fils de pute, tu le sais?”
Et il réponds : “Tu veux de la sympathie, va baiser James Taylor!”

Et juste après avoir dit cela, environ 8 petits enfants, probablement au collège, apparaissent dans le public et les enfants sont comme (Joe mime un visage choqué).
Et leurs parents sont (mime un visagé étonné).
Mais une fois ça passé, j’ai décidé d’y aller sans modération.

La morale de cette histoire est que si vous avez amené vos enfants avec vous ce soir, on ne peut pas être responsables pour votre mauvais rôle de parent.

Donc le nouveau roman de mon père,“The Institute” (L’institut), est absolument génial. Ma femme et moi nous le lisons l’un à l’autre, et ce soir en particulier, il nous reste 15 pages avant la fin.

Donc je regrette de vous informer que nous ne pourrons pas faire cette lecture, je vais aller dans les coulisses et finir ma lecture merci, bonne soirée!

 

(Joe fait semblant de partir)

 

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/// ATTENTION :  ne lisez pas cette partie si vous n’avez pas lu “L’institut”, car il révèle une partie de l’intrigue 

 

Joe Hill : Non, je vais lire une partie du milieu. Il y a un lieu appelé “L’institut”, au fin fond des forêts du Maine. Un nombre d’enfants y sont détenus pour des raisons sinistres et l’un d’eux, un enfant du nom de Luke, a réussi à s’échapper en se tortillant sous un grillage.
Mais il n’est pas encore en sécurité, parce qu’il porte un traceur dans son oreille.

Donc je vais juste lire deux ou trois pages du milieu.

 

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(Joe Hill fini de lire vers 15min50, et Stephen King arrive à son tour au pupitre)

 

 

Stephen King : C’est mon fils et j’aime ce gars.
Je veux signaler que Aaron Mackey et mon ami Paul Tremblay sont dans le public, et si vous n’avez pas lu son livre “Growing Things”, “Head full of ghost” (de Paul Tremblay, ndlr), vous devriez.

Joe Hill : Et écoutez le “Lore Podcast”, c’est vraiment sympas.

Stephen King : Merci à tous d’être venus. Nous sommes tous ensembles, maintenant, et nous nous amusons. Plus tard vous devrez tous retourner chez vous, dans le noir.

(Rires)

Stephen King : Oui, vous pouvez en rire maintenant.

(Rires)

Stephen King : Mais vous savez ce que les rapports d’assurance disent. Je l’ai lu sur internet, donc ça doit être vrai. Une personne sur 50, parmi vous, était tellement excitée qu’elle a oublié de fermer votre porte à clé.
Je ne dirais pas que n’importe qui a pu y entrer.
Mais.
N’importe qui peut être chez vous.
En haut.
Dans la salle de bain.
Je veux que vous y pensiez ce soir, lorsque vous entrerez, dans la salle de bain. Est-ce que ce rideau de bain était tiré?

Ecoutez. Je veux lire un extrait du livre de Joe, qui est maintenant en vente. Nous en avons dédicacé quelques uns, mais vous pouvez toujours en acheter plus. Il s’appelle “Full Throttle”.

La semaine prochaine nous serons dans la liste des best-sellers du New York Times, ensembles. C’est sympas ça!

De toute façon, je veux lire un peu de l’introduction de Joe, comme cela je n’ai pas à donner de contexte, et aussi parce que… c’est à mon sujet.

(Rires)

Tu sais Joe, quand on y pense, c’est vraiment arrogant … mais je vais quand même le faire.

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Stephen King lit un extrait de l’introduction du livre de Joe Hill.
Cet essai a été révisé et publié en ligne, gratuitement. Et on vous l’a traduit :

« Quand Stephen King est ton père, le monde est rempli de monstres »
Joe Hill reflète sur l’ombre (et la lumière) de son célèbre père, Stephen King, sur sa vie.

 

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(Stephen King finit sa lecture vers 23min et va s’asseoir à côté de Joe)

 

 

Stephenking Couverture Times 01 Stephenking Couverture Times 02

 

Stephen King : Allez, c’est l’heure des questions.

Joe Hill : Donc nous avons quelques questions de votre part, mais j’ai aussi des questions à moi, que je voudrais d’abord poser, maintenant que je l’ai sur scène. Est-ce que certains d’entres vous on vu le film “Between two Ferns”?
Je me disais que tout d’abord je ferai ma meilleure interprétation de Zach Gila… quel que soit son nom, en lui posant des questions du genre : Tu-as une fois été en couverture du Times, qu’as-tu d’autre en commun avec Donald Trump?

(Rires)

Stephen King : Rien du tout. (Stephen King n’hésites pas, au contraire, à critiquer sans cesse Trump. Lors d’interviews. Sur Twitter. Et dans ses livres)

(Rires)

Joe Hill : Puis ensuite je me suis dis que je ne voulais pas vraiment passer une heure à te charrier. Ce qui est décevant, je sais mais j’ai peut-être une vraie question à te poser. Maintenant, en privé. Devant 800 personnes.

(Rires)

Stephen King : Ca pourrait mal se finir, il pourrait vraiment se lâcher, il sait beaucoup de choses.

Joe Hill : La première chose que je me demande, est combien est-ce que tu dois savoir, et que dois-tu savoir avant de commencer l’écriture d’un roman?
Combien de morceaux te fallait-il en tête (car je sais que tu n’écris pas de schémas, tu ne planifie pas), que savais-tu qui t’a donné la confiance de te lancer dans “L’institut” en te disant que c’était prêt? Quelle proportion de l’histoire avais-tu?

Stephen King : Je n’avais vraiment rien de l’histoire. J’avais une idée depuis un long moment. Je ne suis pas sur que j’avais envie de dire cela, car c’est en quelque sorte un spoiler, quelque chose qui se déroule vers la fin de “L’institut”.

 

 

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/// ATTENTION :  ne lisez pas cette partie si vous n’avez pas lu “L’institut”, car il révèle une partie de l’intrigue 

 

 

Theinstitute Stephenking Uk Hodder Cover Heder

 

Stephen King : J’avais une image… Je vais vous dire ça. J’avais une idée au sujet d’une école, comme une petite école de campagne, qui commençait à bouger d’elle-même. Elle commençait à bouger et se déplaçait à travers les maisons, les rues, les arbres.
Les enfants se retrouveraient bloqués à l’intérieur et ça allait de plus en plus vite.

Et d’une manière, bien que cela n’ait rien à voir avec, je l’ai développé en “L’institut”. Je présume que pour moi, il faut que j’ai deux choses qui se connectent. Une des choses à laquelle je pensais était ce boulot qu’un des personnages obtient. Il devient un night-knocker. Qui est un ancien boulot pour lequel tu te ballades à travers une petite ville, tu as une montre à gousset et tu vérifies les boutiques, tu frappes aux portes pour vérifier que les portes sont fermées, et ce genre de choses. C’est un boulot de policier perdu. Un type le décrit comme un boulot analogue dans un monde digital.

Donc j’avais ça et puis ensuite j’ai commencé à penser aux enfants et l’institut sur lequel je voulais vraiment écrire était une sorte de version horrifique de celle de “Tom Brown’s School Days” (un roman de 1857, ndlr).

(Joe regardant le public)

 

Joe Hill : Combien d’entres vous ont déjà lu “L’institut”?

(Applaudissements)

Joe Hill : D’accord, donc quelques uns d’entres vous, je veux donc être prudent vis à vis des divulgachements (la transposition française du terme spoiler selon l’académie française 😀 ), mais le livre a une structure fascinante.

Il commence avec un gars s’apprêtant à voler vers New York, et le vol est trop plein. Presque sur un coup de tête, il décide d’accepter le chèque offert (par la compagnie aérienne) à quiconque accepterai d’attendre le vol du lendemain.
Il accepte l’offre, et, au lieu de prendre le prochain vol, il fait du stop. Et fini, presque par accident, dans ce boulot de gardien de nuit. Et ensuite on le quitte pendant près de 400 pages.

C’est en soit un petit spoiler, mais c’est fascinant, c’est presque quelque chose d’un livre de Steinbeck, une histoire d’un ouvrier qui prend la route. Il prend le job (de gardien, ndlr), et a quelques aventures durant une des escapades nocturnes. Et soudainement, il n’est plus là. Il disparait de l’histoire pendant plusieurs centaines de pages. 

 

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Joe Hill : Je présume que ce que je me demande c’est si tu as vraiment d’abord écrit cette partie? 

Stephen King : Non.

Joe Hill : D’accord.

Stephen King : Non, ce n’est pas le cas. La première partie du livre L’institut” s’appelle “The Night Knocker” (littéralement : Le Gardien de nuit), et la seconde partie s’appelle “The Smart Kid” (L’enfant prodige).

Joe Hill : Tu as commencé avec celle-là.

Stephen King : J’ai commencé avec le “Smart Kid”, j’ai commencé avec Luke, et j’ai changé plus tard durant l’écriture. Je me rappelle cette chose chez Edgar Rice Burroughs, où il fait toute une introduction de l’histoire, avant de dire “Mais quand on lit ça, après 5 pages, je serai oublié.”
Ca m’est toujours resté à l’esprit, et je me suis dit que je raconterai toutes ces choses au sujet de Tim (le personnage ouvrant le roman), et que si mon histoire est assez bonne, on l’oubliera jusqu’à ce que soudainement on se dit “Ah mais oui, le revoilà, mon vieil ami Tim”.

Joe Hill : Cela me rappelle aussi… Il y a deux choses là-dedans. Cela me rappelle la lecture de “The Day of the Jackal” (un roman de Frederick Forsyth, publié en 1971, ndlr), la toute première phrase dit que “Jack échouera”.
On apprend dès le début qu’il n’arrivera pas à assassiner Charles de Gaulle, ce qui ruine la fin du livre. Frederick Forsyth, l’auteur, gâche la fin du livre, dès la première phrase.
Mais le livre est tellement bon qu’on oublie que Jack ne va pas réussir. Il devient aussi instoppable que le Terminator.

Stephen King : Les gens me demandent si je lis les critiques. Je réponds que oui, généralement je le fais, et je me dis que si toutes les critiques disent la même chose, alors tu as merdé, mais si elles disent des choses différentes, alors ça va. Et j’ai lu beaucoup de critiques disant que ce livre a une structure étrange. Tout ce que je peux dire, c’est que ça me semblait une bonne idée à l’époque.

Stephen King : Laisse moi TE demander quelque chose.

Stephen King : Tu as ce livre de nouvelles, tu as collaboré avec moi sur deux d’entres elles, et les autres histoires, pour moi, avaient ce ressenti de Ray Bradbury, Jack Finney, des classiques, pas forcément de l’horreur, mais dans ce livre il y des choses très effrayantes.

Joe Hill : CS Lewis

Stephen King : Mouais… (Stephen King ne semble pas trop d’accord)

Joe Hill : “Faun” (une nouvelle homonyme dans le recueil “Full Throttle”) est, bien entendu une relecture de Narnia, d’une certaine manière.

Stephen King : Ouais, mais je trouvais que c’était aussi la chose dont ils parlent, une histoire de Ray Bradbury, “A Sound of Thunder” (Un coup de tonnerre, une nouvelle que Stephen King a évoqué dans l’hommage publié sur son site internet à l’annonce du décès de Ray Bradbury).

Joe Hill : “Un coup de tonnerre”, lorsqu’ils retournent chasser des dinosaures.

Stephen King : Ma question est, qui t’a influencé dans le domaine du fantastique? Pas forcément dans le domaine des comic books, parce que je sais que c’était important pour toi. Ils ont toujours beaucoup compté pour toi. Même aujourd’hui.

Joe Hill : J’ai parlé de ce sujet, un peu plus tot dans la journée, et pour être honnête, c’est un peu difficile de contourner ton travail et celui de maman. Le fantastique et les romans d’horreurs qui m’ont chamboulé étaient “Le Talisman” (Stephen King et Peter Straub), “Ça” et “Dead Zone” qui sont en quelques sortes les fondations des livres que j’ai lu quand j’avais 13-14 ans. Qui ont formé mon idée de ce qu’une bonne histoire devrait être.

Stephen King : Wow, c’est génial, merci.

Joe Hill : J’ai lu d’autres choses, il y avait un livre de nouvelles par Jack Finney intitulé

Stephen King, coupe son fils : Tu dois avoir besoin qu’on te ramène à la maison. 

(Rires)

Joe Hill : Quand tu parlais de critiques, ça m’a rappelé d’une phrase de Zach Galifianakis. Tu disais être ton pire critique. Est-ce que cela veut dire que tu n’as pas lu les reviews?

Stephen King : Ooooh, prends ça!

Joe Hill : J’ai lu “I love Galesburg in the springtime”, par Jack Finney, j’avais un très joli et vieil exemplaire. Et ça m’a donné une idée du genre… ( ne finit pas d’exprimer sa pensée)
J’ai tout lu de Ray Bradbury, parce que je pense que quiconque écrit du fantastique passe par une phase Bradbury. Je l’aime toujours et je ne le dénigre pas, j’aime profondément la fiction de Ray Bradbury. Ses nouvelles. Tu sais, un grand nombre de ses nouvelles peuvent être lues en moins de 10 minutes et tu ne peux jamais oh grand jamais les oublier. Des histoires comme “La corne de brume” dans laquelle une créature préhistorique géante tombe amoureuses d’un phare.

Stephen King : Il y a quelque chose de ce genre dans

Joe Hill : Dans “By the Silver Water of Lake Champlain”

Stephen King : Qui va d’ailleurs devenir un épisode de “Creepshow”, une série télévisée.

Joe Hill : Sur la plateforme Shudder. Avec une de tes histoires qui va faire partie de l’anthologie “Creepshow”. C’est laquelle la tienne? Grey Matter (Matière Grise, une nouvelle du recueil “Danse Macabre“, ndlr).

Stephen King : “Creepshow” a démarré il y a deux semaines. “Grey Matter” était la première histoire de cette saison et la tienne, “By the Silver Water of Lake Champlain”, sera la dernière.

Joe Hill : Oui, la dernière.

Stephen King : Et Joe était dans “Creepshow”. Le premier film.

Joe Hill : J’y étais. Une histoire étrange à ce sujet est que… Papa est devenu ami avec George Romero, un réalisateur indépendant, plus connu pour son film “Dawn of the Dead” (Zombie, 1978). Ils étaient très proches et ils voulaient tous deux faire un film qui rende hommage aux comics d’horreurs géniaux et grossiers des années 50s. “Tales of the crypt”. “The Vault of fear”. Ces comics étaient un énorme succès, ils en ont vendus des millions d’exemplaires. Et à la fin des années 50s, le Congrès s’est associé avec des psychologues pour interdire les comics d’horreurs. Ils s’en sont débarassés. Et donc “Creepshow” allait s’en inspirer. Et papa a été acteur dans le film, en tant que Jordy Verill.

Stephen King : J’ai joué une plante.

Joe Hill : Il y a un truc qui se colle à lui, cette substance qu’il appelle “merde de métérorite”. Et il commence à se transformer, à avoir de l’herbe qui lui pousse dessus, sur les sourcils, sur sa langue… et je pense parce que papa ne voulait pas être seul, il a persuadé George Romero de me prendre comme acteur dans le film.

 

 

Stephen King : Non, c’était l’idée de George, lorsqu’il t’a vu. Il trouvait que tu semblais innocent et adorable. Il ne savait pas grand chose.

Joe Hill : J’y ai joué cet enfant, Billy, qui tourmente son père abusif avec une poupée vaudou parce après que son père lui enlève ses comics d’horreur. Donc ce n’était pas vraiment un rôle difficile à jouer pour moi.

(Rires)

 

 

 

Joe Hill : Mais ce dont je me rappelle le mieux, c’est que mon père dans le film était Tom Atkins. Et Tom Atkins, est un homme sympas dans la vraie vie. Trop amusant et généreux, pour être haï et tourmenté avec une poupée vaudou, mais à un moment il doit me frapper dans le film. Il fait semblant de me donner une gifle, et Tom Savini, le spécialiste des maquillages, a peint une grosse marque sur mon visage. On a tourné la scène. A cette période, au milieu des années 80s, ils n’y avait aucune règle sur la durée ou jusqu’à quelle heure un enfant pouvait tourner dans un film.
Il était genre 2h du matin et j’étais complètement éveillé. J’ai commencé à faire une scène, “Je veux un milkshake. Je veux un milkshake. Je veux un milkshake.”

Donc mon père m’a amené à Mc Donalds. Il arrive sur place et dit au gars. “Donnes un milk-shake au gamin”. Et il est assis derrière le volant.

Stephen King : Une cigarette dans une main.

Joe Hill : Ouais. Il regarde de mon coté. Puis regarde le drive-in, il y a 4 ou 5 personnes qui regardent à travers la fenêtre, genre…
Et il réalise soudainement que j’ai toujours cette énorme marque de main sur mon visage. Il est 2h du matin et on dirait qu’il essaie de me soudoyer avant que je n’appelle les services sociaux. Après ça on n’est pas retourné à McDonalds durant la période du tournage.

Stephen King : Pas à celui-là en tout cas.

(Rires)

Joe Hill : Questions. Voyons les questions. Tu es assez connu comme étant un auteur prolifique. “L’institut” est en réalité ton 203e roman de ces deux dernières années.

(Rires)

(Fait un doigt d’honneur à son fils)

 

[stephen king photo reading florida]

 

Joe Hill : Mais je sais que parfois certains livres restent bloqués. Par exemple tu avais 70 pages de “Dome

(Stephen King fait à nouveau un doigt d’honneur à son fils 😀 )

Stephen King : Allez, continue (ta question, ndlr)

Joe Hill, se moquant : Mon père éternue et dit “Oh, regarde, c’est un livre”

(Rires)

Joe Hill : Donc tu avais 80 pages de “Dome”, et tu l’as laissé de coté pendant quoi. 20 ans?

Stephen King : Plus longtemps en fait, je pense.

Joe Hill : Quand avais-tu commencé à l’écrire?

Stephen King : 1972, et j’avais pas mal travaillé dessus à l’époque, mais… il nécessitait trop de recherches, ce qui m’a un peu découragé. Donc je l’ai mis de coté et me suis mis sur un livre de vampires, intitulé “Salem“.

Joe Hill : Et après il resté quoi. 30, 40 ans?

Stephen King : Ouais

Joe Hill : Puis c’était bon. Il y a une autre histoire, au sujet d’un petit gars, sur laquelle tu t’es essayé par-ci par-là au fil des années. Les gens pensent que tu ne dois pas avoir de doute. Quand tu te trouve bloqué, et comment te débloques-tu?

Stephen King : Oh que si, j’ai beaucoup de doutes et d’hésitations. Il y a une expression “Ne les laisse jamais voir que tu transpires”. Et un célèbre auteur, tu sais peut-être de qui ça vient, a dit, “Une écriture difficile fait une lecture facile”.

Joe Hill : C’est peut-être de Elmore Leonard.

Stephen King : Peut-être. Mais ce qui est important c’est de continuer, de ne pas déprimer. Tu sais, j’essaie de me rappeler que nous sommes tous des amateurs, et chaque fois que je m’assieds, c’est comme la première fois. Je lutte en permanence avec mes doutes. Si cette scène marche ou pas, si cette idée est bonne. La seule chose dont je n’ai jamais vraiment douté est le vocabulaire, la capacité à compiler les mots. J’ai eu beaucoup de difficultés avec “The Institute” (L’institut). Au dernier quart du livre, je trouvais que j’étais en train de jongler et que j’essayais de tout faire tenir. De créer des transitions et essayer de ne pas les rendre les choses bizarres.

 

Je lutte en permanence avec mes doutes (Stephen King)

 

Joe Hill : Un travail difficile. Tu as été bloqué avec “Carrie

Stephen King : Oui, j’étais bloqué avec “Carrie” et l’ai jeté à la poubelle. Et ma femme, Tabitha King, l’a sauvé de la corbeille et a trouvé que c’était plutot bon et…

(Applaudissements)

Stephen King : Ma femme, la maman de Joe, a ce sourire spécial, de temps en temps. C’est un peu comme un sourire de Picasso, il tire sa bouche d’un coté, mais pas des deux. C’est un sourire attachant. Et j’ai toujours su ce que ça veut dire. Et quand elle a lu “Carrie”, elle l’a dépoussiéré, il était recouvert des centres de cigarettes, elle l’a lu. Elle avait un sourire sur son visage et a dit. “Tu sais, c’est très bon. Tu dois continuer avec.”

Et j’ai pensé à une chose que Samuel Johnson a dit, au sujet de chiens danceurs. Tu ne t’attend pas à ce que soit bien fait, tu es surpris que ça se fasse tout court.

J’ai dis que je n’y connaissais rien sur les vestiaires des filles. Elles jettent tous des tampons à “Carrie” et j’ai dis que je ne savais pas si elles les obtenaient d’un distributeur ou autrement, et elle a répondu : “Je vais t’aider”.

(Rires)

Stephen King : Quelle est ton histoire préférée?

Joe Hill : J’ai une histoire sur Tabitha. Mon troisième roman s’appelle “Nosfera2“, ça parle d’un méchant dont la voiture roule grâce aux âmes humaines à la place d’essence. Et j’ai écris une fin vraiment horrible. C’était vraiment sordide. Et j’avais décidé que j’allais la garder. Parce que je suis un putain d’artiste. Et je savais que mon éditeur voudrait que je la change. Et je m’en foutais. Parce que je suis un artiste. Je vais la garder. Je m’en fiche si je ne vends que 7 exemplaires. C’est ma fin. Mais j’ai d’abord envoyé le livre  à mes parents pour avoir leur avis. Et ma maman l’a lu. Elle m’a appelé, et m’a dit. “Joe, c’est un roman formidable mais la fin ne va vraiment pas le faire.”

Et j’ai répondu. “D’accord maman”

(Rires)

Joe Hill : Si jamais vous demandiez la durée de vie de mon intégrité d’artiste…

(Rires)

Joe Hill, regardant des notes : Qu’ai-je ici?

Stephen King, au public : Est-ce que vous allez bien? Parce que, vous savez quoi, on ne vous voit pas très bien, à cause des lumières dans nos yeux, et je cherche toujours les signes de fatigue. On ne veut pas que vous fatiguez pour le moment, donc…

Joe Hill : J’ai quelques livres que j’utilise comme compas pour la création. “Dead Zone” est l’un d’eux. “True Grit” (de Charles Portis) est un autre. “The Friends of Eddie Coyle” (de George V. Higgins, ndlr) un troisième. Et pour toi?

Stephen King : J’ai lu énormément de livres par un type qui n’est pas assez lu de nos jours, Don Robertson (auteur d’un livre “The Ideal, Genuine Man”, un livre publié par Philtrum Press, une maison d’édition personnelle de Stephen King et pour lequel il a écrit une introduction). Il a écrit un livre tellement magnifique que je ne peux même pas me rappeler le titre. Tu sais, l’histoire au sujet de Charlie… “Paradise Falls”… et pendant un moment, j’ai…

Richard Matheson était important pour moi. Nous avons une histoire dans “Full Throttle” (le dernier livre de Joe Hill, ndlr), qui vient d’un livre pour lequel des gens nous ont approché en disant qu’ils allaient faire un livre en hommage à Richard Matheson.
Une des histoires était “Duel”, devenu un film de Spielberg qui a lancé sa carrière ; une autre histoire de ce livre était “Nightmare at 20,000 Feet”, un célèbre épisode de “The Twilight Zone” (La Quatrième Dimension). Il a beaucoup fait, Richard Matheson. Il a été un personnage formateur dema vie. “I am legend” (Je suis une légende), “The shrinking man” (L’homme qui rétrécit), sont d’autres de ses histoires.

Il était très important pour moi. Richard Bloch aussi. Les histoires de Ray Bradbury aussi. Je pensais que Bradbury a été un peu faible vers la fin de sa carrière, mais ses histoires précédentes… Il y en a une appelée “Small Assassin” (Le petit assassin) au sujet d’un tueur…

Joe Hill : S’agit-il de (Richard) Matheson ou (Ray) Bradbury?

Stephen King : Cette nouvelle est de Bradbury. Et ma préférée est… je crois que ça s’appelle “The Visitor” (Le visiteur, en français, dans le recueil “L’Homme illustré” ndlr). Je dois vous raconter l’histoire, car elle m’a vraiment foutu les jetons quand j’étais petit. Il y a un petit garçon s’appelant Martin, qui est au lit, parce qu’il est malade.
Il ne peut pas sortir. Il est juste malade. Et donc ce qu’il fait, et Ray Bradbury était alors à son meilleur vocabulaire, il dit que Martin avait ce chien et qu’il lui demandait de lui apporter un livre du magasin.
Il lui disait quoi faire, et le chien allait lui chercher des trucs, et il revenait avec. Ou il lui disait (au chien), je veux vraiment voir Mme Jenkins et elle lui ramenai des cookies à l’avoine. Ou le chien lui ramènerai Mme Jenkins, vous savez, avec ses dents dans sa robe… toutes ces choses arrivaient.

Et parce qu’il ne peut pas aller à l’école, Martin a un tuteur. Il tombe amoureux de cette magnifique jeune femme qui vient lui enseigner la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Un jour, elle est frappée par une voiture et meurt. L’enfant a le coeur brisé et dit au chien, “elle me manque beaucoup, elle me manque beaucoup”. Le chien part, et revient, recouvert de terre. Il entend ses pas dans le couloir et les derniers mots sont… “Martin a de la compagnie”

(Rires)

 

Roadrage Stephenking [plein gaz stephenking joehill jailu 2015]

 

 

Joe Hill : Je dois vous raconter une petite histoire au sujet de “Full Throttle” et “Duel”, mais c’est en réalité une histoire sur Stephen King.

Nous devions écrire cette histoire ensemble, c’est la première nouvelle de “Full Throttle”. Elle a été écrite en hommage à la novella “Duel” de Richard Matheson, qui parle d’un homme des plus communs, qui fuit un camionneur le pourchassant avec un gros camion-citerne. Et “Throttle” (Plein Gaz, en français, disponible uniquement au format poche, chez J’ai Lu), est au sujet d’un gang de motards qui fuit un routier dont on ne voit pas le visage.

A l’époque je n’avais pas mon permis moto. Je ne savais pas grand chose des motos et je me tourne vers papa, qui a écrit au sujet des motos depuis 40s ans, et me dit que nous devons l’écrire ensemble.
Qu’il me corrigera sur l’aspect des motos, que ça permettra de ne pas paraitre faux. Mais j’ai eu mon permis motos peu de temps après que nous ayons écris la nouvelle ensemble.

Deux années plus tard, durant l’été, nous sommes partis en motos. Il a toujours été un fan des Harley. Donc il est parti avec sa Harley et moi avec ma petite Triumph. C’était un bel apres-midi. Nous conduisons ensemble sur genre 40km, et on revient. On gare les motos, il s’approche de moi et dit : “C’était une bonne promenade, même si ton moteur sonne comme une machine à coudre. “

(Rires)

 

Stephenking Moto2

 

 

Joe Hill : Ecoutes. Il ne nous reste pas forcément beaucoup de temps, et il y a des questions du public que j’aimerai te poser. Mais j’ai quelques questions rapides…

Stephen King : Et merde, je déteste ça.

Joe Hill : Je suis désolé. Allez… ça va être sympas.

Stephen King : Ouais bien sur, j’ai entendu ça toute ma vie. Viens papa, ça va être génial.

Joe Hill : Si tu pouvais avoir un superpouvoir, ce serait quoi? (Rires) Je lui pose cette question depuis que j’ai 4 ans.

Stephen King : Je suppose que je volerai.

Joe Hill : Quel film as-tu vu le plus?

Stephen King : “The Sorcerer” (Le convoi de la peur), de William Friedkin. J’ai vu ce film… applaudissez, vous ne connaissez pas le film mais c’est réellement génial. C’est le film qu’il a réalisé après “L’exorciste”.

Joe Hill : Quel est le meilleur album de l’histoire du rock?

Stephen King : (hésites)

Joe Hill : Allez, dépêche-toi.

Stephen King : “Back in Black” par ACDC.

(Applaudissements)

 

 

Joe Hill : Le meilleur single?

Stephen King : “Sweet Soul Music” par Arthur Conley.

Joe Hill : Le livre dont tu rêverai d’être l’auteur?

Stephen King : Merde. Il y en a des milliers. Je présume que le livre dont j’étais le plus jaloux était “La communauté de l’anneau” (JRR Tolkien). Je l’ai lu et me suis dit que ce mec était bien au-delà de quoi que ce soit que je peux faire. (Ce roman inspirera à Stephen King l’idée de se lancer dans une saga fleuve… ce qui deviendra “La Tour Sombre”)

Joe Hill : Combien de matchs est-ce que les Red Sox vont gagner l’année prochaine?

Stephen King : L’année prochaine, les Sox vont gagner 88 matchs. C’est 4 de plus que cette année.

Joe Hill : Beatles ou Stones?

Stephen King : Stones.

(Applaudissements)

Joe Hill : Mauvaise réponse.

(Rires)

Joe Hill : Spielberg ou Kubrick?

Stephen King : Spielberg

(Réponse surprenante, n’est-ce pas? 😀 Stephen King ne rate pas une occasion de critique le film “Shining” de Stanley Kubrick)

Joe Hill : C’est ce que je me disais. Qui est le plus effrayant : Chucky ou Chuck E. cheese (une chaine de fastfood, ndlr)?

Stephen King : Chuck E. cheese. Ecoutes…

Joe Hill : Faisons les questions du public?

Stephen King : Faisons les questions du public. Quel est ton film d’horreur préféré de tous les temps?

Joe Hill : CA Chapitre 1

Stephen King : Ah, c’est plutôt gentil.

Joe Hill, regardant une question : Non, pas celle-ci. (Et déchire le papier)

Stephen King : Fais-moi voir celle-ci? Désignant une autre?

(Joe la lui tend. Stephen King la jette en disant que c’est de la merde)
(Joe regarde les différents papiers avec les questions)

Stephen King : Au fait, je veux vous dire quelque chose. Vous avez peut-être vu, il y a quelques temps, à l’époque de George Bush, il me semble. George Bush senior, avait perdu un débat parce qu’il avait regardé sa montre. J’ai regardé la mienne, mais c’est qu’il s’agit d’une montre Apple et que lorsque j’ai donné un calin a mon fils (un peu plus tôt), elle a dit : “On dirait que vous êtes tombé”.

(Rires)

Stephen King : Mon mec gérant l’informatique a mis une application sur mon téléphone, car il a décidé que je suis vieux. Que je vais bientôt mourir. Et donc la montre a dit “On dirait que vous êtes tombé” et j’ai du presser un bouton pour qu’ils n’appellent pas une ambulance.

(Stephen King, regardant Joe : vas-y)

Joe Hill : Que penses-tu qu’il nous arrive quand on meurt, Debby demande.

Stephen King : Je pense que nous partons ailleurs, que notre conscience continue…

(Joe Hill tend une fiche à Stephen King. Qui la prends)

Joe Hill : C’est une autre question, mais vas-y, répond à la question. Qu’est-ce qui nous arrive quand on meurt?

Stephen King : Je ne sais pas mec. Le truc est que… nous sommes tous à l’aise ici. Ca serait du gâchis si quelque chose devait arriver. C’est ce que je choisis de croire. Stephen King lit une question : “Ok, pour Joe. J’ai adoré “L’homme-feu“. Tes descriptions de Portsmouth sont très justes. J’y suis né et y ai grandi. Y as-tu vécu ou tes descriptions étaient justes de bonnes recherches?

Joe Hill : Je voulais créer une histoire qui s’ancrait dans un vrai lieu pour faire en sorte que mes combustions spontanées paraissent réalistes. J’ai donc fait très attention à cartographier tous les lieux. Il y a une rue qui est mentionnée, avec un nom ridicule, genre la rue Dunkirk. Je ne pouvais pas vraiment me rappeler, et me suis dit que j’avais du l’imaginer. J’étais à Portsmouth l’autre jour et je l’ai passé, donc je présume que je ne l’avais pas imaginé.
Stephen, dans “La Tour Sombre”, tu inclus des extraits de journaux de Stephen King. Est-ce qu’ils se basaient sur tes véritables carnets?

Stephen King : J’avais un lot de vieux journaux, mais aucun de l’année en question. Donc je les ai imaginé.
Ok, Joe : quelle la chose la plus étrange que ton père t’a fait, lorsque tu étais enfant? 

Stephen King : Il y en a tellement, laquelle choisir?

Joe Hill : Je sais, c’est difficile d’en choisir une. Tu sais, j’y ai beaucoup réfléchi parce qu’il y a une vieille blague de Jay Leno : “Stephen King demande aux enfants : vous voulez entendre une histoire avant de dormir? Les enfants sont là Noooooooooon!”

(Rires)

 

Stephenking Enfant Lit Une Histoire En Classe

 

 

Joe Hill : Mais le truc est que, ce n’était jamais vraiment comme ça, tu sais. Nous avons toujours aimé les histoires avant de dormir. C’était le meilleur moment de la journée. Je pense parfois que c’était une incompréhension du travail de papa d’imaginer qu’il vend de la peur. Les politiciens vendent de la peur.

(Applaudissements)

 

Je pense que c’est une incompréhension du travail de papa d’imaginer qu’il vend de la peur.
Les politiciens vendent de la peur. (Joe Hill)

 

 

Joe Hill : J’ai toujours pensé que les histoires de mon père vendaient du courage. Qu’il évoquait principalement que, oui, d’accord, certaines choses vont parfois mal, mais si tu as la foi et un sens de l’humour, que tu es fidèle à tes êtres cher, parfois tu peux battre les ténèbres.

(Applaudissements)

 

J’ai toujours pensé que les histoires de mon père vendaient du courage (Joe Hill)

 

 

Stephen King : Merci, c’est très beau. Je veux juste ajouter une chose à cela. J’ai fais beaucoup d’interviews au fil des années, et à un moment donné, on me demande comment j’étais enfant. Et le sous-texte à cette question est “Qu’est-ce qui t’a autant traumatisé pour que tu fasses cela?”

(Rires)

Joe Hill : Celle-ci dit: “Quand tu collabores avec d’autres personnes, qui obtient le dernier mot?” Et tu as beaucoup d’expériences avec les collaborations, dans le sens où nous avons écrit deux nouvelles ensembles dans “Full Throttle”, tu as écris plusieurs romans avec Peter Straub, et tu as écris un formidable roman apocalyptique avec Owen, mon frère Owen.

Stephen King : “Sleeping Beauties”

Joe Hill : “Sleeping Beauties”, sorti il y a environ 2 ans. Donc, quand tu collabores, qui obtient le dernier mot?

Stephen King : Je pense qu’avec toi, et quand j’écrivais avec Owen, nous travaillions tellement ensemble, qu’à la fin il était impossible de dissocié qui a écrit quoi. Bien entendu il y a un film sur Netflix intitulé “Dans les hautes herbes” (In The Tall Grass)”

(Applaudissements)

Stephen King : Merci. Bon Dieu, on se croirait être Led Zeppelin ici.

(Rires)

Stephen King : Stairway to Heaven (imite la chanson).
J’ai relu la nouvelle pour me préparer pour le film, qui est maintenant sur Netflix, vous devriez le regarder. Et je n’arrivais pas à dire qui a écrit quoi. On en a déjà discuté, et je sais que j’en ai fait de même avec Owen, au sujet de qui a eu l’idée d’origine.

Joe Hill : Oui, je n’ai réellement pas la moindre idée duquel entre nous a eu l’idée de base. Je me rappelle d’où nous en avons eu l’idée.

Stephen King : Racontes leur l’histoire du moment où nous en avons eu l’idée.

Joe Hill : Je descendais en Floride pour rendre visite à maman et papa, c’était un vol tardif, et on conduisait depuis l’aéroport. On quittait l’aéroport. Et j’avais faim.. Nous nous donc sommes arrêté au Colonial House of Pancakes (IHOP), où on a pris deux assiettes de Flap Jacks

Stephen King : IHOP Flap Jacks (sous-entendu que, bon… leur flap jacks ne sont pas vraiment terribles chez eux)

Joe Hill : Il se trouve que papa venait de finir un truc, et que je finais de finir de travailler sur quelque chose, et papa a dit “Et bien, on devrait écrire quelque chose cette semaine”

Stephen King : Non, tu as dit “Nous devrions écrire un truc cette semaine”. Tu l’as dit.

Joe Hill : D’accord.

Stephen King : L’un de nous l’a dit.

Joe Hill : L’un de nous l’a dit. Et ce n’est pas comme si nous avions des idées. Nous avons passé genre 10 minutes à jeter des idées.

Stephen King : Et c’est devenu cette histoire. C’était facile. Et quelqu’un nous a demandé, parce que nous avons fait quelques interviews à ce sujet. Et quelqu’un nous a demandé comment nous écrivions ensembles. Et vraiment. Voila le truc. Joe et moi avons des points communs de famille. On se ressemble un peu, on pense un peu pareil et quand on écrit ensemble, c’est un peu comme “Everly Brothers Harmony” (un groupe de musique). Parce que les voix ne sont pas les mêmes, mais ça donne plutot pas mal. C’était pareil avec Owen.

Joe Hill : J’en ai une bonne pour toi, ici. As-tu déjà été censuré?

Stephen King : A l’école, oui.

Joe Hill : Et en tant qu’adulte? Est-ce qu’on t’a déjà dit : “Non” ?

Stephen King : Il y a une ou deux fois, au sujet de titres. J’ai été censuré par ma femme, ta mère. J’ai écris un livre intitulé “Dreamcatcher“. Et je voulais le nommer “Cancer”. Et elle m’a dit : “Tu ne peux pas l’appeler ainsi.”
Il y a d’autres fois où elle a dit des trucs, genre, “Tu ne peux pas appeler ce livre IT, les critiques l’appeleront shIT” (“ÇA” en français, les critiques l’appeleront “Merde”, jeu de mot en version originale qui disparait en français)

(Rires)

Stephen King : Et elle a dit “Tu ne peux pas appeler ce livre ‘Misery‘ parce que les critiques l’appeleront ‘Misery’ (Misère, difficile à lire, en français) et dans ces cas j’ai décidé d’ignorer ses avis.
Mais les éditeurs aussi.
J’ai fais ce livre que je voulais appeler “Unnatural act of social intercourse” (littéralement : Actes non naturels des rapports humains, avec une connotation sexuelle), et l’éditeur a dit un non catégorique. Durant un dinner, un soir, je leur ai dit que si ils étaient fermes à ce sujet, alors nous devrions l’appeler “Full Dark, No Stars” (Nuit Noire, Etoiles Mortes : en français)

(NB : il s’agit peut-être de la mémoire de Stephen King qui flanche, mais en réalité il mélange ici les livres. Le titre de travail “Unnatural act…” avait été initialement envisagé pour le recueil “Just After Sunset”, publié en France sous le titre “Juste avant le crépuscule”. Un autre titre de travail pour ce livre avait également un autre titre ambigu : “Pocket Rockets”, faisant penser à des sex toys).
 

 

Stephen King : Ecoutes, j’ai une question pour toi. Qui est ton personnage préféré, dans n’importe lequel de tes romans?

Joe Hill : J’ai beaucoup aimé écrire au sujet de Harper et John, dans ce livre “L’homme-feu”. C’est un roman de fin du monde. Il parle d’un pathogène qui s’échappe, le “Dragon Scale” (Draco Incendia Tricophyton ou “Ecaille du Dragon”, en français). Si vous l’attrapez, il n’y a aucun remède, et quand vous commencez à stresser, tu commences à fumer. Et si tu ne peux pas controler ta peur, tu pars en flammes.

Les hopitaux partent en flammes. Les voisinages partent en fumée. Et il y a cette infirmière d’école, Harper, qui est enceinte et contaminée. Mais comme elle a des connaissances médicales, elle sait que la maladie ne peut pas traverser la barrière du placenta, et elle a donc une chance de donner naissance à un enfant non contaminé. Elle s’enfuit, elle veut rester en vie pendant les 9 mois pour donner naissance à l’enfant. Et durant son aventure, elle devient ami avec un anglais du nom de John Rockwood, également connu sous le nom de l’homme-feu, qui est également malade mais transformé en arme, et est en quelques sortes un lance-flammes humain.
J’ai aimé écrire au sujet d’eux deux, j’ai aimé leurs plaisanteries, j’ai aimé leur empathie envers les autres, car j’ai écrit au sujet de beaucoup d’enfoirés et c’était agréable de passer autant de temps avec des gens qui soient bienveillants.

Stephen King : Oui, c’était bien. C’était vraiment sympas.

Joe Hill : Préferais-tu te battre contre un canard de la taille d’un cheval, ou contre cent canards de la taille d’un cheval?

(Rires)

Joe Hill : Mec, je ne fais que les lire (les questions). Je n’ai pas imaginé cette merde.

Stephen King : Vous savez, je ne vais pas répondre à cette question parce qu’il y a des propriétaires de canards qui se sentiraient mal, quel que soit ma réponse, donc je pense que je vais passer cette question.
Est-ce que tu vas me laisser te poser une question? Parce qu’on arrive à la fin.

Joe Hill : Oui oui, vas-y. Une de celles-ci?

Stephen King : Celle-ci demande si tu dois payer ton père pour faire une référence envers un de ses personnages ou des lieux de ses histoires, dans les tiennes?

Joe Hill : Tu veux l’argent maintenant?

(Rires)

Joe Hill : Tiens en voila une (bonne question). Et celle-là.

Stephen King : Tu m’en a posé un certain nombre.

Joe Hill : Une autre (bonne question).

Stephen King : Si tu étais bloqué sur une ile (l’écriture ressemble à ile ‘détergente’)… si tu étais bloqué sur une ile déserte, quel livre / film / nourriture emporterais-tu? Commençons par le livre.

Joe Hill : J’amènerai “Comment échapper à une ile déserte en 10 leçons faciles”… et nourriture. Qu’est-ce que j’apporterai?

Stephen King : Oh, et il écrit, en bas, “J’ai des chaussettes pour toi et Joe”

Joe Hill : Est-ce que vous les avez déjà porté?

(Rires)

Stephen King : Quelle nourriture apporterais-tu sur une ile déserte?

Joe Hill : Quelle nourriture. Je n’en sais rien. Qu’est-ce que tu….?

Stephen King : Je me ferai livrer des pizzas, et je repartirai avec le livreur.

(Rires)

Stephen King : Vous voyez? Je suis tout le temps en train de réfléchir. L’imagination au travail. Où trouvez-vous ces idées folles?

Joe Hill : En voici une bonne. Elle dit : Les chansons et les films se font refaire tout le temps, pourquoi est-ce que ce n’est pas le cas avec les livres?
Cette question vient bien entendu de quelqu’un qui n’a pas lu “L’homme-feu” et donc ne savait pas que je refaisais “Le Fléau

(Rires)

Stephen King : Non, ce n’est pas vrai du tout.

Joe Hill : NNNhhh (pour dire qu’il n’est pas vraiment d’accord)

Joe Hill : Oh, j’ai une question pour toi. Elle ressemble à celle-ci, mais ma question est meilleure. Tu as un livre qui était récemment le best-seller #1 sur la liste du New York Times, un film qui a cartonné et assez de séries télévisées en ce moment pour créer ta propre chaine. Tu n’as aussi que 24 heures par jour. Comment fais-tu pour éviter de te décomposer créativement?

Stephen King : C’est en réalité une très bonne question. Et c’est une question sérieuse. Et la question est “Quand est-ce que tu arrives à la fin et quand est-ce que tu t’arrêtes?” Y a t’il un moment où, si tout va bien, toi et Owen, et Tabitha, mon ka-tet, façon de parler. Viendras me voir.

(Applaudissements)

Stephen King : Je dis merci. Viendras me voir et me diras “Tu sais, papa, c’est temps pour toi de continuer à écrire, mais de le garder pour toi.”

Stephen King : Mais ça a été une période fantastique pour moi, parce que, généralement, quand tu atteins les 60, 65 ans, tu passes du centre aux personnages et, vous savez, je me suis bien amusé. Les 4 ou 5 dernières années. Mais, tout comme toi. Et une partie de ce qui se passe en ce moment, dans ce pays et dans le monde entier, est que pour les esprits créatifs, le monde est devenu un marché des vendeurs. Il y a Netflix, Hulu, Amazon Prime Video, Apple TV qui prépare une série “Histoire de Lisey” dont le tournage va démarrer sous deux semaines

(Applaudissements)

Stephen King : J’ai écris les 8 épisodes et Julianne Moore sera Lisey, le rôle principal. Ce sera fantastique. Il y en a eu plusieurs et donc c’est fantastique. Tu as “Nosfera2“, la série, a été renouvelée pour une seconde saison avec Zaquary Quinto, et croyez-moi, ce n’est pas un élément majeur de notre vie. Je dis juste que c’est incroyable. “Locke and Key” arrive sur quoi? Hulu?

Joe Hill : Netflix

Stephen King : C’est donc une période formidable pour ceux qui sont créatifs, et j’ai aussi une série pas très regardée mais une des meilleures adaptations de mes livres, les trois saisons de “Mr Mercedes”. Qui est sur Audience Network. Et c’est comme si nous avions amené une série de qualité dans un petit café. Mais ce n’est pas grave, c’est génial et c’est bien amusant. Mais je pense que, maintenant, à mon âge. J’ai beaucoup travaillé, et, je ne saurais dire. Chaque jour est un nouveau jour, et tu essaie juste de continuer. Je crois que c’est pareil pour toi, non?

Joe Hill : Oui. Si c’est toujours amusant et que les gens aiment toujours cela, alors, je veux continuer à le faire.

Stephen King : Et c’est probablement le bon moment pour terminer.

Joe Hill : Oui, vous, le public, étaient géniaux. Merci d’être venus ici.

Stephen King : Oui, vous l’étiez, merci.

 

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