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Interviews

Interview : Mike Flanagan, le réalisateur de « Jessie » et « Docteur Sleep »

Jason Sechrest, fan de Stephen King et essayiste a récemment partagé l’interview suivante de Mike Flanagan pour le compte des éditions Suntup

 

Stephenking Interview Mike Flanagan

 


 

Mike Flanagan est comme vous et moi.

Un fan de longue date, le jeune Mike lisait a découvert « Ça » à l’école primaire. Né à Salem, Massachussets, en 1978, fils de Timoty & Laura Flanagan, l’imagination de Mike lui a rendu l’horreur à la fois terrifiante et fascinante. En tant qu’enfant, il jouait souvent avec la caméra de la famille, filmant des courts métrages sur cassettes. Il a continué ce loisir en tant que lycéen, où il a intégré la troupe de théâtre et où il a dévoré tous les livres de Stephen King qu’il pouvait trouver.

Oui, Mike Flanagan est comme vous et moi. Il est un mordu de cinéma, il aime l’horreur et a lu tous les Stephen King qui ont été publiés. Sauf que, contrairement à vous et moi, il a une lettre de Stephen King encadrée dans son bureau. La lettre est une louange de son adaptation de « Jessie« , un livre que bon nombre pensait inadaptable. Flanagan a également reçu les éloges de Stephen King pour sa série Netflix « The Haunting of Hill House », que l’auteur a proclamé sur Twitter être « l’oeuvre d’un génie ». L’année prochaine, nous verrons sa vision de « Docteur Sleep« , la suite d’un des romans les plus célèbres de Stephen King : « Shining, l’enfant lumière« .

Juste comme vous et moi. Sauf que Mike Flanagan est un génie créatif qui a écrit et réalisé plusieurs des meilleures horreures sorties ces trois dernières années. Il a accepté de prendre sur son agenda très chargé pour échanger avec moi sur son passé en tant que Fidèle Lecteur, son amour pour la littérature et son incroyable passé dans l’industrie du cinéma.

 


 

Avec votre adaptation de « Jessie » étant considérée comme une préférée des fans de Stephen King, et « Docteur Sleep » en travaux, il est facile de vous imaginer en tant que Fidèle Lecteur! Quelle fut votre introduction à Stephen King, et quel est votre roman préféré?

 

Stephenking Interview Mike Flanagan2

 

Mike Flanagan: Le premier roman de Stephen King dont je me rappelle est « Ça« , et j’étais en CM2. Il m’a réellement traumatisé. Globalement, j’étais un enfant effrayé. Je ne pouvais pas regarder les films d’horreur. Je me suis caché derrière le canapé la première fois que j’ai vu le clip « Thriller » de Michael Jackson. J’ai grandi en lisant les livres de John Bellair et de Christopher Pike, et j’ai trouvé « Ça » à la bibliothèque. Je lui ai donné sa chance, pensant qu’il ne serai pas aussi traumatisant qu’un film d’horreur. J’avais vraiment tort et il a ouvert une porte qui a changé ma vie. J’ai commencé à farfouiller cette bibliothèque et je dirai que j’étais devenu un fidèle lecteur dès que je fus au lycée. J’ai beaucoup de favoris, mais je citerai les plus connus : « Le fléau« , « Shining« , « Salem« , « La Ligne Verte« . Mais parmi mes préférés se trouvent « Histoire de Lisey« , « Coeurs Perdus en Atlantide« , Dolores Claiborne« , « La clé des vents« , et bien entendu « Jessie« .

Que pensez-vous être ce qui rend l’oeuvre de Stephen King aussi adaptable? 

Mike Flanagan: Je pense réellement qu’il est extraordinairement difficile à adapter! Il créé une expérience unique à ses lecteurs, ce sentiment qui happe le lecteur. Ses meilleures histoires sont celles qui vous aspirent avec une telle immersion qu’il est possible d’oublier que vous êtes en train de lire un livre. C’est une sensation que vous ne trouvez pas avec les autres auteurs. Cette attention aux personnages, cette humanité, et cette structure narrative sont des traits uniques à cet auteur, et ils sont vraiment très difficiles à retranscrire de manière à ne pas minimiser ces éléments pour à la place choquer, offrir du sang ou des frayeurs. Bien trop de ses adaptations se distancent de ce qui rend son oeuvre trop spéciale, et elles en souffrent. Mais au coeur de son oeuvre se trouve une conversation au sujet de la condition humaine, au sujet de personnes imparfaites se trouvant dans des situations hors du commun, et à propos de notre nature la plus obscure. Si il s’agit de ce sur quoi ses histoires se focalisent, contrairement à l’aspect purement horrifique, son oeuvre s’ancre réellement  à l’écran. Mais c’est réellement un challenge de respecter cela.

Quand avez-vous lu « Jessie » (Gerald’s Game) pour la première fois et qu’elle fut votre première réaction? 

Mike Flanagan: J’étais au lycée lorsque je l’ai lu et j’étais ébahi. J’ai réellement perdu trace du temps pendant ma lecture. Je ne serai pas surpris si j’ai même oublié de respirer. Je l’ai posé, j’ai expiré et j’étais époustouflé. Ma première réaction était que ce n’était pas filmable. C’était trop intime, trop restreint et trop ambitieux. C’était immédiatement un de mes King préférés, mais j’en rigolais en disant qu’il s’agissait du seul de ces livres que je ne pourrais jamais transformer en film. Puis j’ai ensuite passé la moitié de ma vie à penser à une manière de le faire. Je l’ai porté sur moi pendant des années, à essayer de penser à quoi une adaptation pourrait ressembler. Trevor Macy, avec qui j’ai produis le film « Oculus » et qui deviendra mon producteur, le voyait comme une chose que personne ne pouvait envisager. Cela prendra presque une vingtaine d’années avant que le film ne soit fait, et vous dire que ce fut un rêve devenu réalité pour moi serai un euphémisme. C’était le projet que j’évoquais avant même d’avoir un pied dans l’industrie, et je n’ai jamais envisagé ne serait-ce qu’un moment que je serai la personne à le transformer en film. « Jessie » (Gerald’s Game) portera toujours une place spéciale dans mon coeur. C’était mon everest.

 

Stephenking Interview Mike Flanagan3 Jessie Geraldsgame

 

Carla Guginoa déclaré au sujet de « Jessie » qu’il s’agissait de son tournage à la fois le plus difficile et le plus épanouissant qu’elle ait jamais fait. Pouvez-vous nous dire ce que c’était que de travailler avec elle en tant qu’actrice, et comment vous l’avez amené à rendre vie à Jessie Burlingame?

Mike Flanagan: Carla est une des meilleure, plus courageuse et plus importante collaboratrice de ma carrière. Ses descriptions sont très justes du point de vue de la difficulté et de l’épanouissement de ce film. Elle est venue assez tardivement sur le projet (une autre actrice devait  interpreter « Jessie » mais nous a lâché à la dernière minute) et fut jetée dans l’arène. Elle a immédiatement porté le projet, les acteurs et l’équipe, et ce qui suivit fut une des collaborations les plus importantes et les plus enrichissantes que j’ai eu avec un acteur – une actrice. C’est vrai de l’intégralité du projet. Je pense que le film « Jessie » (Gerald’s Game) sera toujours mon expérience préférée avec des acteurs, mais surtout avec Carla et Bruce, nous avons réellement fait quelque chose de spécial, tous ensembles. C’était créatif, collaboratif et intimidant depuis ses débuts. Nous avons commencé ce travail en tant qu’étrangers mais nous avons finis en tant que famille

Quand est-ce que Stephen King a vu la version finale de « Jessie » et quelle fut sa réaction? 7

Mike Flanagan: Je ne sais pas si je fus autant nerveux que lorsque j’ai envoyé le premier montage à Steve. Il était la première personne externe qui a eu l’opportunité de voir le film, et j’étais terrifié de ce qu’il en penserai. Il était mon héro, et ce film était spécifiquement un numéro de voltige sans filet de secours. Il a aimé le film et m’a envoyé un long email au sujet de ce qu’il en pensait. Je ne ments pas en vous disant que je l’ai imprimé et l’ai encadré. Il est toujours suspendu dans mon bureau.

De tous les romans de Stephen King, « Jessie » semblait le plus intouchable. Qu’est-ce qui vous a pousser à le faire? 

Mike Flanagan : J’ai toujours été tellement pris par « Jessie« . Le livre était une véritable descente au sein d’une des meilleures héroines de King, et son histoire était tellement éprouvante et inspirnate. Ce roman était spécial parce qu’il porte autour de bien plus que ce qu’il montre à sa surface. Je ressentais vraiment qu’il y avait une histoire sousjacente, et que si exécutée comme elle se devait, elle serait réellement unique. C’est vraiment difficile à trouver dans cette industrie. J’ai souvent dis à Trevor qu’il y a d’autres films que nous pourrions faire, mais aucun ne serait aussi bon que « Jessie« . A un moment donné, il a accepté et nous avons essayé de continuer. Nous savions que ce serait un challenge, mais il y avait quelque chose à son sujet qui nous portait. Quand nous avons fini, ce projet m’avait obsédé la moitié de ma vie. Je devais le faire.

Vous sembler apprécier un véritable challenge! Dans « The haunting of Hill House », il y a un épisode qui semble presque entièrement réalisé en une ou deux scènes. Beaucoup de réalisateur (et encore plus du milieu des séries télévisées) n’auraient jamais envisagé cela, et pourtant vous l’avez fait, ce qui pose la question du niveau artistique de la production. D’où vient ce besoin de vous surpasser?

Mike Flanagan : J’aime un challenge. Je pense que j’éprouve des difficultés à me poser. J’y ai beaucoup pensé lorsque je suis venu à entrer cette industrie. Faire des films pour gagner ma vie me semblait être un rêve impossible pour la majorité de ma vie, encore plus une désillusion, si je peux être honnête. Je me sentais de plus en plus fou au fur et à mesure que je passais les années à poursuivre cette carrière, et n’ai pas manqué de refus et de découragements tout au long de ce chemin. J’ai toujours pensé que si j’arrivais à percer dans cette industrie, que si j’étais assez chanceux pour gagner ma vie en faisant des films , je devrai donner tout ce que j’ai. Chaque film pourrait être mon dernier et ma carrière pourrait s’évaporer à chaque instant, donc je devrai essayer de tout donner, vous comprenez? Avec « Haunting », nous avions l’opportunité d’essayer quelque chose de très ambitieux parce que c’était très organique (et supporté par) l’histoire que nous racontions. Ce  n’était pas réellement que nous voulions faire de longues prises ; c’était parce que de longues prises semblaient être le meilleur moyen de raconter le chapitre de cette histoire, et pourquoi pas? Qui savait si j’aurai à nouveau cette opportunité de réaliser une saison entière pour la télévision? Ce pourrait très bien être la seule fois, donc autant essayer de me surpasser.

 

Stephenking Interview Mike Flanagan4 Hautinghill Serie

Les 16 premières minutes de l’épisode « Two Storms » ont été films en une scène continue, comme furent la majorité des scènes de cet épisode

 

The Haunting of Hill House (La maison hantée, de Shirley Jackson) est, bien entendu, un des romans préférés de Stephen King. Est-il légitime de supposer qu’il est également un de vos préférés, et quand l’avez-vous découvert?

Mike Flanagan: Absolument! Je l’ai lu quand j’étais jeune, et il était très formateur. Parfait en fait. On peut vraiment percevoir comment il a influencé de formidables auteurs, notamment King. Il est immédiatement devenu un de mes préférés.

La série a été fortement encensée en tant qu’une adaptation exceptionnelle du roman de Shirley Jackson et pourtant ce n’est pas réellement une adaptation fidèle. Qu’est-ce qui vous a amené à raconter l’histoire de cette manière?

Mike Flanagan: J’ai réellement ressenti qu’une adaptation fidèle avait déjà été réalisée, avec brio, par Robert Wise en 1963. Je ne voyais pas l’intérêt d’essayer de répéter cela. Et expandre le roman en 10 heures nécessiterai tout un lot de nouveaux éléments de toute façon, juste pour en faire une saison. Le roman tel qu’il avait été écrit correspondait brillamment à un film et Robert Wise avait déjà fait cela aussi formidablement qu’il le pouvait. J’ai entendu des descriptions de la série comme étant un « remix » ou un « écho » au matériau d’origine, et je pense qu’il s’agit d’une bonne façon de décrire ce que nous avons fait. Je voulais retranscrire l’esprit du livre, et, de ce que j’en ai perçu, réarranger les magnifiques morceaux de Shirley Jackson pour créer quelque chose de nouveau.  Tout a été fait avec amour et respect pour le livre d’origine, et c’est certainement une manière très différente « d’adapter » celui-ci.

Qui est-ce que vous admirez en tant que réalisateur? Quels films, parmi les anciens mais également les plus récents, admirez-vous?

Mike Flanagan: C’est une question très difficile ! Il y a tellement, tellement de réalisateurs que j’admire. Je ne saurai même pas où commencer. Si je regarde mes travaux en rétrospection, je peux remarquer les réalisateurs et films qui m’ont influencé par la manière dont cela influence mes films. Je dois avouer que, « The Haunting » (Hantise), « The Changeling » (La maison du diable, ndt), « Shining » et « L’exorciste » ont une empreinte sur ce que j’ai fait. Mais mes films préférés sont « Casablanca » et Les dents de la mer ».

Je sais que vous ne pouvez probablement pas beaucoup parler de « Docteur Sleep », dont vous venez de finir le tournage. Mais en tant que réalisateur dont nous savons que vous aimez vous surpasser, quel fut votre challenge le plus difficile au sujet de « Docteur Sleep »?

Mike Flanagan: Je pense que mon plus gros challenge de ce film réside dans sa succession. Bien que « Docteur Sleep » soit une histoire indépendante, et une suite directe au roman de Stephen King, il est impossible d’approcher un tel projet sans évoquer Stanley Kubrick. Les mots « suite à Shining » invoquent immédiatement des réactions de la part des fans de Stanley Kubrick, des fans de Stephen King, et de tout un chacun. C’est un lieu impossible. Ma priorité est d’adapter le roman « Docteur Sleep » du mieux que je puisse, et de faire le film que j’ai perçu en lisant le livre (de Stephen King). Mais j’entre aussi dans un univers, avec des personnages, qui ont été ancré dans un des plus grand chef d’oeuvre du cinéma. Ne pas se perdre dans l’ombre (du film de Kubrick, ndt) est un véritable challenge.

 

 

Stephenking Interview Mike Flanagan5

 

Dans votre film « Hush », de 2016, il y a une scène dans laquelle nous voyons que Maddie possède le roman « Mr Mercedes » de Stephen King. Mais j’ai aussi vu un autre livre, dans l’étagère du fond. C’est un peu flou, mais si on y prête vraiment attention on peut se rendre compte qu’il est présent. Il s’agit du livre « Docteur Sleep » de Stephen King. Etait-ce intentionnel de votre part, et saviez-vous alors que vous alliez réaliser le film « Docteur Sleep »?

Mike Flanagan: C’était réellement intentionnel de le placer ici, mais juste en tant que fan. Je n’avais aucune idée que je réaliserai le film, et ne le saurai pas avant plusieurs années. Accessoirement, dans l’épisode final de « The Haunting of Hill House », Leigh, la femme de Steve lit une version poche de « Docteur Sleep » pendant qu’il tape quelque chose sur son ordinateur. A ce moment du tournage, j’apprenais que le film avait reçu l’approbation  des studios.

Dans un monde parfait, si un studio venait demain vous voir et vous donnait carte blanche, « Si vous pouvez prendre n’importe quel livre et le transformer en livre, avec un budget illimité », quel serait-il?

Mike Flanagan: C’est une question vraiment, vraiment très difficile. Je voulais vraiment aborder « La Tour Sombre« . Particulièrement « Magie et Cristal » (le tome 4, ndt) qui est mon livre préféré de la saga. Il fut un temps où je revais de passer une décennie à faire ces films. Cette époque est révolue, mais j’y penserai toujours. J’avais une version réellement formidable du « Pistolero » dans ma tête, et je vois toujours la scène d’ouverture se déroulant dans le désert. Mais au-delà de celui-ci, j’ai d’autres projets dans ma liste d’envies. Trevor et moi avons toujours évoqué la possibilité de transformer le livre « Hyperion » de Dan Simmons, ainsi que « Le mystère du lac » de Robert Mc Cammon (A Boy’s Life). Mais si j’avais tout l’argent du monde et l’apportunité de réaliser « Le Fléau« … et bien ce serait vraiment quelque chose.

 

Merci à Jason et Suntup de nous avoir autorisé à traduire et partager cette interview

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