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Interviews

Découvrez une interview ‘perdue’ de Stephen King et Peter Straub, de 1984, au sujet de leur collaboration sur le « Talisman »

Michael Small, anciennement un journaliste d’un magazine people, ressort régulièrement ses enregistrements audios d’interviews réalisées pour demander aux auditeurs et lecteurs de son site « I couldn’t throw it out » s’il doit garder ou jeter les cassettes audios.

Il a retrouvé l’enregistrement audio d’une interview perdue de 1984 avec Stephen King et Peter Straub autour du « Talisman » !

 

Ce qui tombe à pic puisqu’une nouvelle version française du « Talisman » (avec traduction française révisée) est prévue en octobre aux éditions Albin Michel

 

Photo De Stephen King Et Peter Straub

 

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Michael Small, ancien journaliste d’un magazine People, a ressortit l’enregistrement audio d’une interview qu’il avait réalisé, en 1984, avec Stephen King et Peter Straub.

L’enregistrement d’une des rares interviews des deux auteurs à l’occasion de la sortie américaine du « Talisman », et l’occasion idéale de découvrir la dynamique entre les deux romanciers, d’en apprendre plus sur leur processus créatif, et… leur humour !

 

Ce qui suit est une retranscription et traduction des échanges. Dans un premier temps, Michael Small discute avec sa collaboratrice Salldy Libby et avec l’essayiste et expert ès Stephen King qu’est Bev Vincent… avant d’entrer concrètement dans l’interview avec Peter Straub et Stephen King.

Si vous voulez écouter l’enregistrement audio, c’est ici

 

 

 

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Présentation de l’enregistrement

 

 

 

Dans cet épisode de « I couldn’t throw it out », nous obtenons un aperçu profond et rare de l’amitié entre deux gars qui ont travaillé ensemble pendant des années, s’apprécient toujours et aiment toujours raconter des histoires ensembles.

Ce qui suit correspond à une interview enregistrée en 1984 avec les deux auteurs. Michael Small, avait été en charge de les interviewer pour People Magazine au sujet d’un livre qu’ils écrivaient ensembles, « Le Talisman ». Plus de 40 ans plus tard, Michael Small cherche à savoir s’il doit garder ou non la cassette de l’enregistrement.

On apprend par l’occasion, que le roman « Shining » et « Le Talisman des territoires » ont vendus à peu près autant d’exemplaires à leur sortie avec couverture rigide : environ 880 000 exemplaires. A l’époque, « Talisman » tenait un record. Et ils ont ensuite vendu quelques 4 milliosn d’exemplaires en poche. Le site Publishers Weekly déclare que le « Talisman » était le livre numéro un de 1984.

Deux personnes (Sally Libby et Michael Small) discutent de Peter Straub, qu’ils connaissent moins. Michael Small évoque que ce qui est intéressant, c’est que « Talisman » était son 8e roman et son 6e roman d’horreur. Mais que ses deux premiers n’étaient pas de l’horreur. Il était alors surtout connu pour « Ghost Story » (sortit en 1979).
Il est estimé que le livre s’était vendu en un million d’exemplaires. Et un film en a été tiré en 1981 mais les critiques n’étaient pas très bonnes.

Quand il les a interviewé, Stephen King en avait marre de faire la promotion de ses livres. Il avait déterminé qu’il ne ferait qu’une seule journée de promotion pour « Talisman ». Ils ne faisaient alors que de très courtes interviews pour des journaux. Ils avaient participé à une émission télévisée, « Good Morning America » serait intéressant de la retrouver. Et ils ont donné une seule longue interview pour un magazine.

 

Cette interview, que le journaliste a obtenu grâce à Peter Straub, malheureusement décédé en 2022.

 

Michael Small dit que c’était un chouette type. Il était incroyablement intelligent. Je l’avais rencontré à la sortie de la fac dans mon premier boulot parce que je travaillais dans une maison d’édition qui publiait « Ghost Story » cette année. Quatre années plus tard, quand j’étais reporter pour People Magazine, il y avait un battage médiatique autour de son roman « Floating Dragon ». Donc je lui ai suggéré une histoire. Et un an après, j’ai lu dans le magazine People qu’il écrivain un roman avec Stephen King. Je lui ai demandé une seconde interview et Peter a convaincu Steve de la faire.

Toujours selon le journaliste, ils étaient, en surface, totalement différent. Peter était porté sur le jazz, l’opéra et la musique classique, tandis que Stephen King sur le rock and roll. Peter portait un costume trois pièce. Steve portait des teeshirts. Peter était chauve. Steve aviat tous ses cheveux. Peter parlait d’une sorte de manière universitaire, tandis que Steve aimait raconter des blagues salaces. Quand j’étais avec lui, il a parlé de diarrhée, de masturbation, de son caleçon.

Ce qui embarassait Peter, qui gloussait bêtement, tandis que Steve rigolait fortement. Pour montrer leurs différences, ils lui ont même montré leurs chaussettes : Steve portait des des chaussettes fantaisies, tandis que Peter des chaussettes d’homme d’affaires. Mais tout cela était superficiel, parce qu’ils avaient beaucoup en commun. Tout d’abord ils aimaient tous les deux l’horreur et le fantastique, et ils étaient tous les deux fascinés par la poésie.

Il les a rencontré tôt le matin dans le hall de l’émission « Good Morning America », et il a pris de nombreuses notes à chaque fois qu’ils se déplaçaient. Quand une femme est venu les voir, elle leur a dit que c’était amusant parce qu’ils ne faisaient pas peur.
Et Steve lui a rétorqué « Ca ressemble à ça de l’extérieur, mais il y a les ténébres à l’intérieur. »

Après l’émission, la maison d’édition a envoyé une limousine. Nous nous y sommes installés et nous sommes rendus quelque part pour le petit déjeuner. La fenetre de la limousine était embuée. Peut-être parce que nous parlions tellement.
J’ai écris que Steve dessinait des smileys dans la buée et qu’il jouait tout le temps avec la fenêtre électrique, la faisant monter et descendre, pour voir si cela allait effacer son dessin. Je me rappelle véritablement de cela maintenant, mais je ne m’en serai jamais souvenu si je ne l’avais pas marqué.

On a fini à McDonald pour le petit déjeuner. Peter a pris un Egg McMuffin. Je l’ai noté. Et je suis avec ces deux gars qui écrivent de l’horreur. Et pendant que l’on est assis à manger le petit dejeuner, Steve commence à faire une description très graphique de la fois où il était bourré et qu’il avait ouvert son doigt avec une décoration en verre dans un mur dans un hotel. Et qu’il y avait beaucoup de sang. Puis il était tellement excité par cela qu’ils nous a raconté une autre fois, où, en mettant la main dans une sacoche sans regarder sa paume attrapa une lame détachée de rasoir et il s’ouvrit la main, qui saignait. Ils essayaient juste de me dégoûter, je pense, je ne sais pas.

Peter, lui a raconté l’histoire d’un ami qui travaillait dans un bar et en essuyant un verre l’a cassé et s’est ouvert la main. Il y avait beaucoup de discussion autour du sang. Et pour la séance de photo, ils ont pris la pose avec des crânes comme pour une sorte de décoration Halloween. Steve faisait jongler le crâne par dessus sa tête. Et Peter étant chauve, il a dit qu’il ne pouvait pas le faire, qu’il n’avait pas de protection. Et puis Steve a essayé de mettre le crâne dans son froc, pendant que Peter rigolait.

Sally Libby, qui discute avec Michael Small, dit qu’à l’écouter on dirait deux blagueurs.

Michael Small : Un peu comme Laurel et Hardy, de par leurs différences (physiques, ndlr).

 

 

 

Interview Perdue Stephen King Peter Straub 1984

 

 

 

Discussion avec Bev Vincent au sujet de l’interview et du Talisman

 

 

Puis, Michael Small et Sally Libby invitent Bev Vincent, essayiste et ami de Stephen King à discuter du « Talisman » et de cet enregistrement de l’interview :

Sally Libby : Sais-tu combien de temps cela leur a pris d’écrire « Le Talisman » ?

Bev Vincent: Ce n’était pas un processus continue au début, parce qu’ils avaient écris les grandes lignes de l’histoire en 1981 mais ce n’était pas avant 1982 qu’ils ont véritablement commencé à écrire ensemble les premiers chapitres, sur lesquels ils ont travaillé ensembles. Et puis par la suite ils s’envoyaient des morceaux tout au long de 1982, probablement jusqu’en 1983. Et donc je présume que cela leur a probablement pris un an et demi.

Sally Libby : Je crois qu’ils ont dis qu’ils l’ont trop développé. Que c’était un peu trop avec l’histoire et les personnages, et qu’ils ont du l’amoindrir. Et ils étaient d’accord là-dessus.

Bev Vincent: Ils n’étaient même pas arrivé à la moitié de leur notes. Et ils se sont dis que s’ils continuaient ainsi cela allait finir comme étant un livre de 3000 pages. Ils ont donc décidé que Jack Sawyer était en Californie et qu’il devait revenir sur la cote Est (donc traverser tous les Etats-Unis). Ils se sont dis ‘faisons-le monter dans une limousine et renvoyons le à la maison’. Et donc ils ont brusqué et coupé toute la deuxième moitié de leur plan.

Sally Libby : C’est un raccourci.

Michael Small : Je trouve que l’écriture est extremement spécifique et vivace. Quand ils décrivent une scène, on la visualise.

Bev Vincent: Oui. Cela et la profondeur des personnages. On a l’impression de connaitre très bien ces gens. C’est sans aucun doute un talent qu’ont Steve et Peter, que celui de créer des personnages que l’on apprécie rien qu’en passant du temps avec eux.

Michael Small : Est-ce que tu dirais que, d’une certaine manière, ce livre est différent des autres livres qu’ils ont écris en solitaire?

Bev Vincent: C’est véritablement différent de ce que Peter écrivait habituellement. Peter n’écrivait pas tellement ce que j’appellerai de la fantasy. Et ce roman est vraiment une quête de fantasy. Et ils la développaient. Ils étaient inspirés par « Le seigneur des anneaux ». Et ils se sont dit que, plutôt que de prendre quelque chose partir loin pour le détruire, leur idée était de trouver quelque chose de loin pour le ramener. Donc c’était en quelque sorte leur ligne directrice. Et Peter n’avait pas vraiment écrit de fantasy avec d’étranges personnages et un autre univers, au point que Stephen King l’avait fais. De cette manière on pourrait dire que ça en fait un peu plus un livre de Stephen King, mais c’est quelque chose d’unique en soit, je dirai. Quelque chose de différent pour tous les deux.

Sally Libby : Est-ce que Peter n’avait pas commencé comme étant un poète?

Bev Vincent: Oui, et Steve aussi, en réalité. Ses plus anciens écris, certains, sont des poèmes écris au lycée et il en a publié quelques uns dans des magazines de lycées. De temps à autres un de ses poèmes apparait dans un de ses recueils, et j’ai écris un essai pour la Poetry Foundation sur sa poésie il y a quelques années. Quand je faisais des recherches à ce sujet, j’ai été étonné de découvrir combien de poésie il y a dans ses romans, et combien de ses personnages sont des poètes, même Carrie. Carrie avait écris un poème. Donc la poésie est très importante pour eux deux, ce qui, je pense, se reflète dans la manière dont ils créént leurs phrases. Il y a une sorte de poésie dans leur écriture à eux deux, qui n’est pas complètement apprécie à moins d’y retourner et de se dire que c’est un poète au coeur de tout cela. Et un amour de la langue. Indéniablement. Il y a une sorte d’impression que Steve est devenu davantage un écrivain littéraire lorsqu’il est passé chez Scribner, à la fin des années 90s. Et c’est quand il a commencé à être plus apprécié du milieu des critiques littéraires, parce qu’il avait été en quelque sorte snobbé auparavant, dans les années 80s. Mais si on retourne dans le passé et qu’on relis ses premiers textes, comme « Le corps » dans « Différentes Saisons », qui est une histoire devenu le film « Stand by me ». C’est une magnifique histoire poétique sur le passage à l’âge adulte. Ca a toujours été présent. Je pense juste que les gens ont commencé à le voir.

Michael Small : Ce sont clairement des fans de ce que nous appelerons de la poésie et fiction littéraire. « La Tour Sombre » a été inspirée par le poème « Childe Roland to the Dark Tower came » de Robert Browning.

Bev Vincent: Oui. Et dans son récent livre, « Holly« , il y a un personnages âgé qui est un professeur de poésie qui est le mentor d’une jeune protégée de lycée. Et il y a de magnifiques scènes dans lesquelles la poète âgée s’assie et raconte l’importance de la poésie dans la vie de tout le monde. Et c’est juste un sublime aperçu dans l’esprit de Stephen King, ce qu’il pense de la poésie.

Michael Small : En terme d’influence littéraires sur « Le Talisman », bien entendu il y a « Les aventures de Huckleberry Finn ». Et « Le magicien d’Oz ». Est-ce qu’il y en a d’autres qui vous viennent à l’esprit?

Bev Vincent: « Le seigneur des anneaux » pour l’aspect de la quête. Bien qu’il s’agit plus voyage solitaire que celui de Frodo et sa communauté.

Michael Small : On doit se rappeler que c’était en quelque sorte révolutionnaire la manière dont ils ont écrit le livre, parce que les ordinateurs étaient plutôt nouveaux au début des années 80s. Et ils ont utilisé un modem, c’est ça? Ils s’envoyaient les chapitres, non pas par courrier, mais de manière électronique. C’est bien vrai?

Bev Vincent: Et ce qui m’étonne le plus c’est qu’ils avaient des systèmes de traitements de texte différents. Ce n’étaient pas les mêmes technologies. Donc le fait qu’ils étaient en mesure de s’envoyer des fichiers qui était lisibles par l’autre système est juste quelque chose d’incroyable.

Michael Small : Est-ce que ça marchait via la ligne téléphonique?

Bev Vincent: Via la ligne téléphonique oui. Il fallait prendre le téléphone et le mettre dans une petite chose qui s’appelait un modem et ça faisait un petit bruit grinçant pendant quelques secondes pendant que cela se connectait. Et ensuite tu pouvais transmettre le fichier via la ligne téléphonique. C’était l’email avant les emails.

Michael Small : Et cela ne prenait pas de nombreuses heures pour envoyer des centaines de pages?

Bev Vincent: Probablement quelques minutes, mais c’était une nouvelle technologie pour Steve, particulièrement. Peter avait écrit un roman précédent sur du traitement de texte. Steve a dit qu’il se sentait un peu l’esclave de cette chose au point d’écrire une histoire intitulée « Machine divine à traitement de texte » (« Brume« ) dans laquelle un écrivain découvre que s’il efface quelque chose d’une histoire, cela disparait du monde réel. C’est marrant. Il est en mesure de faire disparaitre sa femme qu’il n’aime pas vraiment, et de créer quelqu’un de nouveau et ainsi créer une famille harmonieuse via sa machine à traitement de texte.

 

 

Le talisman (des territoires), Stephen King

 

 

Michael Small : Et quelque chose de ma mémoire hasardeuse me revient.

Michael Small : J’ai fais cette interview avec Stephen King et Peter Straub, et quelques mois plus tard, dans le numéro de fin d’année du magazine People, « Le Talisman » était dans la liste des 10 pires romans de l’année. Parfois les auteurs ou personnalités que nous interviewions ne comprenaient pas qu’il y a une indépendance coté éditorial. Et je me suis rappelé être allé voir le directeur éditorial des critiques, et lui plaider qu’on ne pouvait pas faire ça. Et il avait un sorte de sourire mesquin, en me disant qu’ils n’étaient pas une machine publicitaire. Qu’ils disaient ce qu’ils pensent. Donc je présume que j’avais trop peur d’appeler Peter et Stephen. J’ai du appeler leur publiciste pour leur dire que ce n’était pas de mon ressort. Que ce n’était pas de ma faute. Si jamais Stephen King en fut blessé, je veux qu’il sache que j’ai essayé de me battre contre cela. Dans tous les cas, « Le Talisman » avait reçu des critiques très mitigées. Une des pires venait du New York Times, et je veux juste en lire un petit extrait : « Le Talisman a hérité des pires traits des deux parents. Ne nous rabaissons pas au résultat de leur union. L’enfant n’est pas beau. D’un autre côté, il n’est pas très intelligent. »
Alors que généralement, on sait des enfants qui ne sont pas beaux qu’ils sont au moins intelligents. Je dois en lire un petit peu plus : « Ca prend une éternité pour développer les petites complications de son histoire. Ca prend ses indices dans la subtitlité d’un pole de réseau téléphonique qui tombe. Ca devient outrageusement sentimal envers le garçon héro. Et ca répète incessamment sa bêtise. »
C’était ce que le New York Times avait dit lors de sa sortie, et c’était déjà publié quand je leur avais parlé.
Et pour ajouter un truc en plus sur le site de Peter, bien entendu ils y ont vu de l’humour. Il y avait une autre critique qui écorchait le livre d’un certain Putney Tyson Ridge, du département de la culture populaire d’une fac dans l’Ohio. Et ça disait principalmeent que Peter avait écrit toutes les mauvaises parties du livre. (…)

Bev Vincent: Et tu sais qui est cette personne?

Michael Small : Non

Bev Vincent: C’est Peter Straub

Sally Libby : Mon dieu !

Bev Vincent: Peter a adopté ce personnage nommé Putney Tyson Ridge, PTR Peter, et toute une floppée de critique cinglantes du travail sur son site, tout écrit par Putney Tyson Ridge.

Sally Libby : Quel escroc.

Michael Small : Et je suis tombé dans le panneau. C’est génial. Tu savais, au fait, qu’il a aussi écrit le fait que Stephen King continue de prétendre que Peter a joué un rôle majeur dans la création de ce roman, ce qui est un témoignage de sa loyauté et générosité, si ce n’est pour dire de sa compassion.

Sally Libby : C’est fantastique

Bev Vincent: Peter était un type les plus amusants que j’ai jamais rencontré. J’ai passé des heures formidables avec lui.

Michael Small : Cette critique du New York Times était vraie. Que faut-il en dire? Est-ce que les critiques le ciblaient partiellement? Y avait-il une raison pour laquelle les gens réagissaient de la sorte?

Bev Vincent: Je crois que chaque fois que quelque chose de vient si énorme dès sa sortie, comme ce fut le cas avec ce roman, directement numéro 1, les records explosent. Et ca en fait une cible de premier choix. Et sans doute que cela le met sous le regard de personnes qui n’auraient autrement pas été intéressées par le genre. C’est l’effet Harold Bloom. Harold Bloom avait publié un recueil d’essais critiques de l’oeuvre de Stephen King. Harold Bloom détestait Stephen King. Il détestait son écriture, il le disait dans l’introduction de son livre. Il disait qu’il ne pouvait que se forcer à lire quelques paragraphes de l’oeuvre de Stephen King. Mais, au fait, je veux faire un livre sur les critiques de l’oeuvre de King. Et certains des critiques étaient très élogieux, vous savez, c’était un livre équilibré (entre les critiques positives et négatives, ndlr). Mais le milieu littéraire à cette époque étaient contre Stephen King. Et Steve ne s’aidait pas parce qu’il se dédaignait, en se décrivant comme l’équivalent littéraire d’un big mac avec des frites. Je ne connais pas le contexte de cette conversation, c’était peut-être balancé au milieu d’une conversation d’une heure et demie ou un truc de ce genre. Mais cette ligne l’a hanté pendant les décennies suivantes.

Sally Libby : On parle du milieu des années 80s, n’est-ce pas?

Bev Vincent: Oui, et parce que Stephen King était partout à cette époque. Des films à tout va, et des livres tous les ans. Il a en quelque sorte atteint le royaume des bestsellers par défaut. Si un livre sortait, il devenait #1 des ventes. Et donc ça en a fait une cible. Mais le fantastique n’est pas du goût de tout le monde. Ils auraient pu préférer quelque chose qui soit plus axé horreur, surtout avec ces deux auteurs. On aurait pu s’attendre à un croisement entre « Ghost Story » et « Salem« , et ce n’est pas le cas.
Il y avait donc cette attente qui n’était pas accomodée avec un aussi gros livre. Stephen King obtient toujours des critiques négatives sur ses livres. Ca fait partit du jeu. C’est toujours l’opinion d’une seule personne.

Michael Small : Pensez-vous que la popularité de ce livre a grandit? En 2022, Esquire faisait une liste de tous les livres de Stephen King, en listant 75 et ils l’ont mis 7e sur 75, ce qui est plutôt bien placé.

Bev Vincent: Oui. Je ne sais pas si je le placerai dans mon top 10 de ses livres. Je l’admets, ça fait un moment que je l’ai lu, mais je me rappelle de l’expérience de ma première lecture en 1984, et il m’avait ébloui.

Michael Small : Pensez-vous que Stephen King comme Peter Straub seront réévalués? Dickens était de la popculture et probablement considéré comme de la sous-culture quand il est sortit. Maintenant on le lit en classes littéraires. Pensez-vous qu’on le lira dans le futur comme un représentant de notre époque?

Bev Vincent: Oui, clairement. Steve est déjà enseigné en Université. Il y a des cursus complets sur son oeuvre. Et il y a eu un certain nombre d’études critiques de leurs oeuvres à tous les deux. Il y a un excellent livre intitulé « At the foor of the story tree » de Bill Sheehan, qui étudie l’oeuvre de Peter Straub, qui était un peu mon modèle quand j’ai conçu mon guide « Stephen King Illustrated Companion ».
Mais je savais que je ne pourrais jamais faire cela parce que le livre de Sheehan doit faire environ 400 pages alors qu’il n’aborde que 10 ou 11 livres, alors que Stephen King avec ses 75 livres nécessiterai une série d’encyclopédies. Une des choses intéressantes je trouve avec Holly, son dernier roman, est qu’il s’agit d’un roman lié à la pandémie. Je pense qu’une des raisons pour laquelle il a fait cela, est qu’il veut que les gens se rappellent ce que c’était que de livre durant cette époque. Et dans 20, 30, 40 ans, quand je l’espère que le covid ne sera qu’un lointain souvenir, les gens auront un moyen de retourner dans l’amérique de 2020 et 2021 et de dire qu’ils y étaient. Il aura certainement une voix importante comme étant un rapporteur de l’Amérique entre les anénes 70s et 2020s.

Michael Small : Pour moi, la plus grand surprise pendant ma relecture du Talisman était que leur vision de l’Amérique était plus terrifiante que leur vision des Territoires, ce monde alternatif, qui est supposé faire peur. Chaque lieu dans lequel ils vont durant ce voyage est morbide, laid, effrayant. Ils rencontrent des personnes peu attirantes. Il peut y avoir des exceptions, mais c’est une vision sombre de notre pays, comme d’aller dans un bar avec des gens monstrueux. Est-ce qu’il a d’habitude une vision aussi morbide de l’Amérique? Est-ce ainsi dans tous ses livres? Vous savez d’où ça vient?

Bev Vincent: Il comprend, je pense, comment les gens se comportent quand ils sont sous pression. Et il y a des gens qui s’en sortent. Et d’autres qui en tirent profit. C’est intéressant de savoir que l’un des personnages les plus gentils du Talisman est un loup-garou.

Michael Small : Oui. Il y a aussi, en parlant de la culture, la laideur des poubelles jetées, du chewing gum, des centres commerciaux, des popcorns qui sentent fort. Tout est bon marché et laid. Y a t’il des détails biographiques qui pointent vers cela? Je sais que son enfance était difficile, que sa mère était seule et qu’ils étaient pauvres.

Bev Vincent: C’est difficile de dire d’où cette vision du monde mrovient parce qu’au global il aime les gens, il est plutôt sociable et a créé des personnages merveilleusement captivant. QUand ils travaillaient sur « Territoires« , c’est là qu’il y a le côté morbide de Stephen King. Ils ont créé un personnage gentil et merveilleux dont tout le monde tombe amoureux pour spécifiquement le tuer. Il y a deux ou trois éléments de son passé. Sa mère est morte jeune, à 59 ans d’un cancer.

Michael Small : Je me demandais si cela a impacté ce roman. Et aussi, Peter Straub a été frappé par une voiture à l’âge de 7 ans. Il n’a pas pu aller à l’école pendant un an. Il a du réapprendre à marché. Cela l’a laissé avec un bégaiement. Ce roman de fantasy reflète certains aspects de reconnaissance de traumatismes d’enfance. Penses-tu qu’il peut y avoir des éléments personnels dans ce livre?

Bev Vincent: Certainement, comme le concept fondamental du garçon voulant sauver la mère d’un cancer. Steve n’était pas jeune quand sa mère est décédée. Carrie était sur le point d’être publié. Il n’avait pas encore été publié, mais elle était malade depuis un moment. Mais elle a du travaillé très dur toute sa vie pour soutenir Steve et son frère. Il se rappelle un de ses meilleurs moments qui était de pouvoir passer du temps avec elle juste après avoir appris la vente de Carrie en poche une pour très grosse somme. C’était genre 200 000 dollars. Lui et son frère sont allez rendre visite à sa mère à son travail et lui a dis ‘tu n’as plus à faire cela maintenant. Tu peux aller à la maison et ta vie sera confortable.’ Parce que je crois que même quand elle était malade elle allait travailler. Donc elle n’a pas pu voir tout ce qui en suivant et en vivre les bénéfices (de la fortune de King, ndlr). Mais il a pu au moins l’aider dans ses derniers jours, pour lui rendre la vie un peu plus facile. Steve a toujours un peu été gené quand les gens lui demandent comment était son enfance pour écrire des choses pareilles. Ce n’était clairement pas une enfance facile. Il n’a pas beaucoup évoqué son expérience de lycée, sauf pour dire qu’il n’a pas confiance en quiconque peu dire avoir aimé ces années.

Sally Libby : Michael a aimé ses années de lycée

Michael Small : Je pense que c’est parce que personne ne m’a jeté de saut remplit de sang.

Bev Vincent: Carrie s’inspirait de deux filles qu’il a connu au lycée et qui avaient des vies misérables et étaient souffre-martyre. Je pense qu’il a vu de mauvaises choses.

Sally Libby : Est-ce que vous pourriez brièvement parler de son accident?

 

Stephenking Accident

 

Bev Vincent: Il a été frappé par une voiture, par un fan. L’accident s’est déroulé en juin 1999. Il a toujours été quelqu’un qui faisait des promenades, il avait l’habitude de marcher 5 km par jour, sur le conseil de son docteur, même dans les années 80s. Et dans la campagne du Maine, ce type a été distrait par ses chiens sur le siège arrière, il s’est retourné et a frappé King avec son van. Ils disaient que sa jambe avait été détruite en morceaux et qu’un poumon avait été perforé, et qu’il avait des blessures à la tête. Et c’est revenu quelques années plus tard. Vers 2005, il recevait la Médaille du Mérite de la National Book Association, et avec le poumon perforé qu’il avait, il a eu une pneumonie qui s’est aggravée. Marcher était difficile pour lui, même après qu’il n’ai plus de canne.

Sally Libby : Combien de temps il a été hors jeu?

Bev Vincent: Je présume moins que ce qu’on pourrait penser au vu de son état. Il s’est remis rapidement à écrire après. Il a écrit « Dreamcatcher« , qu’il a entièrement écrit à la main, et qui est sortit en 2000. Avec Peter ils se sont remis à écrire ensemble, « Territoires » qui est sortit en 2001. Mais tout ce qu’il a écrit ensuite reflète de sa douleur. Ca a tout impacté. Il l’a intégré (son accident, ndlr) dans la série de « La Tour Sombre« . Dedans, il est un pesonnage qui peut mourir ce jour-là.

Michael Small : Peter et Stephen ont tous les deux eu la même expérience à différentes étapes de leur vie.

Bev Vincent: Oui

Michael Small : Après le décès de Peter, Stephen a écrit sur Twitter qu’écrire avec lui avait été une des plus grandes joies de sa vie créative. Est-ce qu’il en a dit plus à ce sujet? Est-ce que ça vous parle?

Bev Vincent: Ca me dit quelque chose. En écoutant votre interview de 1984, ils parlent de la facilité qu’ils avaient à travailler ensemble et qu’ils n’avaient pas de disputes. En 2001, Peter se remémorait cela un peu différemment. Il avait dit que leur collaboration sur « Territoires » était bien plus facile parce qu’ils avaient moins de testostérones et étaient plus enclains à moins essayer d’impressionner l’autre. Et Peter a dit qu’il y avait des choses durant l’écriture sur « Le Talisman » sur lequel il s’était un peu laissé porté. Il était un peu défensif sur les suggestions de changements ou il a même évoqué quelque chose qui l’avait mis davantage en colère à l’époque qu’il n’aurait du. Mais il a dit que c’était du passé. Que ces deux gars se sont retrouvés d’une manière dont peu d’hommes, en particulier, ne se rapprochent de leurs amis à un tel point pendant bien plus d’un an ou deux. Ce niveau d’amitié créative était précieuse, je pense, pour eux. Je pense que c’était une amitié magique.

Michael Small : Ca peut être très difficile pour moi de réécouter des interviews que j’ai fais. Là j’étais avec Stephen King et Peter Straub. Je n’ai pas posé beaucoup des questions que j’aurai aimé posé. Et j’étais juste insistant de leur demander sur leur collaboration, ce qu’ils ne voulaient pas révéler. Ils ne voulaient pas dire qui avait écrit quoi. Gardant cela à l’esprit, est-ce que l’interview a une quelconque valeur, ou est-ce l’exercice d’une personne qui pose constamment des questions qui ne finissent pas par être répondues?

Bev Vincent: Je trouve que c’est un aperçu fascinant que les gens n’ont rarement entre les deux hommes. On a une interview condensée de tout ce qui a été, des éléments en ont été sortis et cela a généré des citations. Mais les entendre tour à tour de rôle, les entendre éviter certaines de vos questions, on ne voit pas cela souvent dans une interview, dans une interviews où les personnes répondent « on ne veut pas parler de ça ». C’est très intéressant. Et ne serait-ce que d’entendre Peter à nouveau. Dieu qu’il me manque, de l’entendre parler de la manière dont il formule ses phrass qui ont 15 mots, construites de manière réfléchie comme son écriture l’était. J’adore l’écouter. Je l’ai vraiment apprécier.

Michael Small : Merci beaucoup. Cela me rassure.

(… le trio évoque le destin de cet enregistrement audio, évoquant la piste des archives King chez qui il pourrait finir …)

Michael Small : D’accord, on étudiera le sujet. Maintenant, regardons le futur. On entend parler, depuis maintenant des décennies, d’un film ou d’une série inspirée par « Le Talisman ». Avez-vous une idée ou de nouvelles informations sur ce que cela devient?

Bev Vincent: Ca va et ça vient, il y a de nombreux projets au fil des années. Actuellement ce sont les frères Duffer, qui sont les personnes derrière la série « Stranger Things » qui disent vouloir le faire. Ils ont encore une saison de « Stranger Things » à finir et ensuite ils travaillent dessus. De bien des manières, ils semblent le duo idéal pour le projet parce que « Stranger Things » est une lettre d’amour à Stephen King et l’horreur des années 80s, ainsi que le fantastique et les mondes alternatifs. Cela a beaucoup de choses qu’il faudrait voir dans « Le Talisman ». J’aimerai voir ce qu’ils en font. Je n’achète pas encore de popcorn, parce que j’ai été déçu de nombreuses fois, mais je suis optimiste.

 

Letalisman Easteregg Strangerthings

 

 

Michael Small : Apparemment un personnage dans « Stranger Things » lit le roman du « Talisman ».

Bev Vincent: C’est à la fin de la quatrième saison, et les gens y ont vu un clin d’oeil suggérant que les frères Duffers allaient adapter le livre.

Michael Small : Et si les frères Duffers ne le font pas, est-ce qu’il y a d’autres choses à venir pour les fans du roman?

Bev Vincent: Il y a la possibilité d’un troisième roman dans cet univers. King et Straub parlaient beaucoup d’un troisième livre. Peter disait toujours lors d’interviews que la série devait être une trilogie. Ils disaient sans cesse qu’ils allaient commencer à se pencher dessus l’année suivante. Récemment, dans une interview à lui, Stephen King a dit qu’il avait une longue lettre de Peter Straub qui lui disait les fondations d’un troisième livre. Bien entendu, Peter est décédé en 2022, donc ce ne serait pas une collaboration dans ce sens. Mais King a dit qu’il relisait « Le Talisman » et allait relire « Territoires » et qu’un troisième livre à écrire est sur sa liste. Il a dit que ce serait un très long livre. Je ne serai pas surpris si nous ne reverrons pas Jack Sawyer.

 

 

 

Photo De Stephen King Et Peter Straub

 

 

 

L’interview avec Peter Straub et Stephen King

 

 

Michael Small : Pourquoi est-ce que vous vouliez collaborer?

Stephen King : Je pensais que Peter allait me rendre beau pour commencer.

Peter Straub : Ca n’est pas arrivé. A la place j’ai été souillé.

Stephen King : Et je n’avais jamais fait ça auparavant, j’étais convaincu dans mon esprit que je m’entendrai bien avec Peter, et que nous pourrions le faire en en tirant une bonne expérience.

Michael Small : Et pourquoi avoir accepté l’offre?

Peter Straub : Et bien je me suis sentit flatté de l’être proposé. Je n’avaias jamais vraiment travaillé avec quelqu’un d’autre, et n’avais jamais pensé le vouloir. Ca semblait une sorte de blague. Ca sentait l’aventure. Et ensuite j’ai aussi apprécié le sentiment que j’allais d’être bon pour faire l’affaire. Vous savez, un petit challenge de la sorte est bon pour l’esprit.

Stephen King : Je voulais voir ce que ça allait générer. J’étais incroyablement curieux de voir ce que ça allait faire. On l’a fait. C’est comme une pub : vous avez mis du nutella sur mon beurre de cacahuète. Vous avez mis du beurre de cacahuète sur mon nutella. Hey, ça a plutot bon goût!

Michael Small : Est-ce que l’un d’entre vous voulez que ce soit plus sombre que cela n’a été? Est-ce qu’il y a eu un désaccord concernant le niveau d’horreur?

Stephen King : Non, je pense qu’on avait présumé que ce serait morbide.

Peter Straub : En réalité, je me rappelle que de temps à autre, on mettait délibéremment quelque chose qui était difficile ou choquant juste pour que le livre ne soit pas enfantin. Que ce ne soit pas trop asceptisé.

Michael Small : D’un autre coté, vous avez enlever tout ce qui est sexuel.

Peter Straub : Et bien, notre garçon est presque violé, et ce n’est pas enlever le sexe, et ça en soit n’est pas enfantin.

Peter Straub : C’est essentiellement un livre sans femmes, dans le sens où si ça traitait du sujet du sexe, ce serait un livre qui aurait des choses à dire sur l’homosexualité. Quand on commence à parler d’Huckleberry Finn et ce genre de choses. C’était quelque chose que les critiques avait dit être prétentieux, mais on s’en fiche.

Stephen King : Les critiques n’aimaient pas Hucklberry Finn à sa sortie. Principalement je pense était l’essai de Leslie Fiedler intotulé « Come back to the Raft Huck Honey ». Il traite du fait que le roman sous-entend de l’homosexualité. Il y a beaucoup de personnes qui argumentent que Fidler a confondu l’amitié masculine et l’homosexualité sous-jacente, mais c’était amusant de jouer avec l’idée

Peter Straub : Oui, parce qu’après tout c’est un garçon qui au bord de la puberté, on présume. Et je pense que l’on a fait ça délibéremment pour qu’il ait certaines qualités d’un garçon, celles de son âge. Et aussi parce qu’il n’a pas encore entré la confusion qui caractérise la puberté.

Stephen King : Oui, c’est vrai. Comme ça on serait plus focalisé et claire au sujet de certaines choses. Dans la vie d’un garçon, et je pense que c’est probablement vrai pour les filles aussi, c’est une période dont on se rappelle aussi clairement que du printemps précédent. C’est comme les amis avec qui on a été faire du camping, ceux avec qui ont a été voir un film au cinéma…

Michael Small : Est-ce qu’il y a un message (sous-jacent, ndlr) au sujet de l’amitié ou autre?

Stephen King : Je pense que le message est-ce que l’amitié masculine est parfois confondue avec l’homosexualité. C’est ce que je pense.

Peter Straub : Je suis content que tu ai dis ça, parce que j’étais curieux de ce qu’allait être le message. Il ya beaucoup d’amitié dans ce livre.

Michael Small : Quelle a été votre réaction face aux critiques? Est-ce que vous avez des réponses à certaines des critiques reçues?

Stephen King : Et bien non. Je dirai que le Washington Post a aimé le livre, comme le Publisher Weekly, Advanced, Kirkus, le Daily News ici à New York, ils l’ont tous aimé. Il y a eu beaucoup de critiques favorables. Dans le cas d’un livre qui est aussi gros commercialement, celui de Joyce Carol Oats disait que ce n’était pas un livre d’affaires (comprendre pour les intellectuels). Cette attitude est quelque chose qu’il faut accepter.

Peter Straub : Bien qu’il doit être signalé que dans le cas que quelqu’un dans le monde ne le sait pas, que l’attitude avec laquelle on fait de grosses affaires pour le cinéma et l’attitude de gérer des société n’est pas de la même écriture. Etant donné que rien de cela ne nous ai arrivé durant l’écriture du livre, nous devions faire le boulot avec autant d’énergie, d’intelligence et de passions que nous le pouvions.

Stephen King : J’ajouterai à cela qu’il y a un mythe critique que les bestsellers seont écris pour le cinema, alors que c’est une idée aussi fallacieuse que de dire que la masturbation rend idiot ou rend la main poilue. Si quelqu’un s’assied et s’arrête pour penser, pourquoi est-ce que quelqu’un comme Peter qui a rencontré un succès à écrire des livres, ou moi, nous pencherions sur l’idée de créer un scénario et faire un film? (alors qu’ironiquement Stephen King a depuis écrit plein de scénario, et réalisera, deux ans plus tard en 1986 un film « Maximum Overdrive » bien qu’il admet que c’était une expérience cauchemardesque… pour plein de raison, ndlr)

Peter Straub : Et cela nous touche tous, puisque quiconque nous connaissait durant l’écriture de ce livre pourrait testifier que c’est un mensonge. C’est trompeur et mal venu de dire cela.

Stephen King : C’est mal venu et c’est tapissé de jalousie par dessus tout, et c’est un commentaire de gens qui ne comprennent pas comment deux sociétés concurrentes fonctionnent. Le terme de film n’a jamais été évoqué par nous lorsque nous écrivions ce livre. Je présume que nous avons tous les deux pensé que ce serait merveilleux si c’était transformé en film, mais franchement, je n’y ai jamais véritablement pensé.

Michael Small : Est-ce que vous n’aviez pas immédiatement pensé que le livre finirai automatiquement #1 des ventes?

Peter Straub : Non, nous ne le savions pas. On a pensé que ce serait bien que ce soit le cas, et que ça ferait probablement de jolies ventes. Mais c’est après que nous avons livré le livre que les éditeurs se sont affolés. Voulant imprimer directement un demi-million d’exemplaires.

Michael Small : Etiez-vous confiants quand vous avez livré le livre?

Peter Straub : Très confiants, bien que nous savions , je pense, qu’il y aurai sans doute des révisions qui seraient désirées, mais vous savez on travaille dans ce milieu depuis un moment, et y pensions depuis longtemps. On était raisonnablement satisfait avec le manuscrit, je dirai.

Stephen King : Je savais qu’on avait bien écris.

Michael Small : Qu’en est-il des coupures?

Peter Straub : Nos familles se sont rencontrées à Thanksgiving à l’hotel Marriot Long Wharf de Boston. Steve et moi u passions toutes nos nuits. C’était en 1983 ou 82? Je ne sais plus

Stephen King : Je crois que c’était 82

Peter Straub : Quand on y était, on travaillait dessus depuis un moment, et on avait une grosse pile de pages, et n’avions qu’à peine aborder une petite portion des grandes lignes du plan. Un soir, plutôt tardivement, Steve a dit qu’on devrait juste couper la deuxième moitié du livre. Que ça couperai ce que nous avions en une moitié. Et une demi-heure plus tard, Steve a dit « attends une seconde, il y a quelque chose d’autre qu’on peut faire pour l’amener à une proportion acceptable. » Et c’était un moyen d’édition qui nous a sauvé beaucoup de temps. Puis on a mis en place un second plan. Et quand c’était fini, pendant 3 ou 4 jours, nous passions une à une les pages, voir ligne par ligne, en voyant ce qu’on pouvait supprimer. Et a moins que l’un d’entre nous disons qu’il fallait le garder.

 

 

Stephenking Machine A Ecrire

 

Michael Small : Est-ce que des pages entières en fut coupées?

Peter Straub : De nombreuses pages entières ont été coupées. Mais la majorité c’était des phrases entières. Steve, je pense, est impatient avec les coupes de phrases. Moi j’aime couper les phrases. J’adore cela. Parce que j’aime raccourcir les choses. Mais une fois cela fait, la secrétaire de Steve a saisi tout cela sur disques. C’est une des raisons pourquoi la technologie est tellement pratique, et et ensuite on avait fait 2 nouvelles copies du manuscrit. Et Steve et moi parcourions individuellement le manuscrit, et enlevions ce qu’on pensait était nécessaire, ce qu’on ressentait avoir le besoin de changer.

Michael Small : Et c’était beaucoup?

Peter Straub : Oui, oui

Michael Small : Donc vous vous éditiez l’un l’autre à la fin.

Peter Straub : Et l’accord implicite était que personne n’en fais un can, personne ne s’en plaint, personne ne pleure.

Michael Small : Mais vous pouviez tous les deux en discuter et argumenter… dire, je veux faire….

Stephen King : Non. Non. A ce point la discussion devient ridicule. C’est la porte ouverte à toutes sortes de désaccord. Je lui fais confiance ou je ne me serai pas lancé dans ce projet.

Michael Small : D’accord. Donc maintenant que tout cela est fini, y avait-il d’autres coupes que vous ne vouliez pas que l’autre coupe?

Peter Straub : Non, pas du tout.

King : Non.

Michael Small : Rien?

 

 

Stephen King Ecrivant Au Bureau

 

 

Stephen King : Ecoute, je ne me rappelle même pas de qui à écrit quoi dans le livre. C’est vrai. Je ne dis pas cela pour frimer ou rien. Les parties dont je ne me rappelle pas, je me rappell les lire sur le manuscrit et être certain d’en avoir écris certaines. Mais même avec le dernier jet du manuscrit, la seule chose que je pourrais affirmer avec certitude est que Peter met des espaces autour de ses « -« . C’est vrai. Vous savez, c’est une méthode de machine à écrire. Comme écrire Uzi avec 2 zz.

Peter Straub : J’écrivais Uzi avec 2 z

Michael Small : Vous avez écrit le premier et dernier chapitre ensembles?

Stephen King : Ce n’était pas exactement comme ça. Je pense que ce qu’on a écrit ensemble, a du devenir les trois premiers chapitres après de nombreux changements éditoriaux etc.

Peter Straub : Oui c’est vrai.

Michael Small : Est-ce que vous aviez décidé, toi tu vas écrire ce chapitre, je vais écrire celui-ci. Est-ce que c’était un chapitre après l’autre, ou comment est-ce que vous disiez l’écriture?

Stephen King : Pour la majeure partie du travail, on avait pris les grandes lignes et j’ai littéralement dis que j’allais écrire ce morceaux et j’ai tracé une ligne où j’allais m’arrêté, et Peter a dis qu’il prenait quand Jack allait commencer son voyage. Et j’ai dis, d’accord, parce que je ne veux pas gérer la partie où il le dit à sa mère, tu gères cela. Et plus tard, Peter m’a dit qu’il ne voulait pas faire la partie avec les chevaliers. Et je l’ai pris. Puis on a divisé de manière arbitraire. Une fois que Peter m’a dit qu’il devait aller quelque part, pour faire une tournée ou je ne sais quoi, je prenais le flambeau. Parce qu’avant il avait géré une partie pour moi. Donc d’une certaine manière, c’était comme des docteurs qui se passent des dossiers.

Peter Straub : Et ce n’était pas chapitre par chapitre. C’était segment narratif par segment narratif. Donc parfois ça faisait un chapitre et demi. D’autres fois ça faisait 4 ou 5 chapitres.

Michael Small : Qui a fait le passage du pensionniat?

Peter Straub : On ne va pas répondre à ces questions

Michael Small : D’accord

Stephen King : Mais je peux vous dire que dans la plupart des cas, les hypothèses des gens sont fausses. Je vais dire ceci : toutes les critiques que j’ai vu disant qu’il est évident que Peter a écrit telle ou telle choses, sont fausses. Et inversement.

Michael Small : Ne pourriez-vous pas dire qu’en ne disant rien, vous transformer le livre en une sorte de puzzle sur qui a écrit quoi?

Peter Straub : Non, parce qu’on ne veut pas que les gens pensent à cela. C’est un exercice inutile.

Stephen King : Je pense que Peter et moi sommes assez professionnels de manière à ce que nous ayons trouvé un style commun, au milieu (des notres, ndlr). Et les premières critiques ainsi que celles plus abouties, toutes disent que le livre transcende ce que chacun de nous faisons. Et je pense qu’il y a quelque chose de vrai, dès lors qu’on n’essaie pas d’en créer un puzzle à devenir qui a écrit quoi. (…)

Michael Small : Les parties que vous avez écris ensembles, vous étiez ensemble dans la même pièce?

Stephen King : Oui. Je pense que je me suis assis en premier et ai écris une partie parce que ce que j’ai écris a finalement été coupé.

Peter Straub : Et d’autres parties ont été mélangées à ce que j’ai écris.

Stephen King : C’est vrai.

Peter Straub : Beauoup des premiers chapitres du livre, les premières 40 ou 50 pages ont de nombreuses phrases écrites par chacun d’entre nous. Et donc personne ne peut deviner qui a écrit quoi.

Stephen King : De ce que je me rappelle, Peter lançait du jazz dans son bureau quand on commençait. Et j’écrivais quelques temps pendant que Peter lisait des magazines.

Peter Straub : Oui et ensuite je tournai autour de temps en temps et jetais un oeil à ce qu’il avait écris, et disait « oh, c’est génial ».

Stephen King : Quand j’avais fini, je le disais. Mais j’écrivais quelques temps, et il appuyait sur le bouton pour retourner au début et lire tout ce que j’avais fais, et prenait la suite. Et c’est ainsi qu’on a fini le livre, mais ça n’aurai pas été pratique d’écrire tout le temps de cette manière.

Michael Small : Durant l’écriture du livre, est-ce que vous imitiez le style de l’autre?

Stephen King : Je suppose que nous le faisions probablement.

 

 

stephen king et peter straub

 

 

Peter Straub : JE pense qu’il y a un élément de ça. En réalité, je suis sur qu’il y a de ça et que c’était un de nos objectifs de dérouter le lecteur avec qui a écrit quoi. Et il y de petites choses qui semblent êtres des indices de qui a écrit quoi, qui ne le sont pas.

Stephen King : Certains d’entres eux ont été remarqué par les critiques, mais ils ont très tort.

Michael Small : Et bien si vous (parlant à Steve, ndlr) devait essayer d’imiter Peter Straub, que feriez-vous?

Stephen King : Je lirai tout ce que Peter a écrit, et ça inclut ses deux livres de poésie. Et oui, il y a une certaine diction qui se retrouve à un certain niveau.

Michael Small : Une chose que j’ai remarqué, est qu’il y a du rock and roll mentionné à certains endroits, et du jazz dans d’autres.

Peter Straub : C’est l’exemple parfait des indices que j’évoquais, qui sont faux. De temps en temps la personne qui est supposé apprécier ce genre l’a écrit, mais souvent c’est l’inverse.

Stephen King : Et il y a de nombreux passages dans le lire où je vois Peter me dire bonjour. Et inversement.

Michael Small : Vous pouvez citer des exemples?

Stephen King : Non

Michael Small : Vous ne pouvez pas?

Peter Straub : On a promis (de ne pas le faire)

Michael Small : Vous l’avez promis?

Stephen King : Oui, on se l’est promis à chacun

Michael Small : Que vous ne le ferez pas?

Peter Straub : Que l’on ne dirait pas qui a écrit quoi, et que si jamais on était forcé de le faire, on mentirai.

Stephen King : Je l’imagine comme étant un type dans un atelier clandestin. Je ne suis pas celui qui a écris le livre. Un type dans un atelier clandestin l’a fait, ou un truc du genre.

Stephen King : C’est un type qui se ballade en fumant des cigarettes avec un vieux teeshirt coupé, des sous-vetements abimés et il un vieux jean décoloré au niveau de l’entre cuisses. Parce qu’il y fait toujours tomber la dernière goutte. Et oui, c’est le type qui écrit ces livres. C’est en soit un bouquin dégueulasse. Et je ne veux pas en parler. Ce qui compte, c’est le livre. Le processus créatif de l’écriture et tout ce qu’il y en a est un non sujet.

Michael Small : Mais cela n’a jamais été fait avant, si?

Stephen King : Bien sur que si, de nombreuses fois. Il y en a plein Ellery Queen était une collaboration (lien wikipedia)

Peter Straub : Et « The Conrad and the Ford » (le roman « The Inheritors » écrit par Joseph Conrad et Ford, ndlr – lien wikipedia

Stephen King : En soit, il faut comprendre mon problème avec ce genre de discussion. Tout le truc mène dans une direction, qui est comme le commentaire de Samuel Johnson sur les femmes prêtres et les chiens qui dancent. Il a dit qu’on ne s’attend pas à les voir faire ça bien. Que c’est un miracle de les voir faire tout court. Ce dont on discute là, est de cet ordre. Or, franchement, je suis trop en pein des critiques du livre. Cela me semble non mérité de discuter de la collaboration comme étant quelque chose de nouveau et de différent.

Michael Small : Dans une collaboration de ce genre, il est intéressant d’entedre au moins un petit exemple de désaccord, ou quelque chose qui peut-être amusant, mais quelque chose entre vous deux qui ne s’est pas passé facilement, et que vous avez pourtant continué et vous êtes toujours de bons amis.

Peter Straub : Et bien, des gens nous ont prévenus de ne pas le faire. Bill Thompson, qui est un chic type et un très bon éditeur, avait l’habitude de me parler à des soirées avant Steve et que je ne commence à écrire. Il m’a dit : Tu sais quoi? Tu n’as pas encore eu envie de changer d’avis pour le moment? Et je lui ai demandé pourquoi je changerai d’avis? Il m’a demandé si je voulais rester ami avec Steve? J’ai demandé pourquoi ça interfererai sur notre amitié. Mais beaucoup de personnes nous ont dit que ça aurait un impact, que le livre ne marcherai pas correctement. Et qu’on finirai par se détester. Et peut-être que cela arrive dans beaucoup de collaborations. Mais cette fois, je suis hueurex de dire que nous sommes des adultes capables de nous contrôler. Que nous n’avons pas à nous tirer dessus, que nous sommes capables d’accepter et écouter les critiques que nous avions, jusqu’à ce qu’on soit d’accord.

Michael Small : A quelle fréquence vous voyiez vous during l’écriture du livre?

Peter Straub : On se parlait au téléphone deux fois par semaines.

Stephen King : On se voyait fréquemment.

Peter Straub : Mais on allait chez Steve pour Thanksgiving. Nos familles se rencontraient et s’appréciaient.

Michael Small : Une précision ici. Steven Spielberg a acheté les droits du livre, pour devenir un film ou une sérue qui n’a pas encore été faite… vous avez mentionné le nom de Spielberg auparavant mais je ne comprends pas vraiment. C’était quelque chose qui avait été convenu récemment ou il y a un moment?

Stephen King : Notre accord date de 6 mois.

Peter Straub : 8 mois. Mais bien avant cela, Steve et moi sommes allés à Hollywood pour le rencontrer.

Stephen King : C’était le seul moment où j’ai regretté la collaboration. Parce que l’essentiel de la collaboration signifiait que l’on faisait venir un gars qui gère les affaires financières de Peter un autre qui gère les miennes.

Peter Straub : Différents avocats, différents comptables, et ils ne pouvait pas s’accorder sur quoi qu’il soit.

Stephen King : Peter et moi nous trouvions au milieu . Et je pense que c’était probablement pire entre les agents qu’entre nous.

Peter Straub : Pour nos pauvres agents qui devaient gérer toute la meute de loups.

Michael Small : Si l’on met le livre de coté, y a t’il des manières qui semblent évidentes pour lequelles vous avez des opinions différentes ou similaires?

Stephen King : Je pense que l’on est très différent de tous les points de vue. Nous avons un intéret commun pour le fantastique. Nous sommes tous les deux des écrivains. J’aime vraiment les fesses de Peter, et vous savez, c’est un chouette type. Mais on n’irai pas dans les mêmes clubs.

Peter Straub : Je ne sais pas, on irai de par notre amitié, mais pas pour nos goûts. D’un autre coté, nos styles de vie sont trop différents. Et en réalité, je dirai que c’est très crucial. C’est ce que Steve et moi vivons de notre imagination. Et nous vivons en inventant des choses. Et ceux qui font ça ont plus en commun que n’importe qui d’autre.

Michael Small : Est-ce que vous pouvez en dire plus sur ce que vous dites? Du genre, Steve irait au Hard Rock Cafe, et Peter au Blue Note?

 

 

Peter Straub

Stephenking Dedicace Poster Grey

 

 

Stephen King : Oui mais Peter mettait tout le temps du jazz et à partir d’un moment je commençais à l’apprécier. Une partie semblait plutôt bonne. Et donc Peter m’a offert des disques. Certains sont vraiments bons, et plus j’en écoute, plus j’apprécie.

Michael Small : Mais vous ne lui ferez jamais écouter du rock’n’roll

Stephen King : Peter sait beaucoup de choses sur le rock’n’roll.

Peter Straub : Je n’en écoute pas beacoup, je n’en écoute plus autant. Mais j’ai possédé beaucoup de disques de rock.

Michael Small : La chose typique que l’ont lit dans les critiques, c’est vous êtes plus porté vers la culture populaire plutot que ce la littérature traditionnelle. Est-ce que c’est vrai ou des foutaises?

Stephen King : Je ne pense pas que ce soit faux. Je pense que c’est probablement vrai. Je voudrais certainement être plus littéraire que je le suis. C’est juste que je n’en semble pas capable.

Peter Straub : Je pense que Steve est aussi littéraire qu’il doit l’être. Et à ce stade je suis fatigué de ces représentations me concernant comme étant une sorte de mandarin embaumé… Qui parle toujours avec des phrases alambiquée. Si j’étais ce type, personne ne lirai mes livres. Ces remarques sont des commentaires simplifiées et exacerbée d’une réalité plus compliquée. Et honnetement, je ne pense pas qu’elles devraient écoutées sérieusement.

Stephen King : Il a aussi beaucoup d’humour, vous savez. Il me retourne les boyaux. Certaines de ses choses me font rire comme pas possible. Peter me fait rire plus que quiconque. Parce que je….

Peter Straub : Parce que tu es tordu, Steve

Stephen King : Non, non, non. Vous devriez voir Peter faire son interprétation de Massacre à la Tronçonneuse, tu ne te rappelles même pas que tu l’as fais. Tu crois que je l’ai inventé. Ca montre à quel point tu étais bourré.

Peter Straub : Et bien, probablement. C’était dans un motel de Baltimore.

Stephen King : C’était ces vieilles femmes assises au bar, durant la World Fantasy Con.

Michael Small : La World Fantasy Convention (les deux auteurs ont assisté à la convention de 1982, ndlr)

Stephen King : Et il y avait tous ces chelous autour. Et Peter était habillé avec un costume trois pièce avec une cravatte. Et tout cet attirail. Et ces deux femmes âgées vont au bar pour demander des boissons de vieilles. Elle étaient vraiment effrayées parce qu’il se passait. Et Peter parlait de « Massacre à la tronçonneuse ». Il s’est levé et à fait Rrrrrr! et elles ont fuit.

Michael Small : Et comment est-ce que vous vous êtes rencontré tous les deux?

 

 

Stephen King Peter Straub Londres

 

 

Stephen King : Je sais que j’avais lu les premiers livres de Peter. En réalité, on me l’avait envoyé pour demander une citation (promotionnelle, c’est à dire un blurb, ndlr). J’étais un grand fan et quand il m’a écrit une lettre et que nous sommes allé en Angleterre… et c’est là que tu dois prendre la suite parce que je ne m’en rappelle plus (dit Steve à Peter, ndlr).

Peter Straub : J’en ai un vague souvenir. Je savais qu’il y avait ce type nommé Stephen King qui était perspicace et élogieux à propos de mes livres. Alors je suis entré dans une bonne boutique de Londres et j’ai vu un exemplaire de « Salem » et je me suis dis que c’était de lui. Je me suis dis que c’est le type qui est sympas. Alors je me suis dis que j’allais faire un geste en retour et acheter son livre. Donc je l’ai acheté et je n’arrivais pas à croire à quel point il était bon. J’étais épaté. Alors je lui ai écris une lettre, et Steve a répondu dis qu’ils venaient en Angleterre. Donc à un moment donné on s’est appelé et on a eu une longue série de tentatives malencontreuses de rencontres. Vous savez, il pleuvait ou autre chose. Et finalement un jour il a appelé et dit qu’on devait se rencontrer à l’hotel Brown qui se trouve à Piccadilly. C’était un joli petit hotel. On allait se rencontrer pour boire un verre. Donc j’y suis allé, j’ai regardé autour de moi, et c’était vraiment le monde d’Agatha Christie. Avec des petits colonels et petites femmes en costumes en tweets et des drôles de chapeaux et des cannes, et au bout du couloir cet énorme personnage, un gros balourd avec une bière à la main. Je crois qu’il m’a dit : « Peter! » Et donc je savais qui il était et nous sommes allé au br.

Michael Small : Vous avez commencé à collaborer vers 1980?

Stephen King : La toute première fois qu’on s’est rencontré juste apres.

Peter Straub : Oui, presque la toute première fois. Je crois que c’était dès la première ou deuxième fois que Steve venait chez moi.

Michael Small : C’était probablement vers 1978 dans ce cas?

Peter Straub : Oui, c’était il y a très longtemps. Et il m’a dit « faisons ça ». Et j’ai répondu « génial ». Mais j’avais signé un contrat pour deux livres et je savais que ça allait me prendre quatre ans. Et Steve a répondu, « parfait, j’ai aussi quatre années de prévues. Donc planifions une date pour 1982 »

Stephen King : Et tu peux trouver à quelle date on a commencer à en parler parce qu’on avais eu ce dinner que Susie avait préparé, et je ne l’aimais pas vraiment (le diner, ndlr) mais j’ai tout mangé.

Michael Small : C’était de la nourriture exotique ou quelque chose du genre?

Peter Straub : Non, c’était la première fois que les Kings venait chez moi, et notre maison venait d’être capturée par ces petits appéritifs grecques. Donc on avait du humous et du tarama. Et je suppose que Steve et Taby n’aimait pas vraiment ça parce que…

Stephen King : Le humous était bon

Peter Straub : Je crois que je l’appelais encore hummus à cette époque, ce qui faisait rire tous mes amis

Michael Small : Quelle était l’audience (cible, ndlr) du livre? Est-ce que ce livre aura un public légèrement différent?

Stephen King : Il y en a plus que juste mes lecteurs, même ceux que j’ai eu avec « Simetierre ».

Peter Straub : Je pense que c’est la bonne chose de ce livre. Je veux dire par là que c’est quelque chose d’excitant. Je pense que ce qu’il se passe est que les gens qui ont rarement pu acheter un livre relié de leur vie l’achètent. C’est la seule manière que je peux expliquer le volume, des ventes entre 100 000 et 300 000 exemplaires en reliés, c’est un succès spectaculaire. Mais là on parle de 10 fois ce chiffre. Et ce qu’il doit se passer, par exemple, est qu’un garçon de 16 ans met de l’argent de coté pour pouvoir se le payer. Et maintenant ils peuvent dire ce qu’ils aiment, et c’est une bonne chose. C’est sans ambiguité une bonne chose. Si on est capable de faire entrer en librairie ceux qui n’y vont pas d’habitude, qu’ils sortent l’argent qu’ils ont économié et achète quelque chose, et bien on va tous un peu mieux.

Michael Small : Pourquoi est-ce que les livres de ce genre ou ce livre en particulier est si populaire?

Stephen King : C’est de l’aventure, c’est une échappatoire d’un monde dont beaucoup ont peur. Au-delà de ça, je pense qu’il y a un vrai et ancien attrait pour l’idée de travailler son imagination.

Michael Small : Je suis un peu surpris par cela. Je veux dire. D’abord que c’est un très long roman. Et ensuite qu’il n’est pas simple. Il est complexe, il faut y être attentif sinon on ne comprends pas ce qu’on lit.

Stephen King : Et c’est un livre très réjouissant

Peter Straub : Et il y a beaucoup de choses excitantes qui se déroulent tout du long. Et si tu entres dans le monde du livre, alors on s’y attache. La clarté que Steve a finalement réussi à sortir de tout ce bordel de notes, a aidé l’histoire.

Stephen King : Je vais vous raconter une histoire amusante. Un de nous avait écrit une partie vers la fin dans laquelle Jack sort dans un radeau en plastique et balance ses chaussures. Et plus tard, il marche dans le corridor avec ses chaussures. Personne ne l’a remarqué.

Peter Straub : C’est vrai

Michael Small : Est-ce que vous aviez une spécifique à l’esprit? Pour ce livre spécifiquement… Mark Twain bien entendu vient à l’esprit, mais il y a peut-etre quelqu’un d’autre?

Stephen King : Ce n’est pas faux de penser à des choses comme « Sacré Graal » ou « Le magicien d’Oz » ou « Tom et Jerry ». Ca traite de prendre la route. Et Tom Sawyer comme Huckleberry Finn, le véhicule qui traverse le fleuve du Mississipi, qui est une sorte de division du pays. Et il nous semble qu’il y a un Mississipi en terme de culture américaine aujourd’hui, et c’est probablement le système d’autoroutes traversant les USA.

Michael Small : Est-ce que vous parlez de sur quoi vous travaillez en ce moment?

Stephen King : Viking va publier un roman intitulé « It » (Ca). Les critiques vont probablement le surnommer « ShIT » (littéralement : merde)

Peter Straub : C’est un super livre.

Michael Small : Il est déjà écrit?

Stephen King : Oui, j’ai fais le premier jet et environ 1/8e du second jet.

Peter Straub : Je trouve qu’il est génial. C’est un roman incroyable.

Michael Small : Possible d’avoir une vague idée de ce sur quoi il porte?

Stephen King : C’est au sujet d’enfants qui font des trucs quand ils sont enfants. Ce n’est pas encore complètement fini, donc ils reviennent quand ils sont adultes pour y mettre un terme.

Michael Small : N’avez-vous pas écrit genre 4 livres la dernière année, ou quelque chose du genre?

Stephen King : Non

Michael Small : Seulement deux ou trois?

Stephen King : Un seul.

(Michael Small : C’est vraiment dur d’entendre ce qu’il dit ensuite mais je n’ai pas voulu le couper parce que c’est tellement intéressant d’entre sa vision sur les livres qu’il a écrit à l’époque.)

Stephen King : C’est comme ce roman « Misery« , une sorte de grossesse involontaire que j’ai eu cet été. Il est même fini. Je l’ai mis dans un tiroir. Il n’y a pas de place dans mon planning de programmation.

Michael Small : Est-ce que vous vous entendez tous les deux aussi bien qu’avec les autres?

Peter Straub : En général je suis une personne plutot aimable. Mais la différence entre mon amabilité générale et ma relation avec Steve est que je n’ai pas besoin d’y travailler. Et on se connait plutot bien maintenant.

Stephen King : Peter est un bon ami. J’en ai vraiment que trois. Je suis sérieux.

Peter Straub : Ca devient plus difficile plus on vieillit.

Stephen King : Je peux blaguer et bien d’entendre avec des gens, mais je suis quelqu’un de très privé. La plupart du temps, quand je bois, je bois seul. D’une certaine manière, je ne suis pas vraiment confortable avec les gens.

Peter Straub : Ecoute, on travaille seul dans une pièce. C’est notre vie.

Michael Small : Est-ce que vos habitudes de travail sont relativement similaires?

Stephen King : Je ne crois pas.

Peter Straub : De ce que je sais, Steve travaille sur une chose une journée, et sur une autre la nuit, tandis que je travaille sur une seule chose la grande majorité de la journée. Et puis je travaille la nuit sur les dernières 200 pages d’un livre, car c’est tout ce à quoi je peux penser.

Michael Small : Donc vous travaillez sur deux projets à la fois.

Stephen King : Si j’ai quelque chose que j’ai promis, que ce soit par un contrat ou une date butoire ou quelque chose du genre, je le travaille le matin. Parce que c’est ce qui est le plus frais. Et c’est quand je suis éveillé et me sens vivant.

Stephen King : Si j’ai une petite idée avec laquelle je veux jouer, je joue avec la nuit. C’est comme avoir une maitresse.

Michael Small : Combien d’heures par jour travaillez-vous?

Stephen King : Trois heures

Michael Small : Comment est-ce que vous faites répartissez le matin et la nuit dans les 3 heures?

Stephen King : 1h30 à la fois

Michael Small : Et vous?

Peter Straub : Cinq ou six

Michael Small : Et quand vous approchez de la fin du livre, vous travaillez plus?

Peter Straub : Ca peut être plus de l’ordre de dix heures. J’ai appris lorsqu’on travaillait ensemble, que Steve a un accès immédiat à son imagination et qu’il peut entrer directement dans un puits de concentration et qu’il faut s’y laisser glisser rapidement. Et cela peut me prendre beaucoup de temps avant que la musique commence à se jouer pour moi.

Stephen King : Peter, j’ai remarqué, à ce style vraiment intéressant. Au début il n’appuie que sur trois touches, et puis après un moment il écrit de plus en plus vite. Ca me prend environ 5 minutes pour être dans l’histoire, mais la plupart du temps ce qui en ressort est de la merde.

Michael Small : Y a t’il quoi que ce soit d’autres que vous faites durant les heures de la journée?

Stephen King : Je marche 8km par jour parce que c’est supposé être bon pour mon foie et mon corps. J’essaie de passer autant de temps que possible avec les enfants. Je deviens de plus en plus au courant, chaque jour, qu’ils ne resteront pas toujours des enfants.

Michael Small : Y a t’il quoi que ce soit que vous pensez avoir appris de ce projet en particulier, en travaillant avec quelqu’un d’autre? Y a t’il quelque chose de nouveau qui en ressort pour vous?

Peter Straub : En ce qui me concerne, je suis plutôt que j’ai appris que je ne veux plus jamais faire de collaboration avec quelqu’un d’autre que Steve. Mais j’ai appris que les collaborations sont difficiles. Mais je pense que la chose principale avec laquelle je ressort du « Talisman », est, au-delà d’avoir un encore plus grand respect et affection de Steve, est le sentiment que je suis peut-être devenu un légèrement meilleur conteur parce que j’ai pu voir, que, parfois, quand on prenait des décisions concernant la direction à prendre, que Steve avait une véritable vision de la direction.
Et une partie de cela est resté, vous savez, parce que j’étais autour. Et je sens que ça m’a renforcé comme écrivain.

 

 

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