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Interviews

[INTERVIEW] Avec James Lee Burke, Stephen King parle de l’écriture et de ses peurs

Le weekend dernier, Stephen King a participé à une discussion publique, en direct sur Youtube, avec James Lee Burke. Un auteur américain ayant rencontré un certain succès au travers de ses 40 livres.

On vous propose de découvrir, ci-dessous, notre retranscription et traduction de la discussion.

 

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La vidéo

 

 

(Petite astuce, si jamais vous préférez regarder une vidéo sous-titrée que lire un long article : Youtube permet d’activer des sous-titres générés automatiquement… et permet aussi de les traduire en français.

Vous pouvez donc assez simplement voir une version sous-titrée en français. Mais cela demeure de la détection et traduction automatique, avec tous les défauts que cela inclut.

C’est pratique et permet une première approche, mais notre retranscription et traduction, est probablement plus juste 😉  )

 

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Si vous aimez notre travail de retranscription et traduction, qui nous a pris une quinzaine d’heures, n’hésitez pas à liker/commenter/partager en masse sur les réseaux sociaux.

Vous pouvez également nous supporter (et obtenir des avantages exclusifs) via notre compte Tipeee, pour le prix d’un petit café 😉

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En synthèse, la discussion porte sur :

– James Lee Burke et Stephen King ne se sont jamais rencontrés, mais ont déjà échangé ensembles
– Des livres de James Lee Burke et de ses inspirations, mais également sur son personnage Dave Robicheaux, qui se trouve dans « A Private Cathedral », son dernier livre
– L’intérêt de Stephen King pour les livres audios, et son appréciation des lectures de Will Patton
– De l’écriture : et aucun des deux auteurs ne planifient un roman
– De l’impact du subconscient sur le processus créatif d’un livre
– De leurs journées typiques et leur travail d’écriture
– Stephen King ne trouve pas ce qu’il cherche dans le frigo et ça énerve sa femme
– L’impact de la politique sur leurs livres
– Des histoires qui comptent le plus pour eux (spoiler : « Histoire de Lisey », pour Stephen King)
– Leur préférence pour l’écriture de romans, comparé à l’écriture de nouvelles
– Stephen King n’écoute plus de musique en écrivant (mais en a quand il révise ses écrits)
– De blagues sur les musiciens
– Du talent d’Alafair Burke, fille de James Lee Burke et auteure
– De leurs enfants et comment Alafair Burke, et les fils de Stephen King, sont devenus écrivains
– Les dernières lectures qui les ont marqué
– Stephen King n’écrira pas une histoire avec Molly
– James Lee Burke ne saurai pas écrire un livre sur l’écriture : il ne saurait pas quoi dire, et aurai peur de voir son talent le quitter
– Les peurs de Stephen King : une grosse peur des araignées, mais aussi pour l’état du Monde et sa famille… mais aussi et surtout d’Alzheimer, de la folie, de la perte de ses moyens, de ne plus pouvoir écrire
– Ce qui constitue le bonheur pour eux

 

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Notre retranscription et traduction :

 

Jordan, l’hôte :
Bonjour tout le monde, il me semble que nous sommes en direct.
Je suis Jordan McKenna, la propriétaire de la librairie « Murder by the Book », à Houston, dans le Texas, et je ne pourrais pas être plus enthousiaste et honnêtement plus nerveuse, d’interviewer de telles légendes ce soir. Nous sommes en compagnie de James Lee Burke et de Stephen King.
Avant de les interviewer, je voudrais parler un petit peu au sujet de la journée des librairies indépendantes.

Cette journée se tiens aujourd’hui et beaucoup de librairies indépendantes ont rencontré des difficultés ces derniers mois. Je souhaiterai prendre un petit peu de temps avant de présenter nos invités, pour évoquer deux choses : chez « Murder by the book », nous avons pris du temps pour nous adapter aux événements virtuels, générant de nombreuses heures de contenus digitaux gratuits, et essayer de mettre, tous les jours, en relation des auteurs et des lecteurs.

Nous pensons que des événements majeurs tels que celui de ce soir devraient être gratuits à regarder, surtout dans une période durant laquelle tellement de personnes rencontrent des difficultés économiques. Mais c’est aussi un échange : si nous continuons à proposer ces événements gratuits, comment pouvons-nous payer le loyer (de la librairie, ndlr) et les salaires, et rester ouverts de manière à continuer à vous proposer ce genre d’événements?

Dans l’esprit de la journée des librairies indépendantes, j’espère que si vous appréciez la conversation de ce soir, vous envisagerez de commander chez nous des livres d’un ou chacun des auteurs.

Nous avons des planches signées qui seront proposées à chacune des commandes du nouveau livre de James Lee Burke, « A Private Cathedral« , et nous pouvons vous commander n’importe quel titre de chacun de ces deux auteurs.

Si vous n’avez pas besoin d’un livre, aujourd’hui, mais voulez nous faire une donation pour nous faire part de votre support, nous avons mis un lien, ou nous mettrons un lien, dans la description de l’événement ainsi que dans les commentaires, vers notre tasse virtuelle à pourboire.
Considérez la comme la suggestion d’une donation à un musée.

Votre support nous aide à continuer à vous apporter un haut niveau de contenu. Et si cela ne vous est pas possible aujourd’hui, nous espérons que vous envisagerez nous supporter une autre fois, ou envoyer votre aide à la librairie indépendante qui se trouve près de chez vous.

 

 

Maintenant pour ce qui est intéressant : faisons venir les invités de cette soirée.

 

 

Jamesleeburke Discussion Stephenking

 

 

James Lee Burke est un auteur best-seller qui s’est trouvé dans la liste du New York Times, a rnemporté à deux reprises uEdgar Award, a été le bénéficiaire de la bourse Guggenheim pour les fictions et arts créatifs. Il a écrit 38 romans et deux recueils de nouvelles. Il vit à Missoula, dans le Montana.

Bonsoir !
Comment allez-vous?

Je crois que votre son est coupé.
Attendez juste un instant.

Laissez-moi vérifier quelque chose rapidement
(Une personne vient regarder l’ordinateur de James Lee Burke)

On doit juste réactiver votre micro.
Ok, voila.

Bonsoir Jim, maintenant on peut vous entendre !

 

James Lee Burke :
Voila, on m’a activé le micro

Jordan :
Ok, parfait. Si c’est notre seul souci technique, ça me va !

Stephen King est l’auteur de plus de 60 livres, tous des best-sellers dans le monde entier. Ses derniers travaux correspondent à « If It Bleeds« , « L’institut« , « Elevation« , « L’outsider« , « Sleeping Beauties » co-écrit avec son fils Owen et la trilogie Bill Hodges. Il est le bénéficiaire du prix littéraire Pen America de 2018, la Médaille Nationale des Arts de 2014, et le prix de la National Book Foundation en 2003, pour sa contribution distinguée à la littérature américaine.

Il vit à Bangor, dans le Maine, avec sa femme, l’auteure Tabitha King.

Bonsoir Steve

Stephen King : Bonsoir, comment allez-vous?

Jordan : Ouf, on peut vous entendre. Je suis très exictée de pouvoir discuter avec vous. J’étais tellement excitée de discuter avec vous deux que je n’ai pas pu dormir. J’ai beaucoup de questions, à la fois les miennes et certaines qui nous ont été soumises par des fans, mais si vous voulez mener la discussion vers un quelconque sujet, à n’importe quel moment, n’hésitez pas.

Commençons.

Jim, vous nous rejoignez depuis le Montana et Steve vous êtes dans le Maine. N’est-ce pas?

Stephen King : Oui
Jim : Oui

Jordan : Vous êtes-vous déjà rencontré en personne, avant ce soir?

Stephen King : Non. Sauf que oui, nous lisons chacun les livres de l’autre, n’est-ce pas Jim?

James Lee Burke : Oui, et nous avons échangé quelques emails. Et je voudrais ajouter. Je ne sais pas si Steve se rappellera ma lettre, parce qu’il en reçoit beaucoup, j’en suis sur. Mais à l’époque, mon cousin, Andre Dubus, avait été dans un terrible accident. Avait eu une énorme facture d’hopital, et Steve, et quelques autres, ont fait une lecture pour lever des fonds pour lui. Et je ne connaissais pas Steve à l’époque, et André ne le connaissait pas non plus, mais je lui avais écris. Et Steve y a participé de lui-même, sans qu’on lui demande. Et je lui ai envoyé une lettre de remerciements. C’était il y a un certain nombre d’années. Il y a plus de 20 ans.

Stephen King : Je ne me rappelle pas vraiment que tu m’ai envoyé cette lettre, mais je me rappelle cet événement. André était un merveilleux écrivain et je connais son fils, Andre Dubus le 3e. André s’est en réalité arrêté pour aider une personne en moto qui rencontrait des problèmes sur l’autoroute, il me semble. Il est sorti de sa voiture, et un type est arrivé et a fauché un de ses bras et une de ses jambes. La facture d’hopital, comme Jim l’a dit, était énorme. Nous nous sommes rassemblés à Boston et avons fait une lecture publique. Tu n’y étais pas Jim, ça aurait été sympas.

James Lee Burke : Oui, et bien c’était vraiment très sympas que vous ayez tous fait cela.

Jordan : Avant que nous ne commençions, nous discutions de la qualité que chacun de ces deux auteurs représente dans leurs livres, et je pense que cette histoire illustre cela.
Jim, nous aurons probablement quelques fans de Stephen King qui découvrent votre oeuvre et votre écriture, pouvez-vous nous présenter votre série de livre avec Dave Robicheaux et ce qui se passe dans « A Private Cathedral »?

 

 

Dave Robichauxjpg

 

James Lee Burke : Dave Robicheaux est le protagoniste d’une série de livres que j’ai écris. Ce livre est le 23e de la série. Il s’agit d’un détective de la Nouvelle Ibérie, qui faisait partie de la police. Mais il n’était pas vraiment un très bon policier, il a l’habitude de se trouver mêler à beaucoup de problèmes.

Il est en réalité un personnage que j’ai emprunté aux vieilles pièces, comme elles étaient appelés. Il est le chevalier égalitaire, sauf qu’il est un chevalier ouvrier.
Il est indéniablement un chevalier américain, il ne fait pas partie de l’élite, ça c’est sur. Mais il a toutes les caractéristiques de ce que la majorité des américains considèrent comme définissant les protagonistes des romans des années 20s de James Fenimore Cooper. A la fois le courage et la bienséance, et il essaye de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Mais il a aussi les caractéristiques du protagoniste tragique. Il est très imparfait, et ces défauts génèrent souvent le désordre dans sa vie et celle des autres.

Je présume que ce que j’essaie de dire c’est que, comme la majorité de ce que j’écris, je m’inspire beaucoup des tragédies grecques et de l’époque élisabéthaine.

Jordan :
Et qu’est-ce qui se passe dans « Private Cathedral »?

 

 

Aprivatecathedral Jamelessburke Cover

 

 

James Lee Burke : Oh oui, vous m’avez posé cette question (rires)
Ce titre provient d’une ligne dans le livre. Dave Robicheaux dit que quand les gens vivent une expérience souvent appelée une longue nuit de l’esprit (long night of the soul, ndt), ils obtiennent une chapelle dans une cathédrale, et c’est un lieu très solitaire qui est rempli de lumières ombragées traversant les vitraux au-dessus de sa tête. Mis c’est un lieu très solitaire.
Et quiconque a vécu cette expérience, « the long night of the soul », sait de quoi je parles. C’est une combinaison de ce que les psychiatres appelleraient dépressions agitées ou dépressions cliniques, et cela tend à empirer parce qui s’appelle anxiété psychonévrotique. Vous mettez les deux ensembles et vous obtenez ce qui s’appelle le jardin de Gethsémani, une véritable transpiration de sang. Mais une fois que la personne s’en sort, elle n’est plus jamais la même. Et ils appellent cela « l’horloge des 3 pour cents », c’est ce que Dave dit. Il n’y a probablement que 3% de la population qui vit cela, mais elles en payent le prix. Et il fait partie d’eux. 

Jordan : Ca semble très bon. Donc, Steve, j’entends dire que vous êtes un fan de Robicheaux (le personnage de James Lee Burke, ndlr).

Stephen King : Oui je le suis, et j’ai lu, ou écouté, tous les livres. Je suis un grand fan des livres audios. J’ai probablement lu 4 ou 5 livres de James Lee Burke, et par la suite j’allais faire un long voyage et en ai pris un, lu par Will Patton. Pour moi, les livres audios sont le test à l’acide pour les professionnels. Quand c’est mauvais on entend tous les défauts. Et ces livres s’écoutent (naturellement, ndlr). Will Patton est un lecteur de génie, et après l’avoir écouté, quand « Mr Mercedes » est sorti j’ai fais en sorte que Will Patton lise la trilogie sur Bill Hodges…)
Je dois te dire un truc Jim, il a fait la meilleure lecture de « Light in August » (Lumière d’aout) de Faulkner, à mon avis, qu’un lecteur puisse faire. C’est juste merveilleux. Il est d’une voix incroyable et il est aussi un très bon acteur. C’est amusant parce que Jim est dans le Montana et il y a une série que je regarde, je pense que beaucoup de gens la regarde, qui s’appelle « Yellowstone« . Cela se déroule dans le Montana, et qui apparait dans les 2 ou 3 derniers épisodes de la saison en cours. Will Patton qui joue un très très villain.

Donc j’ai écouté ces livres, j’ai lu ces livres, et Dave Robicheaux est un bon personnage. La texture que Jim a donné à la Louisiane, à Bayou Teche, à ces lieux, c’est fantastique.
C’est graveleux et il faut attacher sa ceinture en lisant certains de ces trucs parce que Jim les raconte comme c’est. Pour moi, ce qui le rend très bon est que Dave a un medium, Clete, Clete Purcel, et celui-ci dit que tout ce qui traverse son esprit, tout ce qui est dans sa tête et sort de sa bouche est extrêmement coloré. Il est vulgaire, il est vilain, il boit tout le temps, à peu près ce que je faisais à l’époque. Non… personne ne boit comme CletePurcell. Il conduit une vieille Cadillac. Et il juste un très bon contraire à Dave Robicheaux et on a Don Quichote et Sancho Panza d’une certaine manière, sauf que c’est Sancho qui est dans un vieux chapeau que je vois en quelque sorte toujours penché sur le coté de sa tête. Et c’est tout simplement sympas.

Ces livres sont sympas.
Et la prose est tellement belle, et tellement bien écrite, mais cela ne gâche jamais l’histoire. L’histoire ne fait que se dérouler.

Je n’avais peut-être pas rencontré Dave Robicheaux depuis un moment, mais j’ai obtenu un exemplaire du livre (je continue un peu mais je vais te redonner la parole Jim), une épreuve du livre « A Private Cathedral », tu as un exemplaire à coté de toi, et c’est une très belle couverture et c’est une belle oeuvre. Mais il y a un avant-propos par Jim et il dit que c’est le troisième livre d’une trilogie. Et je me suis dit : « Wow, attends un peu. Il me faut obtenir les autres ». Les trois livres sont des livres sur Robicheaux : « Black Cherry Blues« , et « A private cathedral ». Ils sont tous disponibles. Ce dernier est maintenant disponible en livre papier, en livre-audio, en ebook, itunes et toutes ces plateformes. Les autres sont en poche et aussi disponibles. Et ils continuent l’histoire.

Je veux permettre à chacun de poser des questions mais Jim, je me dois de te dire. Tu as créé un des meilleurs méchants dans les deux premiers livres de cette trilogie. J’étais tout simplement ébahi. Tu m’as fais un peu penser au méchant de « Night of the Hunter » (« La nuit du chasseur », un film de 1955 inspiré d’un roman de Davis Grubb). Son nom est Smiley. Et Smiley est un petit gars qui porte des baskets, il aime les enfants. En réalité il conduit un camion à un moment donné et il a quelqu’un dans le congelateur (rires)

Tu veux parler un peu de Smiley?

James Lee Burke : Oh, Smiley est juste un des meilleurs personnages que j’ai écrit et tu as tout à fait raison. Il est aussi sans doute le méchant le plus populaire de tous mes livres, mais (rires), Dave le décrit comme un Truman Capote affectueux.

(rires)

Stephen King : Il a un teeshirt avec Mickey Mouse sur lui, et il est malfaisant.

James Lee Burke : Il dit aux gens « Tu as été méchant, méchant, méchant » (rires)
Il est le seul villain de mes livres qui porte un lance flammes !

Stephen King : Maintenant j’espère que tous ceux qui nous regardent, comprennent à quel point on adore écrire ces trucs horribles!

(rires)

James Lee Burke : Si tu savais le nombre de personnes qui m’ont écrit pour me demander si j’allais faire des boutons à porter disant « Smiley pour président »?

Des milliers!

(Rires)

Stephen King : Il est génial! Pour ceux qui nous écoutent, il faut que vous le découvrez. Il apparait dans « Rover Show », le premier livre de la trilogie, et ensuite, quand on pense qu’il a disparu… ce livre au fait, à une énorme apothéose. Il y a un aspect politique, je ne veux pas entrer dans les détails, mais c’est incroyable à voir. C’est un véritable tour de force. Vous savez comment, parfois, on lit une tension croissante dans un livre mais que cela s’essouffle. Ici ce n’est pas le cas.
Et ensuite, il (Smiley) réapparait. Et je dois de te dire Jim, j’étais déçu de ne pas le revoir dans « A Private Cathedral »…. mais c’est quand même très bon!

James Lee Burke : Il se cache quelque part. C’est une erreur de s’attendre à ce qu’il ne soit pas toujours présent.

(Rires)

Jordan : Et bien, puisque vous avez mentionné ce qu’il se passe dans « A Private Cathedral », et nous avons un autre villain. Jim, il me semble que c’est votre roman le plus surnaturel. Et je me demandais ce qui vous a poussé à mélanger les mondes, et puisque Stephen King est avec nous, on peut lui demander ce qui le pousse à continuellement mélanger les mondes.

James Lee Burke : Vous avez tout a fait raison. Ce roman est bien plus gothique que mes précédents, et il s’inspire, encore, des histoires médiévales ou encore de la Renaissance Florentine. L’histoire implique deux histoires d’Italie qui sont en guerre entres elles depuis 400 ans. Mais cette silhouette qui a été bourreau durant l’inquisition en 1600 se transporte en Nouvelle-Orléans juste avant les événements du 11 septembre. Son nom est Gideon Ruschietti et il est en effet le plus effrayant antagoniste que j’ai créé. Et l’histoire débute avec l’incapacité qu’a Dave Robicheaux à comprendre la cruauté qui semble accompagner ce qu’il y a mieux dans les gens. Cela ne correspond pas à ce qu’il a vécu. Il a connu toute sorte d’humains imparfaits, mais il a vu des actes de cruauté qui ne semblent avoir aucune explication, aucune raison de commettre les atrocités qu’il a vu.

Par le passé j’ai un temps été journaliste en Californie, et j’ai rencontré beaucoup de condamnés et j’ai connu des gens dont je pense qu’ils étaient réellement mauvais, mais je suis arrivé à la conclusion… je veux dire, Dave Robicheaux est arrivé à une conclusion, et il pense qu’il n’y a pas qu’une base génomique, que nous descendons tous de différentes sources. Et tous les journalistes et reporters de crimes, tous les officiers de polices qui arrivent sur les scènes de crimes, qu’importe qui a enquêté certains types de crimes. Ils seront les premiers à vous dire que il ou elle a vu des choses dont il ne parlera jamais, à personne.
Le genre d’histoires qui ne sera jamais évoqué dans un journal.
Et donc c’est sur quoi Dave débarque dans ce livre « A Private Cathedral ». Il essaye de trouver la source à l’origine du Mal et ensuite il est confronté à ce bourreau de l’année 1600. Et c’est de ça dont parle le livre.

Jordan : Steve, vous avez bien évidemment construit votre carrière sur la fusion de notre monde et celui du surnaturel. Même ce qui aurait semblé être une histoire policière très simple, en a des éléments. Qu’est-ce qui continue de vous fasciner avec cela?

Stephen King : Vous savez, quand je devais avoir 10 ans, il y avait un des premiers tueurs en série. Son nom était Charles Starkweather et il a laissé une trace de sang à travers le Nebraska et le Wyoming avant d’être attrapé. Bruce Springsteen a écrit une chanson à ce sujet, où, à la fin de cette chanson, Charles Starkweather dit « Je présume que ce n’est qu’une méchanceté dans ce monde » et, euh… j’avais un carnet de notes dans lequel je conservais des coupures de journaux sur Charles Starkweather. J’avais 10 ans et ma mère le regardait et me demandait si j’allais bien, avec la manière d’une mère. Elle ne voulait pas demander, vous savez, si j’étais un cinglé et allait devenir un tueur en série. Et ce que j’essaie d’expliquer, je n’avais pas les mots à l’époque, et je pense que ce que Jim a réussi à aborder dans ce livre et dans les autres, d’une manière très noble, est…. si l’on regarde le visage de quelqu’un comme Charles Starkweather, et si l’on essaye de comprendre ce qu’est le Mal et d’où il vient. Est-ce à l’intérieur? Est-ce visible de l’extérieur? Est-ce quelque chose qui, comme dans mon nouveau livre « If It Bleeds »… il y a un détective privé qui s’appelle Holly Gibney, qui a un jeune associé du nom de Jerome, et Jerome est à la recherche d’un chien qui a été kidnappé. La rançon n’a pas été payée et donc le chien a été laissé abandonné dans un fossé, éventré. Jerome pleurs à son sujet, et j’en pleurerai aussi. N’importe qui en pleurerai. Puis il dit et c’est en quelque sorte ce que je crois, que « le Mal est un oiseau, un gros corbeau noir, qu’il vole dans la tête de quelqu’un. Et quand le travail du Mal est fait, il s’envole à nouveau et quiconque a fait (les atrocités) est délaissé pour en subir les conséquences. »

Mais je ne le comprends pas plus que Jim et d’une certaine manière, quand j’écris des histoires sur le surnaturel…. encore, pour moi, l’idée est plutot réconfortante de savoir que le Mal peut-être comme un éclair, qui vient de l’extérieur. Qu’il y a véritablement des fantomes qui se balladent surla Terre, qu’il peut y avoir des monstres qui ne sont pas des humains. Pour moi, c’est quelque chose de réconfortant. C’est la base des contes de fées et ça fait une très bonne histoire. J’ai vécu toute ma vie avec des histoires de détectives et des histoires à suspense, et j’en ai donc écris quelques uns. Mais cet intéret pour le surnaturel… le premier livre dans la trilogie « Mr Mercedes » est purement une histoire de détective. Et puis cela commence à s’aventurer vers d’autres territoires, plus surnaturels, jusqu’à ce qu’on arrive à « L’outsider », qui est aussi avec Holly Gibney. Et puis on se retrouve avec des monstres. Des créatures de l’au-delà. Et  c’est le cas également avec la novella « If It Bleeds ».

Je suis juste attiré par le sujet… c’est un peu comme le dessin animé avec Jessica Rabbit qui dévoile qui a tué Roger Rabbit.
Elle dit « Je suis juste attiré vers cela ».

J’apprécie les histoires de surnaturel, de monstres et ce genre de choses, et l’idée est d’essayer de les rendre aussi réalistes que possible.

 

(NB : Stephen King et Peter Straub ont dévoilé, par le passé, envisager un troisième roman de la saga du « Talisman des Territoires » portant autour de Charles Starkweather)

 

 

Jordan : Vous savez, c’est amusant, en écoutant, jfe me suis rappelé  un truc entre le moment où l’on m’a demandé de vous interviewer et aujourd’hui. J’écoutais « If It Bleeds » et c’est amusant que vous mentionnez Will Patton parce que j’allais vous le demander un peu plus tard, mais j’ai écouté les livres de Jim, lus pendant longtemps par Will, et quand j’ai entendu « If It Bleeds » je me suis fais la réflexion que ça ressemblait à une histoire de Dave Robicheaux. Bref, j’écoutais « If It Bleeds » et je me suis dis qu’il (Stephen King, ndlr) restait véritablement dans une histoire de détective, et puis… non, c’est arrivé. C’est formidable. Mon histoire préférée du livre était « Life of Chuck », que j’ai véritablement adoré dans ce recueil.

C’est amusant parce que j’allais demandé si vous aviez choisi Will Patton, et il semblerait que vous l’ayez choisi après avoir écouté les livres de Jim.

Stephen King : C’est tout à fait vrai. Et j’ajouterai une chose : il est dans cette série, « Yellowstone », et il joue un type vraiment méchant, un type qui sort de prison après avoir tué sa femme et son fils vient le voir. Le fils avait été mis en adoption et découvre, via les méchanismes de l’intrigue, que ce type est son père, l’homme joué par Will Patton. Il va le voir et lui dit : « Pourquoi tu l’as tué? »
Et il répond : « Fiston, je suis rentré à la maison et l’ai vu donner son corps à des inconnus ». Et quand j’ai entendu cette phrase je me suis dit que ça aurai pu être une ligne de James Lee Burke.

Jordan : Et bien, j’adore cette question. On a sollicité des questions des fans et si j’utilise une des questions que vous avez proposé je vous citerai à la fin, mais j’aime cette question et je la lance d’abord à Jim.
Est-ce que vous rêvez de vos personnages?

James Lee Burke : Oui. Est-ce que je rêve à leur sujet? Oui.

Jordan : D’accord, et vous Steve?

Stephen King : J’ai des rêves lorsque j’arrive dans une situation où je ne sais pas ce qu’il va arriver ensuite. Mais est-ce que j’ai réellement rêvé au sujet de personnages? Je ne me rappelle pas l’avoir fait. Mais cela m’amène à une question que je voulais vous poser Jim. J’ai lu quelque chose que tu as dis. Que tu ne planifie pas vraiment. Tu ne travaille pas avec un plan, n’est-ce pas?

James Lee Burke : Non. Non, c’est un compliment. Le désordre est mon style.

Stephen King : (acquiescant de la tête) Oui, c’est aussi le mien.

Jordan : Aucun de vous deux n’écrit de plans?

James Lee Burke : (fait un non de la tête)

Stephen King : J’ai une sorte d’idée de ce vers quoi je tends. Est-ce que tu as une sorte d’idée, Jim ,de comment tu vas terminer?

James Lee Burke : Non, je n’en ai jamais l’idée. Je me rappelle toujours de quelque chose qu’Ernest Hemingway a dit, une fois, quand on lui a posé la question.
Il a dit : « Si je savais la fin de l’histoire, le lecteur l’aurai aussi. »

Stephen King : Oui, je trouve que c’est très intelligent. Une des choses que John Irving dit, que je n’ai jamais compris, est « La première chose que je fais est d’écrire la dernière phrase du livre ». Et je me suis dit (mime le fait de se tirer une balle). Pourquoi? Pourquoi s’emmerder? Tu sais comment cela va se terminer. Mais tu as raison Jim. Si tu sais ce qu’il va se passer, le lecteur le saura aussi.

James Lee Burke : Quelqu’un, j’oublie qui c’était, m’a parlé de l’écriture et dit ‘écrire une histoire, ou raconter une histoire, est comme envoyer la balle au baseball.’ Celui qui envoie la balle ne montre jamais à celui qui va la frapper, où sont ses doigts sur la balle. Il cache toujours la balle derrière lui avant de l’envoyer. Un boxer ne montre jamais ses mouvements. Mais c’est mon propre ressenti. C’était peut-être mon premier roman, « Half of Paradise » (La moitié du paradis), j’avais des choses à l’esprit lorsque je me suis mis à l’écriture, mais plus depuis. Et c’est ainsi depuis de nombreuses années. Je sens que l’histoire est déjà toute écrite. William Faulkner, juste avant sa mort, a dit : « Si je n’avais pas écris les livres, une autre main les aurai écris pour moi. »
Et je pense que je comprends cela. Mais je ne me suis jamais, jamais, levé sans être en mesure d’écrire. J’ai toujours vu les deux prochaines scènes à l’avance, et c’est comme ça depuis que j’ai 19 ans. J’ai publié ma première histoire dans un journal de lycée quand j’avais 19 ans.

Le processus (créatif, ndlr) pour moi n’a jamais changé.

Stephen King : Oui. Et bien, je commence généralement avec une situation et parfois il y a une scène que je veux vraiment écrire et il me faut aussi ajouter autre chose. Il me faut une sorte de courroie de transmission pour démarrer. La situation est une chose, et ensuite quelque chose va se connecter chez moi et je peux m’assoir et commencer à écrire, mais je n’ai pas de plans ou quoi que ce soit de ce genre. Je vais vous montrer ce que j’ai. Attendez une seconde.

 

 

Stephenkingjamesleeburke 01

 

 

Ce que j’ai, c’est une liste de personnages. De manière à ce que je ne vais pas me tromper dans l’écriture de leur nom ou faire des fautes, en mélangeant les noms ou quelque chose de ce genre. Parfois j’écris aussi quelques autres détails. Mais ce n’est pas en avance. C’est après que ce personnage ait déjà été introduit.

Jordan : Une sorte d’antisèche pour garder l’ensemble cohérent, et le reste dans la tête.
Est-ce que vous avez une antisèche Jim, ou est-ce que tout est dans votre tête?

James Lee Burke : Et bien j’ai des carnets de note près de mon lit, la nuit. Je me réveille, quasiment toutes les nuits vers 4h20 du matin et j’écris des choses. Et c’est étonnamment bon, et je les re-regarde le matin. Mais je suis partisan de la théorie de Freud que la névrose est un tuyau vers l’inconscient. Je crois qu’il l’a décrit comme quelque chose de ce genre. Au fait, Freud avait une véritable admiration pour les écrivains. Est-ce que vous avez déjà lu son essai sur les écrivains?

(Explose de rires)

Steve, si vous voulez un complexe d’infériorité, lisez cela et vous ne vous en remettrez jamais.

(rires)

Il était principalement un victorien (de l’époque victorienne au Royaume-Uni, la seconde moitié des années 1800s ndlr) et il avait une véritable admiration pour tout ce qui n’était pas utilitariste, je ne dis pas que je suis Jesus, mais il n’était pas très sympas.

Stephen King : Il avait quelques problèmes. Il avait quelques problèmes personnels. Problèmes de drogues et tout cela. Il y a beaucoup de vérités dans l’idée que… je pense que le subconscient d’une personne travaille en permanence. J’ai écris un roman intitulé « CA », et à un moment donné dans l’écriture de ce très long livre, je travaillais, j’étais bien plus jeune à l’époque, et j’avais un personnage qui a été institutionnalisé et j’avais besoin d’un nom pour ce lieu. Donc je l’ai nommé Juniper Hill. Dans mon esprit, je l’avais inventé. Et bien des années plus tard, je regardais un film sur TCM qui m’a terrorisé quand j’étais enfant. Il s’appelait « The Snake Pit » (La Fosse aux serpents, un film de 1948, ndlr), avec Olivia de Havilland, et flute, l’asile dans laquelle ils l’ont jeté s’appelle Juniper Hill. J’ai du voir le film quand j’avais 5 ou 6 ans, à la télévision, mais ça a du resté gravé au fin fond de mon esprit. Donc oui, je suis un grand fan de l’inconscient. Je ne sais pas précisément ce que c’est, et je pense que Freud l’a sans doute un peu trop analysé, mais c’est quelque chose de très pratique.

Jordan : Vous êtes là Jim? Je n’étais pas sur si vous alliez ajouter quelque chose, mais sur le sujet du subconscient et de les origines des choses, nous avons toujours la même question, que tout le monde veut savoir, je pense que cela retourne sur le rideau et la manière dont la magie voit le jour.
Quand vous écrivez, quelle est votre routine quotidienne? Et si l’on commençait par vous Jim?

James Lee Burke : Je commence tôt le matin, ce sont mes meilleures heures. Je vise 750 mots, c’est ce que j’ai fais pour la majeure partie de ma vie. Si je peux faire ces 750 mots je trouve que c’est plutot bon. Le matin suivant je les réécris et j’enchaine sur 750 autres mots. Mais je le fais tout le temps. Je le fais jusqu’à 11h du soir. Et je travaille 7 jours par semaine. Je ne m’autorise pas de jours sans écrire, pour aucune raison, et si je fais cela, je produis un livre par an. Mais je dois écrire tous les jours. J’ai appris, après avoir écris un livre intitulé « The Lost Get Back Boogie » que j’étais un meilleur réécrivain, de certaines manières, que je ne suis un écrivain. Mais je ne me pose plus trop ces questions maintenant.

Jordan : Vous êtes dans une ferme, ou un ranch, et vous passez beaucoup de temps à l’extérieur avec les chevaux. Est-ce que vous utilisez ce temps comme étant des pensées créatives pour le livre, ou est-ce que vous pensez en permanence à leurs sujets?

James Lee Burke : Oh oui, je pense que c’est une obsession qui ne me quitte jamais. Carl Young, le psychanaliste autrichien croyait en la mémoire génétique et c’est ce que je crois aussi. Je crois que les bonnes histoires sont toutes dans les subconscients, dans le subconscient de chacun, ou du moins, toutes les personnes bienveillantes. La question est de l’utiliser. Mais tous les symboles que Freud évoque, ont leurs origines dans la nomenclature de sa science. Dans la mythologie grecque c’est l’âge d’or de Périclès auxquels nous nous reportons tous. Il n’y a pas d’histoire, écrite n’importe où sur cette planète, qui n’ai pas d’antécédent dans l’âge de Périclès. Même chose avec la Bible. Et les symboles sont tous de l’eau, de la fertilité et des cheveux. C’est ce qui rend les humains aussi intéressants à étudier. Hemingway, encore, a dit, « écrire est la chose la plus dure au monde parce qu’il faut d’abord apprendre le métier, et ensuite il faut apprendre le sujet, la nature de l’homme. »

Jordan : Stephen, à quoi ressemblent vos journées?

Stephen King : Je suis comme Jim. Je travaille tous les jours. Je dirai, que le temps réel, assis devant cette machine, où je suis, qui est mon bureau de travail, est probablement de l’ordre de 28 heures par semaine. C’est plutot pas mal, comparé à quelqu’un qui travaille sur une plateforme pétrolière. Donc cette partie est plutot sympas. Je m’asseois, généralement, vers 8h, je sors les chiens pour une promenade, prends un petit déjeuner, fais quelques petits trucs et puis m’assies (pour écrire, ndlr). Je suis toujours impatient de me perdre dans d’autres vies. C’est une bonne chose. C’est une bonne chose dans laquelle se plonger, dans une autre vie. Mais je pense que ça m’est plus difficile maintenant, que cela ne l’était.
Je n’écris plus autant de mots par jour, mais je peux travailler de 8h jusqu’à environ midi, puis j’arrête et prends un repas. Je fais ce qui doit l’être. De temps à autre je m’autorise une journée, pas très souvent, mais ce n’est pas seulement le temps passé assis devant la machine. Parce qu’il y a d’autres choses. Il y a des fois où je n’ai pas été en mesure de dormir, parce que quelque chose ne fonctionne pas. Quelque chose ne va pas. Et il faut que ça soit cohérent. Je me suis déjà levé au milieu de la nuit pour regarder un truc… ça ressemble à l’avancée des pèlerins, et je dois retrouver cela. Ce sont ces moments qui font que je mérite l’argent. Quand je gagne vraiment l’argent, et cela semble un échange mérité.

Et puis, il y a d’autres fois où en conduisant, en me promenant, mon esprit s’évade naturellement vers ce sur quoi je travaille. Je peux me rappeler la fois où j’ai vu la fin d’un livre, en jetant le frisbee pour le chien. Et (la fin, ndlr) m’est juste tombée dessus. Et c’est ce qu’il y a de mieux avec le métier. Ce qu’il y a de mieux.
Et c’est incroyable de se dire qu’ils vous payent pour faire cela.

(rires)

Jordan : Donc quand vous rencontrez ces difficultés, que vous vous êtes levés durant la nuit et que quelque chose vous dérange, est-ce généralement par rapport à quelque chose de passé ou quelque chose qu’un personnage a fait qui ne correspond pas à sa personnalité? Comment est-ce que cela se résoud généralement?

Stephen King : Parfois, vous savez, vous vous foirez. Ca vous est déjà arrivé Jim?

James Lee Burke : Et bien oui, et c’est amusant, on dirait qu’il y a un système qui va s’autocorriger dans le subconscient.

Stephen King (acquiesce)

James Lee Burke :Parce que ce sera tard la nuit. Pearl et moi regardons TCM tous les soirs et ça me frappe vers 23h30, ou juste avant minuit, et il faut alors que j’aille corriger quelque chose dans le manuscrit.
Voici ce que je pense : le talent est un don. Cela vient de quelque chose d’extérieur à l’artiste (perte de son temporaire empêchant pour un court instant de comprendre ce qu’il dit, ndlr)… j’ai toujours voulu être un écrivain, et c’était pareil pour mon cousin, qui était mon ainé de 4 mois. Et c’est tout ce que nous avons toujours voulu faire. Je ne peux pas m’imaginer faire autre chose, et c’est peut-être ce qu’est un vrai loser.

(rires)

 

 

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Amadeus Movie Poster

 

James Lee Burke : Un gars qui a un talent qui lui a été donné, par accident. Est-ce que vous avez déjà vu le film « Amadeus »? L’histoire de Mozart. Il y a ce type qui a un énorme talent et ça rend ses concurrents fous. Un des meilleurs films jamais fais. Vous rappelez-vous de la scène dans laquelle Salieri a écris une sonata, dont il est tellement fier qu’il se rend à une fête avec toute la royauté autrichienne. Tout le monde s’amuse, et Salieri  dit à Amadeus : « Vous êtes la première personne à voir ma nouvelle composition, pouvez-vous la jouer pour moi? »
Amadeus lui répond « Bien sur ». Il met la partition sur le piano et enlève ses chaussures et la joue avec ses pieds

(rires)

Stephen King : Oui, tu te demandes pourquoi tu es capable de le faire. C’est un peu comme… ce n’est probablement pas un terme très politiquement correct, mais un idiot savant

James Lee Burke : C’est ça, tu as raison.

Stephen King : Hey, écoutez. Je ne peux pas trouver les trucs dans le frigo. Ok? Je suis aveugle devant un réfrigérateur et ça rend ma femme dingue! Parfois elle doit me dire… c’était le cas ce soir d’ailleurs.
On s’apprêtait à sortir faire un truc, et j’ai une chemise bleue qui me va très bien. Mais elle me dit qu’elle est sale. Je ne peux pas voir que c’est sale, mais je présume que ça l’était. Donc je l’ai changé pour une autre.

Mais je peux écrire des histoires, et une chose que j’essaie de me rappeler est que c’est sympas d’avoir un talent mais je suis toujours humain et je dois toujours faire attention et me comporter décemment. Il y a beaucoup de cette décence dans les livres de Jim.

James Lee Burke : Oh, merci

Jordan : Cette question est pour vous deux, mais je pense que c’est particulièrement vrai avec le dernier livre de Jim, il y a beaucoup de cette pertinence contemporaine et des sujets politiques dans ce livre. Dans quelle mesure est-ce que l’état des choses dans le monde et la politique, affectent votre style, votre ton et sujets. Et, lorsque ces perspectives évoluent, est-ce que ces nouvelles perspectives trouvent chemin dans vos livres?

James Lee Burke : La politique n’est jamais présente de manière moralisatrice, mais ce que nous appelons Politique n’est que les comportements humains collectifs et donc, pour un naturaliste, et j’ai été fortement influencé par les naturalistes. Il n’y a pas de possibilités d’y échapper. Une personne qui évite le monde extérieur se créer une échappatoire, mais ce n’est généralement pas de l’art. L’auteur le plus politique de l’histoire du monde occidental, était William Shakespeare. Et c’est ce qui a fait son travail aussi bon. Mais, il est passé au travers d’un filtre et Henry V, un des plus grands monologue de l’histoire du théâtre, a écrit… Rappelez-vous, Henri V disait « Que ce soit votre plus grand pouvoir », et ce genre de choses.

Et bien c’était une personne vraiment horrible. Qui a tué tous ces présidents français qui se sont rendus, mais ce que je veux dire, c’est qu’ignorer spécifiquement les emmerdes qui se déroulent autour de nous, aujourd’hui, serait une omission, qui serait très proche d’une offense théologique très sérieuse.

Si un artiste n’utilise pas sa voix aujourd’hui, que Dieu vienne l’aider, et nous aussi.

Jordan : Steve?

Stephen King : Il y a une histoire dans la bible, je crois que c’est dans la Genèse, dans laquelle, le grand frère, Esau vend ses droits de naissance à son frère Jacob pour une énorme maison, et un écrivain que je révère mais qui est parti maintenant, Robert Bloch, a changé cela et a dit « Je ne vendrai jamais mes droits de naissance pour une maison et j’essaie de me concentrer sur l’histoire.

Comme Jim, j’ai pris conscience que les livres n’existent pas dans un espace vide, ils n’existent pas dans un espace sans passé. Une des choses sur laquelle que Jim écris si bien, dans tous ses livres, c’est ce que Faulkner disait « Le passé n’est pas passé, ce n’est même pas le passé ». Et donc il y a le passé historique, culturel ainsi que le politique. Et il faut exister dans ce monde. Donc un personnage d’un de mes livres peut avoir un autocollant sur sa voiture, ou porter une casquette clamant « Make America Great Again », et ce n’est pas un effort délibéré de ma part pour dire quelque chose au sujet de ce personnage, mais cela dit où et quand cela se déroule.

Et il y a un personnage…  il y a un moment dans « L’outsider », où ils sont dans le Texas du Sud et ils passent aux abords d’un gros panneau publicitaire à coté de la route qui montre Tump.

Quelqu’un lui a dessiné une moustache et un toupet d’Hitler et un des personnages dit que c’est étrange dans un état rouge (Républicain, le parti de Trump, ndlr), avant de se rappeler qu’il y a une forte population d’hispaniques dans cette région et qu’ils ne l’aiment pas trop (Tump, ndlr).
Mais ce n’est pas un effort de ma part d’aller politiser des choses. Je ne veux pas vraiment faire cela dans mes histoires, j’ai Twitter pour cela où je peux dire tout ce que je veux sur la politique, mais dans mes fictions je veux rester sur l’histoire autant que possible.

Néanmoins, cela en fait partie et une des choses qui me semble intéressante, pour moi, est que nous avons maintenant le coronavirus. La raison pour laquelle nous faisons cette conversation via Zoom et pas en personnes, alors que j’aimerai vous rencontrer en personne, Jim, et vous serrez la main.
Mais ce n’est pas possible à cause de cela, et je suis curieux de savoir quel genre de fiction va sortir cette année parce que cela en fait aussi partie.

 

 

Times Donaldtrump Hitler
(Fausse couverture du Time)

 

 

Jordan : J’avais cela pour une des futures questions, de savoir, puisque j’ai déjà mentionné la nouvelle « Life of Chuck », qui s’ouvre sur une histoire de fin du monde, une pandémie, et de terribles choses qui se déroulent à travers le monde, et je l’écoutais récemment et je me suis fait la remarque que cela correspond très bien à la période.
Bien entendu, les fictions dystopiques et post-apocalyptiques sont toujours présentes dans les fictions de genre, l’horreur, mais ce serait intéressant de savoir si l’un de vous planifiait de l’intégrer, ou au contraire, d’ignorer ce qui se passe en ce moment, dans vos futurs livres?

James Lee Burke : Vas-y Steve.

Stephen King : Je peux vous dire cela. Je viens de finir un roman, et je dis finis, mais Jim sait très bien ce que c’est : le roman n’est jamais fini jusqu’à ce qu’il soit réellement en vente. C’est quelque chose qui évolue en permanence, mais le livre est fini a 95%. Il doit recevoir révisions, mais j’adore quand un livre est fini. Pour moi c’est comme avoir un champs de neige vierge de toutes traces de pas. Personne n’a pissé dessus. C’est juste là, c’est magnifique. Et puis il part dans le monde. Mais ce livre en particulier devait se dérouler en 2020. Et à un moment donné, ces personnages qui ne sont pas les personnages principaux, mais… j’avais besoin qu’ils s’en aillent parce que je voulais que mon personnage principal obtienne un appartement spécifique rien que pour lui. Je les ai donc fais partir en croisière. Mais personne ne part en croisière durant l’été 2020. Personne ne fait ça. J’ai donc décidé de reprendre le livre et d’installer l’intrigue en 2019, qui est un correctif temporaire.
Jim, tu travailles sur quelque chose en ce moment? Tu écris un livre?

James Lee Burke : Je viens tout juste d’en finir un, c’est une suite à un roman intitulé « The Jealous Kind ». Une histoire avec Holland, la continuation de son histoire. En réalité je trouve que certains de mes meilleurs travaux sont les pièces historiques abordant l’installation du monde western, mais en réponse à la question. Les trois derniers livres sont une trilogie qui devait être une réflection de notre temps, et j’ai pendant de nombreuses années cru que qu’il y avait une silhouette attendant à côté. Elle est là depuis les années 1830 quand le mouvement Nativisme a débuté. Et je suis convaincu que c’est où nous sommes actuellement. Et je trouve que c’est un présage très perturbant. Et je me rappelle quelque chose que John Steinbeck a dit dans « Les Raisins de la colère ». Il a dit : « un homme ne façonne pas l’histoire, l’histoire s’approche et cherche quelqu’un d’emblématique pour quelque chose qui est déjà préparé ». Peut-etre que c’est à cause d’où j’ai grandi, j’ai toujours cru qu’il y avait une mauvaise graine, quelque part dans notre histoire et qu’un jour nous allions la voir apparaitre. Et j’ai écris à ce sujet dans l’avant-propos que tu as mentionné tout à l’heure Steve. Mais c’était en 1948 et…. de toute façon je ne voulais pas entrer dans tous ces détails, mais… il y a un autre aspect de l’histoire américaine, quelque chose de brut… il y a des choses que j’ai vu de mes propres yeux, que j’ai entendu avec mes oreilles, des choses que je n’évoque jamais et c’est lié à où j’ai grandi. J’ai vu des gens qui portent des armes et qui ont de l’autorité par rapport à d’autres, qui disent des choses, et si je ne les avais pas vu faire ces choses, il n’y aurai pas de questions… ce sont des choses dont je ne parle jamais. J’ai écris à leurs sujets dans les livres, mais je n’en ai jamais parlé parce que, tout comme Dave Robicheaux, j’ai entendu et vu des hommes qui me foutent absolument la trouille et ils ne portaient pas des chaines à leurs pieds (comprendre qu’ils n’ont pas été arrêtés)

Jordan : Donc parce que le nouveau livre est, je présume historique et une suite à « The Jealous Kind », vous n’aviez pas à vous préoccuper de la pandémie (rires)

James Lee Burke : Non, cela se déroule en 1962 et s’intitule « The pillars of heaven ». Ca parle de fermiers immigrés et la création des syndicats des fermiers américains. Et ca parle du massacre qui s’est déroulé à Ludlow, dans le Colorado, en 1915, mais l’histoire se déroule en 1962 et c’est une bombe à hydrogène.

(rires)

James Lee Burke : Excellent. Je suis impatiente de le lire ou écouter Will Patton le lire. Dans le premier format qui sortira.
J’ai une petite question rapide pour vous Jim, parce qu’il me semble que nous ayons de nouveaux lecteurs : si les gens veulent essayer un roman de Dave Robicheaux, recommanderiez-vous « Neon Rain » ou plutot plonger dans « Robicheaux » (2018) ?

James Lee Burke : Et bien, voici ce que les gens disent : « A Private Cathedral » est le meilleur roman de Robicheaux que j’ai jamais écris. Tous ceux qui l’ont lu, dans l’industrie et chez mon éditeur Simon & Schuster, le dit.  Et je suis d’accord. Je dirais que c’est mon meilleur travail de la série.

Jordan : Et comme je le disais plus tôt, nous avons des planches signées pour ceux qui voudraient nous commander un exemplaire de « A Private Cathedral ».
Je suis désolé Steve, vous alliez dire quelque chose?

Stephen King : J’allais tout simplement dire que tous les livres que James Lee Burke a écrit sont tous de très bonne qualité. Il a été béni avec un énorme don, pas seulement le vocabulaire, mais aussi la narration et la capacité de raconter une histoire. Mais de tous ses livres, celui auquel je reviens s’appelle « Tin Roof Blow Down » (La nuit la plus longue, en français, chez Rivages) et ça parle de Katrina. Et c’est, pour moi… l aurai du gagner un Prix Nobel. Ou un National Book Award, parce que c’est un travail remarquable. Et ce n’est pas pour détourner  l’attention du dernier « A Private Cathedral », Robicheaux, Neon, ou les autres. Les livres sur Hackberry, Hackberry Holland, ils sont tous très bons. J’ai juste un petit coup de coeur pour celui-ci, « Tin Roof Blow Down », de la même manière que j’ai un coup de coeur pour Smiley (le personnage évoqué plus tôt dans l’interview)

James Lee Burke : Oh merci Steve, c’est un grand honneur, un des meilleurs compliments que j’ai jamais reçu.

 

 

Lanuitlapluslongue Jamesleeburke

 

 

Jordan : En parlant de livres préférés. Vous avez tous les deux écris des dizaines de livres. En mettant de coté votre premier, qui a lancé vos carrières, quel est celui qui compte le plus pour vous et y en a t’il un que vous êtes ravi d’oublier? (une des questions du Club Stephen King) 

Stephen King : Oh, je n’en oublierai aucun. J’aimerai penser que… Et bien si, en fait. J’imagine que si j’étais présent avant la crucifixion du Christ, je ne l’aurai pas nié trois fois, et je ne vais très certainement pas renier un de mes livres, mais il y en a que j’adore particulièrement. Il y en a un, « Histoire de Lisey » qui compte beaucoup pour moi, mais ce sont tous mes enfants. Et je les aime tous.

Jordan : Vous avez un préféré? Histoire de Lisey?

Stephen King : Je dirai « Histoire de Lisey »

Jordan : Et vous, Jim?

James Lee Burke : Je trouve que la métaphore de Steve est très juste. Ils sont comme vos enfants et on les aime tous. Celui que je trouve le plus prenant, de manière historique et philosophique, est « The house of the rising sun » qui traite, encore, de la fin du 19e siècle avec la famille Holland mais aussi la première guerre mondiale, avec le voyage des persiens vers le Mexique en 1916. Pancho Villa, quel est son nom? L’enfant de Sundance… quel est son nom? Tout le monde est dans ce livre. Harvey Logan s’y trouve, et c’est un vrai méchant. C’est un sacré bouquin, je dois dire. Tout ce que j’ai toujours pensé, fait et aimé se trouvent dans ce livre. Mais voici l’ironie : il y a 20 de mes livres qui ont fait d’affilé la liste des best sellers du New York Times. C’est le seul qui n’en a pas fait partie. (rires)

Jordan : Avançons un peu, clairement les gens n’ont pas le meilleur des goûts. Chacun d’entres vous a écrit beaucoup de nouvelles et de novellas. Adolescente, je ne pouvais pas m’arrêter durant la lecture de « Brume », ce qui donne une idée de mon âge, mais j’ai adoré les nouvelles. Et Jim, je suis une grand fan de « The Convict » (un recueil de nouvelles, ndlr), je trouve que c’est formidable.
Beaucoup d’auteurs trouvent que les nouvelles sont bien plus compliquées (à écrire, ndlr) que les romans. Est-ce que vous êtes d’accord avec cela? Et quand vous vous décidez d’écrire une nouvelle, qu’est-ce que cela change dans votre approche?

James Lee Burke : Vous me parlez?

Jordan : N’importe lequel de vous deux.

 

James Lee Burke : Et bien, j’ai toujours admiré ceux qui écrivent de bonnes nouvelles. C’est comme écrire un scénario, je m’y suis essayé un peu. Mais c’est comme essayer de faire entrer un éléphant dans une cabine téléphonique…

(Stephen King acquiesce)

James Lee Burke : Ou essayer de jouer de la guitarre avec des menottes. J’en ai écris un certain nombre mais je préfère largement écrire un roman.

 

 

Stephenking Dome Screenplay

 

 

Jordan : Steve?

Stephen King : Et bien, il y avait une période, au début de ma carrière, quand j’étais très jeune et je travaillais dans une blanchisserie… J’étais marié, j’avais deux enfants, et ils avaient (souvent) des infections aux oreilles, et ma femme m’approchait en me disant « Rapidement Steve, pense à un monstre », parce que je vendais des nouvelles à magazines pour adultes qui, quand on les tenait faisaient tomber un poster avec une fille. Donc j’ai écris un certain nombre de nouvelles. J’étais dans le bon état d’esprit et je savais le faire.
J’ai perdu un peu de mon talent au fil du temps. C’est amusant comment ça marche. Je peux toujours le faire, et de temps à autre, je le fais, mais j’en écris de moins en moins (de nouvelles) au fur et a mesure, et elles ont une tendance à s’étoffer, un petit peu plus. Ce qui m’aide est de retourner vers les grands auteurs de nouvelles. Les deux que je révère le plus, sont…. J’adore les nouvelles de Flannery O’Connor, je trouve qu’elle est formidable avec ses nouvelles. Shirley Jackson est une autre, et qui est… Jim, aide moi. Le type qui a écrit « Will you please be quiet, please? »

Il est mort jeune. Auteur de nouvelles.

 

James Lee Burke : Oui, j’ai un trou de mémoire.

Stephen King : Un grand gars, bourré. Qui s’est saoulé à mort, à peu près.

James Lee Burke : Je ne me rappelle plus de son nom.

Stephen King : Allez, je sais que vous le savez

Jordan : Je suis désolé mais je ne suis d’aucune aide. Je ne le connais pas. Quel était le titre?

Stephen King : « Will you please be quiet, please? » (Tais-toi, je t’en prie)

Jordan : D’accord, je vais le chercher sur Google.

Stephen King : « What we talk about when we talk about love« , était un autre de ses livres, je crois. Je peux me rappeler le nom des livres, son nom est juste… je me sens comme toi Jim.

Jordan : Oh, Raymond Carver !

Stephen King : Raymond Carver, oui, il a écrit de bonnes histoires. Après les avoir lu, on retourne vers elles et parfois on s’interroge sur comment en faire de même. Mais comme Jim, je préfère écrire un roman.

Jordan : Légitime. On peut dire à partir de vos écrits, ainsi qu’en vous connaissant un peu, que la musique est importante dans chacune de vos vies.
(Steve), vous faites partie des Rock Bottom Remainders et Jim a fait de belles apparitions (caméos) dans la vidéo célébrant son quarantième livre, avec des contributions de musiciens. Quand vous écrivez, est-ce que vous écoutez quelque chose en fond sonore? Et si ce n’est pas le cas, qu’écoutez-vous pour le plaisir?

Stephen King : Je n’écoute plus de musique quand j’écris. Je le faisais et je pense que mon cerveau est devenu plus… c’est très difficile pour moi (maintenant, ndlr) d’écouter et d’écrire en meme temps, c’est davantage une distraction que cela ne l’a été. J’écoute parfois encore un peu de musique lorsque je repasse sur mes écrits, mais je n’écoute plus de musique en écrivant. Mais quand je suis en voiture ou que je suis juste dans le coin, j’ai toujours de la musique. Je suis un grand fan de rock and roll. Et je joue beaucoup de folk. J’ai des guitares, je ne joue pas très bien mais ça m’amuse et je sais que Jim joue. Et bien mieux que moi!

 

 

[photo stephen king 2014]

 

 

James Lee Burke : C’est très gentil, c’est très gentil. J’aime la musique. Je pense que tous les artistes l’adorent. Qu’importe le medium (de l’artiste, ndlr). Je suis un adepte de l’harmonie des sphères. Je suis convaincu que la musique est présente. C’est certainement le cas de la langue anglaise, et tout bon écrivain, je veux dire, un bon écrivain, a ce respect pour la langue anglaise grâce à la Pentamètre iambique. C’est la seule langue du monde où toutes les syllabes sont mises en avant. En d’autres termes, écrire est comme la composition d’un sonnet.  

Mais j’adore le rock and roll, la country. J’ai connu de nombreuses personnes dans l’industrie.

Voici la blague la plus drole sur les musiciens de country, ou du moins que j’ai jamais entendu. Mais c’est une histoire vraie : vous vous rappelez de Little Jimmy Dickens? Il enregistrait dans un studio à Nashville et une fois un reporter du New York Times qui y était et a dit :
« Mr Dickens, oui, vous avez de très bons musiciens »
– Oui, en effet
– Beaucoup d’entres lisent la musique?
Et Little Jimmy a répondu, sans sourire : « Oui, deux d’entres eux la lise, mais ça ne les empêche pas de ne pas les jouer (ce qu’ils lisent, ndlr) »

(rires)

Stephen King : Je connais une histoire au sujet de Chet Atkins. Il faisait un concert, et c’était un très bon guitariste mais qui a été désaccordé. Son instrument s’était déréglé, et lorsqu’il la raccordait, le public attendait une autre chanson, et il a dit : « Vous savez, en attendant que je découvre que je n’étais pas bon pour jouer, j’étais trop riche pour abandonner »

(rires)

Stephen King : Jim, on pourrait raconter beaucoup de blagues de musiciens, mais on devrait sans doute éviter.

James Lee Burke : Oui

Jordan : Et bien j’ai appris le violon classique, donc je connais beaucoup de blagues sur les musiciens, mais les miennes sont sur les altistes, les joueurs de violes.

Stephen King : Racontez en une

Jordan : Oh mon dieu, non. Je suis prise au dépourvue. J’y reviendrai dans une minute, je terminerai avec une blague sur les violons.

Donc, continuons, vous avez tous deux des enfants qui sont des auteurs professionnels. Ce qui n’est pas très courant. Pouvez-vous nous parler du role des livres dans votre famille? Vous avez bien entendu tous les deux une incroyable éthique de travail sur l’écriture, mais est-ce que vous vous attendiez à ce qu’ils deviennent auteur et écrivains? Et quand vous vous rassemblez, est-ce que vous parlez tous d’écriture, ou pas vraiment?

Stephen King : Vas-y Jim, je veux entendre ta réponse sur ce sujet

James Lee Burke : Et bien, tous nos enfants sont talentueux et notre plus jeune enfant, Alafair Burke, s’est créé une bonne carrière, et elle se l’est créée toute seule. Mais c’est un fait, et ça va résonner comme étant son père qui se la raconte, mais Alafair Burke pouvait lire à voix haute le roman « Cool hand Luke » (Luke la main froide) quand elle n’avait que 5 ans! Elle a écrit sa première nouvelle quand elle avait 7 ans. Son quotient intellectuel ne peut pas être mesuré. C’est un fait. L’homme qui a essayé de le mesurer m’a dit que seulement 2 personnes sur un million possède son niveau intellectuel, mais ce n’est pas mesurable. Et j’ai raconté cette histoire à d’autres personnes, à plusieurs reprises, je n’invente rien. Il y a un silence et ensuite une personne « Votre femme doit être tellement intelligente! »

(rires)

James Lee Burke : Les asiatiques sont si intelligents!
Je n’ai jamais essayé, je n’ai jamais eu a essayer de trouver l’humilité. L’humilité m’a toujours trouvé.

(Stephen King explose de rires)

James Lee Burke : Vous savez ce que Michael Connelly m’a fait à la Vouchercon de Las Vegas? Il y avait un énorme publique, et il allait m’introduire. Donc je lui ai demandé si il pouvait m’introduire « oui, ok », il prend le micro. La foule s’asseoit. Il y avait 2000 personnes. Et il dit « Ladies and gentlemen », c’est un grand honneur pour moi de vous introduire un homme qui a fait l’une des plus grandes faveurs que quiconque puisse faire pour notre genre d’écriture, les crimes et mystères, pour le Gala et tout ce que nous célébrons ici, aujourd’hui, et je vais vous présenter à le père de Alafair Burke: Jim Burke

Jusqu’à présent j’avais été un nom et maintenant j’étais devenu un adverbe. Michael, je vais te rendre la pareille, je vais nommer un méchant après toi. (rires)

Mais oui, Alafair est très talentueuse et elle travaille très dur.

 

(NB : Alafair Burke semble être publiée chez Albin Michel)

 

 

Alafair Burke

 

Jordan : En effet. Et vous, Steve? Vous êtes une famille d’écrivains.

Stephen King : Oui. Ma femme est romancière, poète et romancière, Généalogiste, elle est polyvalente, elle traite de pleins de sujets, elle fait plein de choses, tandis que je suis plutot resté cantonné aux romans. Nous avons trois enfants. Notre plus agée (Naomi, ndlr), est prêtre Universaliste, qui fait un nombre d’autres choses également, elle est très bonne avec le stylo, et les deux garçons sont devenus romanciers. Nous ne leur avons jamais dit, ni même suggéré qu’ils suivent la marque de famille, nous n’avons jamais été de ce genre. Je veux dire que je n’ai pas beaucoup de respect pour les parents qui disent que « tu dois être la prochaine génération de ceux qui doivent reprendre nos affaires ». Ca n’a jamais été nous. Nous avons toujours eu des livres à la maison, à l’époque il y avait beaucoup de livres que je ne pouvais pas obtenir en livres audios, donc je payais mes enfants un salaire d’esclave pour enregistrer des livres sur cassettes. (rires)

(Découvrez un essai d’Owen King dans lequel il aborde les lectures pour son père)

Ce qu’ils ont fait. Et puis ils ont commencé à écrire et bien entendu ils nous montraient ce qu’ils avaient écris, et nous leur disions « ça c’est bon, ça ce n’est pas très bon », mais nous n’avons jamais envisagé qu’aucun des garçons n’en ferai une carrière. Et c’est ce qui arrive avec le talent : talent hérité, du talent qui a été raffiné, et c’est un mystère pour moi. Vous savez, il y a une histoire que quelqu’un a raconté dans une de ces émissions, sur la musique Folk et sur Bob Dylan. Et ce type a dit « Vous savez, à l’époque, vers 66-67, il y avait beaucoup de musiciens à Greenwhich Village, il y avait beaucoup de musiciens de folks à Greenwhich, et Bob Dylan n’était que l’un d’entres eux qui essayait de monter sur scène, qui en avait l’ambition ou quelque chose. Et ensuite a fait un voyage en bus pour se rendre dans le Minnesota pour voir Woody Guthrie et quand il est revenu il était devenu Bob Dylan. Il a changé, comme s’il y avait eu un interrupteur. »

Et c’est ce qu’il s’est passé avec mes garçons. Ils sont passés de gens qui apprennent leur talent à des gens qui peuvent le faire. Et c’est merveilleux de voir cela, et j’en suis très fier. J’ai une plaque quelque part qui est une des choses dont je suis le plus fier. Owen et moi avons écris un livre intitulé « Sleeping Beauties« , qui a été sur la liste des best-sellers du New York Times. Et en même temps, mon fils Joe a sorti un livre de novellas intitulé « Strange Weather » qui était aussi sur la liste des best-sellers. J’étais sur la liste des best-sellers avec chacun de mes garçons et c’était un bon moment pour moi.

 

 

Jordan : Bien entendu !
J’ai une nouvelle de violoniste. Comment appelle t’on quelqu’un qui traine avec d’autres musiciens? Un altiste.

(rires)

Jordan : Je sais, je sais. Donc, au sujet de l’écriture et de l’amour de la lecture dans vos familles, qu’avez-vous lu récemment et adoré et qui sont les auteurs dont vous ne pouvez pas raté un seul livre? Jim, commençons avec vous.

James Lee Burke : J’essaie de réfléchir. Mon dieu. Je lis plutot pas mal de livres historiques… quel est le nom du livre sur la nation Comanche et l’Empire Comanche, qui a cette lune et cet été. C’est un des meilleurs livres sur l’ouest américain que j’ai jamais lu. Mais ce n’est pas uniquement une étude sur les amerindiens et les pionniers qui ont finis par récupérer leurs terres, mais ça traite de la descente dans une véritable folie à une grande échelle. Et je n’ai jamais lu un livre qui a montré cet aspect de l’histoire américaine, la vérocité des jeux des deux côtés. C’est un roman terrifiant, tellement terrifiant que je n’arrive pas à me rappeler son titre. Je crois que c’est le dernier que j’ai lu.

Jordan : Et vous Steve?

Stephen King : Je ne loupe aucun des Connolly. J’apprécie ses livres. Je les prends dès que je peux. J’aime John Sandford, c’est un de mes préférés. J’ai une étagère de ses livres. Il y a ce type qui s’appelle James Lee Burke qui écrit sur la Nouvelle Orleans, c’est un auteur dont je ne loupe aucun de ses livres.
J’aime lire.
Quand vous demandiez quel était le dernier livre que j’ai lu qui était vraiment génial, je dirai que j’ai finalement pu lire un roman du sud intitulé « Bastard out of Carolina » par Dorothy Allison. Et ce livre m’a épaté. Je n’ai pas pu m’arrêter de le lire. Il est fantastique. Et je me suis dis que ça allait être une lecture difficile parce que je sais qu’il comporte des abus d’enfants, et je savais que ça allait être difficile. Mais il était génial. Un livre génial, une voix géniale et il m’a emporté. C’est ce que je veux avec un livre, être transporté.

Jordan : Je voudrais dire que je suis un membre de la communauté de la fiction de crime depuis longtemps maintenant et il n’y a pas de plus grand honneur pour ces jeunes auteurs que lorsque vous lisez un de leurs livres et vous dites sur Twitter que vous l’avez lu et adoré. Tous les jours je remarque votre aide pour aider les jeunes auteurs à se développer. Et vous voir aussi encourageant est très apprécié. Surtout pour ces nouvelles voix.

Stephen King : Et bien merci

Jordan: Donc nous avons encore quelques questions rapides qui sont pour l’un d’entres vous, pas nécessairement pour chacun d’entres vous. Ces questions nous ont été soumises et je les ai jugé intéressantes.
Donc Jim : Bien que Dave est un personnage fascinant, Hack Holland l’est également. Est-ce que les deux personnages vont potentiellement se rencontrer?

James Lee Burke : Et bien, je présume qu’il y a une possibilité, mais je ne sais pas. Je ne planifie pas les livres donc je ne saurais dire. C’est une question très légitime, mais je pense que les mondes des deux hommes et de tous les Hollands et de Robicheaux, représentent deux cultures différentes. Clint Purcell le dit de cette manière : la Louisiane n’est pas un état, mais un morceau de Guatemala qui a flotté et est partie des Caraibes et s’est fusionné au Sud des Etats-Unis. La Louisiane est comme San Francisco. Quand on y est, on se rend compte qu’il n’y a pas d’autre endroit du genre.

Je suis désolé, cela ne répond pas vraiment à la question, mais je n’ai jamais pensé à mettre en relation ces histoires.

Jordan : D’accord. Steve, celle-ci est pour vous : Allez-vous écrire une histoire avec Molly, aka, the thing of Evil?

Stephen King : Non, ça ne serait pas très bon. Je ne pourrais pas le faire. Vous parliez tout a l’heure de ces nouveaux romanciers, des romanciers de thrillers, de tout nouveaux écrivains. Il y a un livre, un roman formidable qui s’appelle « Blacktop Wasteland« 

Jordan : Par S.A Cosby? Oui

Stephen King : Oui, par S.A Cosby, il est très bon. Je pense que les gens devraient lire « If It Bleeds » et « A Private Cathedral », mais après, ils seront prèts pour « Blacktop Wasteland ».

 

 

Blacktop Wasteland

 

 

Jordan : Je sais que Sean sera très heureux d’apprendre que vous avez évoqué son livre. C’est un ami et nous avons fait quelques événements avec lui récemment, et nous avons des planches signées pour « Blacktop Wasteland » si certains d’entres vous veulent le découvrir. Il est excellent.

Jordan : Voyons. Jim, celle-ci est à nouveau pour vous. Steve a écrit deux livres inspirateurs sur l’écriture. Avez-vous envisagé écrire un livre sur le sujet et métier de l’écriture?

James Lee Burke : Non, je ne l’ai jamais envisagé et c’est un compliment que quelqu’un me suggérerai de le faire, mais non. J’ai écris des essais, pour des journaux et magazines, mais je ne sais vraiment pas comment on écrit. Je ne l’ai jamais su. Je suis convaincu que si on peut formuler, ou si je pouvais formuler la manière dont j’écris, que cela m’échapperai et me quitterai. Je n’ai jamais vraiment ressenti de confidence dans ma gestion de ce don. Voici ce que j’ai appris : je l’ai appris assez tot dans mon métier, et Tennessee Williams a eu une énorme influence sur mon travail. Je pense toujours qu’on lui a volé un Prix Nobel. Il était tellement un bon dramaturge, mais je pense que le don est là et c’est quelque chose que si l’on touche comme une main sur une flamme. Et c’est ce que l’on fait avec, et je n’ai jamais envisagé cela d’une quelconque autre manière. J’ai toujours pensé que cela aurait du etre donné a quelqu’un d’autre. Et je n’ai jamais ressenti qu’il y avait quoi que ce soit de logique ou raisonnable à ce sujet, et je ne parle uniquement de l’écriture. J’aime ce que Steve a dit tout a l’heure, ce terme de « idiot savant »… c’est tout.

Ok, c’est la seule chose que je dirai à une autre personne qui veut apprendre à écrire : il faut apprendre à être un bon écouteur. (problème de son) Qu’importe où vous êtes, l’histoire est là. C’est comme cette musique pour les sphères, mais il faut l’écouter. Et c’est la seule manière dont j’ai jamais écris… et… mais je ne voulais pas parler et parler et parler…

Jordan : C’est génial, nous sommes ici pour vous écouter parler, c’est une réponse parfaite.
Donc nous avons une question pour Steve : y a t’il quoi que ce soit qui vous fait peur?

 

[picture - Stephen King scares you]

 

 

Stephen King : Oh oui, bien sur! Je ne ferai pas ce genre de choses si rien ne me faisait peur. Je n’ai pas peur du noir, mais j’essaie de m’assurer que mes pieds sont couverts parce que les couvertures sont magiques et que sinon quelque chose peut vous attraper de dessous le lit si vos pieds ne sont pas couverts. Il y a certains insectes…. j’ai juste une aversion absolue pour les araignées. Les serpents ça va. Pour moi, les araignées ne le sont pas pour une quelconque raison. Mais il y a des choses plus importantes. J’ai peur de l’état du monde, j’ai peur pour mes enfants, chaque fois qu’ils sont loins, et ils sont adultes maintenant. Donc je ne devrai plus avoir peur pour eux, mais je le suis toujours. Et j’ai peur pour mes petits-enfants.
J’ai peur que les choses pourraient mal tourner. Concernant ma vie, concernant celles de mes enfants, et dans la vie de mon pays.
Je suis très inquiet au sujet de mon pays. J’ai peur pour le futur d’une certaine manière. Mais si on me pose la question sur un niveau personnel, et il y a des choses qui sont apparues dans mes histoires ces dernières 10 ou 15 années, c’est… il y a une chose à laquelle je suis bon et c’est penser à l’écriture, à créer, à imaginer. J’ai peur de perdre ces choses. J’ai peur d’Alzheimer. J’ai peur de la démence, de la folie. Une chute lente (vers la démence). J’ai peur de vieillir. Et bien, je suis âgé. J’ai peur de devenir plus âgé, je présume. Parce que ce que je ne veux pas c’est d’arriver à un coin et entendre une conversation entre mes enfants ou ma femme ou quelqu’un, et les entendre se demander quand ils vont m’enlever les clés de voiture. J’ai abandonné la moto. Je ne fais plus cela maintenant. Mes réflexes ne sont plus assez bons. Donc j’ai ralenti. Je suppose que je suis inquiet d’une diminution de mon talent et de ma capacité à imaginer, à écrire, et ces choses. Ces choses m’inquiètent.
Je m’inquiète de tout. Parce que c’est ce que quiconque avec une imagination fait. On a peur que les chiens vont se faire écraser sur la route, que quelqu’un va tomber dans les escaliers, de fantomes et monstres sous les escaliers. Ne me demandez pas ce dont j’ai peur, parce que la réponse est TOUT

Jordan : Si « If It Bleeds » est un bon indicateur, je ne pense pas que vous ayez besoin de vous inquiéter pour un bon moment sur la diminution de ces choses.

A chaque fois que j’interviewe des auteurs, j’aime conclure avec deux questions du Questionnaire de Proust, qui a été rendu par Marcel Proust, à la fin des années 1880s, comme un moyen de mieux découvrir les gens. Je ne vais pas poser une des vraiment dures questions. En réalité, je vais me limiter à une question pour finir ce soir, avant de faire mes remerciements et les choses d’affaires à la fin.

La question sur laquelle j’aimerai finir est de savoir ce qui est votre idée du bonheur absolu?

James Lee Burke : Juste le sentiment de savoir que j’ai fais du mieux que j’ai pu. Et être conscient de tous les sacrifices de ma famille qui m’a supporté durant toutes ces 60 années. Ma femme et moi, elle est poète d’ailleurs, et une peintre, une artiste. Donc leur support durant toutes ces années parce que nous avons eu beaucoup d’années maigres. Nous nous sommes spécialisés dans les années maigres (financièrement, ndlr). Donc voila.

Jordan : Et pour vous Steve, votre idée du bonheur absolu?

Stephen King : Toute nuit durant laquelle je peux aller me coucher avec un esprit serein. J’en suis heureux.

Jordan : Parfait

Stephen King : C’est aussi bon que ça peut l’être. Véritablement.

Jordan : Oui, oui. Je pense qu’en ce moment c’est un peu plus compliqué que d’autres temps pour aller se coucher avec un esprit satisfait, ou un esprit calme. Je pense que c’est une plutot bonne idée d’un bonheur absolu.

Sur cette note, je pense qu’il est temps de mettre fin à notre discussion. Je pourrais rester ici et discuter avec ces gentlemen toute la nuit, et je suis sure que vous l’avez apprécié. J’aimerai remercier quelques personnes pour les questions qui nous ont été soumises. Nous avons eu des questions de Brad, Ariel, Jeremy (c’est moi \o/ ), Debbie, Fong, Robert, Mary Katherine, Tracy, Casey, Melanie et Club Stephen King (re-moi \o/ )

(Stephen King  semble avoir un air surpris en entendant « Club Stephen King » – ?? – )

Je souhaiterai aussi ajouter des remerciements spéciaux à Aaron Mitchel pour l’organisation de cette soirée et bien entendu merci à vous deux pour votre temps et énergie pour cette discussion avec moi ce soir.

Pour plus d’informations ou pour commander des livres, comme je vous le disais on peut vous obtenir n’importe quel livre de ces auteurs et nous avons des planches signées pour « A Private Cathedral », svp rendez-vous sur notre site : murderbooks.com et si vous avez apprécié la discussion de ce soir, s’il vous plait envisagez de nous offrir un café via notre tasse virtuelle pour les pourboires.

Encore une fois, c’est la journée indépendante des librairies indépendantes et si vous ne ne pouvez pas nous supporter, nous espérons que vous prendrez un moment pour envisager d’aider les libairies indépendantes près de chez vous.

Merci tout le monde et bonne soirée.

 

 

 

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Conversation Youtube entre Stephen King et John Grisham
une interview de Stephen King pour CNN dans laquelle il critique l’inaction et les mauvais exemples du gouvernement américain face au coronavirus
le discours de Joe Hill et de Stephen King, à l’occasion de la remise d’un Audie Award le récompensant pour l’ensemble de son oeuvre litéraire
la discussion publique entre Joe Hill et son père, un échange riche en humour et humilité
le podcast Post Mortem de Mick Garris avec Stephen King dans lequel ils dévoilent les secrets des téléfilms « Le Fléau » et « Shining, les couloirs de la peur »
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Un essai d’Owen King dans lequel il évoque les lectures pour Stephen King, son père, et l’impact que cela a eu sur sa vie
« Quand Stephen King est ton père, le monde est rempli de monstres », un essai de Joe Hill

 

 

 

 





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