La Tour Sombre : l’univers selon Stephen King
Sommaire du dossier dédié à « La Tour Sombre » :
– Les livres officiels de « La Tour Sombre »
– « La Tour Sombre », la saga majeure de Stephen King
– Découvrir La Tour Sombre :
o Qu’est-ce que « La Tour Sombre »? Genèse
o L’histoire de « La Tour Sombre »
o L’importance et la complexité de “La Tour Sombre”
– Les adaptations de La Tour Sombre en films et série
– Dossiers divers
– Infographies
– Les arguments, écrits par Stephen King, de la saga
LES LIVRES OFFICIELS DE LA TOUR SOMBRE :
La Tour Sombre 1 : Le Pistolero
La Tour Sombre 2 : Les Trois Cartes
La Tour Sombre 3 : Terres Perdues
La Tour Sombre 4 : Magie et Cristal
La Tour Sombre 4.5 : La Clé des Vents
La Tour Sombre 5 : Les Loups de la Calla
La Tour Sombre 6 : Le Chant de Susannah
La Tour Sombre 7 : La Tour Sombre
Les plus importantes histoires liées à La Tour Sombre :
– Les petites soeurs d’Elurie (nouvelle, préquelle) : voir notre page bibliographie
– Coeurs Perdus en Atlantide
– Territoires (Le talisman des territoires 2)
– Insomnie
– Salem
– (Gwendy’s Final Task)
« La Tour Sombre », la saga majeure de Stephen King
L’oeuvre littéraire de Stephen King est riche. Très riche. Et diversifiée. Tant au niveau des intrigues, qu’en personnages, qu’en genre. Et si il y a bien une oeuvre qui gouverne et qui se retrouve dans une grande partie des histoires de Stephen King c’est bien elle : La Tour Sombre.
Stephen King qualifie d’ailleurs cette saga comme la « Jupiter du système solaire de mon imagination ».
Non pas le Soleil, qui laisserai à penser que ses histoires gravitent autour de La Tour Sombre. Mais la planète Jupiter.
L’écrivain s’exprime d’ailleurs sur cette métaphore dans le quatrième volume de La Tour Sombre :
« Une planète auprès de laquelle toutes les autres sont naines, un monde à l’atmosphère étrange, à la géographie démente et où les lois de la gravitation sont aberrantes. Une planète qui rend toutes les autres naines en comparaison (…) Je crois en fait que cela va un peu plus loin que ça. Je commence à comprendre que le monde (ou les mondes, plutôt) de Roland contient (ou contiennent) l’ensemble de ceux que j’ai créés »
Qu’est-ce que « La Tour Sombre »? La genèse de la saga
Cette saga, correspond à plus de 4000 pages, écrites sur plus de 40 ans.
Car c’est durant son adolescence, et après avoir découvert le poème « Childe Roland to the Dark Tower Came » (Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire) de Robert Browning, mais également un western, et plus spécifiquement « Le bon, la brute et le truand », avec l’acteur depuis iconique Clint Eastwood, que Stephen King va trouver une étincelle. Celle qui va enfin lui permettre de se lancer dans une grande saga fleuve, ce qu’il voulait faire depuis longtemps, après avoir découvert les livres « Le Seigneur des Anneaux » de Tolkien.
Son premier galop d’essai au genre du western est méconnu en France. Et par les fans de Stephen King en réalité.
Il s’agit d’une nouvelle intitulée « Slade » et publiée en chapitres dans le journal du campus de l’université, en 1970. On y trouve la première approche de Stephen King pour son personnage de Roland.
Cette nouvelle est un feuilleton à épisodes d’environ 6500 mots et une parodie de western. Elle met en scène un certain Jack Slade, un pistolero au visage grimaçant, accompagné de ses deux sinistres calibres 45. Comme ce sera le cas avec Roland, Jack Slade porte le deuil de son amour perdu. Et il part à l’aide d’une demoiselle en détresse, menacée par hors-la-loi.
Cette nouvelle est peu connue des fans, car elle n’a été publiée que dans le journal du lycée et n’a jamais été réimprimée depuis. D’ailleurs, selon le livre « Stephen King de A à Z » (par George Beahm), Stephen King considère qu’il s’agit d’une oeuvre de jeunesse montrant de nombreuses maladresses.. ne méritant pas d’être rééditée. Avec son avocat, l’auteur a bloqué à plusieurs reprises des réimpressions de cette histoire.
La décennie suivante, Stephen King écrit « Le Pistolero », le premier livre de la saga de « La Tour Sombre« .
Celle-ci est publiée en 1978-1979 en chapitres dans le « Magazine of Fantasy & Science Fiction » (qui a traversé l’Atlantique et est devenu le magazine « Fiction » en France), avant que l’éditeur Donald M. Grant publie l’intégralité du récit, en un seul livre. Et imprimé à seulement 10 000 exemplaires.
D’ailleurs, de nombreux fans découvrent dans les livres suivants ce titre dans la liste des livres de l’auteur, et se plaignent de n’en avoir jamais entendu parler. Ce qui donne donc un regain d’intérêt et incite Stephen King, et l’éditeur à imprimer d’autres exemplaires. Et d’écrire la suite de l’histoire.
Stephen King écrit donc la continuation des aventures du pistolero Roland entre deux récits. Et les livres suivants sont publiés assez régulièrement, au rythme d’environ 1 livre tous les cinq ans. Le tome 2 étant publié en 1987, puis le troisième en 1991, et le quatrième en 1997.
Puis la vie de Stephen King est chamboulée en 1999 par un accident.
Durant une promenade sur les routes du Maine, il percuté par un minivan qui l’envoie sur le bas coté et manque de le tuer.
Il ne se posait pas réellement la question auparavant, mais, étant allité pendant plusieurs mois, et resuccombant à ses démons des addictions (à l’alcool et aux drogues durant les années 80s, cette fois aux anti-douleurs), il se fait la réflection qu’il pourrait très bien mourir avant d’avoir écrit la fin de la saga. Il se décide alors à la terminer dès qu’il sera pleinement remis de ses blessures.
Stephen King écrit d’ailleurs des grandes lignes de son histoire et instruction pour que son fils Joe Hill puisse la reprendre et la terminer, si il n’était pas lui-même en mesure de le faire.
Mais cet accident ne lui a pas uniquement donné la motivation d’apporter une conclusion à sa « Jupiter de mon système solaire ». Il lui donne également de l’inspiration sur les éléments à intégrer et de la matière. Puisqu’il va intégrer cet accident dans son récit.
Stephen King en profite alors pour repasser sur les quatres livres alors publiés. Parce qu’ils ont été écrits à différentes périodes de sa vie, qu’il a besoin de les harmoniser. De les rendre plus fluides et facile à lire. Et il intègre alors dans sa révision le nombre « 19. »
Pourquoi? Parce que son accident est arrivé le 19 juin 1999.
Il écrit alors les derniers romans et les publient respectivement en 2004 pour le cinquième tome, et en 2005 pour les deux derniers volumes, les tomes 6 et 7.
Quelques années plus tard, il écrira un autre récit, « La Clé des Vents », qui paraitra en 2012. Mais il s’agit là d’une histoire dans une histoire, et ce livre se positionne donc entre les tomes 4 et 5. Sans dénaturer son histoire initiale.
En 2020, Stephen King a remporté un procès dans lequel il était accusé de plaggiat pour le personnage de Roland.
L’accusateur réclamait 350 millions de dollars (qui correspondrait à une partie conséquente de la fortune de Stephen King, estimée aux alentours de 400-450 millions de dollars).
En rétaliation, Stephen King a réclamé 1.2 millions de dollars à son accusateur.
L’histoire de « La Tour Sombre »
L’histoire de « La Tour Sombre » pourrait tout sobrement se résumer à son incipit, sa phrase d’ouverture : « L’homme en noir fuyait à travers le désert, et le pistolero le suivait ».
Le Pistolero en question est Roland de Gilead, le dernier pistolero d’un monde qui a changé.
Depuis plusieurs années, voire décennies, il est sur les traces d’un homme en noir. Une sorte de magicien… mais son ultime objectif, celui de la quête dans laquelle il s’est lancé il y a fort longtemps, est de rejoindre La Tour Sombre.
Celle-ci se trouve au centre de tous les univers. Elle est soutenue par 6 rayons traversant tous les univers, mais elle est mise à mal par une créature, le Roi Cramoisi, qui veut la faire tomber et plonger les univers dans le chaos. Il a déjà réussi à casser plusieurs rayons et il continue à s’attaquer à ceux qui restent.
Au fil du récit, Roland ne sera plus seul dans sa quête de La Tour Sombre. Il sera rejoint par Jake, Eddie, Susannah et Ote, et forment, ensembles, les membres de son ka-tet.
Saga complexe, le récit de « La Tour Sombre » multiplie, au travers de ses 4000 pages, les temporalités, les univers et les genres, passant du western à la science fiction sans oublier l’horreur… et est donc bien moins édulcoré, propore et simple que le film « La Tour Sombre » sorti en 2017 au cinéma, qui dure 1h35… et qui a fait flop au box office.
Les 8 livres de « La Tour Sombre », accompagnés des 2 tomes de « Concordance »
L’importance et la complexité de « La Tour Sombre »
« La Tour Sombre » est constituée de 7 romans initiaux, auxquel est venu se greffer ce huitième livre s’inscrivant entre les tomes 4 et 5.
Cette saga est également ponctuée d’une nouvelle, « Les petites soeurs d’Elurie », publiée dans le recueil « Tout est Fatal ».
En complément à ces livres, il y a également une série de BDs LA TOUR SOMBRE publiée par Marvel et écrite par Robin Furth, l’assistante de Stephen King qui avait aidé Stephen King à réaliser une cartographie des personnages de « La Tour Sombre » alors qu’il voulait écrire les derniers tomes. Ceci afin de rester cohérent et d’éviter des erreurs.
Une cartographie qui fut par la suite publiée, sous la forme d’une encyclopédie portant le titre de : « La tour sombre – concordance »… ayant bénéficié d’une introduction de Stephen King.
La Tour Sombre : Concordance
L’encyclopédie « La Tour Sombre – Concordance », a été publié, en France, sous la forme de 2 livres : Concordance 1 et 2.
Chacun de ces deux livres sont dorénavant très rares et, n’étant plus édités, ils ne sont donc disponible qu’en occasion.
> Pour tout savoir sur les livres « La Tour Sombre concordance 1 et 2 »
S’ajoutent également à cela une expérience intéractive sur le site de Stephen King, intitulée « Discordia« .
Enfin, et surtout, LA TOUR SOMBRE est la pièce maitresse et le chef d’oeuvre de Stephen King… qui possède des ramifications dans l’ensemble de son oeuvre.
Ainsi, LA TOUR SOMBRE est présente, à différente échelle, dans différentes nouvelles (viennent à l’esprit : UR, mais également bien d’autres), et dans de nombreux romans. Les liens les plus évidents et importants se trouvant dans TERRITOIRES (la suite du TALISMAN DES TERRITOIRES), ainsi que INSOMNIE, ou encore COEURS PERDUS EN ATLANTIDE.
(Vous pouvez cliquer pour l’agrandir)
> Découvrez une infographie représentant la complexité de la structure de « La Tour Sombre »
Les adaptations de La Tour Sombre en films et série
Pendant plusieurs années, JJ Abrams et Damon Lindelof (grands fans de Stephen King, au point de multiplier des références à l’auteur dans leur série « Lost) ont envisagées une adaptation après avoir pu acquérir les droits d’adaptations pour la somme symbolique de $19. Mais le projet a depuis été abandonné. Découvrez les raisons pour lesquelles ils ont abandonné leur projet d’adaptation.
Le film « La Tour Sombre », sorti en 2017 et ayant fait un flop au box office, n’est pas à proprement parler une adaptation de la saga de Stephen King (d’une certaine manière si, donc il s’agit d’un nouveau tour de Ka), mais plutot une histoire indépendante piochant des éléments dans plusieurs des livres. Personnellement, nous avons l’habitude de décrire ce film comme une exploration de la saga « La Tour Sombre »).
Par contre, une série « La Tour Sombre » était prévue pour 2020 par Amazon Studios , puisant directement dans l’intrigue du quatrième roman, sur le passé de Roland.
Découvrez des photos du tournage de la série.
Malheureusement, ou peut-être heureusement, les décisionnaires d’Amazon Studios ont décidé d’abandonner le projet de série après avoir vu l’épisode pilote qui avait été tourné.
Pour tout ce qui touche à la saga de LA TOUR SOMBRE, nous vous recommandons fortement de visiter le site LATOURSOMBRE.fr :
L’étude suivante fut initiée par Lou Van Hille, mais abandonnée et n’est donc pas complète.
Pour une étude plus exhaustive et à jour, nous ne pouvons que vous recommander le site LaTourSombre.fr
LES LIVRES OFFICIELS DE LA TOUR SOMBRE :
La Tour Sombre 1 : Le Pistolero
La Tour Sombre 2 : Les Trois Cartes
La Tour Sombre 3 : Terres Perdues
La Tour Sombre 4 : Magie et Cristal
La Tour Sombre 4.5 : La Clé des Vents
La Tour Sombre 5 : Les Loups de la Calla
La Tour Sombre 6 : Le Chant de Susannah
La Tour Sombre 7 : La Tour Sombre
Les plus importantes histoires liées à La Tour Sombre :
– Les petites soeurs d’Elurie (nouvelle, préquelle) : voir notre page bibliographie
– Coeurs Perdus en Atlantide
– Territoires (Le talisman des territoires 2)
– Insomnie
– Salem
– (Gwendy’s Final Task)
Les adaptations de « La Tour Sombre »:
– les BDs « La Tour Sombre »
– le film « La Tour Sombre
– la série « La Tour Sombre »
Les illustrations officielles de « La Tour Sombre »
Infographie sur « La Tour Sombre »
Les ARGUMENTS écrits par Stephen King au début des premiers livres de la saga, faisant un récapitulatif des tomes :
LA TOUR SOMBRE 2 – LES TROIS CARTES
Les Trois Cartes est le deuxième tome d’un long récit, La Tour Sombre, qui puise ses racines dans un poème narratif de Robert Browning intitulé « Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire » (lui-même inspiré du Roi Lear). Le premier volume, Le Pistolero, raconte comment Roland, le dernier pistolero d’un monde qui a « changé », finit par rattraper l’homme en noir… un sorcier qu’il a poursuivi pendant très longtemps – combien de temps, nous ne le savons pas encore. Nous découvrirons par la suite que l’homme en noir est un certain Walter qui se prétendait l’ami du père de Roland, en ces jours où le monde n’avait pas encore changé. Ce qui pousse Roland dans sa quête, ce n’est pas cette créature à demi humaine mais la Tour Sombre. L’homme en noir – et surtout ce qu’il sait – représente la première étape sur la route du Pistolero jusqu’à ce lieu de mystère. Mais qui est Roland ? À quoi ressemblait son monde avant de « changer » ? Qu’est donc cette Tour et pourquoi est-il à sa recherche ? Nous n’avons que des fragments de réponses. Roland est un pistolero, une sorte de chevalier chargé d’assurer la pérennité de ce monde « d’amour et de lumière » dont il se souvient. Nous savons que Roland, très tôt, a dû prouver qu’il était un homme, après avoir découvert que sa mère était devenue la maîtresse de Marten, un sorcier infiniment plus puissant que Walter (lequel, à l’insu du père de Roland, est en réalité l’allié de Marten) ; nous savons que Marten avait prévu la découverte de Roland, qu’il s’attendait à ce que ce dernier échoue et soit « envoyé à l’Ouest » ; enfin, nous savons que Roland est sorti vainqueur de cette épreuve. Que savons-nous d’autre ? Que le monde du Pistolero n’est pas radicalement différent du nôtre. Des éléments tels qu’une pompe à essence, des chansons (« Hey Jude », par exemple) ou5 des comptines (« Fayots, fayots, fruits musicaux »…) ont survécu. Tout comme des coutumes et des rituels qui évoquent étrangement l’épopée de la conquête de l’Ouest. D’une certaine manière, un cordon ombilical relie notre monde à celui du Pistolero. Dans un relais sur la route déserte empruntée par les diligences, au cœur du désert nu et stérile, Roland rencontre Jake, un jeune garçon qui est mort dans notre monde à nous. Un garçon qui fut en réalité poussé sous les roues d’une voiture par l’homme en noir, roi de l’ubiquité (et de l’iniquité). La dernière chose que Jake – qui se rendait à l’école, son cartable dans une main et son casse-croûte dans l’autre – se rappelle de son monde, notre monde – ce sont les roues d’une Cadillac qui fonce sur lui… et le tue. Avant d’atteindre l’homme en noir, Jake meurt à nouveau… cette fois parce que le Pistolero, confronté à l’un des choix les plus douloureux de son existence, décide de sacrifier ce fils symbolique. Entre la Tour et l’enfant – la damnation et le salut ? –, Roland opte pour la Tour. « Allez-vous-en, lui dit Jake avant de plonger dans l’abîme. Il existe d’autres mondes que ceux-ci. » La confrontation finale entre Roland et Walter survient dans un golgotha poussiéreux rempli de squelettes. L’homme en noir lit l’avenir de Roland dans un jeu de tarots. Ces cartes – qui montrent les personnages du Prisonnier, de la Dame d’Ombres et une figure ténébreuse qui n’est autre que la Mort (« Mais pas pour toi, pistolero », lui dit l’homme en noir) sont des oracles qui deviennent le fil conducteur de ce volume… et, pour Roland, la deuxième étape sur la route longue et ardue qui mène à la Tour Sombre. Le Pistolero s’achève quand Roland, assis sur la plage bordant la Mer Occidentale, regarde le soleil se coucher. L’homme en noir est mort, l’avenir du Pistolero lui-même demeure obscur. Les Trois Cartes commence sur cette même plage, moins de sept heures plus tard.
LA TOUR SOMBRE 3 – TERRES PERDUES
Terres Perdues est le troisième tome d’un long récit, La Tour Sombre, qui puise ses racines dans un poème narratif de Robert Browning intitulé « Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire ». Le premier volume, Le Pistolero, raconte comment Roland, le dernier pistolero d’un monde qui a « changé », finit par rattraper l’homme en noir, un sorcier nommé Walter qui s’était prétendu l’ami du père de Roland en ces jours où l’Entre-DeuxMondes jouissait encore de son unité. Le but ultime de Roland n’est pas de capturer cette créature à demi humaine, qui n’est qu’une étape sur la route menant à la puissante et mystérieuse Tour Sombre dressée au centre névralgique du temps. Mais qui est Roland ? À quoi ressemblait son monde avant de changer ? Qu’est donc la Tour et pourquoi est-il à sa recherche ? Nous n’avons que des fragments de réponses. Roland est de toute évidence une sorte de chevalier, un homme chargé d’assurer la pérennité (et peut-être la rédemption) de ce monde « d’amour et de lumière » dont il se souvient. Quant à savoir dans quelle mesure les souvenirs de Roland reflètent la réalité, cela est une autre histoire. Nous savons que Roland, très tôt, dut prouver qu’il était un homme, après qu’il eut découvert que sa mère était devenue la maîtresse de Marten, un sorcier infiniment plus puissant que Walter ; nous savons que Marten a orchestré la découverte par Roland de l’infidélité de sa mère, qu’il s’attend qu’il échoue et soit « envoyé à l’Ouest », dans les Terres Perdues ; enfin, nous savons que Roland déjoua les plans de Marten en triomphant de son épreuve. Nous savons aussi que le monde du Pistolero est lié au nôtre d’une façon étrange mais fondamentale, et qu’il est parfois possible de passer d’un monde à l’autre.
Dans un relais sur la route jadis empruntée par les diligences au cœur du désert, Roland rencontre Jake, un jeune garçon qui est mort dans notre monde, poussé sous les roues d’une voiture dans une rue de Manhattan. Jake Chambers est mort sous les yeux de l’homme en noir – Walter – avant de se réveiller dans le monde de Roland. Avant d’atteindre l’homme en noir, Jake meurt de nouveau… cette fois-ci parce que le Pistolero, confronté à l’un des choix les plus douloureux de son existence – le second –, décide de sacrifier ce fils symbolique. Entre la Tour et l’enfant, Roland opte pour la Tour. Avant de plonger dans l’abîme, Jake lui lance ces dernières paroles : « Allez-vous-en. Il existe d’autres mondes que ceux-ci ». La confrontation finale entre Roland et Walter survient dans un golgotha poussiéreux rempli de squelettes en décomposition. L’homme en noir lit l’avenir de Roland dans un jeu de tarots. Roland accorde une attention particulière à trois cartes très étranges – le Prisonnier, la Dame d’Ombres et la Mort (« Mais pas pour toi, pistolero »). Le deuxième tome, Les Trois Cartes, débute sur les rives de la Mer Occidentale peu de temps après la fin de la confrontation entre Roland et Walter. Épuisé, le Pistolero se réveille en plein milieu de la nuit pour découvrir que la marée montante a amené sur la plage une horde de créatures grouillantes et carnassières – les « homarstruosités ». Avant de pouvoir échapper aux pinces de ces créatures pourtant peu vives, Roland est grièvement blessé et perd l’index et le médius de sa main droite. Il est également empoisonné par le venin des homarstruosités, et lorsque le Pistolero reprend sa route, longeant la Mer Occidentale en direction du nord, son état de santé s’affaiblit… peut-être est-il mourant. Il découvre alors trois portes dressées sur la plage. Chacune d’elles s’ouvre – mais uniquement pour lui – sur notre monde ; sur la ville où vivait Jake, en fait. Roland visite New York à trois époques différentes de notre continuum temporel, à la fois dans le but de sauver sa vie et dans celui de tirer les trois qui doivent l’accompagner dans sa quête de la Tour.
Eddie Dean est le Prisonnier, un héroïnomane vivant durant la fin des années 1980. Roland franchit une porte sur la plage et pénètre dans l’esprit d’Eddie Dean alors que celui-ci, qui transporte de la cocaïne pour le compte d’un nommé Enrico Balazar, atterrit à l’aéroport Kennedy. À l’issue d’une série d’aventures mouvementées, Roland réussit à obtenir une petite quantité de pénicilline et à ramener Eddie Dean dans son monde. Eddie, découvrant qu’il a été conduit de force dans un monde sans came (et sans poulets à emporter, d’ailleurs), ne se montre guère enchanté. La deuxième porte conduit Roland à la Dame d’Ombres – en fait deux femmes occupant le même corps. Cette fois-ci, Roland se retrouve dans le New York des années 1960, face à une jeune activiste noire clouée dans un fauteuil roulant et répondant au nom d’Odetta Holmes. Dans son esprit se cache celui, empli de haine et de ruse, de Detta Walker. Lorsque cette femme à la double personnalité est tirée dans le monde de Roland, les résultats s’avèrent fort mouvementés pour Eddie et pour le Pistolero de plus en plus malade. Odetta est persuadée que ce qui lui arrive relève du rêve ou de l’illusion ; Detta, dont l’intellect est beaucoup plus direct et brutal, décide tout simplement de faire tout son possible pour tuer Roland et Eddie, en qui elle voit des diables blancs qui la torturent. Jack Mort, un tueur qui se cache derrière la troisième porte (le New York du milieu des années 1970), mérite bien son nom. Bien que ni l’une ni l’autre n’en ait conscience, Mort a causé à deux reprises d’importants changements dans la vie d’Odetta Holmes/Detta Walker. Mort, dont le mode opératoire consiste à pousser ses victimes ou à lancer sur elles un objet lourd depuis un point élevé, a réservé ces deux traitements à Odetta au cours de sa folle (mais si prudente) carrière. Alors qu’Odetta était encore une enfant, il lui a jeté une brique sur la tête, la plongeant dans un coma profond et donnant naissance à Detta Walker, la sœur cachée d’Odetta. Plusieurs années après, en 1959, Mort rencontre de nouveau Odetta et la pousse sous une rame de métro à Greenwich Village. Odetta survit à l’attaque de Mort, mais en paie le prix : la rame lui a sectionné les deux jambes à la hauteur des genoux. Seule la présence d’un jeune interne héroïque (et peut-être l’esprit malsain mais indomptable de Detta Walker) lui sauve la vie… du moins apparemment. Aux yeux de Roland, ces connexions suggèrent l’intervention d’une puissance dépassant la simple coïncidence ; il est persuadé que les forces titanesques qui entourent la Tour Sombre ont recommencé de se rassembler. Roland apprend que Mort se trouve peut-être également au cœur d’un autre mystère, un mystère qui est aussi un paradoxe dangereux pour l’intégrité de son esprit. Car la proie que traque Mort au moment où le Pistolero entre dans sa vie n’est autre que Jake, le jeune garçon que Roland avait rencontré au relais et perdu sous les montagnes. Roland n’avait aucune raison de douter du récit que Jake lui avait fait de sa mort, ni de l’identité de son assassin – c’était Walter, bien sûr. Jake l’avait aperçu, déguisé en prêtre, alors que la foule se rassemblait autour de lui, et Roland n’avait jamais mis en doute la description qu’il lui en avait faite. Pas plus qu’il ne la met en doute à présent ; Walter était là, et bien là. Mais si c’était Jack Mort et non Walter qui avait poussé Jake sous les roues de la Cadillac ? Une telle chose est-elle possible ? Roland ne saurait exactement le dire, mais, si tel est le cas, où est Jake à présent ? Mort ? Vivant ? Prisonnier des limbes du temps ? Et si Jake Chambers est toujours bien vivant dans le Manhattan du milieu des années 1970, comment se faitil que Roland se souvienne encore de lui ? En dépit de la tournure déconcertante et peut-être dangereuse que prennent les événements, l’épreuve des portes – le tirage des trois cartes – se conclut par un succès. Eddie Dean, désormais amoureux de la Dame d’Ombres, accepte de demeurer dans le monde de Roland. Detta Walker et Odetta Holmes, les deux autres cartes de Roland, fusionnent pour former une troisième personnalité lorsque le Pistolero parvient finalement à les contraindre à reconnaître leurs existences mutuelles. Cet hybride est capable d’accepter l’amour que lui porte Eddie et de l’aimer en retour. Odetta Susannah Holmes et Detta Susannah Walker deviennent ainsi une troisième femme : Susannah Dean.
Jack Mort périt sous les roues du même métro – ce fabuleux métro de la ligne A – qui avait sectionné les jambes d’Odetta quinze ou seize ans auparavant. Ce n’est pas une grande perte. Et, pour la première fois depuis un nombre incalculable d’années, Roland de Gilead n’est plus seul dans sa quête de la Tour Sombre. Cuthbert et Alain, ses compagnons des temps enfuis, ont été remplacés par Eddie et Susannah… mais le Pistolero a tendance à se révéler une amère médecine pour ses amis. Très amère. Terres Perdues reprend l’histoire de ces trois pèlerins de l’Entre-Deux-Mondes quelques mois après l’ultime confrontation près de la deuxième porte. Ils ont parcouru un assez long chemin vers l’intérieur des terres. Leur période de repos a pris fin, laissant la place à une période d’instruction. Susannah apprend à tirer… Eddie apprend à tailler le bois… et le Pistolero apprend ce que signifie perdre l’esprit par petits morceaux. (Note : Les lecteurs connaissant bien New York constateront que j’ai pris certaines libertés avec la géographie de cette ville. J’espère qu’ils m’en excuseront.)
LA TOUR SOMBRE 4 – MAGIE ET CRISTAL
Magie et Cristal est le quatrième volet d’une saga inspirée du poème narratif de Robert Browning, « Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire ». Le premier volume, Le Pistolero, raconte comment Roland de Gilead poursuit et finit par rattraper Walter, l’homme en noir, qui avait feint d’être l’ami de son père, tout en étant au service de Marten, le grand sorcier. Rattraper Walter n’est pas le but ultime de la quête de Roland, mais seulement un moyen d’arriver à ses fins : atteindre la Tour Sombre, où il est encore possible, espère-t-il, de stopper la destruction accélérée de l’Entre-Deux-Mondes et peut-être même de l’inverser. Roland est une sorte de preux chevalier, le dernier de sa lignée, dont la Tour, qui l’obsède, est l’unique raison de vivre quand nous le rencontrons pour la première fois. Nous apprenons que Marten – séducteur par ailleurs de la mère du Pistolero – l’a induit à subir une épreuve de virilité initiatique malgré son jeune âge. Marten espère que Roland, échouant dans cette épreuve, sera « envoyé à l’Ouest » et à jamais privé des revolvers de son père. Roland, cependant, déjoue totalement les plans de Marten et surmonte l’épreuve… grâce, en grande partie, au choix judicieux de son arme. Nous découvrons aussi que le monde du Pistolero est relié au nôtre d’une façon terrible et fondamentale. Ce lien nous est révélé une première fois lors de la rencontre de Roland avec Jake, petit garçon issu du New York de 1977, dans un relais de diligences, en plein désert. Il existe des portes entre le monde de Roland et le nôtre ; l’une d’elles est la mort et c’est par ce biais que Jake a atteint une première fois l’Entre-Deux-Mondes, poussé sous une voiture qui l’écrase dans la 43e Rue. Le responsable est un dénommé Jack Mort… sauf que celui qui se tapit dans sa tête et guide en cette occasion ses mains5 meurtrières n’est autre que Walter, l’ennemi de toujours de Roland. Avant que Jake et Roland ne rattrapent Walter, Jake meurt à nouveau… par la faute cette fois du Pistolero ; soumis à un choix cornélien entre ce fils symbolique et la Tour Sombre, il opte pour la Tour. Les derniers mots de Jake, avant de plonger dans l’abîme sont : « Allez-vous-en. Il existe d’autres mondes que ceux-ci. » L’affrontement final entre Roland et Walter se déroule au bord de la mer Occidentale. Au cours d’une longue nuit de palabre, l’homme en noir lit l’avenir de Roland à l’aide d’un étrange jeu de tarots. Trois cartes – le Prisonnier, la Dame d’Ombres et la Mort (« Mais pas pour toi, pistolero ») – se signalent particulièrement à l’attention de Roland. Le deuxième volume, Les Trois Cartes, commence sur le rivage de la Mer Occidentale, où Roland se réveille après sa confrontation avec son vieil adversaire. Il découvre que Walter est mort depuis longtemps, n’étant plus qu’un tas d’ossements parmi d’autres dans ce lieu de décomposition. Le Pistolero à bout de forces est attaqué par une horde d’« homarstruosités » et, avant de pouvoir leur échapper, il est gravement blessé : il perd ainsi deux doigts de la main droite. Les morsures des homarstruosités l’ont aussi empoisonné, mais Roland reprend son périple vers le nord, longeant la Mer Occidentale, très affaibli, mourant peut-être… En cours de route, il découvre trois portes dressées sur la plage. Elles ouvrent sur le New York de notre monde, mais à trois époques différentes. De celui de 1987, Roland tire Eddie Dean, un « prisonnier de l’héroïne ». De celui de 1964, il tire Odetta Susannah Holmes, une femme qui a perdu les deux jambes dans un accident de métro… qui n’en était pas un. Elle est une « dame d’ombres », en effet : derrière la jeune activiste noire connue de tous se dissimule une seconde personnalité des plus perverses. Cette femme cachée, la haineuse et rusée Detta Walker, n’a plus qu’une idée en tête : tuer Roland et Eddie, quand le Pistolero la tire dans l’Entre-Deux-Mondes. Entre ces deux pôles temporels, Roland revient en 1977 et pénètre dans l’esprit diabolique de Jack Mort, qui a blessé à6 deux reprises Odetta/Detta. « La Mort, mais pas pour toi, pistolero », avait dit l’homme en noir à Roland. Mais Mort n’est pas la troisième carte annoncée par Walter. Roland empêche Mort d’assassiner Jake Chambers et, peu après, Mort périt sous les roues du même métro qui avait sectionné les jambes d’Odetta en 1959. Roland échoue donc à tirer le psychotique dans l’Entre-Deux-Mondes… mais, songe-t-il, qui pourrait y souhaiter la présence d’un être pareil ? Il y a, cependant, un prix à payer quand on va à l’encontre d’un avenir annoncé ; mais n’est-ce pas toujours le cas ? Tel est le ka, espèce d’asticot, aurait dit Cort, l’ancien instructeur de Roland, telle est la grande roue qui tourne sans fin. Ne te trouve pas sur son chemin quand elle avance, si tu ne veux pas qu’elle t’écrase et mette fin au calvaire de ta stupide cervelle et de ton inutile fardeau de tripes et d’eau. Roland pense avoir réuni les trois cartes avec seulement Eddie et Odetta, puisque Odetta a une double personnalité ; pourtant, quand Odetta et Detta fusionnent pour devenir Susannah (grâce, pour une bonne part, à l’amour et au courage d’Eddie Dean), le Pistolero comprend qu’il se trompe. Il découvre aussi autre chose : que le souvenir de Jake, l’enfant qui, en mourant, lui a parlé d’autres mondes, n’a cessé de le tourmenter. Une moitié de l’esprit du Pistolero croit en fait que cet enfant n’a jamais existé. En empêchant Jack Mort de pousser Jake sous les roues de la voiture destinée à l’écraser, Roland a créé un paradoxe temporel qui le déchire. Et, dans notre monde, c’est Jake Chambers qu’il déchire. Terres Perdues, troisième volume de la série, s’ouvre sur ce paradoxe. Après avoir abattu un ours gigantesque du nom de Mir (comme l’appelait le Vieux Peuple qui le craignait) ou de Shardik (nom donné par les Grands Anciens qui l’ont construit… car l’ours se révèle être un robot), Roland, Eddie et Susannah, suivant à rebours la piste du monstre, tombent sur le Sentier du Rayon. Il existe six rayons, qui relient entre eux les douze portails marquant les confins de l’Entre-Deux-Mondes. C’est à leur point d’intersection – au centre du monde de Roland, qui est peut-être aussi le centre de tous les mondes –7 que le Pistolero est persuadé que lui et ses amis trouveront enfin la Tour Sombre. À présent, Eddie et Susannah ne sont plus prisonniers du monde de Roland. Amoureux l’un de l’autre et en passe de devenir eux-mêmes des pistoleros, ils participent activement à la quête et suivent Roland de leur plein gré le long du Sentier du Rayon. Dans un anneau de parole, non loin du Portail de l’Ours, le temps est rectifié et le paradoxe résolu ; la troisième carte, la vraie cette fois, est enfin tirée. Jake pénètre à nouveau dans l’Entre-Deux-Mondes à l’issue d’un rite périlleux où tous quatre – Jake, Eddie, Susannah et Roland – se souviennent du visage de leurs pères et s’acquittent honorablement de leur tâche. Peu de temps après, le quatuor devient un quintette, quand Jake se lie d’amitié avec un bafou-bafouilleux. Les bafouilleux – hybrides de la marmotte, du raton laveur et du teckel – ont une capacité de parole limitée. Jake surnomme son nouvel ami Ote. Le voyage des pèlerins les conduit vers Lud, une friche urbaine où les survivants dégénérés de deux anciens clans, les Ados et les Gris, entretiennent les vestiges de leur vieil antagonisme. Avant d’atteindre Lud, nos pèlerins font halte dans une petite ville du nom de River Crossing où une poignée d’anciens habitants résident encore. Ils reconnaissent Roland comme un survivant des temps reculés, avant que le monde n’ait changé et lui font fête ainsi qu’à ses compagnons. Un peu plus tard, les vieillards leur parlent d’un monorail qui, partant de Lud et longeant le Sentier du Rayon, s’enfonce dans les Terres Perdues en direction de la Tour Sombre. Jake est horrifié par cette nouvelle, sans en être autrement surpris ; avant d’être tiré de New York, il s’était procuré deux livres dans une librairie dont le propriétaire portait le nom – hautement significatif – de Calvin Tower. Le premier est un ouvrage de devinettes aux pages-réponses arrachées. Quant à l’autre, Charlie le Tchou-tchou, c’est un livre pour enfants dont le héros est un petit train. Un conte amusant, pourrait-on dire… sauf pour Jake, qui ne le trouve pas amusant du tout. Mais terrifiant. Roland sait autre chose : dans le Haut Parler de son monde, le mot CHAR signifie mort.8 Tantine Talitha, la matriarche des habitants de River Crossing, fait cadeau à Roland d’une croix d’argent dont il ne devra se séparer qu’au pied de la Tour et les voyageurs reprennent leur course. Avant d’arriver à Lud, ils tombent sur la carcasse d’un avion abattu, issu de notre monde – un chasseur allemand des années 1930. Ils découvrent, coincé dans le cockpit, le corps momifié d’un géant, presque à coup sûr celui du hors-la-loi mythique, David Quick. Lors de la traversée du pont branlant qui enjambe le fleuve Send, Jake et Ote sont tout près de périr accidentellement. Cet épisode fait brièvement relâcher leur attention à Roland, à Eddie et à Susannah, et la petite bande tombe dans l’embuscade tendue par un bandit mourant, mais non moins dangereux, du nom de Gasher. Il enlève Jake, qu’il emmène sous terre chez l’Homme Tic-Tac, dernier leader des Gris. Le vrai nom de TicTac est Andrew Quick ; c’est l’arrière-petit-fils du pilote mort en essayant de faire atterrir un avion d’un autre monde dans celuici. Tandis que Roland (aidé d’Ote) part à la recherche de Jake, Eddie et Susannah découvrent le Berceau de Lud, où Blaine le Mono se réveille. Blaine, dernier maillon en surface du vaste réseau informatique situé sous la ville de Lud, n’a plus d’autre intérêt dans la vie que les devinettes. Le monorail promet d’emmener les voyageurs à son terminus, s’ils peuvent résoudre celles qu’il leur pose. Dans le cas contraire, leur dit Blaine, le seul voyage qu’ils feront les emmènera là où le chemin s’achève dans la clairière – à leur mort, en d’autres termes. Dans ce dernier cas, ils ne manqueront pas de compagnie, car Blaine prévoit de lâcher des stocks de gaz paralysant qui anéantiront tous ceux qui restent encore dans Lud : Ados, Gris et pistoleros seront tous logés à la même enseigne. Roland délivre Jake, laissant l’Homme Tic-Tac sur le carreau… mais Andrew Quick n’est pas mort. À moitié aveugle, affreusement défiguré, il est recueilli par un certain Richard Fannin, du moins se présente-t-il ainsi. Fannin, en effet, n’est autre que l’Étranger Sans Âge, un démon contre lequel Walter avait mis Roland en garde.9 Roland et Jake retrouvent Eddie et Susannah dans le Berceau de Lud. Susannah – avec l’aide de « cette garce » de Detta Walker – parvient à résoudre la première devinette de Blaine. Ils accèdent ainsi au monorail, passant outre les avertissements horrifiés de « l’inconscient » sain – et fatalement faible – de Blaine (Eddie surnomme cette voix Petit Blaine), mais pour mieux découvrir que ce dernier entend se suicider avec eux à son bord. Le fait qu’ils mettent de plus en plus de distance entre eux et les ordinateurs – l’esprit régissant véritablement le monorail depuis le sous-sol d’une ville devenue un vrai coupe-gorge – ne fera aucune différence quand la « balle rose » déraillera quelque part sur la ligne à plus de 1 280 kilomètres à l’heure. Il ne leur reste qu’une seule chance de survie : la passion de Blaine pour les devinettes. Roland de Gilead propose alors un marché de la dernière chance. C’est sur ce marché que se clôt Terres Perdues. C’est sur ce même marché que s’ouvre Magie et Cristal
LA TOUR SOMBRE 4.5 – LA CLE DES VENTS
La plupart des gens qui ouvriront ce livre ont suivi depuis des années, voire depuis le début, les aventures de Roland et de ses amis – de son ka-tet. Les autres – et je les espère nombreux, les Fidèles Lecteurs comme les nouveaux venus – se demanderont peut-être : Puis-je lire et apprécier cette histoire si je n’ai pas lu les autres épisodes de La Tour Sombre ? Ma réponse est oui, à condition que vous gardiez en tête certains détails.
Primo, l’Entre-Deux-Mondes est adjacent au nôtre et les points de contact entre eux ne manquent pas. Tantôt il s’agit de portes entre les deux mondes, tantôt de lieux fins, de lieux poreux, où les deux s’interpénètrent. Trois des membres du ka-tet de Roland – Eddie, Susannah et Jake – ont été arrachés à une tumultueuse existence new-yorkaise pour gagner l’Entre-Deux-Mondes et se joindre à la quête de Roland. Le quatrième, un bafou-bafouilleux nommé Ote, est une créature aux yeux dorés originaire de l’Entre-Deux-Mondes. Ce vieux monde tombe en ruine, et il est peuplé de monstres et d’une magie douteuse.
Secundo, Roland Deschain de Gilead est un pistolero – le membre d’une petite confrérie qui s’efforce de maintenir l’ordre dans un monde de plus en plus anarchique. Imaginez un pistolero de Gilead comme un étrange mélange de chevalier errant et de marshall du Far West, et vous ne serez pas loin du compte. La plupart d’entre eux (mais pas tous) appartiennent à la lignée de l’antique Roi Blanc, connu sous le nom d’Arthur Eld (un de ces fameux points de contact dont je vous ai parlé).
Tertio, Roland est la victime d’une terrible malédiction. Il a tué sa mère, qui avait une liaison adultérine – en partie contre sa volonté, mais aussi contre toute raison – avec un type que vous croiserez dans ces pages. Bien que son acte résulte d’une erreur, il s’en juge pleinement responsable, et la mort de l’infortunée Gabrielle Deschain le hante depuis son adolescence. Ces événements sont contés en détail dans les autres épisodes de La Tour Sombre, mais il n’est pas nécessaire que vous en sachiez davantage pour lire celui-ci.
Pour les Fidèles Lecteurs, ce livre s’intercale entre Magie et Cristal et Les Loups de la Calla… ce qui fait de lui, je suppose, l’épisode 4,5.
Quant à moi, j’ai été ravi d’apprendre que mes vieux amis avaient encore quelque chose à dire. Ce fut un plaisir de les retrouver, des années après que j’eus conclu que toutes leurs histoires étaient contées.
LA TOUR SOMBRE 5 – LES LOUPS DE LA CALLAH
Les Loups de La Calla est le cinquième volume d’un récit bien plus long, inspiré du poème narratif de Robert Browning intitulé « Le chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire ». Le sixième volume, Le Chant de Susannah, sera publié en 2005. Le septième et dernier, intitulé La Tour Sombre, sera publié plus tard la même année. Le premier opus, Le Pistolero, raconte comment Roland Deschain de Gilead poursuit et finit par rattraper Walter, l’homme en noir – lui qui se prétendait l’ami de son père, mais qui servait en réalité le Roi Cramoisi, dans le lointain Monde Ultime. Attraper Walter, cette créature à demi-humaine, est pour Roland une étape sur la voie qui mène à la Tour Sombre, où il espère que le processus de destruction accélérée de l’EntreDeux-Mondes et la lente mort des Rayons pourront être contrés, voire inversés. Le sous-titre de ce roman est RETOUR ÉTERNEL. La Tour Sombre est une obsession pour Roland, son Graal, sa seule raison de vivre lorsqu’on le rencontre. On apprend en outre comment Marten essaie, alors que Roland n’est qu’un enfant, de le faire envoyer à l’Ouest dans le déshonneur, de le balayer de l’échiquier du grand jeu. Cependant, Roland déjoue les plans de Marten, en partie grâce au choix judicieux de son arme lors de son passage à l’âge adulte. Steven Deschain, le père de Roland, envoie son fils, accompagné de deux de ses amis (Cuthbert Allgood et Alain Johns) sur la côte, dans la Baronnie de Mejis, principalement pour mettre le garçon hors d’atteinte de Walter. C’est là que Roland rencontre Susan Delgado, qui s’est attiré les foudres d’une sorcière, et qu’il tombe amoureux d’elle. Rhéa du Coös est jalouse de la beauté de la jeune fille ; elle est particulièrement dangereuse car elle a acquis l’une des grandes boules de cristal5 connues sous le nom de fragments de l’Arc-en-Ciel, ou Cristaux du Magicien. Il en existe treize en tout, la plus puissante et la plus maléfique étant la Treizième Noire. Roland et ses amis vivent maintes aventures à Mejis et, bien qu’ils réussissent à sauver leurs vies (et à s’emparer du fragment d’Arc-en-Ciel rose), Susan Delgado, la jolie jeune femme à sa fenêtre, meurt sur le bûcher. Ce récit est raconté dans le quatrième volume, Magie et Cristal. Le sous-titre de ce dernier est RÉMINISCENCE. Au fil des récits de la Tour Sombre, on découvre que le monde du Pistolero est connecté au nôtre par des liens à la fois essentiels et effroyables. Le premier de ces liens est révélé lorsque Jake, un garçon venu du New York de 1977, rencontre Roland dans un relais de diligence désaffecté, de longues années après la mort de Susan Delgado. Il existe des portes entre le monde de Roland et le nôtre, et l’une d’elles est la mort. Jake se retrouve dans ce relais en plein désert après avoir été poussé sous une voiture dans la 43e Rue. Le conducteur de la voiture s’appelle Enrico Balazar. L’homme qui l’a poussé est un criminel sociopathe du nom de Jack Mort, le représentant de Walter dans le niveau « New York » de la Tour Sombre. Avant que Jake et Roland ne rejoignent Walter, Jake meurt de nouveau… cette fois-ci, parce que le Pistolero, placé en face d’un dilemme où il doit choisir entre ce fils symbolique et la Tour Sombre, opte pour la Tour. Les derniers mots de Jake avant de sombrer dans l’abîme sont : « Allez-vous-en. Il existe d’autres mondes que ceux-ci. » La confrontation finale entre Roland et Walter se déroule près de la Mer Occidentale. Au cours d’une longue nuit de palabre, l’homme en noir prédit son avenir à Roland, à l’aide d’un jeu de tarot de curieuse facture. Trois cartes – le Prisonnier, la Dame d’ombres et la Mort (« Mais pas pour toi, pistolero ») – sont tout particulièrement portées à l’attention de Roland. Les Trois Cartes, dont le sous-titre est RENOUVEAU, débute sur les rives de la Mer Occidentale, peu de temps après la fin de la confrontation entre Roland et Walter. Épuisé, le Pistolero se réveille en plein milieu de la nuit pour découvrir que la marée montante a amené sur la plage une horde de créatures6 grouillantes et carnassières – les « homarstruosités ». Avant de pouvoir échapper aux pinces de ces créatures pourtant peu vives, Roland est grièvement blessé et perd l’index et le majeur de la main droite. Il est également empoisonné par le venin des homarstruosités, et lorsqu’il reprend sa route, longeant la Mer Occidentale en direction du nord, son état de santé s’affaiblit… il est peut-être même mourant. Il découvre alors trois portes dressées sur la plage. Chacune d’elles ouvre sur New York à trois époques différentes de notre continuum temporel. De 1987, Roland ramène Eddie Dean, qui est prisonnier de l’héroïne. En 1964, il va chercher Odetta Susannah Holmes, une femme ayant perdu ses jambes le jour où elle a été poussée sous un métro par un sociopathe du nom de Jack Mort. Elle est la Dame d’Ombres, et partage son cerveau avec une « autre », au tempérament violent. Cette femme cachée, l’habile et redoutable Detta Walker, est bien décidée à tuer tant Roland qu’Eddie lorsque le Pistolero la ramène dans l’Entre-Deux-Mondes. Roland croit avoir tiré « les trois cartes » dans les seules personnes d’Eddie et d’Odetta, puisque cette dernière abrite deux personnalités ; pourtant, quand Odetta et Detta fusionnent en une seule personne, Susannah (et ce, en grande partie grâce à l’amour et au courage d’Eddie Dean), le Pistolero comprend qu’il s’est trompé. Il sait également autre chose : il est torturé par des souvenirs de Jake, ce garçon qui parlait d’« autres mondes » au moment de sa mort. Terres Perdues, dont le sous-titre est RÉDEMPTION, s’ouvre sur un paradoxe : pour Roland, Jake est à la fois vivant et mort. Et, dans le New York de la fin des années 1970, Jake Chambers est confronté aux mêmes interrogations : est-il vivant ou mort ? Après avoir abattu un ours gigantesque du nom de Mir (nom que lui donnait le Vieux Peuple qui le craignait) ou de Shardik (celui que lui donnaient les Grands Anciens qui l’ont construit… car l’ours se révèle être un robot), Roland, Eddie et Susannah, en suivant à rebours la piste du monstre, tombent sur le Sentier du Rayon, sur le segment qui relie l’Ours à la Tortue, Shardik à Maturin. Il existe six Rayons, qui connectent entre eux les douze portails marquant les limites de l’Entre-Deux-Mondes. C’est à7 leur point d’intersection – au centre du monde de Roland, qui est peut-être aussi le centre de tous les mondes – que se dresse la Tour Sombre, centre névralgique de tous les où et de tous les quand. À présent, Eddie et Susannah ne sont plus prisonniers du monde de Roland. Amoureux l’un de l’autre et en passe de devenir eux-mêmes des pistoleros, ils participent complètement à la quête et suivent Roland, le dernier seppe-sai (ou marchand de mort), le long du Sentier de Shardik, la Voie de Maturin. Dans un anneau de parole, non loin du Portail de l’Ours, le temps est rétabli et le paradoxe résolu. La troisième carte, la vraie cette fois, est enfin tirée. Jake pénètre à nouveau dans l’Entre-Deux-Mondes à l’issue d’un rite périlleux où tous quatre – Jake, Eddie, Susannah et Roland – s’acquittent honorablement de leur tâche. Peu de temps après, le quatuor devient un quintette, quand Jake se lie d’amitié avec un bafoubafouilleux. Les bafouilleux – hybrides de la marmotte, du raton laveur et du chien – ont une capacité de parole limitée. Jake surnomme son nouvel ami Ote. Le voyage des pèlerins les conduit ensuite vers Lud, une friche urbaine où les survivants dégénérés de deux anciens clans, les Ados et les Gris, entretiennent une vieille querelle. Avant d’atteindre Lud, les quatre pistoleros et le bafouilleux font halte dans une petite ville du nom de River Crossing, où réside encore une poignée d’anciens habitants. Ils reconnaissent Roland comme un survivant des temps reculés, avant que le monde n’ait changé, et lui font fête ainsi qu’à ses compagnons. Un peu plus tard, les Grands Anciens leur parlent d’un monorail qui, partant de Lud et longeant le Sentier du Rayon, s’enfonce dans les Terres Perdues en direction de la Tour Sombre. Jake est horrifié par cette nouvelle, sans en être autrement surpris ; avant d’être tiré de New York, il s’était procuré deux livres dans une librairie dont le propriétaire portait le nom – hautement significatif – de Calvin Tower. Le premier est un ouvrage de devinettes aux pages-réponses arrachées. Quant à l’autre, Charlie le Tchou-tchou, c’est un livre pour enfants dont le héros est un petit train. Un conte amusant, pourrait-on dire… sauf pour Jake, qui ne le trouve pas amusant du tout, mais8 terrifiant. Roland sait autre chose : dans le Haut Parler qu’il a appris dans son enfance à Gilead, le mot CHAR signifie mort. Tantine Talitha, la matriarche des habitants de River Crossing, fait cadeau à Roland d’une croix d’argent dont il ne devra pas se séparer et les voyageurs reprennent leur course. Lors de la traversée du pont presque effondré qui enjambe la rivière Send, Jake et Ote manquent de tomber accidentellement. Cet épisode fait brièvement relâcher leur attention à Roland, Eddie et Susannah, et la petite bande tombe dans l’embuscade tendue par un hors-la-loi mourant, mais non moins dangereux, du nom de Gasher. Il enlève Jake qu’il emmène sous terre, chez l’Homme Tic-Tac, dernier leader des Gris. Tandis que Roland (aidé d’Ote) part à la recherche de Jake, Eddie et Susannah découvrent le Berceau de Lud, où Blaine le Mono se réveille. Blaine, dernier maillon en surface du vaste réseau informatique situé sous la ville de Lud, n’a plus d’autre intérêt dans la vie que les devinettes. Le monorail promet d’emmener les voyageurs à son terminus… s’ils peuvent lui poser une devinette qu’il ne saura résoudre. Dans le cas contraire, leur dit Blaine, le seul voyage qu’ils feront les emmènera à leur mort : charyou tri. Roland délivre Jake, après avoir éliminé l’Homme Tic-Tac… mais Andrew Quick n’est pas mort. À moitié aveugle, affreusement défiguré, il est recueilli par un certain Richard Fannin, du moins se présente-t-il ainsi. Fannin, en effet, n’est autre que l’Étranger Sans Âge, un démon contre lequel Walter avait mis Roland en garde. Les pèlerins quittent la cité mourante de Lud et continuent leur voyage, cette fois à bord du monorail. Le fait que l’esprit qui commande le monorail ne soit qu’un réseau d’ordinateurs qu’ils laissent derrière eux ne changera rien à leur situation, lorsque la « balle rose » bondira des voies en décomposition, quelque part le long du Sentier du Rayon, à une vitesse de plus de 1 280 km/h. La seule chance de survie des pistoleros, c’est de poser à Blaine une devinette qu’il ne saura pas résoudre. Au début de Magie et Cristal, c’est Eddie qui parvient à trouver la devinette en question et qui détruit l’engin grâce à une arme exclusivement humaine : l’absurde. Le monorail finit9 donc sa course dans une version de la ville de Topeka, au Kansas, totalement dévastée par une épidémie massive de « supergrippe ». Les quatre compagnons quittent l’Entre-DeuxMondes pour entrer dans le Monde Ultime, et doivent faire face à ce spectacle de mort et de désolation. Ils reprennent leur route le long du Sentier du Rayon (devenu une version apocalyptique de l’Interstate 70), où ils croisent des inscriptions étranges, à la gloire du « Roi Cramoisi », ou les enjoignant de chercher « le marcheur ». Après le récit que fait Roland de l’histoire de Susan Delgado, son premier amour, les cinq voyageurs aperçoivent un palais en verre de couleur verte, construit en travers de la route, un palais qui présente des ressemblances frappantes avec celui que recherche Dorothy Gale dans Le Magicien d’Oz. Dans la salle du trône, ce n’est pas Oz qu’ils retrouvent, mais le Grand et Terrible Homme Tic-Tac, dernier transfuge de la grande cité de Lud. Mais une fois Tic-Tac abattu par Roland, c’est le véritable magicien qui apparaît. Il s’agit de l’ennemi immémorial du Pistolero, Marten Largecape, connu dans certains mondes sous le nom de Randall Flagg, dans d’autres comme Richard Fannin, ou encore John Farson (l’Homme de Bien). Roland et ses amis ne parviennent pas à tuer cette apparition, qui les met une dernière fois en garde et leur recommande d’abandonner leur quête de la Tour Sombre (« Ce six-coups ne te servira à rien contre moi, mon vieux Roland »), mais ils réussissent à le bannir de leur monde. Après un dernier voyage à l’intérieur du Cristal du Magicien, et une révélation spectaculaire – Roland de Gilead a tué sa propre mère, la confondant avec la sorcière Rhéa –, les voyageurs sont de nouveau catapultés dans l’Entre-DeuxMondes, et sur le Sentier du Rayon. Ils reprennent donc leur quête, et c’est à ce stade que le lecteur les retrouve dans les premières pages des Loups de La Calla, le cinquième volume de la série. Ce récapitulatif ne prétend pas résumer les quatre premiers volumes du cycle de la Tour. Si vous n’avez pas lu ces livres avant de commencer celui-ci, je vous invite à le faire, ou à mettre ce volume de côté. Car ces ouvrages ne sont que les10 fragments d’un récit unique et complexe, et vous seriez bien avisé de lire ce récit depuis le début, plutôt que de le prendre au milieu.